C’est un jour de contrition et de deuil. Il vient clore les trois semaines de contrition commencées avec le petit jeûne du 17 Tamouz.
Le jeûne du 9 Av est très ancien, il était déjà pratiqué durant la période du deuxième Temple et marquait la destruction du premier Temple (- 586). Cependant, le deuxième Temple ayant été détruit en 70 à une date proche (également durant le mois de Av), on associe au 9 Av les deux destructions et symboliquement l’exil en général.
La mishna (Taanit 4:6) associe cinq évènements dramatiques à la date du 9 Av.
La faute des explorateurs au moment de la sortie d’Egypte. (Nombres chapitres 13-14)
La destruction du Premier Temple en -586
La destruction du Second Temple en 70
L’échec de la révolte de Bar Kokhba, qui s’acheva sur la destruction de la forteresse de Betar
Jérusalem labourée symboliquement par les romains en signe de destruction totale.
[(
חמשה דברים אירעו את אבותינו בשבעה עשר בתמוז וחמשה בתשעה באב בשבעה עשר בתמוז נשתברו הלוחות ובטל התמיד והובקעה העיר ושרף אפוסטמוס את התורה והעמיד צלם בהיכל בתשעה באב נגזר על אבותינו שלא יכנסו לארץ וחרב הבית בראשונה ובשניה ונלכדה ביתר ונחרשה העיר משנכנס אב ממעטין בשמחה)]
Un jour sous le signe du malheur :
La tradition juive lui associe toutes sortes d’évènements dramatiques par la suite (Talmud brûlé à Paris, expulsion d’Espagne, etc…). Certains de ces évènements ont effectivement eu lieu à cette date (le plus surprenant est le début de la guerre de 14-18), d’autres n’ont rien à voir mais lui sont associés pour des raisons symboliques. Parfois les persécuteurs des juifs la choisissaient en connaissance de cause.
Le fait est qu’on a fini par considérer la période comme défavorable et néfaste, ce qui relève d’une pensée discutable et même contestable d’un strict point de vue juif. Le temps serait-il déterminé et serait-il découpé en tranches favorables ou défavorables, tout au long de l’année ?
Au moyen âge certains rabbins en étaient totalement convaincus.
De nos jours on trouve encore chez une partie du judaïsme (chez certains fondamentalistes) une tendance à mettre ce principe de déterminisme historique en avant. Le but étant surtout de chercher à convaincre les gens de suivre la religion plus strictement en « montrant » comme tout cela est logique, impressionner et donc jouer sur la crainte.
Nous nous méfions de ce genre d’approche que l’on peut qualifier de démagogique et manipulatrice.
Avant d’affirmer avec sérieux un tel déterminisme historique, il faudrait faire une étude statistique de quelque ampleur ; mais il y a de fortes chances qu’on constaterait que les malheurs arrivent à tout moment et qu’aucune période de l’année n’est plus néfaste qu’une autre.
Ce qui est sûr c’est que durant l’antiquité cette période était celle des invasions et des sécheresses parfois dévastatrices et sources d’épidémies.
Un moderne trouvera absurde une telle vision déterministe de l’histoire, il n’empêche que la symbolique demeure et la commémoration également.
Il est donc légitime d’associer symboliquement à cette date différents grands drames de l’histoire juive. C’est en ce sens que la Mishna demeure pour nous pertinente dans son enseignement, car elle crée un lien de sens entre différents épisodes, mythiques ou historiques, qui relèvent tous du même fondement, une cassure entre Israël et Dieu. Et c’est à ce niveau symbolique que nous devons rester attachés aux rites et significations du 9 Av.
Un jeûne à abolir ?
Depuis la création de l’Etat d’Israël, et donc depuis la fin de l’exil pour une très grande part du peuple juif et le maintien d’un exil volontaire pour l’autre, on peut à juste titre se poser la question du bien-fondé de ce jeûne.
Bien que sensibles aux arguments appelant à l’atténuer, nous pensons au sein du mouvement Massorti qu’il doit être maintenu. Ceci pour plusieurs raisons.
