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Les étapes d’un mariage juif

Les étapes d’un mariage juif

Rabbin Rivon Krygier -

Une description d’un mariage juif, pour mieux comprendre la cérémonie...

Les hommes ont la coutume de porter un couvre-chef lors des cérémonies religieuses. Une kippa (calotte) leur est proposée.

 L’engagement du fiancé

Avant même la cérémonie, le rabbin   fait signer au fiancé ou hatan   les différents documents liés au contrat de mariage (la ketouba  ) en présence des témoins, et de la famille proche. À cette occasion, le hatan   soulève un mouchoir tout en tenant la ketouba  . Cet acte symbolique appelé kinyan constituait à l’époque talmudique une forme de signature visuelle devant témoins de l’approbation des conditions du contrat. Les documents qui engagent le hatan   envers son épouse lui seront remis sous le dais nuptial. C’est la raison pour laquelle, elle n’a pas à le signer.

 L’approche des fiancés

La cérémonie commence avec l’arrivée de la fiancée, appelée kala  . Après quelques jours de séparation, les mariés vont se retrouver sous le dais nuptial ou houppa. Celui-ci symbolise le foyer où l’époux accueillera son épouse, comme ce fut le cas pour le premier couple humain, Adam et Eve, ainsi qu’il est écrit :
« Et Dieu présenta la femme à Adam » (Genèse 2:22).

C’est jusqu’au seuil de la houppa que la kala   est accompagnée par ses parents, avant qu’ils ne s’en séparent pour lui permettre d’engager sa nouvelle vie. Le hatan  , vient l’y accueillir. Avant de l’inviter sous le dais, il s’assure de son identité en soulevant délicatement son voile. Cette coutume porte le nom de « bedecken* ». Elle fait référence à la mésaventure de Jacob : celui-ci, après sept années de labeur pour gagner la main de Rachel, s’aperçut un peu tard qu’il avait été uni à son insu à Léa, la sœur de sa promise... Plus fondamentalement, il s’agit d’aller à la rencontre « du visage de la fiancée », kabbalat panim, par l’accueil le plu personnalisé qui soit : celui de l’âme reflétée par le regard et le visage. Le hatan   invite alors la kala   à le rejoindre sous la houppa. Il est une coutume achkénaze qui veut que la kala   tourne alors sept fois autour du hatan  , pour marquer les différentes étapes spirituelles de l’approche et de l’union des âmes.

 L’union des fiancés sous la houppa : kiddouchin

Une fois les mariés installés, le rabbin   accueille les fiancés et appelle la bénédiction divine sur eux :
Que Celui qui est le Maître des bénédictions élevé au-dessus de tous bénisse le fiancé et la fiancée !
Le rabbin   adresse son discours aux fiancés en présence de toute l’assemblée pour célébrer l’événement. Il récite ensuite la bénédiction sur le vin ainsi que la bénédiction nuptiale (Birkat ha-iroussin) qui correspondait jadis aux fiançailles :
Tu es source de bénédiction, Éternel notre Dieu, Souverain du monde, créateur du fruit de la vigne.

Tu es source de bénédiction, Éternel, notre Dieu, Souverain du monde, qui nous as sanctifiés par Tes commandements, as réglementé la sexualité (interdisant les unions illicites mais autorisant l’union conjugale), en proscrivant l’union à celle qui n’est encore que promise et en prescrivant l’union à celle avec qui l’on se marie sous un dais nuptial selon la loi.
Tu es source de bénédiction, qui sanctifies Israël par le dais nuptial et la loi conjugale.

Lors de la récitation des bénédictions, il est de coutume que l’assemblée dise « baroukh hou baroukh chemo » (Que Dieu et Son nom soient bénis) en entendant le nom de Dieu, puis « amèn » à la fin de chaque bénédiction. De la sorte, l’assemblée contribue elle-même à la bénédiction des mariés. Les fiancés boivent ensuite à la coupe. Après quoi, le hatan   est invité à passer la bague à l’index droit de la kala   sous l’œil vigilant des deux témoins et de toute l’assemblée. Comme pour le kinyan, la remise de l’alliance est un acte symbolique qui scelle l’union juridique des époux. Juste avant d’accomplir ce geste, le fiancé s’adresse à sa fiancée en récitant la formule consacrée :
« Par cet anneau, te voici accordée à moi, selon la loi de Moïse et d’Israël »

L’assemblée s’exclame alors : « mekoudéchet ! », reconnaissant la consécration de la fiancée à son mari, appelée « kiddouchin ». L’index de la main droite est le doigt qui doit accueillir l’alliance car il a une fonction indicative et volontaire. En effet, c’est en acceptant volontairement l’anneau que la fiancée exprime son consentement à cette union, sans lequel le mariage ne saurait être valide.

