Ce n’est jamais facile d’aborder des sujets graves dans la littérature pour la jeunesse. Ici l’auteur, né en 1926 à Jerusalem, a vécu la création d’Iraël et la lutte pour l’indépendance et participé aux guerres de 1948, 1956 et 1967.
Son oeuvre, traduite de l’hébreu, est largement inspirée de ses souvenirs d’enfance et ce roman, écrit à la première personne, est le point de vue clairement israélien d’un jeune garçon.
On est en 1947. Le mandat britannique s’arrête cette année-là et les conflits sont latents entre partisans et opposants à la création d’un état d’Israël. A Jerusalem rapidement l’état de guerre s’installe entre population juive et Arabes ; La ville est assiégée, il n’y a plus d’eau, les bombardements font rage. Riki a les oreilles grand-ouvertes d’un côté vers sa grand-mère qui est sûre du caractère sacrée de sa cause, et de l’autre son grand frère qui prône la lutte armée et rejoint rapidement un kibboutz. Riki est un jeune adolescent et par ses yeux se mêlent le tragique de la guerre et les petits détails absurdes et drôles de l’existence. Jerusalem assiégée devient un terrain de jeu, jusqu’au jour où il voit mourir des gens qu’il connait. Le kibboutz est tout nouveau pour lui, mais il risque sa vie pendant le voyage en camion.
Même s’il est destiné à un public adolescent, ce petit roman est intéressant à lire pour des adultes car il nous plonge dans le quotidien de Jérusalem pendant ces années-là. Il est clair que l’auteur a essayé de faire revivre ces années tragiques par la voix encore innocente d’un enfant.
L’auteur, David Shahar, est un grand auteur. Le récit est soigné, le style très agréable et poétique. Une note historique en début de volume retrace l’histoire d’Israël depuis les années 1880 , sans occulter le drame palestinien.