Peut-être envisagez-vous de vous convertir au judaïsme. Cet intérêt peut être né de vos lectures, de vos études, de relations avec des amis juifs ou d’une histoire d’amour, d’une quête spirituelle, de possibles racines ancestrales, ou bien encore d’une image positive de la religion juive véhiculée par les médias et le cinéma. Peut-être vous demandez-vous ce que vous apportera ce bouleversement et quels seront les défis auxquels vous serez confronté en intégrant le peuple d’Israël. D’autres personnes ayant choisi le judaïsme ont-elles rencontré les mêmes interrogations que vous ? Le Rabbin américain Alan Silverstein, chef spirituel de la Communauté Agoudat Israel, dans le New Jersey, présente une série de questions et de réponses, s’appuyant sur les témoignages de convertis, afin d’aider les personnes envisageant la conversion à se poser, eux-mêmes, ces questions essentielles. Se basant sur l’ouvrage du rabbin Joseph Tabachnik et du Dr Brenda Foster « Jews by Choice : a study of converts to Reform and Conservative Judaism », le rabbin Silverstein dresse tout d’abord une liste des différentes raisons expliquant le choix de la conversion au judaïsme. Bien que ces différents facteurs ne reflètent peut-être pas tous votre état d’esprit personnel, certains peuvent éventuellement correspondre à vos sentiments et vous aider à prendre votre décision.
Parmi les 400 questionnaires sur lesquels s’appuie l’étude, plusieurs facteurs religieux se dessinent : le fait de considérer le judaïsme comme la meilleure religion pour soi ; identifier Jésus avant tout comme juif ; ressentir que Dieu les mène sur ce chemin ; l’attirance pour le culte juif ; le fait que la pratique juive soit ancrée dans la réalité quotidienne ; le sentiment d’un besoin spirituel ou religieux, la recherche d’une identité religieuse personnelle ; ou encore un événement personnel ayant déclenché le questionnement de sa foi.
Les autres raisons évoquées sont également d’ordre familial : l’identité religieuse des enfants et la transmission d’une tradition familiale cohérente ; le désir d’un mariage juif ; le souci d’éviter les désaccords au sein du foyer ; faire plaisir aux beaux-parents ou au conjoint ; partager la foi et la pratique avec le conjoint.
Enfin, la troisième catégorie de facteur relève d’une identification avec la communauté juive : Admiration pour les accomplissements du monde juif malgré un environnement hostile ; désir d’appartenir à une communauté soudée ; avec un héritage ancien qui a survécu à l’épreuve du temps ; ou encore identification avec la foi juive.
Q : le judaïsme traditionnel accepte-t-il les convertis ? Ou bien est-ce que seul le judaïsme réformé est assez libéral pour accepter les juifs par choix ?
Réponse : ne pensez pas que le segment traditionnel de la communauté juive n’accepte pas les convertis sincères. Un représentant de l’orthodoxie moderne, par exemple, Rabbi Maurice Lamm inclut ainsi dans son livre « Becoming a Jew », une chapitre final intitulé « Bienvenue à la maison : nous laissons la lumière allumée », dans lequel il aborde la chaude affinité des traditionalistes pour les pieux nouveaux venus. « La phrase « ceux qui se sont levés au Sinaï, pour recevoir la Torah par l’intermédiaire de Moïse », comprend à la fois ceux qui sont nés d’ancêtres juifs, lesquels se sont à l’origine convertis au Sinaï, ceux dont les ancêtres se sont héroïquement convertis par la suite et ceux qui se convertiront aujourd’hui et demain », écrit-il. Rabbi Lamm tout comme les autres membres de la communauté juive attendent ardemment le retour à la maison de personnes dont la destinée est de rejoindre les rangs de la communauté juive. En ce qui concerne le mouvement Massorti (40% des Juifs américains), il s’agit d’un important courant comptant également des milliers de juifs par choix sincères. Parmi ces convertis, nous sommes fier de compter des rabbins , des chantres, des éducateurs, des présidents de synagogues et d’associations et d’innombrables membres respectés de conseils d’administration et de minyanim.
« La conversion est un instrument qui s’accorde avec notre intégrité religieuse » déclarait en 1987, le président du Jewish Theological Seminary (JTS ) Rabbi Ismar Schorsch, lors d’une conférence du mouvement Massorti sur la conversion et les mariages mixtes. « La conversion a ouvert le judaïsme au monde gréco-romain. De nombreux non-juifs intégrèrent la communauté juive parce que le judaïsme avait ouvert la voie de la conversion à cette époque. Je considère que la conversion est actuellement la façon la plus efficace de répondre à la question de mariages mixtes, puisqu’elle nous permet d’être cohérent avec notre passé, tout en répondant aux nécessités du présent.
