Voici l’histoire du nouveau film d’André Téchiné, « La Fille du RER ». Tiré d’une histoire vraie, ce film n’est qu’une pure fiction, divisée en deux parties. Dans un premier temps, le réalisateur tente de montrer ou bien d’expliquer les circonstances du drame. Il invente ainsi une histoire, celle de cette jeune fille soumise et qui se cherche, remarquablement interprétée par la fraîche et joviale Emilie Duquenne. Téchiné évoque cette romance qui tourne mal et la présence de sa mère protectrice (Catherine Deneuve), qui ne souhaite que le bonheur de sa fille et qui tente de la guider à prendre le bon chemin.

Puis vient la deuxième partie du film : les conséquences. André Téchiné montre l’ampleur de ce mensonge au niveau des autorités mais aussi au niveau médiatique. Il rappelle que ce mensonge entre dans un contexte particulier : celui d’une actualité très virulente sur les actes antisémites qui ont fortement augmenté.

Toutefois, le film de Téchiné est très romancé. Trop romancé.

D’une part, on reste perplexe et l’on s’interroge sur l’intérêt de mettre en avant la vie de cet avocat juif (Michel Blanc).

D’autre part, la tempête que ce mensonge a déclenchée et les conséquences qu’il a pu avoir étaient loin de cette petite discussion entre adultes à la campagne !

Je regrette que le réalisateur n’insiste pas plus sur le tort qu’a causé cette jeune fille paumée aux victimes du racisme et de l’antisémitisme.

Peut-être qu’il y a eu un emballement un peu rapide, que les informations, il est vrai, n’ont pas toutes été vérifiées et que cette frénésie n’était basée que sur les déclarations de cette fille. Mais il s’agissait pour tout le monde d’ANTISÉMITISME !! Il faut se replonger dans un contexte très tendu. Les agressions à caractère antisémite recensées par le CRIF en liaison avec les services de police ont révélé à cette époque une réalité d’une inquiétante gravité. Elles ne cessaient d’être en augmentation constante.

André Téchiné pointe du doigt les médias et les autorités qui ont fait de cette agression une affaire nationale. Il tente d’enjoliver la pathologie de cette fille en inventant des circonstances. Mais, il n’y en a aucune ! Rien ne peut justifier un tel acte !

Stéphanie Lebaz