Ariel Brenner, un jeune juif parisien de 18 ans, décide de partir pour Israël afin de s’engager dans les services secrets. Tout d’abord candidat pour entrer au Mossad, il est finalement recruté par un service indépendant appelé "Unité 238".
Ses fonctions l’améneront à être mélé à deux affaires assez différentes, toutes deux inspirées de faits réels :
Tout d’abord, la manipulation d’un physicien français impliqué dans un projet de construction d’une centrale nucléaire par un pays arabe (et qui rappelle l’action du Mossad qui conduira au bombardement par l’aviation israélienne du site nucléaire d’Osirak en Irak).
Ensuite, la surprenante démarche d’un officier du renseignement américain, de confession juive, qui contacte de lui-même les services secrets israéliens (et qui est très inspirée de l’histoire de Jonathan Pollard, qui livra des secrets à Israël, bien que les noms des personnes et institutions impliquées aient été modifiées dans le film).
Le film détaille donc les méthodes implacables d’agents israéliens de la fictive « unité 238 », unité visiblement inspirée du "Lekem", (ha-Lishka le-Kishrei Mada) service spécialisé dans le renseigement scientifique dont l’existence fut longtemps tenue secrète au sein même d’Israël, et qui fut officiellement supprimé en 1986 à la suite de l’affaire Pollard.
Date de sortie cinéma :1994
Réalisé par Eric Rochant
Avec Yvan Attal, Richard Masur, Yossi Banai,
Notre avis
Ce film est un excellent film d’espionnage. Il sonne juste, montre toute la complexité de ce genre d’opérations et de la "manipulation". Yvan Attal est très bien dans le rôle d’Ariel, Sandrine Kiberlain ravissante totalement à contre emploi de ses autres rôles de fille sage et sympa. Yossi Banai cynique à souhait (peu connu du public français mais monument de la scène israélienne). Même la musique est excellente.
C’est surtout l’occasion de voir non seulement le monde de l’espionnage et ses coulisses (le film est très documenté). Mais aussi de soulever la question d’une identité juive complexe qui mène parfois à des choix extrêmes (Ariel Brenner, comme Pollard allias Jeremy Pelman dans le film) et le prix à payer pour assurer la sécurité du vulnérable petit Etat d’Israël.
On vous le recommande absolument.
Yeshaya Dalsace
Affaire Osirak
Osirak est le nom d’un ancien réacteur nucléaire expérimental de 70 MW qui était en cours d’installation en Irak au sud-est de Bagdad, construit par la France et destiné à des recherches civiles sur le nucléaire. Il fut détruit, d’abord partiellement par un raid de l’armée israélienne le 7 juin 1981 (opération Opéra) puis à nouveau par l’armée américaine en 1991, lors de la guerre du Golfe.
L’aide de la France :
En 1975, Saddam Hussein se rend en week-end en Provence, où il rencontre Jacques Chirac, alors Premier ministre de Giscard qui s’était déjà rendu à Bagdad en septembre 1974. Ce fut le seul voyage à l’étranger du dictateur irakien. Hussein rencontre également Giscard à Paris, et visite le centre de Cadarache avec Chirac
Le 8 septembre 1975, le journal libanais El Oubsou El Arabi publie une déclaration du vice-président irakien Saddam Hussein : « L’accord avec la France est le premier pas concret vers la production de l’arme atomique arabe ». Le 18 novembre 1975, un accord de coopération nucléaire franco-irakien est signé à Bagdad...
Le réacteur est ironiquement surnommé Ô Chirac par les Israéliens...
Le 6 avril 1979, le Mossad détruit avec des bombes à charge creuse, lors d’une opération commando à l’intérieur de l’usine de Constructions navales et industrielles de la Méditerranée (CNIM), à La Seyne-sur-Mer (Var), la cuve en acier du réacteur d’Osirak. La France répare les dégâts, mais dans la nuit du 13 au 14 juin 1980, le Mossad égorge dans un hôtel parisien l’égyptien Yahya Al-Meshad, membre de la Commission atomique irakienne.
Un raid spectaculaire
Finalement, le réacteur a été détruit lors d’un bombardement mené par Israël qui craignait que l’Irak n’accède à l’arme nucléaire par 8 F-16 et 6 F-15 avec 16 bombes d’une tonne, le 7 juin 1981. C’est l’opération Opéra.
Affaire Pollard
Jonathan Jay Pollard, né en 1954 à Galveston (Texas), est un citoyen des États-Unis d’origine juive qui, en 1987, a été condamné à perpétuité aux États-Unis pour espionnage au profit d’Israël.
Pollard travaillait depuis 1979 pour la marine américaine en tant qu’officier de renseignement.
En 1985, les supérieurs de Pollard au Naval Anti-Terrorist Alert Center de Washington s’en méfient, car des piles de documents confidentiels et sans lien avec son travail sont régulièrement découverts dans son bureau.
Le FBI est bientôt mis sur sa piste et l’interroge en novembre 1985. Quelques jours plus tard, il tente de fuir avec son épouse en réclamant l’asile politique, qui leur sera refusé, auprès de l’ambassade israélienne. Ils sont alors appréhendés par le FBI.
Inculpé pour « transfert d’informations classifiées à un pays allié, sans intention de nuire aux Etats-Unis », il plaide coupable à l’accusation d’espionnage. Il est condamné à la prison à vie le 4 mars 1987 et est toujours derrière les barreaux, malgré plusieurs demandes de libération formulées par Israël.
Son épouse, Anne, a été condamnée à cinq ans de prison et a été libérée en 1989. Ils se sont ensuite séparés. Pollard a épousé, en prison, Esther Zeitz.
L’affaire Pollard a causé un dommage considérable aux relations américano-israéliennes, car des journalistes ont régulièrement pris sa défense dans les médias israéliens ces dernières années. Selon des sources non confirmées, les États-Unis lui reprocheraient en particulier d’avoir livré à Israël le manuel des codes d’accès et de cryptage des écoutes de la NSA dans le monde, manuel qui aurait été ensuite livré (en pleine guerre froide) aux Soviétiques en échange de l’émigration vers Israël d’un million de juifs présents en URSS.
Jusqu’à aujourd’hui (2011), il existe une campagne en faveur de sa libération toujours espérée et évoquée...
Site internet en faveur de Pollard