Q : Faudra-t-il que je me détache de ma famille qui n’est pas juive, afin de devenir juif/ve ?
R : il s’agit là d’une question très sensible qui doit être traitée avec précaution. Comme le note Rabbi Sanford Seltzer : « les parents d’un futur converti peuvent être blessés en apprenant que leur fils ou leur fille a décidé de quitter leur foi. Ces sentiments peuvent exister même quand une famille n’a jamais été particulièrement religieuse. L’impact d’une conversion au judaïsme sur les parents et d’autres proches doit donc être largement évalué avant qu’une personne décide de se convertir ». L’un des commandements majeurs de la tradition juive est la mitzvah consistant à « honorer son père et sa mère ». Le judaïsme s’oppose au fait de couper les liens avec les membres d’une famille non-juive. Les chrétiens ou les autres personnes non-rattachées à un culte doivent être eux aussi respectueux des besoins religieux d’un nouveau converti. Dans son livre, « Your people – my people – finding acceptance and Fulfillment as a Jew By Choice », Lena Romanoff donne le conseil suivant : « un converti devrait expliquer à sa famille qu’il reste la même personne, mais avec une orientation culturelle et spirituelle différente. Il/elle ne devrait jamais critiquer ou ridiculiser la religion de sa famille. Les convertis devraient également fournir des détails à propos du processus de conversion et décrire comment ils entendent incorporer le judaïsme dans leurs vies. Les parents ne doivent pas modifier leur mode de vie en fonction de la conversion de leur enfant, mais ils peuvent toutefois être désireux de s’adapter à certains nouveaux besoins. Plutôt que d’envoyer des cartes de noël, les familles chrétiennes peuvent envoyer des vœux de Hanoukka, et les convertis devraient en retour, leur envoyer des vœux pour Noël. Plutôt que de commencer le repas par des prières évoquant Jésus Christ alors que vous êtes présent, ils peuvent évoquer le nom de Dieu. Vous devez respecter le fait que le christianisme est leur religion et ils doivent respecter le fait que le judaïsme est désormais la vôtre. Une fois que vous serez parvenus à cette réciprocité, vos relations familiales doivent demeurer chaleureuses et respectueuses.
Q : Mon entrée dans le judaïsme résoudra-t-elle mes questionnements personnels autour de la foi ? En ayant pas trouvé ma voie auprès d’autres religions, est-ce que je pourrai m’épanouir spirituellement dans le judaïsme ?
R : Pour de nombreux convertis, l’appartenance à la communauté juive, en plus d’être en adéquation avec ses croyances, fait jaillir un fort sentiment de spiritualité et de vitalité religieuse. Ben Asher, un des étudiants du rabbin Silverstein, candidat à la conversion explique qu’il « s’agit souvent pour les convertis d’une expérience hautement spirituelle qui n’a jusqu’alors jamais été accessible. Une fenêtre s’est ouverte miraculeusement d’une certaine manière. Au moment de « l’illumination », le converti peut être intimidé par le fait que son attirance reflète l’extraordinaire processus de transformation qui est en train de lui arriver. Le pouvoir subtil de Dieu au travail… ».
Q : en ayant été élevé dans un foyer non-juif, les prières en hébreu ou les sites sacrés de l’histoire juive, comme la Terre d’Israël, peuvent-ils réellement me parler ?
R : Ne soyez pas intimidés par ce qui peut vous apparaître comme un gouffre entre Juifs et non-juifs, concernant notamment le vocabulaire et les expériences. Lorsque quelqu’un intègre sincèrement le judaïsme par la conversion, les prières juives, Eretz Israel et les autres symboles du Judaïsme, non seulement s’ouvrent à vous mais deviennent également une source énorme d’inspiration. Comme le souligne une convertie du mouvement Massorti , Lucy Katzen, « la tradition juive a mis de nombreuses années à se construire et il est donc parfaitement logique que quelqu’un mette un certain temps avant de l’intégrer. Si j’avais attendu que chaque coutume ait un réel sens pour moi dès le début, je serai toujours en train d’attendre. J’ai appris au contraire que les coutumes se mettent à revêtir à vos yeux une signification, précisément lorsqu’on se met à les observer. J’ai dû me donner le temps de mémoriser les choses. Les deux années de préparation à la conversion ne peuvent être comparées aux dix ans d’expérience qui leur ont succédé ».
Q : Est-il valable de vouloir se convertir car l’on éprouve le désir d’appartenir à la même religion que celle que son/a conjoint/e et soi même ont choisi pour éduquer les enfants ? Est-il raisonnable de se sentir attiré par le judaïsme à la suite d’une histoire d’amour ? Ou bien en raison des liens développés avec sa belle-famille juive ?
