Né dans une famille où « le samedi, monter en tram eût semblé aussi aventureux que de monter dans la lune, et souffler une bougie aussi insensé que de souffler le soleil », il voit la pratique familiale s’étioler et questionne une certaine hypocrisie de la religion.
A l’adolescence, sa tentation chrétienne frôle l’antisémitisme avant que l’affaire Dreyfus ne lui fasse (re)prendre conscience avec acuité de sa judéité : il évoque sa mise à distance avec un ami non-juif, avec qui il partageait beaucoup intellectuellement mais dont les sous-entendus et les remarques durant l’Affaire firent comprendre à Fleg avec tristesse qu’« entre mon ami et moi l’accord était impossible, que notre mésentente n’avait son origine véritable ni dans les faits, ni dans leur interprétation, ni dans les idées plus ou moins nettes que nous en dégagions, mais dans une réalité qui nous échappait, plus ancienne en nous et plus réelle que nous-mêmes ».
Par la suite, il assumera pleinement son judaïsme et viendra au sionisme. S’interrogeant sur l’antisémitisme, Fleg en arrive à la conclusion qu’il s’agit d’un phénomène si multipolaire et paradoxal que rien ne l’explique véritablement, sinon la volonté des Juifs de rester juifs, volonté légitime et tenace dont il démontre avec brio la vocation universelle et humaniste.
Guershom
« Je suis juif, parce qu’en tous lieux où pleure une souffrance, le juif pleure.
Je suis juif, parce qu’en tous temps où crie une désespérance, le juif espère.
Je suis juif, parce que la promesse d’Israël est la promesse universelle.
Je suis juif, parce que, pour Israël, l’Homme n’est pas créé : les hommes le créent. »