D’abord il correspond à une coutume extrêmement ancienne. Le choix de la saison rejoint une idée répandue dans le Proche-Orient antique soumis à la sécheresse estivale, que le cœur de l’été correspond à une sorte de traversée du monde de la mort qui débouchera finalement sur une résurrection avec le retour de la pluie, fêté à Soukot dans le judaïsme (on a la même idée au cœur de l’hiver avec Hanouka).
Tamouz, avant d’être le nom d’un mois du calendrier juif (celui qui précède Av et marque le début de la période de deuil), était le nom d’une divinité babylonienne symbolisant la mort et le renouveau de la nature.
Le 9 Av n’est donc pas seulement une date historique précise, mais s’insère dans le cycle des fêtes annuelles et sa dynamique.
Ce concept deviendra central dans la pensée mystique du mouvement hassidique : « yerida letsorekh alya » « il faut descendre pour pouvoir remonter ». Il nous semble très important de garder le souvenir d’une chute mystique et symbolique au sein du calendrier juif qui dépasse le cadre historique, comme le précise la Mishna .
D’un point de vue historique, la date reste attachée à des événements trop importants pour l’histoire juive et que l’on ne saurait oublier.
Certes, la création de l’Etat d’Israël représente une étape nouvelle et très importante dans l’histoire juive, mais cet évènement ne représente pas pour autant la fin totale de l’exil. L’Etat d’Israël est soumis à une pression sécuritaire très dure et accumule de nombreux problèmes sociaux et spirituels. Il serait donc illusoire de se croire arrivé quand le chemin qui reste à parcourir est encore long.
À propos de la destruction du Temple, des juifs modernes diront peut-être que cela ne les concerne plus, se sentant détachés du rituel des sacrifices. A quoi bon se préoccuper d’un édifice dont l’usage lui-même, les sacrifices, la caste des Cohanim , semblent totalement obsolètes ?
Nous leur répondrons qu’ils ont en partie raison et qu’une grande part du système du Temple, sacrifices d’animaux, sang versé rituellement, viandes et graisses brûlées, prêtres institués par héritage, lois sur la pureté et l’impureté, restent en effet bien étrangers à la mentalité contemporaine, pour ne pas dire totalement incompréhensibles, voire repoussantes.
Cependant, tous ces aspects, si on les étudie de plus près, sont loin d’être inintéressants et contiennent une part de vérité éternelle et c’est à cela que nous nous attachons.
De plus, le Temple représentait le lieu de la Shekhina , donc la possibilité d’une harmonie du monde, d’une relation au spirituel. Cela est peut-être historiquement illusoire, mais symboliquement et spirituellement pertinent.
Au delà de l’Histoire, le judaïsme considère que les êtres humains sont en exil d’eux-mêmes.
La perte du Temple représenterait donc beaucoup plus que la chute d’un bâtiment et d’une institution, elle serait liée à l’exil ontologique de l’être humain en ce monde et à sa difficulté d’y faire régner l’harmonie.
C’est à dire que dans le fond, nous sommes en deuil de ce que nous n’avons pas encore réussi à construire...
C’est pourquoi il nous faut réfléchir en ce jour au sens de l’histoire juive, à l’éthique, à l’amour d’Israël dans toutes ses nuances, même celles qui nous sommes éloignées, à l’idée d’une humanité spirituelle et solidaire construisant l’harmonie. Nous jeûnons donc pour nous souvenir que nous n’avons pas fait assez pour construire un monde meilleur.
Dans ce contexte, le jeûne du 9 Av n’a rien perdu de son sens, bien au contraire.
[(
Ajoutons la citation du Talmud Taanit (30b) :
Celui qui prend le deuil de Jérusalem, mérite de voir sa joie [la joie de sa reconstruction]. Celui qui ne prend pas le deuil de Jérusalem, ne verra pas sa joie.