 Lecture de la Ketouba  

La lecture de la Ketouba  , le contrat de mariage, décline les devoirs de protection, de satisfaction et de respect du marié envers la mariée ainsi que la proclamation de l’inaliénabilité de ses biens personnels. Cet engagement instaure par réciprocité les devoirs de l’épouse envers son mari. Ce contrat est rédigé principalement en araméen. Le rabbin   en fait un résumé en français :

En ce ... jour du mois de ... 57.., correspondant dans le calendrier civil au ..., ...ème jour du mois de ... de l’année ..., dans la ville de ..., en France, le fiancé ... fils de ... et de ..., de son nom hébraïque, ..., s’est engagé devant les témoins mentionnés dans la Ketouba   à prendre pour épouse ... fille de ... et de ..., de son nom hébraïque, ..., selon la loi de Moïse et du peuple d’Israël, et selon les conditions édictées ci-dessous :
Il s’engage publiquement à la servir, à la chérir et à satisfaire à tous ses besoins, conformément aux règles édictées par notre Tradition exigeant des maris juifs de se comporter envers leur épouse avec le dévouement et le respect les plus intègres. Les devoirs de l’épouse envers son mari s’instaurent en conséquence par réciprocité. La fiancée et le fiancé apporteront de part et d’autre les moyens de subsistance qu’ils mettront en commun pour l’édification de leur foyer, conformément à ce qui est énoncé dans la Ketouba  .
Si, à Dieu ne plaise, les liens de leur mariage devaient prendre fin, selon les lois du divorce édictées par notre Tradition, le fiancé, s’engage publiquement à respecter scrupuleusement tous ses engagements envers la fiancée.
Que l’Éternel, Souverain de l’univers, qui a créé l’homme et la femme, à Son image, bénisse et réjouisse le fiancé, ..., et la fiancée, .... Que leur union soit, tout au long de leur vie commune, empreinte de joie et de bonheur, de liesse et d’allégresse, de chant, d’amitié et de fraternité, d’amour et de paix !

Le document est ensuite signé par le marié qui le remet solennellement à la mariée.
Après la lecture, il est de coutume de procéder à une quête destinée aux nécessiteux. Les mariés veulent ainsi les associer à leur joie. Le mariage ne doit pas être une réjouissance égoïste oublieuse de la détresse des autres. Une autre coutume plus moderne est qu’ensuite la fiancée offre à son tour une alliance à son mari marquant ainsi la réciprocité de leurs liens. En tendant la bague, la fiancée récite un verset du Cantique des Cantique (6:3) :
Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi !

 Les sept bénédictions du mariage : Nissouïn

Le rabbin   ou d’autres personnes associées récite les sept bénédictions ou chévâ berakhot. Il s’agit de bénir et de célébrer l’union effective des mariés devant Dieu et l’assemblée d’Israël. À l’époque talmudique, cette étape se produisait le plus souvent un an après l’engagement scellé par les kiddouchin. L’année était alors consacrée tant aux préparatifs de la seconde cérémonie qu’à l’édification du foyer conjugal. Les chévâ berakhot sont dites sur une seconde coupe de vin :

1. Tu es source de bénédiction, Éternel notre Dieu, Souverain du monde, créateur du fruit de la vigne.

2. Tu es source de bénédiction, Éternel, notre Dieu, Souverain du monde, qui as tout créé pour Ta propre gloire.

3. Tu es source de bénédiction, Éternel, notre Dieu, qui formes l’homme.

4. Tu es source de bénédiction, Éternel, notre Dieu, qui a formé l’homme à Ton image et à la ressemblance de Ton modèle en l’édifiant pour l’éternité. Tu es source de bénédiction, Toi qui crées l’homme.

5. Que la femme qui était stérile se réjouisse et exulte lorsqu’elle verra sa progéniture enfin réunie autour d’elle dans l’allégresse. Tu es source de bénédiction, Toi qui combles Sion de bonheur par la présence de ses enfants.

6. Réjouis ce couple qui s’aime comme Tu T’es Toi-même réjouis en créant le premier couple humain dans le jardin d’Eden. Tu es source de bénédiction, Toi qui réjouis le fiancée et la fiancée.

7. Tu es source de bénédiction, Éternel notre Dieu, Souverain du monde, qui as créé la liesse et l’allégresse, le fiancé et la fiancée, l’éclat de la joie, l’amour et la fraternité, la paix et l’amitié. Ô Éternel notre Dieu, que bientôt dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem, on entende à nouveau les voix de l’exaltation et de l’allégresse, les voix du fiancé et de la fiancée, les voix de la procession des mariés quittant le dais nuptial et celles des jeunes gens accompagnant la musique des festins. Tu es source de bénédiction, Toi qui célèbre l’union du fiancé et de la fiancée.

La coupe est à nouveau présentée au marié puis à la mariée, ainsi qu’à la famille proche qui tous en boivent. Pendant les sept jours de réjouissance qui prennent effet à partir du mariage, les chevâ berakhot seront récitées à tout repas festif incluant les mariés et au moins dix adultes juifs.

  Chevirot Koss

À l’issue de la cérémonie, il est de tradition d’évoquer le souvenir de Jérusalem. Il s’agit de s’inscrire dans le projet de la rédemption future qui verra la ville sainte reconstruite et le Temple rebâti en maison de prière pour toutes les Nations. Le fiancé, ainsi que la fiancée si elle le souhaite, récite un verset tiré des Psaumes (137:5-6) :
Si je t’oublie, Jérusalem, oublie ma main droite, que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens plus de toi, si je ne t’élève pas, Jérusalem, au sommet de ma joie !

