Judaïca est née d’un groupe d’amis et d’un Sefer Torah qui ne vivait plus depuis cinquante ans.
Ce groupe fidèle au judaïsme ne se retrouvait plus dans l’orthodoxie traditionnelle du fait notament de son dogmatisme. Pourtant, les « copains de Jean-Pierre et Hélène » étaient tous attachés à la tradition, aux airs de là-bas, se référant aux valeurs traditionnelles, et surtout avec une foi indestructible. Tous rêvaient d’une synagogue ouverte, respirant la joie où l’on pouvait prier en famille.
Au tout début, les offices, « comme ils pouvaient », « comme ils savaient » se déroulaient chez les uns et les autres. Et puis, le besoin d’un Talmud Torah s’est fait sentir : le judaïsme sans transmission est-il concevable ?
Il y eut une assemblée constituante, une salle dans un hôtel-Judaïca était née ; premier jour.
Le groupe s’est structuré, la poignée de copains s’est étoffée. Les premiers statuts ont été déposés à la préfecture et le nom de Judaïca s’est imposé comme regroupant toutes les activités liées au Judaïsme.
Une synagogue était inoccupée, celle de l’hôpital. Le rabbin saisissant l’occasion de la faire vivre l’a prêtée, des malades, ravis de l’aubaine, se mêlaient aux fidèles. Il y eut les premiers kiddouchim institués. D’abord juste deux halot et un peu de vin, puis l’habitude de « prendre un verre » après l’office s’est imposée. Tantôt l’un tantôt l’autre arrivait avec les bras chargés.
Les enfants du Talmud Torah étaient priés d’être discrets et même les plus turbulents avaient appris à chuchoter.
Il y eut des pressions, des menaces de sanction…et la synagogue est retournée au silence. Judaïca était sur le pavé ; deuxième jour.
Les agences faisaient des refus polis, les propriétaires des moues embarrassées… en fait personne ne voulait d’un locataire au nom si encombrant, qui se promettait d’être aussi bruyant.
Les visites succédaient aux déceptions ; fallait-il changer de nom ? Pendant ce temps les enfants s’entassaient chez Hélène et Jean-Pierre.
Il y eut un miracle, une villa vouée à la démolition avec un jardin somptueux et un généreux mécène pour la mettre à disposition ; troisième jour.
Les adhérents virent que cela était bon ils devinrent plus nombreux.
Il fallait trouver une orientation claire. Le conseil d’administration naturellement s’orienta vers le monde libéral. Certains étaient choqués, d’autres ravis. Les discussions allaient bon train, minyane égalitaire, téfilines au féminin…Mais le cap était fixé, Judaïca restait traditionnelle dans sa forme mais progressiste dans son approche. Plus les officiants progressaient plus le français régressait. Un rite propre était en train de s’établir. Du rite libéral il y avait certaines intonations ashkénazes et, des grands parents, certaines mélodies retrouvées. Mais toujours la même convivialité et la même fraternité.
Il y eut des Bnot Mitsvah, il y eut des Bné Mitsvah ; quatrième jour.
Les fêtes se succédaient : des cabanes, des sedarim, des repas shabbatiques, des joies, des peines, des arrivées, des départs … la routine d’une communauté juive. Mais avec toujours l’accueil et la chaleur. Puis le coup de massue est arrivé…plus personne pour diriger les offices solennels de Tichri . Judaïca a su relever le défi (un chofar, quelques cd, des heures de travail, des souvenirs à réactiver, un kahal à redynamiser).
Le mot libéral n’était plus approprié, il a fallu chercher une tendance, un courant plus adapté. Des coups de fil, des emails, des débats d’idées, des consultations de sites, des lectures de documentation. La décision fut prise : le mouvement Massorti s’est imposé comme une évidence. Une première visite à Nice et à Aix, des contacts avec le Rabbin Yeshaya Dalsace lançaient le processus d’entrée de Judaïca dans la grande famille.
Il y eut un autre Roch Hachana, il y eut un autre Kippour ; cinquième jour.
Le moment attendu mais tant redouté est arrivé, il a fallu quitter la villa et s’installer dans un local vierge. Tout était à refaire…déménager, concevoir, agencer, décorer. Aujourd’hui, la communauté est bien installée, l’endroit est clair, fonctionnel et très agréable. Il permet les diverses activités programmées et peut se moduler en fonction de l’assistance.
Judaïca a enfin un lieu et envisager un avenir stable et pérenne. La visite du Rabbin Haïm Weiner et d’une délégation de Nice venaient concrétiser le projet Massorti .
Il y eut un congrès, il y eut un Bet Din pour approuver la filiation de Judaïca à Massorti ; sixième jour.
Voila, en quelques lignes, tracée la Genèse de Judaïca. Depuis cinq ans une poignée de pionniers construit une véritable synagogue et un centre culturel modernes tentant un compromis difficile entre modernité et tradition. Judaïca se veut ouverte à tous les Juifs qui ne se reconnaissent plus (ou ne sont plus reconnus) dans les instances traditionnelles. Il reste à faire connaître plus largement une communauté qui incarne une troisième voie entre l’orthodoxie et le libéralisme, qui ne juge pas les parcours des uns et des autres. Avec l’aide de tous, déjà de nombreuses familles (une centaine) ont été sauvées d’une assimilation définitive. De nombreux enfants ont pu « faire leur Bar Mitsvah » ramenant, ainsi, au sein du Am Israël des familles en cours de déjudaïsation.
Avec un rabbin -référent, des locaux, un talmud Torah moderne et ouvert, Judaïca nettement orienté Sépharade, a une carte maîtresse à jouer dans la région marseillaise où nombre de Juifs ne fréquentent aucun lieu de culte, sans pour autant avoir coupé complètement leurs racines et renoncé à leur identité.
Après la Genèse, l’équipe de Judaïca n’a pas le droit au repos, il y a encore beaucoup à faire : conforter ce qui a été construit, assurer l’avenir et créer de nouvelles activités attractives.
Le mouvement Massorti -France peut compter sur un pôle fort dans le Sud, complétant ainsi un triangle géographique composé des communautés d’Aix et Nice.
Tout cela n’aura été possible que par la volonté d’un couple Jean-Pierre et Hélène Nataf auxquels il convient de rendre hommage.
Contact
http://judaica-massorti-marseille.com
Tel : 0783508679
Messages
Bonjour ;
Votre article est intérressant sur marseille ; cependant il est bon je crois de rajouter que si judaica a survécu pendant toutes ces années ; c est aussi grace à le présence d un rabbin chez qui j ai longuement étudié , et encore aujourd hui . Ce rabbin sans qui judaica n aurait pas pu perdurer . Merci de replacer les choses dans leurs contexte . Longue vie à Judaica massorti et mazaltov !!!!!!!
Cher Isaac, il est vrai que Judaica s’est construit avec une poignée d’hommes et de femmes autour d’un rabbin dont tout le monde apprécie l’érudition et le charisme. Nos voies ont divergé depuis, et le rapprochement avec les massorti est l’oeuvre de ce même groupe soudé par l’amour fraternel et une certaine conception du judaïsme. Aujourd’hui Judaica est complètement autonome mais ne renie pas son histoire.
En tous cas merci pour tes voeux de longue vie
Merci d’avoir rendu hommage à Hélène et Jean Pierre NATAF, ils ont agit avec amour et entêtement ils le méritent vraiment
Grâce à eux le Sefer Thora a pu avoir une nouvelle vie
Régine