כל המתאבל על ירושלים זוכה ורואה בשמחתה, ושאינו מתאבל על ירושלים - אינו רואה בשמחתה
)]
Coutumes liées au 9 Av :
La semaine précédant le jeûne, certains s’abstiennent de consommer de la viande et de boire du vin. Cette abstinence représente une marque de piété qui n’est en rien obligatoire.
Si le 9 Av tombe un Shabbat, le jeune sera repoussé au dimanche.
Avant le coucher du soleil, on mange un dernier repas composé selon les coutumes de différentes denrées (lentilles, œufs durs trempé dans la cendre…). Nous conseillons de boire énormément tout au long de la journée qui précède le jeûne afin de mieux le supporter. En aucun cas, on ne doit mettre sa santé en danger.
Le jeûne commence avec le coucher du soleil, il finira le lendemain soir, la nuit tombée.
Durant cette journée on s’abstiendra de toute activité joyeuse.
À la synagogue, le jeûne est marqué par un office particulièrement sombre. On lit les « Lamentations ». On a pris la coutume (à peu près au moyen âge) de réciter toutes sortes de poèmes liturgiques sur la destruction d’Israël (kinot).
Durant la journée, l’office du matin sera tout aussi sinistre, sans Talit , ni Tefilines (mis seulement l’après-midi, pour Minha ).
A la nuit tombée, une fois le jeûne sorti, on fait un repas frugal (sans viande) et on a coutume de garder une atmosphère de deuil jusque dans la journée du 10 Av.
Liturgie du 9 Av
La veille à Minha , on ne dit pas Tahanoun.
Le 9 av on prie à voix basse, sans décorum. La synagogue peu éclairée.
Le soir après la Amida on lit les lamentations (Eikha ) et plusieurs kinot (élégies).
Le matin on prie sans Talit ni Tefiline*. Pas de tahanoun, ni avinou malkénou.
Lecture de la Tora (3 montées) Haftara .
Kinot diverses. Certains lisent encore une fois les lamentations .
Minha : on met Talit et Tefiline*.
Lecture de la Tora (3 montées)
Amida avec la fameuse bénédiction Na’hem (console) que le mouvement Massorti modifie quelque peu (voir ci-dessous).
Après la sortie du jeûne (nuit tombée) Arvit et bénédiction à la lune (birkat levana) si possible. (Certains font la birkat levana seulement après le repas pour être vraiment dans la joie -
La Massékheth Soferim (18, 4) recommande la lecture, le 9 av, du psaume 79, et beaucoup de communautés ont adopté cet usage.
Ce psaume, annonciateur de la destruction des deux premiers Temples de Jérusalem, commence par les mots : « Cantique à Assaph, Dieu ! les nations sont entrées dans ton héritage ; elles ont profané ton saint temple ; elles ont mis Jérusalem en monceaux de pierres. »
* Signalons qu’en Israël une coutume séfarade est de mettre les Tefiline normalement dès le matin. L’avantage de cette coutume dans les communautés peu religieuses et d’inciter les gens à mettre leurs Tefiline, car forte chances de ne pas les voir à Minha et qu’ils ne mettent pas du coup leurs Tefiline... Cela dit, il existe toutes sortes de coutumes différentes : a - les mettre normalement (Ramban ; Rashba ; Rabbi Menahem ibn Zerah ; le Rosh ...) b - Ne pas les mettre du tout, comme un endeuillé (Ra’avad ; Or Zarua...) c - Faire un compromis, c’est à dire repousser à Minha (Maharam de Rotenbourg qui inventa la chose et opinion retenue par le Shoulhan Aroukh).
Liturgie du Sidour Massorti
Durant l’office de l’après-midi (Minha ) un texte de consolation est introduit dans la Amida , à la 14e bénédiction demandant la reconstruction de Jérusalem.
Cette bénédiction décrivant traditionnellement Jérusalem comme une ville ruinée a été changée par le mouvement Massorti et adaptée à la situation nouvelle.