La conversion au judaïsme est une démarche sérieuse et doit refléter un engagement sincère de la part du converti. Néanmoins, le fait de commencer par explorer le judaïsme en privilégiant le bien-être religieux de ses enfants est tout à fait louable. Le rabbin Michael Wasserman cite l’exemple d’une de ses élèves au cours d’introduction au judaïsme : « Katie dit qu’ayant grandi avec des parents de confessions différentes (catholique et luthérien ), elle considérait qu’il était important pour un enfant d’avoir une seule religion à la maison, afin qu’il reçoive un message religieux cohérent. Elle souhaitait que la religion joue un rôle important dans sa vie de famille, et considérait qu’elle aurait ainsi le soutien de son mari dans ce domaine ». Dans « Becoming a Jew », du rabbin Lamm, un converti, Francis Price souligne que son « entrée dans le judaïsme s’est fait avec le début de l’éducation religieuse de son fils. A cinq ans, je l’ai envoyé dans une synagogue près de chez nous. Mon intérêt se mit alors à grandir pour le judaïsme, mais pas seulement pour mon fils. Je dois admettre qu’à la base il s’agissait d’un intérêt purement « académique ». Comment pense un juif ? Quelles sont ses traditions ? Ces questions ainsi que de nombreuses autres vinrent me titiller. Ma quête de connaissance du judaïsme était en marche ».
Il est également parfaitement compréhensible que votre intérêt pour le judaïsme grandisse à travers le regard d’un fiancé ou d’un conjoint. « Lorsque je suis tombée amoureuse de Herschel », raconte Lois Lederman dans « Your People my People » de Lena Romanoff, « je voulais tout connaître de lui, ses centres d’intérêt, ses idées, ses espoirs, ses croyances… L’amour d’Herschel pour son héritage a aiguisé ma curiosité et j’ai alors voulu explorer moi-même le judaïsme. Bien que ce furent l’amour et le respect que je portais à Herschel qui firent jaillir mon désir initial de découvrir le judaïsme, à la fin, ce fut ma propre décision ».
Que cela soit pour ses enfants ou pour sa belle-famille, personne ne devrait débuter une vie juive uniquement pour répondre à l’attente des autres. Néanmoins, il est tout à fait valable de vouloir explorer le judaïsme après avoir développé de profonds liens familiaux, que cela soit avec sa belle-famille juive ou avec d’autres nouvelles connaissances. Dans « In a certain people », l’auteur Charles Silberman a interviewé de nombreux juifs par choix qui sont venus au judaïsme après s’être sentis de plus en plus à l’aise avec un cadre familial juif. Le Seder de Pessah, les célébrations de Hanoukka, les mariages festifs, les coutumes relatives au deuil, les Bar/bat mitzvah et autres souvenirs permettent souvent au futur converti de développer une aisance de plus en plus grande avec la religion juive.
Q : peut-on se convertir au judaïsme si l’on est noir, asiatique … ?
R : Le judaïsme offre un style de vie qui relie entre eux des juifs venant des quatre coins du monde, sans s’intéresser aux spécificités ethniques des uns ou des autres. L’Etat d’Israël a accepté et sauvé des Juifs d’Europe, d’Ethiopie, de pays arabes, d’Amérique latine, d’Orient, d’Inde, au total venant de plus de 100 communautés dans le monde. Les synagogues locales devraient elles aussi être « daltoniennes » ! Car notre tradition enseigne : « Kol Yisrael arevim zeh lazeh (le destin des Juifs, quels qu’ils soient, sera le même pour tous). Lorsqu’une personne de couleur se convertit au judaïsme, elle se voit bien évidemment accordée tous les droits et les égards qui lui sont dus.
Q : Suis-je le seul à ressentir le besoin de devenir juif, en partie en raison d’une démarche de reconnexion avec d’éventuels ancêtres juifs ?
R : Dans un monde très ouvert, on voit apparaître de plus en plus de cas de personnes ayant des racines juives, qui essayent de rétablir leurs liens avec leur héritage juif. Rabbi Allen S. Maller a ainsi rencontré de nombreux « Juifs par choix qui ont découvert qu’ils avaient des ancêtres juifs, remontant quelquefois jusqu’à trois ou cinq générations. Si les convertis sont vraiment les âmes réincarnées de juifs égarés d’il y a plusieurs générations, leur attitude et leur choix sont alors parfaitement compréhensibles » écrit-il.
