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Insémination artificielle pour une femme célibataire

Insémination artificielle pour une femme célibataire

Résumé d’un responsum du rabbin David Golinkin -

Question :
Une femme célibataire (pseudonyme : Sara), qui a passé le cap de la trentaine, veut avoir un enfant par insémination artificielle, en recevant la semence d’un donneur. La Halakha   permet-elle de donner naissance par insémination artificielle ?

Réponse :
On comprend tout à fait le désir naturel de Sara d’avoir un enfant, mais après délibération et examen attentif des sources, on est forcé d’affirmer qu’un tel acte est interdit, à la fois de par la Halakha  , mais aussi moralement, pour les raisons suivantes :

1) La loi juive interdisent de déverser la semence inutilement. Si Sara était mariée, la plupart des autorités permettraient à Sara de se faire inséminer par son mari, car le sperme ne serait pas gâché mais au contraire utilisé pour accomplir la mitsva qui commande de se reproduire et se multiplier. Mais dans le cas de Sara, il n’y a aucune mitsva en jeu car les femmes en sont formellement exemptées par cette mitsva. Donc le donneur juif – la plupart des donneurs en Israël sont juifs – aurait déversé sa semence inutilement, et quant à Sara, même si elle ne serait pas directement coupable de péché, elle se rendrait complice d’un pécheur, ce qui est également interdit par la loi juive.

2) Plus important encore, dans la plupart des pays, incluant l’état d’Israël, il est interdit de révéler l’identité du donneur de sperme. Ceci créé un double problème du point de vue halakhique. Selon le maître Samuel (Yevamot 42a), connaître son ascendance est une mitsva et dans ce cas, cela est impossible. De plus, la Tora interdit le mariage d’un frère avec sa sœur (Lévitique 18:9). Étant entendu qu’un même échantillon de sperme peut engendrer deux enfants et vu que les mêmes donneurs reviennent fréquemment aux mêmes banques de sperme, il existe une possibilité non négligeable de mariage entre un frère et sa sœur. En fait, un tel mariage a déjà eu lieu a Tel-Aviv, et aux États-Unis un tel fait a été évité à la dernière minute par un docteur qui a révélé au couple son lien de parenté.

3) Théoriquement, on pourrait fournir à l’enfant ayant atteint un certain âge l’identité de son père afin d’éviter de futurs mariages incestueux. Cependant ceci est actuellement interdit par la loi.

4) Quatre autorités permettent l’insémination artificielle dans le cas où le donneur de sperme n’est pas juif, car dans ce cas le statut halakhique de l’enfant sera celui de sa mère. Donc halakhiquement parlant le danger d’inceste est écarté. Cependant le danger d’inceste est toujours présent génétiquement parlant. De plus, il paraît difficile de croire que Sara voudrait se faire inséminer par le sperme d’un non juif dans l’État d’Israël.

5) Enfin l’insémination artificielle est à bannir pour toute une série de raisons éthiques, philosophiques et sociales :
a) La famille juive a été le noyau de base du peuple juif depuis l’époque d’Abraham. Depuis une vingtaine d’années la famille juive a entamé un processus de déclin : le nombre de divorces a explosé, les juifs se marient de plus en plus tard et ont de moins en moins d’enfants. L’homosexualité est croissante. Approuver l’insémination artificielle dans ces conditions équivaudrait à signifier que la famille juive n’est plus nécessaire, qu’un homme n’a plus besoin d’épouse, qu’une femme n’a pas besoin de mari, et que les enfants n’ont pas besoin de parents !
b) Beaucoup d’enfants issus de foyers désintégrés souffrent de toute une série de problèmes psychologiques. Mais ces situations surviennent après la conception de l’enfant. L’insémination artificielle créée volontairement une telle situation avant même la naissance de l’enfant ! De plus l’enfant souffrira à la fois d’être un enfant illégitime et de ne pas connaître l’identité de son père. Il ne sied pas de créer de toute pièce une situation qui ne manquerait pas d’engendrer des troubles psychologiques pour l’enfant.
c) Généralement, dans la société juive comme dans toute autre société, l’intérêt général prime devant l’intérêt particulier. L’insémination artificielle est peut être une solution pour Sara à court terme, mais à long terme, dans une perspective globale, l’autorisation d’une telle pratique serait néfaste pour le peuple juif.
d) L’un des buts essentiels du mariage dans le judaïsme est d’accomplir le commandement « multipliez-vous ». Cependant le mariage juif a deux autres finalités que l’insémination artificielle ne permet pas de réaliser. La première est la relation d’amour et de d’intimité qui doit exister entre mari et femme. La seconde est le caractère sacré des Kiddouchin qui sanctifie les relations sexuelles, la famille et la nation juive dans son ensemble.

6) Si la loi et la tradition juive interdisent à Sara d’avoir recours à l’insémination artificielle, il convient de chercher d’autres moyens pour accéder au bonheur désiré.
a) Il est conseillé à Sara d’investir son temps et son argent en ayant recours aux services d’une agence matrimoniale ou en s’abonnant à un service juif de rencontres sérieux sur Internet. Les marieurs/marieuses ont toujours eu une fonction très respectable selon la tradition juive. Le Midrach   prétend même allégoriquement que telle serait la principale préoccupation de Dieu depuis la création du monde !
b) Si malgré tous les efforts, Sara ne parvient toujours pas à trouver un mari, elle peut encore avoir recours à l’adoption. Si cette solution présente certains des inconvénients de l’insémination artificielle soulignés plus haut, il y a une différence fondamentale. Si l’enfant n’aura qu’un parent, l’adoption permet de résoudre le problème de l’isolement d’un enfant ne pouvant être élevé par ses deux parents au lieu de créer de toutes pièces une situation monoparentale. L’adoption formelle est certes une procédure récente dans le judaïsme mais elle a ses lettres de noblesse puisqu’il est écrit dans le Talmud   que « Celui qui élève un orphelin dans sa maison est considéré comme s’il l’avait engendré. »
Insistons au demeurant sur le fait que la solution naturellement préconisée par le judaïsme reste le mariage. Toutes nos espérances et nos prières vont vers Sara pour qu’elle se marie le plus rapidement possible afin qu’elle puisse connaître les trois bénédictions du Kiddouchin : la bénédiction divine, un compagnon pour la vie et l’édification d’une famille.

Messages

Insémination artificielle pour une femme célibataire

première question : La semence est elle versée inutilement quand elle permet le don de la vie ?
deuxième question : Que prevoit la loi quand les hommes autour de soi veulent bien s’unir à une femme mais ne veulent pas avoir d’enfant et en assumer la responsabilité ?
Sans cette difficulté quelle femme songerait à l’insemination artificielle ?

Insémination artificielle pour une femme célibataire

Et si une femme veut un enfant mais ne veut pas se marier ?

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