Voici le changement liturgique que le mouvement Massorti propose :
Le texte de la bénédiction introduite dans la Amida reprend la structure et les mots de la bénédiction traditionnelle pour le 9 Av, mais nous y avons apporté quelques modifications afin de tenir compte de la situation de la Jérusalem contemporaine.
Le texte traditionnel demande « Hashem, notre Dieu, console les endeuillés de Sion et de Jérusalem… » (nous reprenons cette formule), il décrit ensuite Jérusalem comme vidée de ses habitants, détruite, déserte… Quand on connaît la Jérusalem d’aujourd’hui c’est difficile de dire cela ! Nous avons donc repris la même formule mise au passé « qui fut désertée… » puis nous ajoutons : « Accorde la paix à la ville que tu as restaurée et assure-lui ta protection… », tandis que dans la formule classique il est exprimé au futur « tu la reconstruiras par le feu… ».
Nous gardons bien entendu la citation du prophète Zacharie (2.9) « Et moi, je lui serai, dit l’Eternel, une muraille de feu tout autour, et je serai un sujet de gloire au milieu d’elle. »
Le changement n’est donc pas énorme, mais il tient compte de la situation actuelle de Jérusalem, ville de 500 000 habitants, capitale de l’Etat d’Israël…
L’esprit de la bénédiction traditionnelle, notamment l’espoir messianique, est totalement conservé. Par contre, le côté un peu dérisoire de la description au présent de Jérusalem en ruine et vide d’habitants juifs est effacé.
Ecouter la liturgie traditionnelle du 9 Av
Certains chants exceptionnels (piyoutim ) sont entonnés ce jour-là. Le texte principal demeure celui des Lamentations (Eikha ) attribué par la tradition au prophète Jérémie.
Extrait de Eikha inspiré d’un air Breslav
"Lève-toi, pousse des sanglots la nuit, au commencement des veilles. Répand ton cœur comme de l’eau à la face du Seigneur ; élève tes bras vers lui en faveur de la vie de tes jeunes enfants, qui gisent défaillants de faim à l’entrée de toutes les rues." (Lamentations 2.19)
http://massorti.com/son/chants/fete...
[/
קוּמִי רֹנִּי בליל בַלַּיְלָה לְרֹאשׁ אַשְׁמֻרוֹת שִׁפְכִי כַמַּיִם לִבֵּךְ נֹכַח פְּנֵי אֲדֹנָי שְׂאִי אֵלָיו כַּפַּיִךְ עַל נֶפֶשׁ עוֹלָלַיִךְ הָעֲטוּפִים בְּרָעָב בְּרֹאשׁ כָּל חוּצוֹת
/]
Esh Toukad : Un feu brûle
Auteur Abraham Ibn Ezra.
Se lit le matin du 9 Av
Le poème met en parallèle la sortie d’Egypte dans la joie et le départ de Jérusalem pour l’exil dans la peine.
Tradition ashkenaze
http://massorti.com/son/chants/fete...
Tradition libyenne
http://massorti.com/son/chants/fete...
Tradition alsacienne
http://massorti.com/son/chants/fete...
Eli Tsion
C’est une prière adressée à Dieu et déplorant l’état d’abandon de Jérusalem.
Dans ce très beau chant de la tradition ashkenaze, Jérusalem est comparée à une veuve, mais également à une femme en couches et donc porteuse d’espoir et de vie malgré sa souffrance. Le sort terrible de Jérusalem est évoqué longuement. Auteur inconnu.
http://massorti.com/son/chants/fete...
Par la chanteuse israélienne Rona Kenan
Dates du 9 Av
(date de journée, donc début du jeûne la veille au soir) :
Mardi 20 juillet 2010
Mardi 9 août 2011
Samedi 28 juillet 2012 (jeûne repoussé au dimanche 29)
Mardi 16 juillet 2013
Mardi 5 août 2014
Teshouva sur fin du jeûne à la mi journée.
