Comme Chouchou, gros et mérité succès comique réalisé en 2004 par Merzak Allouache, Coco est un personnage haut en couleurs tiré du répertoire scénique du talentueux Gad Elmaleh. La différence entre les deux films n’en est que plus sensible, et fait un peu regretter que l’humoriste, qui s’improvise ici cinéaste, n’ait pas laissé la caméra entre les mains d’un homme du métier.
Coco est un type relativement connu : celui du Juif séfarade mythomane et grand cœur, auquel la réussite sociale est montée à la tête. Centré autour de la préparation de la bar-mitsva de son fils, censée être l’événement du siècle, le film renvoie par la force des choses au registre de La Vérité si je mens, dont il peine néanmoins à égaler la truculence. Le contexte de la crise économique ne joue pas par ailleurs en sa faveur, qui rend beaucoup moins drôles les personnages de parvenus dont la valeur est proportionnelle à celle de leur compte bancaire.
Une caricature dont on peut se passer.
Nous ajoutons à notre critique l’humeur de notre ami Arié Levy :
Je me fiche de savoir si le film de Gad Elmaleh "Coco" est bon ou mauvais ; de toutes façons je n’irai pas le voir. Je sais en tous cas une chose : avec ce film, les feuj auront encore moins la cote qu’ils ne l’ont aujourd’hui. Comme la Mer morte, notre cote descendra en dessous du niveau de la mer.
Si "Les Chtis" a fait un tabac, les gens du Nord n’ont rien gagné en dignité, il en sera de même après la sortie de Coco où les stéréotypes du juif malin, roublard, assoiffé de fric et show off, vont faire mal et déclencher, si ce n’est des pogrom, du moins une hostilité encore plus soutenue de la part de tous ceux qui déjà ne nous aimaient pas beaucoup.
L’idée même de produire ce type de film montre l’inconséquence du bonhomme et son je m’enfoutisme quant aux conséquences qu’il entraînera en termes d’image sur la communauté à laquelle il est censé appartenir. En fait Elmaleh surfe sur la haine et le mépris mélangé d’envie de Madame Michu sur le peuple qui a provoqué la crise financière, qui a tué Jésus et qui a transformé Gaza en camp de concentration. Il a bien choisi son moment pour vendre du stéréotype bon marché, le public en redemande et les Dieudonné patinent. Donc, c’est au tour d’un comique troupier feuj de nous servir du Coco-Madoff, comme les non juifs n’oseraient pas le faire.
Le pauvre Ilan Halimi a été assassiné par une bande qui partait du principe que tous les juifs étaient riches et que payer une rançon était pour eux une peccadille, et pourtant "Coco" n’avait pas encore vu le jour. Que ferait Coco si son fils était enlevé avec demande de rançon à la clé ?
Elmaleh n’etant pas un imbécile, je suis certain qu’il y a pensé ou que quelqu’un de son entourage lui a soufflé que le moment de produire ce genre de film était , disons, mal choisi.
Mais ce genre d’arguments n’a pas de poids auprès de quelqu’un qui est, lui-même un "Coco-Picsou-Madoff". L’argent et la gloire priment, et après moi, le déluge, l’important c’est qu’on se marre et que l’on engrange la tune.
Arié Levy (voir son blog)