Ce rapport est à lire absolument. D’une part c’est le premier rapport à développer une réflexion globale et à long terme. D’autre part, la méthodologie est tout à fait originale, envisageant deux scénarios possibles, l’un optimiste, l’autre pessimiste.
Il ressort de ce rapport que le peuple juif se trouve à la croisée des chemins entre renaissance et déclin. Face aux défis de la modernité, de la mondialisation et de l’assimilation le peuple juif peut se renforcer ou au contraire s’affaiblir grandement.
Cela dépendra essentiellement de la politique menée par les dirigeants communautaires et de leur capacité à offrir un judaïsme dynamique, ouvert et intégrateur. Dans une telle perspective on peut envisager un fort dynamisme démographique, aussi bien en Israël qu’en diaspora. Dans le cas contraire, la population israélienne stagnera et la diaspora se réduire comme une peau de chagrin.
La question essentielle demeure : le judaïsme aussi bien dans ses aspects spirituels que culturels et sociaux est-il capable de rester attirant aussi bien pour les juifs de naissance que pour les juifs potentiels par la conversion ?
Dans le cas contraire, le peuple juif risque fort de se réduire à quelques bastions orthodoxes se protégeant en se renfermant sur eux même. Ces bastions représenteraient certes un certain dynamisme mais seraient incapables de porter le destin de tout un peuple.
Le rapport montre bien combien le destin d’Israël est lié à celui de la diaspora et réciproquement. Une diaspora dynamique dynamise l’État d’Israël par son soutien et son potentiel d’immigration. Seule une société israélienne dynamique et ouverte, capable de faire la paix avec ses voisins est susceptible d’attirer l’immigration des juifs occidentaux. Dans le cas contraire, les départs d’Israël risquent bien de dépasser les chiffres de l’Alya.
Seul un réseau dense de communautés ouvertes et modernistes liées à un réseau scolaire juif dans le même esprit pourront créer un réel phénomène d’attirance et donc le maintien du peuple juif.
Ce rapport, auquel ont collaboré quelques-uns des grands universitaires juifs du monde mérite une lecture détaillée.
Pour nous qui nous efforçons de créer un mouvement Massorti fort et dynamique au sein du judaïsme français, ce rapport représente un véritable encouragement car il démontre combien nos efforts sont cruciaux pour l’avenir de notre peuple. Il n’y va pas seulement de la défense de nos convictions mais bien de l’intérêt collectif et de l’avenir du judaïsme.
En même temps, ce rapport est là pour nous rappeler à l’ordre : seule la mise en place d’une véritable dynamique collective est susceptible de sauver le peuple juif d’un inexorable déclin. La renaissance est possible à condition qu’il y ait une forte volonté pour cela.
Ce rapport est tout à fait éloquent, il mérite d’être lu dans son intégralité il est à votre disposition en document PDF en bas de page.
Yeshaya Dalsace
Voici quelques brefs extraits de ce rapport :
« Prédire un avenir radieux aux juifs en invoquant leur illustre passé serait aussi aventureux qu’erroné. Même pour ceux qui croient en une théologie de l’histoire — selon laquelle le peuple juif jouirait d’une Providence particulière au sein de l’humanité —, le prodige de la survie passée d’Israël ne peut aucunement constituer la garantie de sa survie future.
Le peuple juif se situe à un point particulièrement délicat de son existence : entre Renaissance et déclin.
Face aux mutations radicales qui balaient non seulement le monde juif, mais l’humanité dans son ensemble, les fameuses leçons de l’Histoire font bien pâle figure…
C’est donc sous deux formes bien spécifiques, et parfaitement antithétiques, que nous avons tenté d’échafauder ce que pourraient être les futurs possibles du peuple juif.
Deux scénarios sont donc proposés :
■ Le premier : pessimiste, catastrophiste, dépourvu d’avenir ;
■ Le second : prometteur, porteur de conscience, de créativité, de forces vives.
Chacun de ces deux scénarios est accompagné, dans les pages qui suivent, de propositions qui pourraient en modifier, voire en hâter la réalisation. »
Les projections démographiques montrent bien que le peuple juif est à la croisée des chemins, deux perspectives se présentent à lui : soit une diminution drastique du nombre de juifs dans le monde du fait de l’assimilation, soit une augmentation grâce aux capacités du judaïsme à intégrer les couples mixtes et leurs enfants. (Lire page 9 à 15 la vision d’un double scénario).
« Actuellement, tant au plan de ses tendances intérieures que des processus qui le touchent de l’extérieur et l’influencent — on peut affirmer que le peuple juif se tient à un véritable carrefour.