Dans ce résumé (d’une Teshouva beaucoup plus longue en hébreu), s’expriment deux opinions. La première pense que le jeûne devrait cesser après Minha (Rabbin Friedman), dans la deuxième le Rabbin Golinkin explique pourquoi il est contre et prône un jeûne complet (en anglais). Cela est assez typique de la pluralité du débat halakhique qui a lieu au sein du Mouvement Massorti .
Texte des Lamentations en PDF
En français dans la traduction du rabbinat (pas la meilleure hélas...).
Lecture de la Tora le matin
Le matin du 9 Av, trois personnes montent à la Tora, le troisième étant également le Maftir .
La Haftara , avec bénédictions d’usage est lue ensuite.
Messages
cher Rabbin ,
pouvez vous publier la priere récitée dans la amida par le mouvement massorti dont vous parlez en fin d’article ?
tsom kal !
Voir les explications dans le corps de l’article. J’ajouterai le texte lui-même dès que possible.
Yeshaya Dalsace
cher monsieur,
je tenais a vous remercier pour l’envoi regulier de votre newsletter qui est toujours pour moi une source d’enrichissement et de connaissance ou de "reconnaissance".parfois happee par le profane et le simple quotidien , elle (la lettre) me rappelle entre autre les temps forts de notre rituel et donc de notre histoire.pour exemple ce 9av (meme si ca n’est pas le plus rejouissant de tous nos souvenirs !)serait passe completement aux oubliettes si je n’avais lu votre texte, par ailleurs enrichis de vos commentaires et reflexions fort interessantes.meme si je n’ai pas toujours le courage ( plus que le temps !) de lire tous les articles annexes j’ai pris soin maintenant, d’ouvrir 1 dossier "Massorti_ maayane or"
ou tout reste consigné et que je peux consulter a loisir et au gre de ma fantaisie(merveilleux outil qd on commence enfin a vaguement pouvoir s’en servir).
bien consciente, en tout cas du travail considerable qui vous en incombe , je vous remercie infiniment de m’en avoir rapeler l’existance lors de notre dernier repas chabatique massorti .et votre heureuse initiative merite mes plus vifs encouragements.je me permets a ce sujet de vous proposer ds la mesure de mes moyens bien sur, toute aide ou contribution que vous pourriez juger utile dans l’accomplissement de ce formidable travail.
avec mes remerciements renouvelés croyez ,cher monsieur en l’assurance de ma profonde consideration.
bien a vous
nicole Benayoun
1. Je conteste les suggestions de Masorti qui considère comme "manipulation de l’histoire" le fait que la tradition juive considère le 9 Av comme une date à laquelle nombre de tragédies ont accablé le peuple juif au cours de l’histoire (voir le calendrier publié par le Consistoire à ce sujet). Il s’agit d’une tradition millénaire et je ne vois pas pourquoi un judaïsme soi-disant "modernisé" désire modifier cette approche.
2. Je ne conçois pas non plus de quel droit Masorti propose des changements dans le texte de la prière "Consôle, O Dieu, les affligés de Sion et Jérusalem..." insérée dans l’office de l’après-midi (Min’hah) le jour du 9Av en vertu du principe talmudique selon lequel il est interdit de modifier le texte des prières établi par les Sages que nous utilisons jusqu’à nos jours.
1. Je conteste les suggestions de Masorti qui considère comme "manipulation de l’histoire" le fait que la tradition juive considère le 9 Av comme une date à laquelle nombre de tragédies ont accablé le peuple juif au cours de l’histoire (voir le calendrier publié par le Consistoire à ce sujet). Il s’agit d’une tradition millénaire et je ne vois pas pourquoi un judaïsme soi-disant "modernisé" désire modifier cette approche.
2. Je ne conçois pas non plus de quel droit Masorti propose des changements dans le texte de la prière "Consôle, O Dieu, les affligés de Sion et Jérusalem..." insérée dans l’office de l’après-midi (Min’hah) le jour du 9Av en vertu du principe talmudique selon lequel il est interdit de modifier le texte des prières établi par les Sages que nous utilisons jusqu’à nos jours.