Ensuite, le marié brise un verre et l’assemblée exprime alors sa joie et ses vœux de bonheur en souhaitant « mazal tov ! » (Bonne étoile : Que la chance vous accompagne !). La coutume de briser un verre est d’origine talmudique. La première raison de ce geste est qu’il est nécessaire de toujours tempérer sa joie. S’y abandonner totalement, alors même qu’on est au sommet de sa joie serait considéré comme une attitude égoïste, indifférente envers la détresse des autres. Le verre brisé évoque également la destruction du Temple de Jérusalem et le caractère inachevé du monde dans lequel il reste à œuvrer pour le rendre meilleur.

  Yihoud : Isolement du couple

Après la cérémonie du mariage, le couple s’isole quelques instants, le temps de se retrouver hors de l’agitation et de se remettre de ses émotions. Il s’agit en quelque sorte de concrétiser leur union du fait de se trouver ne situation d’intimité. Ne vous inquiétez pas, ils ne tarderont pas à rejoindre leurs invités pour commencer les festivités du repas nuptial .

Mazal tov !

Une conférence sur Akadem


Le mariage juif par Claude RIVELINE

Deux cérémonies distinctes : Erroussin et Nessouin - Contrat civil et entrée dans la vie commune-Plaisir du corps, joie sociale et bonheur métaphysique - Trois dimensions sanctifiées-Les affinités naturelles ne suffisent pas - La fabrication d’une nouvelle cellule humaine

http://www.akadem.org/sommaire/them...

Messages

Les étapes spirituelles du mariage

Bonjour,

J’ai juste une question : les témoins doivent-ils être juifs dans le mvt massorti   ?

Merci pour votre réponse

Les témoins du mariage

Une telle question est étonnante !

Je ne crois pas qu’un seul mouvement juif, n’admette de témoins non juifs pour des actes juridiques relevant du judaïsme. En tout cas, le mouvement Massorti   ne saurait envisager autre chose. De même qu’il faut un Minyan  , a priori, pour un mariage.

Bien à vous

Yeshaya Dalsace

Les étapes d’un mariage juif

Bonjour,

Si les témoins d’un mariage à la Synagogue doivent être Juifs, doivent-ils pour autant être Shomer Shabbat ?

Merci

Benjamin

Les étapes d’un mariage juif

Un témoin doit être fiable et par nature savoir de quoi il parle quand il témoigne. Dans cette logique, plus quelqu’un adhère à un système juridique et de valeurs, ici le judaïsme, plus il est crédible. Un juif ignorant sait qu’il y a eu une houpa, mais il est incapable de préciser des détails, un juif érudit peut par contre affirmer que tel ou tel détail a bien eu lieu. Tout témoin n’est donc pas de la même fiabilité. C’est pourquoi un témoin doit de préférence être « dans le coup ».

La question du shomer shabbat repose sur le fait que celui qui ne respecte pas shabbat serait dans la catégorie : « mehalel shabbat befaressia » « le profanateur public du shabbat ». Celui-ci représentait dans l’antiquité le juif renégat par excellence (il existait une cérémonie pour « sortir » du judaïsme : venir à cheval devant la synagogue un shabbat), ce renégat n’est pas un témoin fiable. La halakha   a retenue qu’un juif qui ne respecte pas shabbat pose un problème de fiabilité. Mais elle retient surtout que tout juif profanateur de quelque règle que ce soit est appelé « méchant ». Exode 23.1 interdit de s’associer au méchant dans un témoignage : « N’accueille point un rapport mensonger. Ne sois pas complice d’un méchant, en servant de témoin à l’iniquité. » La halakha   a définit comme « méchant » tout transgresseur… Le problème de cette définition est de savoir si on peut vraiment affirmer un tel jugement dans le contexte actuel. Des quantités de juifs transgressent sans être « méchants » ou menteurs pour autant… Il est surtout devenu assez simple de rejeter un témoin pour telle ou telle détail dans sa conduite.

C’est un des nombreux sujets qui montre le décalage entre la halakha   du livre avec la réalité du terrain. Je ne vais pas entrer dans cette discussion ici. Concrètement, mieux vaut prendre des témoins proche d’une pratique juive et si possible respectant le shabbat. Mais il faut respecter les gens et ne pas les classer comme « méchants » avec tant de facilité. Si un rabbin   veut affirmer que vos témoins ne sont pas valables, il trouvera très facilement le moyen de le faire, mais en faisant cela, le même rabbin   classe 90% des Juifs dans cette catégorie et entre dans une remise en cause sans fin (on peut toujours trouver à redire sur l’un ou l’autre) de tout acte juif officiel, c’est très problématique comme politique. Par ailleurs, un mariage est un acte public et il est clair qu’il a eut lieu, même si les Juifs respectant scrupuleusement la halakha   ne sont pas nombreux dans le même public.

שיהיה במזל טוב

Yeshaya Dalsace

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