Tant la Renaissance que le déclin sont pour lui des voies possibles ; et puisque toute conjecture est hasardeuse, le credo selon lequel la vie et le Renouveau l’emporteront ne peut être sérieusement adopté ni retenu ici. Conséquemment, l’engagement, la volonté d’intervenir dans le cours de sa propre histoire, la responsabilité et le souci d’intégrité, de fidélité — tels sont les impératifs vitaux que le peuple juif, en Israël comme dans la dispersion, doit se fixer.
La cristallisation des forces vives du peuple juif n’aura cependant pas lieu avant qu’une initiative hardie et novatrice, visant tout à la fois l’immédiat et le long terme, ne soit prise par des institutions juives stables et éventuellement remaniées.
Il est possible de mesurer l’ampleur de l’effritement de la judéité à l’aune des mariages mixtes. En soi, le mariage mixte témoigne de la parfaite intégration socioculturelle des juifs — à titre individuel — dans les sociétés auxquelles ils appartiennent et de la nature démocratique, libérale et égalitaire de ces sociétés. De son côté, le mariage endogame témoigne d’une certaine bienveillance vis-à-vis des valeurs juives, lesquelles s’incarnent notamment à travers les structures communautaires qui trouvent naturellement leur place au sein de la société globale. Ainsi, sur ces deux points, le mariage mixte permet d’établir un bilan assez fiable de la situation, voire de l’état d’esprit, prévalant dans les communautés juives.
À l’échelle de l’ensemble du peuple juif, on ne compte qu’une minorité active ; l’engagement culturel, ou autre, en faveur de la judéité demeure pour la majorité silencieuse une notion parfois lointaine ou tout bonnement inexistante ; cela, sans oublier le notoire désintérêt pour le militantisme au sein d’organisations juives et politiquement marquées, à gauche comme à droite. Si le plus souvent, l’assimilation est synonyme de rupture, puis de perte totale, du lien garantissant l’union avec la tradition ancestrale, on observe dans un certain nombre de cas, certes minoritaires, un retour au judaïsme ; d’une génération à l’autre, voire sautant une ou deux générations et s’exprimant selon des modalités variées — mais principalement sur le mode d’un retour au religieux.
Comparativement, les phénomènes de désengagement culturel dans la Diaspora n’en prennent qu’un relief plus alarmant. Les raisons de ce désintérêt pour la chose juive sont multiples :
■ D’abord, dans leur globalité, les sociétés occidentales ne dressent plus aucune espèce d’obstacle à l’assimilation totale des juifs désireux de prendre une telle voie. Les accusations de « double allégeance », la suspicion à l’égard de l’élément juif tenu pour subversif, traître, cauteleux — semblent relever d’un autre âge ; s’il en existe des survivances, elles se situent au plan du discours sectaire, marginal, sans portée ;
■ Dans le sillage de l’assimilation, les mariages mixtes concourent à distendre le lien avec les cercles juifs ;
■ Le retour à l’individualisme, conjugué au phénomène d’arasement intellectuel propre à l’Occident, n’est pas de nature à encourager la recherche d’une identité singulière, particulariste, et donc qualifiable de « communautariste » ;
L’affaiblissement de la cellule familiale traditionnelle, l’augmentation des divorces et la monoparentalité, remettent en question la participation des juifs aux activités communautaires souvent axées sur le thème de la famille ;
■ Il est certain que la nature et l’intensité du sentiment juif sont proportionnelles au degré de connaissance des sources philosophiques et de l’histoire du judaïsme. Hier comme aujourd’hui, l’ignorance et la déculturation altèrent donc directement l’identité juive ;
■ Vidé de ses contenus spirituels, éthiques, littéraires et philosophiques, réduit à une pratique privée de sens — le judaïsme présente peu d’attrait pour beaucoup de juifs qui, intellectuellement, préfèrent s’orienter vers d’autres modes de pensée ;
■ Tant en Israël qu’à travers la Diaspora, la qualité du dialogue entre les franges orthodoxes du judaïsme et les courants libéraux, novateurs, laïques, demeure médiocre et incertaine ; par ailleurs, on sait que les questions qui divisent ces divers courants ne sont ni mineures, ni marginales, puisque parmi elles, on trouve celles qui ont trait à la politique, à la conversion, à la famille juive, à la place de la femme dans la tradition, au mariage religieux, mixte ou homosexuel.