Cher Mr,
Je pense que votre réaction est absolument ridicule ! Vous ne connaissez pas le courrant massorti ! Instruisez-vous d’abord, ensuite relisez vos propos !!
Le courrant massorti représente une idéologie d’équilibriste (qui s’est déjà cassait la figure, mais là n’est pas le sujet) où l’on veut lier Halakha et agnosticisme, tradition ancestrale et pseudo-modernisme. Cacher derrière un bouclier pseudo-universitaire qu’ils pensent représenter, il n’hésite pas à ridiculiser ce qui a de plus cher au judaïsme. Mais nombreux universitaires sérieux rigolent de cette démarche, assez populaire d’ailleurs chez les musulmans aujourd’hui (qui disent prouver scientifiquement que le coran est de nature divine) ce qui fait rire beaucoup de musulman sérieux .
Chez massorti tout est possible tant qu’on peut se positionner intellectuellement. On peut être officiellement « Rabbin homosexuel » on peut se réunir et discuter de la question débattre et voter peut-être…
Même si le débat peut souvent sembler poussé, le siège de celui-ci est bancale.
Si vous voulez débattre avec Mr Dalsaces, le sujet que vous soulevez est loin d’être un terrain fertile. Et bien que vous vous fichiez éperdument de mon conseil, je laisserai ce débat à des gens plus instruits et surtout plus malicieux. Car, oui, bien plus que son contenu, c’est la forme du débat qui fait le vainqueur. Et pour cela une certaine dose d’expérience ne vous fera pas de mal sinon vous risquez de vous y perdre.
Cordialement,
Ilan Taieb.
C’est à dire que dans le fond, nous sommes en deuil de ce que nous n’avons pas encore réussi à construire...
kol hakavod pour cet article sur le 9 Av : la formule ’deuil de ce que nous n’avons pas réussi à construire ’ , est tout a fait appropriée et pertinente.
j’ajouterai : ’deuil sur l’unité que nous n’avons toujours pas construite ... le chemin est encore long, trés long : il n’y a qu’à voir les réactions imbéciles et viscérales à tout ce qui ’nest pas conforme à un certain moule.
voir aussi le manque de pédagogie de bcp de cours d’une certaine tradition qui privilégie la pratique pointilleuse à la réflexion et au bon comportement ( ex travail des midots pdt le omer)
je suis toujours surpris de ne jamais trouver à propos de cette triste période , le moindre rappel des faits historiques qui sont pourtant riches d’enseignement et hélas toujours d’actualité.
alors voici un rapide parcours de mes lectures :Reflexions sur le 9AV :
Enseignement et pédagogie traditionnels :
– Le temple a été détruit à cause de 3 fautes :
Idolatrie, débauche et meurtre
Le midrach rajoute : le sinat hinam, la haine gratuite , l’indifférence à l’égard de la souffrance d’autrui.
– Rabbi tsadok , en voyant les ruines du temple , dit :
‘maitre du monde, toi qui a détruis ta ville et brulé ton palais, comment peux tu rester aussi insensible et serein ? ‘
facteurs humains qui ont mené au désastre ?
voir lien :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Premi%C3%A8re_guerre_jud%C3%A9o-romaine
et
http://www.lesclesdumoyenorient.com/Grande-Revolte-juive-66-73-apres-J.html
cours résumé des facteurs humains :
– les juifs proches du pouvoir romain :
les notables et qq. Prétres
– le juif traitre apostat de son judaisme qui joua un role decisif dans la victoire romaine : Tibére d’alexandre
Probablement très hellénisé, il s’éloigne des pratiques de la religion juive. Il devient sous-préfet (épistratège) de Thébaïde (Égypte) en 42, puis est promu procurateur de Judée (46-48) par l’empereur Claude.
Il aurait fait partie de l’état-major de Gnaeus Domitius Corbulo lors de ses campagnes contre les Parthes en 62-64.