Q : Est-il anormal que mon attirance pour le judaïsme se soit développé à travers la lecture de livres évoquant les expériences historiques dramatiques du Peuple juif tels que la Shoah ou la naissance de l’Etat juif ?
R : Certains juifs par choix se sont identifiés avec la destinée des juifs après avoir lu des best-sellers, vu des films ou étudié la philosophie juive à l’université. Ainsi, Nancy Wingerson se rappelle-t-elle que son intérêt pour le judaïsme est apparu au début de son adolescence, en découvrant « Exodus », tout comme d’autres convertis ont pu être influencés par « le Journal d’Anne Frank » ou encore les écrits d’Elie Wiesel, Chaim Potok et Leon Uris.
Q : Devrais-je être troublé par le fait que mon intérêt pour le judaïsme soit né d’une forte attirance pour le mode de vie religieux de mes amis juifs ?
Dans une société dans laquelle de nombreux non-juifs ont des amis juifs très proches, de telles affinités sont une magnifique manière de faire connaître la force et la beauté de la vie juive. Dans « Your people, my People », Tom McHale, attiré par le judaïsme depuis l’université, et étant ami avec de nombreux étudiants juifs, explique qu’il les « enviait lorsque les fêtes juives arrivaient. Ils semblaient vraiment attendre avec impatience le moment de retourner chez eux, pour Pessah et Rosh Hashana. J’imagine qu’ils percevaient que j’étais envieux puisque j’étais très souvent invité. J’aimais ces expériences » se souvient-il.
Q : Est-il vraiment nécessaire de se convertir au judaïsme si mon père est juif ? Les mouvements réformés ne reconnaissent-ils pas le principe de patrilinéarité ?
R : En effet, le judaïsme réformé reconnaît le principe de patrilinéarité. Néanmoins, ceci pose un problème : premièrement, même chez les libéraux, le statut juif n’est pas automatiquement reconnu pour les enfants dont seul le père est juif. Ces enfants doivent avant tout avoir reçu une éducation juive (brit mila, être membre d’une synagogue, Talmud Torah, bar/bat mitzvah …). Et même si c’est le cas, la patrilinéarité reconnue par les libéraux n’est pas universellement acceptée au sein du judaïsme réformé et est même rejetée par les autres courants du judaïsme (dont le courant Massorti ). Il s’agit là d’une rupture fondamentale avec les autres branches existantes, à travers le monde et à travers les siècles. C’est pourquoi le Comittee on Jewish Law and Standards (CJLS ), du mouvement Massorti affirme : « la judéité est défini soit par la parenté, soit par la conversion. La descendance matrilinéaire (le fait d’être né d’une mère juive), a fait autorité dans le judaïsme normalisé, depuis de nombreux siècles comme seul déterminant de la descendance juive ». Si vous êtes sincèrement intéressés par le fait de rejoindre la tradition juive religieuse, nous saluons votre engagement. Néanmoins, nous vous conseillons vivement de participer à un programme de conversion de manière à être dans un mode de fonctionnement reconnu par tous et plus conforme à la tradition juive.
Traduit de l’anglais par Naomie Taylor
Messages
La conversion dans votre communauté est-elle ou non lucrative ?
Une conversion au judaïsme implique certains frais : un rabbin est un enseignant qui mérite salaire ; une communauté juive est une association qui doit faire face à de nombreuses dépenses.
Il est donc normal de demander à celui qui veut en faire partie, de contribuer à son bon fonctionnement. Pour autant, ce n’est pas un commerce et il ne s’agit ici que de participer aux frais de fonctionnement.
Ces frais, comme les prix d’adhésion, peuvent varier d’une communauté à une autre, mais le principe demeure le même.
Pour faire ma demande de conversion on m’a dit de m’adressr au Consistoire de Paris : Rabbin Yves MARCIANO 17, rue St Georges 75009 PARIS afin d’envoyer une lettre de motivation.
Le Consistoire peut-il rejeter ma lettre de motivation à la convertion de façon définitive ?
Et Après ?
Je souhaite faire ma demande de conversion, à l’adresse cité ci dessus au consistoire de Paris mais dois- je l’adresser à un Rabbin précisément ?
Bonjour,
Je souhaiterai un conseil concernant mon projet de conversion.
Actuellement à Bordeaux, j’ai commencé à lire des ouvrages sur l’introduction au Judaïsme, je pars vivre dans un an à Paris j’aimerai y faire une demande auprès d’un Rabbin Massorti .
En attendant dois-je me rapprocher de la synagogue de Bordeaux et sa communauté qui sont plutôt Orthodoxe pour commencer ce parcours de conversion ou attendre d’être à Paris ?
Merci par avance
Amandine