Michale est une jeune femme d’une trentaine d’années, mariée, et mère d’un jeune garçon. Elle travaille avec son père dans un cabinet comptable de Tel-Aviv qui a notamment pour clients des institutions religieuses orthodoxes . Son quotidien se partage entre son enfant, son époux, son travail, et son amant. Le jour où elle apprend la mort tragique de ce dernier dans un attentat, sa vie bascule...
La question politique du film :
Le film prend pour thème l’affaire Arié Derri. Arié Derri jeune rabbin ambitieux d’origine marocaine fit une carrière politique fulgurante qui se termina par son emprisonnement pour corruption. Avec l’aide du rabbin Ovadia Yossef , une autorité halakhique réputée, il créa le parti ethnico religieux « orthodoxe sépharade » Shass. Ce parti fut un temps le troisième parti politique d’Israël (17 députés) ! Totalement soumis à la voix de son chef, sa principale préoccupation était de trouver des financements pour ses institutions scolaires et religieuses. Ce parti est membre de toutes les coalitions gouvernementales depuis plus de 20 ans. Il a une énorme influence sur la politique israélienne.
Il exploita notamment la figure d’un rabbin kabaliste, le rav Kadouri, afin d’exploiter la crédulité d’un public influençable et de le pousser à voter pour le parti en contrepartie d’une « bénédiction » de ce rabbin .
Le réalisateur fait allusion à cette histoire en la replaçant à une toute petite échelle, celle d’une famille et d’un quartier.
Le film montre bien comment une jeune génération de religieux vindicatifs et ambitieux a su exploiter la figure rabbinique traditionnelle, celle du bon vieux rabbin de quartier bon enfant et humain, pour mettre en place un réseau de récupération des jeunes afin de les transformer en rigoristes de la loi juive et en militants d’une reconquête sociale et culturelle.
Il montre comment une jeune femme refuse d’être prise au piège d’une exploitation religieuse qui ne pourrait que la renfermer dans un rôle d’épouse soumise au profit d’un monde masculin dominant.
À mon avis, c’est un excellent film, bien joué, qui montre une réalité difficile et les dérapages possibles de la religion. Il faut également signaler la bande musicale excellente.
Nadjari prouve une nouvelle fois qu’il est un cinéaste à suivre...
Yeshaya Dalsace
Avanim - Les pierres
Par Gilberte Jacaret
En hébreu avanim signifie « pierres ». Pierres du mur des lamentations , pierres des maisons et des écoles, pierres que se jettent religieux et laïcs, pierres tombales, pierres du souvenir déposées sur les tombes. Ces pierres peuvent construire ou détruire.
Le mot AVEN est composé de AV ou ABA, le père, et Ben, le fils. Père et fils forment ainsi le mot « pierre ». Cette relation indique une notion d’engendrement, où le fils est le symbole de celui dont la conscience est éveillée. Ou pour le dire autrement, est « pierre vivante », celui dont la conscience est toujours naissante.
La pierre serait liée à l’éveil de la conscience, à la naissance d’une attention, à l’engendrement de la vie véritablement humaine.
Dans la Bible, Moïse fuit l’Egypte et campe dans un endroit où l’eau manque. Le peuple a soif et perd la foi. L’Eternel prescrit à Moïse une opération magique. Moïse frappe un rocher et une source d’eau fraîche jaillit. Cette eau est synonyme de vie et aussi de paix et de joie. (le rocher indique aussi un nom donné à l’Eternel dans les psaumes).
Le film commence par un adultère qui s’avère très vite être le signe extérieur d’un conflit interne de la jeune femme : elle trompe sa propre conscience. Son compagnon n’existe que comme un instrument sexuel qui devrait lui faire oublier non pas son mari et son enfant mais le problème moral où l’entraîne son père. Le jour où son amant meurt dans un attentat, elle demeure abasourdie, face à son problème.
Et jaillit alors une source de vérité, de vie et de paix intérieure : elle décide de dénoncer à la police les exactions et le scandale où elle a, contre son gré, obéi à son père trop confiant. Pure, elle a toujours refusé de cacher ses cheveux même en entrant dans la synagogue des religieux. Vite, elle avait compris les mensonges de cette communauté qui entraînait même le bon rabbin à faire de fausses déclarations sur le nombre d’élèves pour obtenir des subsides.
La loi a mis un terme aux mensonges de ces religieux mais, parmi eux, un illuminé persécute la jeune femme et tue avec une pierre l’amie chez laquelle elle s’était réfugiée avec son enfant.
Les pierres recouvrent le cercueil de la femme assassinée par un de ces illuminés ultra religieux. Mais dans cette aridité impitoyable jaillit une source nouvelle pour le jeune couple qui se retrouve avec le père et le fils loin des intrigues qui ont été lapidées.