En 66, il escorte avec le gendre de Corbulo, le roi Arsacide d’Arménie Tiridate jusqu’à Rome pour y être couronné par Néron, ».
En 70, il seconde Titus lors du siège de Jérusalem. Il obtient un titre de Préfet sans que l’on parvienne à déterminer à quel poste cela correspondait, puis disparaît de l’histoire alors que Titus est retourné à Rome (fin 70 - début 71).
– la guerre civile entre Juifs :
Les factions juives
Selon Heinrich Graetz, c’est 24 000 hommes que les Juifs peuvent opposer aux Romains, mais ils appartiennent à des factions antagonistes et obéissent à de multiples chefs qui se sont entretués dans une féroce guerre civile4.
Les zélotes :
Ils refusent donc le pouvoir des Romains, mais aussi celui de tout Juif prêt à une solution de compromis avec les Romains et même celui d’autres Zélotes.
Les plus dangereux d’entre eux étaient les Sicaires qui tuaient leurs adversaires avec un court poignard appelé sica par les Romains .
Les Zélotes sont dirigés par certains prêtres du Temple qui constitue leur forteresse
alors que les Sicaires, derrière Menahem (assassiné en septembre 662) puis Eleazar Ben Yair, s’appuient sur la forteresse de Massada13.
A leur actif : des assassinats symboles’ : notables juifs proches de rome, le grand prétre yonathan, des prises d’otages en échange de prisonniers…un climat de terreur bien entretenu (livre : ‘les hebreux de stephane encel p.298)
Zélotes et Sicaires sont à l’origine de la féroce guerre civile qui affaiblit tant les Juifs durant toute la révolte contre les Romains,.
Il y a d’abord l’opposition en Galilée entre les partisans du compromis dirigés par Flavius Josèphe, nommé gouverneur de Galilée par le Sanhédrin, mais aussi fidèle du roi Hérode Agrippa I lui-même intronisé par les Romains, et les Zélotes menés par Jean de Gischala.
Jean de Gischala réussit toutefois à échapper aux Romains et retourne avec quelques partisans à Jérusalem où l’hostilité contre Josèphe, passé à l’ennemi, et contre le Sanhédrin qui a nommé Josèphe, augmente de jour en jour.
Les Zélotes, sous la conduite de Jean de Gischala arrachent alors le pouvoir aux Pharisiens dans Jérusalem9.
Dans une provocation contre le Sanhédrin et les plus modérés, ils nomment un inconnu comme nouveau grand-prêtre.
Cette insulte aux Cohanim amène Anan ben Anan à décider la lutte armée contre les Zélotes. Le combat sanglant fait huit mille morts14 dont Anan ben Anan et d’autres Cohanim . Puis Jean de Gischala prend le pouvoir dans Jérusalem aux dépens du Sanhédrin4.
Le parti des prêtres et des aristocrates fait alors appel à Simon bar Giora, un des vainqueurs de Beth-Horon, réfugié dans la forteresse de Massada qui, à la tête de ses troupes et d’Iduméens, vient combattre Jean de Gischala en avril 68, sans arriver à expulser les Zélotes du Temple.
Au début du siège, au printemps 70, Jérusalem est tenue par trois factions zélotes dirigées par Eléazar ben Simon, un autre des vainqueurs de Beth Horon, dont la forteresse est la cour intérieure du Temple, par Simon bar Giora qui tient la ville haute et une partie de la ville basse, et par Jean de Gischala qui tient le Mont du Temple15.
Selon Tacite, « ce n’était entre eux que combats, trahisons, incendies et une partie du blé avait été dévorée par les flammes »16.
…..
La chute de Jérusalem et du temple n’était elle pas ineluctable dans ce contexte ?
Chacun en tirera un enseignement
Mais il serait bon de rappeler cette triste histoire OBJECTIVEMENT,
Et s’inquiéter de l’unité du peuple Juif …
Le veritable deuil : la division des juifs
L’échec de la construction d’une unité juive :
Plus que jamais d’actualité encore de nos jours