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Shabbat et études supérieures

Shabbat et études supérieures

Comment concilier des intérêts antagonistes, respecter le shabbat pendant ses études.

Shalom,

lorsqu’on est un etudiant juif pratiquant, comment doit-on vivre les inévitables transgressions du shabbat, déplacements, écriture, etc ?

Doit-on être dans une teshouva   d’une semaine à l’autre ? ou y a-t-il une autre attitude à observer ?

Merci infiniment,

Betsalel

Réponse

Le strict respect du shabbat exige parfois de véritables sacrifices, que ce soit dans le travail (refuser un poste exigeant la transgression), les études (choisir une filière compatible), les loisirs (reculer un départ en voyage, refuser une sortie…).

Respecter le shabbat est donc un choix exigeant et difficile. Ceux qui le font montrent un esprit de sacrifice et d’engagement remarquable. Cela n’a évidemment de sens que pour celui qui y est fortement attaché.

Pour comprendre cet attachement, il faut tenir compte de l’importance que le judaïsme donne au shabbat.

Même si l’on s’en tient à une pratique souple, le shabbat est le pilier du judaïsme et mérite nos efforts pour au minimum en garder l’état d’esprit et marquer son rythme.

Mais le shabbat prend tout son sens par la pratique de ses interdits, puisque c’est cette pratique de retrait de la créativité qui permet à une autre dimension de surgir en nous.

Concrètement, on choisira des études compatibles avec le shabbat, ou on ira carrément faire ses études en Israël. Il faut savoir qu’en France, il y a en général moyen de négocier avec l’administration universitaire pour protéger son shabbat, mais il est vrai que parfois c’est très difficile.

Pour ceux qui veulent faire des études « normales » sans pour autant sacrifier totalement le shabbat, il existe une sorte de concession, contraire à la stricte Halakha   qui place en principe le shabbat au dessus de tout. Cela consiste à transgresser le shabbat le moins possible.

C’est-à-dire n’aller qu’à des cours indispensables, faire le moins d’actions interdites possible. On sait qu’on transgresse, mais on respecte tout de même l’idée de shabbat et le maximum de pratiques. C’est la situation dans laquelle on se retrouve dans des situations d’urgence, armée, médecine, navigation en mer… Evidemment, dès que l’on pourra, on reviendra à une pratique plus stricte.

La transgression se fait en conscience, c’est un choix et on ne fait pas teshouva   chaque semaine là-dessus, ce serait de la pure hypocrisie et sans valeur du point de vue des règles de la teshouva  . Normalement, la Halakha   n’autorise ce genre de pratiques que pour des urgences, comme sauver une vie.

Cependant, la pratique courante a élargi cela à toutes sortes de domaines, comme soigner une plaie secondaire, une action militaire secondaire comme des rondes et autres, le maintien en l’état d’une structure technique considérée comme indispensable (électricité, gaz…) et même la traite des vaches dans les kibboutz religieux.

La situation d’indépendance de l’Etat d’Israël a largement élargi le champ des activités indispensables au maintien d’un Etat moderne nécessitant la transgression du shabbat classique. Des rabbins   sionistes modernes ont beaucoup écrit là-dessus et cherchent à rendre compatible la halakha   avec les activités d’un Etat. Mais il est clair que la Halakha   s’étant forgée dans un contexte d’exil et de société non technologique fort différent de celui de notre société, cela représente un défit difficile.

Certains religieux ont choisit de se tenir à l’écart de ces concessions et débats en se reposant sur la population juive non religieuse qui gère de facto l’Etat, d’autres acceptent par contre ces concessions et considèrent que les exigences d’un Etat moderne l’emportent et relèvent d’une forme de maintien de la vie et que la Halakha   ne peut qu’évoluer sur ces questions.

Je doute un peu que l’on puisse appliquer honnêtement ce principe à n’importe quelles études. Mais on peut arguer cependant que les études sont devenues indispensables au maintien d’une vie correcte dans la société actuelle. Bien sûr c’est une vision peu rigoureuse vis à vis du shabbat, mais si elle peut vous aider à maintenir au mieux le shabbat durant la durée de vos études ou dans le cadre d’un travail difficile à remplacer, je pense qu’elle a une certaine valeur. C’est le principe de la Mishna   Avot : « sans farine, point de Tora… » ; mais attention de ne pas oublier la suite : « sans Tora, point de farine » qu’on peut comprendre comme : « que vaut de la farine gagnée sur le compte de mon judaïsme ». A vous de fixer les limites de vos concessions.

Par contre, si vous vous en sentez le courage et la conviction, sachez que des milliers de Juifs se débrouillent pour respecter le shabbat à tout prix et font néanmoins d’excellentes études et de brillantes carrières.

Au final, c’est vous qui avez la réponse pour savoir ce qui vous correspond le mieux.

Yeshaya Dalsace

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