On en trouve des traces sur un certain nombre de tablettes. C’est un poème liturgique. Aujourd’hui le monde ne fonctionne plus avec des mythes mais avec des théories. (C.f.16-17 dans le dossier, texte de Mircea Eliade qui reprend le mythe).
Enuma Elish totalité aquatique indifférenciée. Un couple primordial Apsu (mer) et Tiamat (masse d’eau douce). 2 principes : un masculin et un féminin. Ils se mélangent et des divinités émergent= structures différenciées du monde. Le dieu du ciel naît = Anu. Les divinités sont bruyantes et troublent le repos d’Apsu. Apsu veut d’en débarrasser. Tiamat pousse un cri de douleur, mais Apsu ne se laisse pas convaincre. Les jeunes dieux apprenant la nouvelle sont atterrés. L’un d’eux, Ea, décide de plonger Apsu dans un profond sommeil avant de le tuer. Les dieux reprochent à Tiamat sa passivité. Elle se prépare à se défendre. Elle met en avant son « champion », Kingu, que seul Mardouk ose affronter. Il en résulte un duel entre Tiamat et Mardouk. Mardouk terrasse Kingu et Tiamat dont il fend le crâne et d’où sortent la voûte céleste et la terre. Avec une tablette, il organise les planètes. Quant à l’humanité, elle est créée à partir du sang de Kingu.
Similitudes et différences entre les deux textes :
Points communs réalité aquatique au début, homme créé à la fin. La recherche du repos (soit assez vite soit à la fin).
Dans Bereshit, on lit une volonté, un dessein, un certain ordre dans la création. À chaque étape, D. fait le bilan puis passe à l’étape suivante. On y voit clairement une organisation alors que dans le texte mésopotamien ce sont les circonstances qui jouent un rôle dans la création. En outre la création semble résulter du chaos.
Kingu est un démon guerrier et l’homme naît de sa force démoniaque alliée à l’omniscience d’Ea. Dans le texte biblique, l’homme est façonné à partir de la terre à laquelle D. donne son souffle. La vision est moins négative car la terre n’est pas démoniaque par nature. En outre l’homme est le reflet de la réalité première puisqu’il est créé à l’image de Dieu.
Chez Freud, ce conflit fondamental existe entre des forces contraires : le ça et le sur-moi. C’est un conflit fondamental irréductible.
Tiamat est une mère paradoxale, pleine d’attentions et de bienveillance mais aussi de violence. Ce conflit existe également chez les autres divinités et dans le monde.
Dans le récit biblique, on ne sait rien de Dieu Il n’a ni début, ni fin. Il n’a pas non plus de caractéristiques sexuelles. Il est différent de l’homme qui meurt et se reproduit pour survivre.
Dans le monde mésopotamien, on observe une réalité fondamentale dans laquelle cohabitent toutes sortes de forces. C’est un monde de cycles. Ces dieux appartiennent à un monde et sont soumis aux cycles de la vie et de la mort. Ce monde est différent du monde biblique où il n’y a ni engendrement ni apogée de la divinité. Au contraire, on voit un D. transcendant, hors du monde. Il crée le monde avec sa propre parole, il puise donc en lui-même. Le monde émerge de Dieu, il fait émerger le monde de sa volonté.
Le type de repos auquel Apsu aspire est la quiétude de la mort, un repos de type régressif. Mais la vraie paix est un autre idéal que la mort. Le D. biblique ne se repose qu’à la fin après la construction harmonieuse des éléments mis en place.
Derrière ces deux textes, on a donc bien deux visions du monde. De nos jours, la représentation scientiste et athée du monde présentée avec le langage de la science est proche du modèle mésopotamien : des forces existent puis le hasard et les nécessités produisent finalement la vie.