En 1994, quand nous avons voulu nous marier, Maayane Mlynarski et moi, il nous fallait choisir un rabbin . Habitant à Jérusalem, nous ne manquions pas de choix… Cependant, le climat de l’époque était électrisé par les manifestations anti-Oslo, et une véritable hystérie régnait parmi la plupart des cercles juifs religieux. Pour moi, il était hors de question de me faire marier par un extrémiste. Je connaissais les positions du rabbin Max Warschawski qui militait alors pour la paix et que j’avais rencontré dans différentes manifestations. De plus, il représentait pour moi une part de mes racines plongées dans le terroir juif alsacien. Max Warschawski qui n’était plus en fonction et profitait de sa retraite à Jérusalem où vivent la plupart de ses enfants et petits-enfants accepta bien volontiers. Nous avons donc eu l’honneur d’être mariés par lui. Je l’avais choisi non seulement pour la tradition qu’il représentait mais surtout en hommage à son courage intellectuel et moral. À l’époque, il avait été totalement isolé à cause de ses positions considérées comme trop ouvertes et bien des gens dans le petit landerneau francophone de Jérusalem, lui tournaient le dos. Max, qui avait été un « notable » en souffrait, je le savais, mais jamais il ne s’était plaint et restait drapé dans sa dignité. Comme chantait Georges Brassens : « les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux… ». Max Warschawski avait ce courage d’oser affirmer ces positions et de défendre de grandes valeurs - et à mes yeux, cette qualité n’a pas de prix chez un être humain.
Max Warschawski a toujours fait preuve d’une grande ouverture d’esprit et d’une grande curiosité. Quand j’ai décidé, un an après mon mariage, d’aller étudier au séminaire rabbinique du mouvement Massorti , il fut un des seuls rabbins orthodoxes à me comprendre, la plupart me tournant le dos, de façon fort désagréable révélant parfois une dose de fondamentalisme abrupte. Max Warschawski était pourtant clairement un orthodoxe ; de par son éducation, un conservateur ; mais son ouverture d’esprit l’avait amené à s’intéresser aux autres courants du judaïsme et son respect infini de la personne humaine faisait qu’il était prêt à parler de tout et qu’il cherchait avant toute chose à comprendre.
C’est bien parce qu’il n’avait rien, a priori, d’un original ou d’un révolutionnaire, que ses prises de positions courageuses pour le dialogue avec les Arabes et avec tous les courants du judaïsme, étaient d’autant plus admirables.
Max Warschawski était un rabbin pour qui le judaïsme est incontestablement un humanisme et en aucun cas une doctrine dogmatique fermée sur elle-même.
Je sais maintenant que je ne le verrai pas à ma prochaine visite à Jérusalem et je le regrette profondément. Mais je sais également, que depuis plus de 10 ans sa bénédiction sous la Huppa nous accompagne et qu’elle nous accompagnera encore longtemps.
Sa mémoire est pour moi et ma famille une bénédiction.
Yeshaya Dalsace
Max Warschawski, ancien grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin, est mort à Jérusalem, mercredi 13 septembre, à l’âge de 81 ans.
Né à Strasbourg le 4 juillet 1925, élève du futur grand rabbin Abraham Deutsch (1902-1992), Max Warschawski décide dès l’enfance de choisir le même ministère. L’évacuation puis la guerre obligent sa famille à quitter l’Alsace, pour Vichy (Allier), puis Limoges (Haute-Vienne), où il poursuit ses études dans le Petit Séminaire israélite de Limoges conçu par le rabbin Deutsch. Il s’engage ensuite dans la Résistance, dans le Tarn.
Après la guerre, Max Warschawski se forme au séminaire rabbinique de Paris et au Jewish College de Londres. Il devient rabbin en Alsace, d’abord à Bischheim (1948-1954), puis à Strasbourg (1955-1969), où il sera chargé notamment de l’enseignement religieux, qui, en Alsace-Moselle, est organisé dans les écoles publiques pour les cultes catholique, luthérien, réformé et israélite. En 1960, il décline l’offre de devenir grand rabbin d’Algérie. En 1963-64, il passe une année sabbatique en Israël, où il hésite alors à s’installer.
