Sur ce tesson de poterie de 15 centimètres sur 15, il y a cinq lignes à peine visibles. Découvert au sud-ouest de Jérusalem, dans la vallée d’Elah, cet ostracon a suscité l’enthousiasme des archéologues israéliens. Il pourrait s’agir en effet du premier texte en hébreu, remontant à 3 000 ans, c’est-à-dire bien avant les manuscrits de la mer Morte. Sur cette inscription, le professeur Yosef Garfinkel, de l’université hébraïque de Jérusalem, croit pouvoir déceler les racines des mots "roi", "juge" et "esclave" dans des caractères qui seraient du protocananéen, l’ancêtre de l’alphabet hébreu.
Découvert au sud-ouest de Jérusalem, dans la vallée d’Elah, cet ostracon a suscité l’enthousiasme des archéologues israéliens. Il pourrait s’agir en effet du premier texte en hébreu, remontant à 3 000 ans, c’est-à-dire bien avant les manuscrits de la mer Morte.
Les faits Quelques signes pour le royaume de David
Si les analyses au carbone 14 de morceaux d’oliviers brûlés permettent de dater le site entre 1 000 et 975 avant Jésus-Christ, d’autres scientifiques sont plus prudents quant aux conclusions tirées par le professeur Garfinkel. "La différenciation entre l’écriture et le langage à cette période reste peu claire", estime Amihai Mazar, archéologue à l’université hébraïque.
L’affaire est d’importance, car, si le professeur Garfinkel a raison, cela signifierait que la forteresse d’Elah pourrait avoir été un poste avancé du royaume de David dont on sait peu de choses et qui donne lieu à d’importantes controverses sur son étendue et son importance. La période coïncide. Ce serait également dans ce secteur qu’aurait eu lieu le célèbre combat entre David et Goliath.
La forteresse d’Elah, qui s’étend sur 2,3 hectares et dont seulement 600 m2 ont été mis au jour, se situe en effet à la frontière supposée du royaume de Judée et des terres des Philistins, et notamment à proximité de l’importante cité de Gat.
Pour Aren Maier, archéologue à l’université Bar-Ilan de Tel-Aviv, l’identité des habitants de cette forteresse est loin d’avoir été établie. Il pourrait s’agir soit de Juifs, soit de Philistins, soit d’une autre peuplade. Il faudrait obtenir plus de renseignements concernant en particulier la nourriture. Les Juifs ne mangeaient pas de porc, alors que les Philistins, eux, en mangeaient. Les recherches sur les ossements d’animaux apporteront donc de précieux renseignements.
Pour l’Etat juif, la question est importante, car, s’il s’agit bien d’une forteresse du roi David, cette découverte conforterait les écrits de l’Ancien Testament et justifierait l’existence du royaume de David, élevé au rang de mythe en Israël.
Comme, ici, l’archéologie n’est jamais loin de la politique, cette découverte renforcerait la légitimité de la création d’Israël sur ces terres, même s’il est établi que les Philistins, les ancêtres des Palestiniens, vivaient déjà dans cette région.
Le professeur Garfinkel est convaincu que d’autres morceaux de poterie, d’autres inscriptions et d’autres vestiges permettront d’étayer sa thèse. Les fouilles sont prévues pour durer au moins dix ans.