Bonjour,
J’ai lu sur votre site les explications concernant les mariages mixes.
Je suis de père juif, mon ami est juif selon les règles du consistoire .
Nous avons décidé de nous marier cet été après 3 ans de relation et avons décidé d’élever nos enfants dans le judaisme.
En raison de notre situation, nous avons décidé de nous marier uniquement à la mairie et faire une fête avec les deux familles et amis réunies (mélange de juifs pratiquants et non, végétariens, bouddhistes, chrétiens non pratiquants).
Vous parlez de la possibilités d’introduire une cérémonie personnelle.
Je voudrais savoir exactement comment on pourrait envisager cette cérémonie.
Pour la fête, nous allons organiser la soirée avec un traiteur cacher. Savez-vous si certains traiteurs cacher sont plus ouverts que d’autres aux mariages mixes ?
De même, pensez-vous que lors de la sélection de l’orchestre, DJ il faille leur expliquer la situation clairement.
Cordialement,
Sarah B.
Réponse
Chère Mme,
Tout d’abord permettez-moi de vous souhaiter bonne chance.
Je me permets cependant de m’étonner un peu de votre décision. A partir du moment où vous êtes à moitié juive, où vous vous identifiez avec cette judéité, où vous voulez fonder un foyer juif et élever les enfants dans le judaïsme, pourquoi ne pas faire les choses correctement ? Vous allez faire perdurer une situation ambiguë ce qui n’est pas très sain. Il me semblerait beaucoup plus logique de réguler votre situation vis-à-vis du judaïsme en passant par une conversion et de faire un mariage religieux ensuite.
Je ne comprends pas très bien ce qui vous retient.
Je parle de la possibilité d’introduire une cérémonie personnelle dans les cas où les gens ne peuvent pas faire autrement. C’est aux gens de décider quelle cérémonie ils veulent faire.
Personnellement, mon rôle de rabbin est de faire en sorte que les gens fassent les choses conformément à la Halakha et de les aider à arranger leur situation et à construire un avenir dans le judaïsme traditionnel et non pas seulement dans leurs sentiments sociologiques (que je respecte pleinement par ailleurs).
Pour ce qui est de la musique, les musiciens feront ce que vous demanderez, ils sont payés pour cela. Contrairement au rabbin qui est là pour vous ramener à l’ordre et surveiller que tout soit fait selon les règles.
Yeshaya Dalsace
Messages
Bonjour,
Je vous remercie pour la clarté de votre réponse. Je réfléchis depuis longtemps à la conversion mais j’ai effectivement longtemps hésité à entamer cette démarche.
J’ai grandi dans un milieu plutôt athée sans éducation religieuse. Mon père et mes grand-parents paternels m’ont communiqué l’importance de l’identité juive mais ma démarche pour me rapprocher du judaïse a été principalement personnelle (voyage en Israël et cours d’hébreu, stage en Angleterre au sein de la communauté juive, amitiés, rapprochement de la communauté juive libérale...). Mon ami qui est juif sépharade et a grandi dans la communauté majoritaire en France est entouré par sa famille et ses amis de juifs du courant consistorial. Cette différence entre nos approches a également freiné notre avancée vis-à-vis de la religion dans notre couple.
Je voudrais commencer une procédure de conversion soit chez les libéraux ou Massortis mais je sais que c’est long et que cela demande un engagement important.
Comment se passe en pratique la conversion dans le mouvement massorti ? Nous avons déjà commencer à organiser et annoncer notre mariage cet été donc nous ne voulons pas repousser la date. C’est aussi pour cela qui je me posait la question de quelle cérémonie symbolique serait possible pour l’instant en attendant que cette conversion aboutisse.
Merci.
Veuillez excuser le retard de ma réponse.
Dans le sein du mouvement Massorti , la conversion se fait selon un programme précis qui peut durer jusqu’à deux ans. Dans des cas exceptionnels, qui est peut-être le vôtre, cela peut aller beaucoup plus vite. Tout dépend du passé et de la situation du candidat. Dans tous les cas, un rabbin doit trancher la situation par un entretien personnel.
Sur la question du rapport entre les juifs consistoriaux et ceux des obédiences modernistes, il faut avoir conscience que la plupart des difficultés éventuelles ne relèvent que de préjugés et de manque de réflexion sur le judaïsme. La plupart des juifs qui fréquentent les synagogues consistoriales ne sont pas plus religieux, ni plus traditionalistes que la plupart du public moderniste. Le problème est que beaucoup d’entre eux ont été formatés psychologiquement et intellectuellement afin d’avoir une vision monolithique du judaïsme.
Ils sont convaincus que le judaïsme consiste à faire exactement ce qu’ils ont vu faire chez leur grand-père. Il suffit d’avoir une conversation un peu sérieuse avec eux pour constater que leur vision des choses ne repose pas sur une conviction profonde, ni une véritable réflexion, mais tout simplement sur l’habitude… Il faut donc être patient et pédagogue.
Dans tous les cas, si vous avez le désir de réguler votre situation et d’inscrire votre couple dans le judaïsme, ce serait vraiment dommage de ne pas le faire.
Bonne chance
Yeshaya Dalsace
Bonjour Rav,
Je suis une maman qui a transmis à ses enfants les traditions de ses propres parents, nous sommes "tradionalistes".
Ma seconde fille va se marier SDV l’été prochain dans le respect de la Halakha .
Ma question concerne ma fille ainée qui fréquente depuis pratiquement 6 ans un jeune homme dont seul le père était juif. Je dis "était" parce que malheureusement il est orphelin de ses deux parents.
Ma fille aime ce jeune homme, mais nous aussi nous l’aimons comme un fils.(nous l’avons connu il était âgé de 18 ans)
Dernièrement mon époux et moi avons discuté avec lui sur son désir de fonder une famille avec notre fille. Nous lui avons clairement dit que cela ne pourra se faire que dans le respect de la Halakha , et qu’il devait faire la démarche pour se convertir.
Deux jours plus tard il est revenu nous voir et nous a dit que pour lui il était juif, mais que pour l’amour de notre fille et même pour l’amour qu’il a pour nous, il était prêt à entamer une démarche. Je sais qu’il devrait aussi le faire pour lui, mais je me dis que ça viendra et que quand il commencera sa conversion il comprendra certaines choses qui jusqu’à présent le dépassent.
Malheureusement hormis nous, son entourage, sœur, oncle et amis, le détourne de son chemin, et rende la démarche encore plus compliquée. il vit seul avec son unique sœur.
Il pense par ailleurs que se convertir est très difficile voir impossible pour lui.
En lisant vos réponses et réflexions, j’ai trouvé beaucoup d’humanité dans vos mots et de bienveillance, c’est pourquoi j’aimerais vous demander, vers qui devons nous nous tourner pour l’aider dans sa démarche et surtout l’encourager pour qu’il ne baisse pas les bras ?
Merci par avance pour votre réponse,
Cordialement, Rahella
Il doit réguler sa situation, c’est tout. Pour cela une conversion devant beit din massorti ne devrait pas être insurmontable (absolument conforme à la halakha ). Devant un beit din orthodoxe , cela dépend où, mais en France, cela me semble bloqué pour le moment.
Ces questions doivent se traiter en entretien privé avec le rabbin concerné.
Yeshaya Dalsace