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Raphaël Drai

Raphaël Drai

Dans un colloque en 1998 au consistoire   de Belgique, Raphaël Drai défend en fait exactement la position adoptée par le mouvement Massorti  .

Raphaël Drai est professeur en sciences politiques à l’Université d’Aix en Provence et président de l’institut d’Etudes Hébraïques de Paris, auteur de nombreux ouvrages de pensée juive.

Monsieur Draï, dans un discours impeccablement structuré, nous parle de ce qu’est la théorie du droit et de ce qu’est la dynamique du droit. Il rappelle que tous les débats, comme celui d’aujourd’hui, s’inscrivent dans des discussions qui concernent non seulement l’évolution de nos propres normes mais aussi les transformations du droit familial et de la condition féminine. Il est important, souligne-t-il, de procéder par dialogues et échanges d’informations parce qu’on a l’habitude de réagir de manière un peu passionnelle, comme si le droit était un objet de pouvoir. Il y a ceux qui pensent, dit-il, que, si on connaît la Halakha  , on a le pouvoir et si on ne connaît pas la Halakha  , on n’a pas le pouvoir. Et en général, on ne connaît pas exactement la Halakha  .

Si l’on regarde bien la Halakha  , dit-il, en ce qui concerne la Femme, il y a une série de règles qui constituent une protection contre la Femme et ensuite une série de règles qui constituent des protections des femmes et il ne faut pas se tromper sur le registre de l’interprétation. Dans les textes de la Thora, il existe des versets qui peuvent fonder un féminisme et d’autres un antiféminisme.

Il insiste sur le fait que "la dynamique du droit est à prendre comme un élément de vie et un élément de l’acceptation de la vie. La dynamique de la Halakha   est tout ce que l’on ne peut pas transgresser sans mettre en cause l’être humain lui-même, la viabilité de l’être humain".

Il explique le processus d’évolution de la Halakha   et son fonctionnement à l’intérieur du Talmud  . "Comment passer du faire savoir au savoir-faire ? Comment la modification de la règle de droit se fait de manière juridique et n’on pas en descendant dans les rues et en brandissant des slogans

Si on lit les règles, on y trouvera toute une série de protections contre la Femme, femme présentée sous forme de fantasme. Mais il existe aussi toute une série de protections contre l’homme et il cite l’exemple de l’homme qui doit mettre ses tefilin   tous les matins et qui, par cet acte, s’entrave -symboliquement- le bras.

Donc hommes et femmes sont soumis chacun à des règles qui sont adoptées pour les protéger et qui pourraient être modifiées sans transformer le débat en foire d’empoigne. Car le cheminement de la Halakha   doit se faire ensemble.

Que défend le professeur Draï ? Il s’agit de savoir, nous dit-il, si, comme le ressentent certaines femmes arguant de certains comportements, de certaines cérémonies ou du déroulement de la liturgie, elles sont effectivement placées dans une position inégalitaire. Ce serait alors grave, parce que la loi juive serait en contradiction avec les Droits de l’Homme - donc les droits de la Femme - ou bien se demande-t-il, cette inégalité a une autre fonction.

Pour ce qui le concerne, c’est de cette thèse qu’il s’agit. En effet, lors de l’interview accordée dans le cadre des émissions de télévision consistoriales consacrées au colloque, il s’explique de la manière suivante :

"Il y a une inégalité. Cette inégalité est surtout fondatrice d’une différence, mais ni cette inégalité, ni cette différence ne sont destinées à être figées. Elles doivent évoluer et il est incontestable que, vu de l’extérieur et de manière formelle, la Femme d’une certaine manière est mise en tutelle. Mais il s’agit de savoir si cette mise en tutelle est le destin de la Femme ou bien si cette formulation juridique est appelée à évoluer, ce qui est mon opinion. Tout ce droit, qu’on appelle le droit talmudique, a été élaboré après deux exils successifs où les familles juives, où le peuple juif, avaient subi de grosses épreuves, où l’identité juive était menacée de se perdre et les femmes juives étaient prioritairement garantes de cette identité.

Donc, il s’agissait d’élaborer un droit qui valait ce qu’il valait à l’époque, pour s’assurer que la Femme restait garante des généalogies du peuple juif. Mais aussi, les femmes étaient exposées du point de vue économique elles étaient objectivement, sociologiquement dans des positions de dépendance très grande.

Il s’agissait, pour le droit, non pas d’accentuer les dépendances mais de les réduire. Il s’agit de savoir si le maintien de ces règles ne se retournent pas contre l’esprit qui les a engendrées.

Il se peut que ces règles, efficientes au moment où elles ont été élaborées, le soient moins pour des tas de raisons. Donc, il importe d’en discuter. Et, de la même manière qu’à la Knesset, il y a des députés hommes et femmes, il importe maintenant que pour la discussion de la modification des règles de la Halakha  , les femmes puissent questionner la Halakha   de telle sorte que le Talmud   effectivement, ne soit plus une discussion entre hommes. Personne n’a dit que le Talmud   s’était arrêté au IVe siècle. Il s’est immobilisé d’une certaine manière à ce moment-là pour des raisons historiques, politiques. Mais rien n’interdit que la discussion se poursuive".

Les modalités de "protection de la Femme sont donc appelées à évoluer et à être aménagées. Pour ce faire, il importe de poser les bonnes questions. Si on ne pose pas les questions, les questions se posent parce que de toutes manières l’évolution du droit contemporain, l’évolution des Droits de l’Homme et de la Femme, font que les pouvoirs que la Halakha   ne donne pas, ou croit ne pas pouvoir donner, sont distribués par ailleurs". Les mauvaises compréhensions des règles de la Thora entraînent une mésentente interne préjudiciable au peuple juif. On ne peut laisser cette situation en l’état et il faut que la dynamique se déclenche par le dialogue organisé.

Messages

Raphaël Drai

Bonjour,

Raphael Draï se considère-t-il lui-même d’avantage comme un juif moderne (massorti  ) ou comme un juif orthodoxe   ?

Raphaël Drai

Il faudrait lui demander. Je crois plutôt orthodoxe  .

Mais tout cela n’est qu’étiquette, rien de plus. Étiquettes souvent mal collées... et mal lues.

Juif certainement, d’ouverture également et moderne.... donc on se comprend.

Yeshaya Dalsace

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