Dans le cadre de cette polarisation intra-communautaire, de très nombreux juifs et juives, sans identification définie et souvent mariés en dehors de la communauté, font figure de « laissés-pour-compte » des structures éducatives, culturelles et sociales juives existantes. »
Sur la situation en France, lire page 50 à 54
« À elle seule, la France illustre une grande partie des dilemmes dont fait état le présent Rapport : en effet, s’il se trouve une communauté entre Renaissance et déclin, c’est bien la communauté juive française. D’une part, l’assimilationnisme y est une sorte de norme, les mariages mixtes sont fort courants tandis que le communautarisme ne concerne qu’une frange minoritaire. L’ignorance pure et simple en matière de judaïsme est répandue, le désintérêt affiché vis-à-vis d’Israël, voire des formes plus ou moins morbides d’antisionisme juif, sont tout aussi notables.
Mais d’autre part, on assiste à un regain d’intérêt extrêmement significatif pour le fait juif ; ce renouveau s’exprime à travers diverses figures et témoigne d’un grand potentiel de créativité et d’innovation ; on notera tout d’abord la vive curiosité que suscite, dans certains cercles, les littératures et philosophies juives modernes. »
Sur la position de la femme dans le judaïsme et l’enjeu que cela représente, lire page 79
Institut de Planification d’une Politique pour le Peuple Juif
Cet organisme est une émanation de l’Agence juive. Il est dirigé par l’ex ambassadeur des Etats-Unis Dennis Ross à l’initiative de ce projet. L’aspect démographique est sous la direction du Prof. Sergio DellaPergola le célèbre démographe israélien. Pour la partie française a contribué notamment Shmuel Trigano.
René-Samuel Sirat
Ancien Grand Rabbin de France
« Je tiens à féliciter le JPPPI pour l’excellence des contributions proposées et pour le courage dont l’Institut fait preuve. J’espère que les dirigeants des grandes institutions juives internationales et les instances politiques israéliennes prendront connaissance et œuvreront dans le sens des propositions et des idées que formule ce rapport. »
Pour lire le rapport dans son intégralité (100 pages) en pdf
Rapport sur les perspectives juives en Europe en 2030
Ce rapport écrit en 2010 par Dov Maimon chercheur israélien décortique la situation européenne. Très intéressant également et assez inquiétant.
Les courants du judaïsme remis en question
En Amérique, les courants juifs très structurés, comme le mouvement massorti (un peu l’équivalent en son temps du consistoire pour l’Amérique) ne correspondent plus à la sociologie actuelle. Les jeunes ne veulent plus d’étiquettes...
Un court article à lire
Site du JPPPI
A ce propos une intervention en ce sens de Jacques Atali
http://www.akadem.org/sommaire/them...
La question du nombre
Commentaire de la Parasha Balak
Au delà des chiffres et des statistiques, le peuple juif obéit également à une autre dynamique.
Messages
Le rapport est extraordinaire.
Pour la section "France" le réponse est clairement Massorti .
les oiseaux évitent de nicher dans l’olivier.Pourqoui ?
les lapins évitent de courir sous l’olivier.Pourqoui ?
le fruit de l’olivier est amer ses feuilles aussi-
l’oiseau ne peux le picorer le lapin ne peux les manger.
Cette simple constatation démontre que l’humanité n’a rien comprit.toutes les nations les personalités les plus cruelles les plus insensibles l’onu representent la paix par la colombe transportant dans son bec une branched’olivier
pourtant le message transmit a noakh pouvait etre traduit comme suit:l’humanité fut punie par le maboul pour son insensibilité a la cause humaine a l’existence même des êtres vivants a la memoire des victimes innocentes, a la grace de D. ce par cette branche qui porte le fruit amer symbol indiscutable de l’amertume qui entourera la vie des humains et pourtant pour l’adoucir cette meme olive produira de temps en temps la douceur par l’huile qu’elle produit,un moment de calme, de grace !- ce n’est que en se rappellant
que ce ne pas les humains qui savent etablir la paix. le devoir des humains ce d’etablir la "comprehension mutuelle"
le peuple juif : Ivrim,Bnei Israel,Bnei Yehudah,Beit David,Yehudim-"bnei ve bnot" Avraham Itzkhak ve Yaakov vivront constament entre renaissance et déclin le déclin reveillera la renaissance.satisfait de l’empleur de cette renaissance ce peuple imprudent s’endormira dans les bras d’une reussite temporaire pour se reveiller dans les bras du déclin."be’zéat apeikha tokhal lekhem" ce dans la souffrance que l’on retrouverait les vraies valeurs, ce l’olive par son gout amer qui reveillera pour se souvenir que d’abord avant tout ce la tâche difficile d’instaurer la "comprehension mutuelle" qui nous amenera peut être vers la paix ? shalom.
Voir en ligne : massorti:le peuple juif:entre renaissance et déclin