En 1970, Max Warschawski devient grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin, succédant à Abraham Deutsch. Dans l’Alsace où cohabitent les religions sous le régime du concordat et des articles organiques du XIXe siècle, il entretient le dialogue interreligieux. Ses relations sont particulièrement chaleureuses avec Mgr Léon-Arthur Elchinger (1908-1998), évêque de Strasbourg de 1967 à 1984. L’évêque, alors coadjuteur, avait été l’un des artisans de la déclaration Nostra Aetate du concile Vatican II (1962-1965), texte sur les religions non chrétiennes et le judaïsme, prélude aux démarches de repentance et de réconciliation du pape Jean Paul II.
A sa retraite, en 1987, Max Warschawski réalise, avec sa femme Mireille, leur rêve souvent exprimé de l’alya, c’est-à-dire de l’installation en Israël, où vivaient déjà plusieurs de leurs enfants et petits-enfants. Féru d’histoire, l’ancien grand rabbin collabore alors régulièrement au site Internet du judaïsme alsacien, passerelle entre sa région d’origine et son nouveau pays. http://judaisme.sdv.fr/index2.htm
Outre ses nombreux articles sur Internet, il a publié avec son épouse un Manuel d’histoire juive pour les écoles primaires, une Bible illustrée, et un ouvrage de référence sur Les Synagogues d’Alsace et leur histoire (éditions Chalom bisamme, Jérusalem, 1992), avec son gendre Michel Rothé. L’un de ses fils, Michel Warschawski, militant pacifiste en Israël, dirige le Centre alternatif d’information de Jérusalem.
Ecouter l’hommage Un homme de souffle (20 mn)
Gilles Bernheim, Grand Rabbin de la Synagogue de la Victoire
Messages
Dans tout article il convient meme apres la mort d une personne, de dire la verite. Peut etre vous n avez pas voulu de rabbin extremiste et votre intension est d un rabbin d extreme droite, c est pour cela que vous avez prefere un rabbin d extreme gauche dont le fils a ete condamne en Israel pour trahison , pour avoir coopere avec une organisation palestinienne teroriste, vraiment quelle belle famille ! le rabbin ideal pour un mariage !!
Voila n oubliez pas de mentionner que sa chere famille est mise a l ecart par les juifs originaires de FRance vivant en Israel...etc etc.
Monsieur,
Vos propos sont pour le moins choquants, d’abord parce qu’ils cherchent à salir la mémoire de quelqu’un à qui vous devez le respect, ensuite par toute la mesquinerie qui en ressort et ne fait pas honneur au groupe que vous prétendez représenter.
Que Michel Warschawski ait adopté des positions politiques discutables est une chose, qui de toute façon reste légitime dans une démocratie comme la nôtre (Israël). Son père n’a rien à voir là-dedans et ils n’étaient pas d’accord autant que je sache. Votre amalgame stupide va à l’encontre de l’éthique juive qui ne tient pas compte des actes des pères sur les fils et réciproquement.
Le Rabbin Warschawski avait des positions plutôt à gauche (très modéré), serait-ce un crime ? Je ne l’ai pas choisi pour cela mais pour son ouverture d’esprit et ses prises de position morales en faveur des droits de l’homme, nuance. Un rabbin n’est pas une personne politique mais le garant d’une certaine idée de l’être humain dans la tradition juive.
Vous faites allusion à la conduite de certains cercles francophones envers le rabbin Warschawski, comme si cela était une référence ! En effet, un certain nombre de « braves gens » lui ont tourné le dos et sont même allés jusqu’à l’empêcher de mener la prière de Kippour dans la synagogue de la rue Chopin (ce qu’il faisait chaque année). C’est une honte pour toutes ces personnes incapables de respect et de supporter la pluralité d’opinions. A mes yeux, ce sont là des gens qu’un homme de qualité ne devrait pas regretter de ne plus fréquenter, bien au contraire. Il n’empêche qu’ils ont fait du mal et fait honte à un homme âgé et respectable qui en a été blessé. Une faute impardonnable pour notre tradition.
Vous considérez que « les juifs originaires de France vivant en Israël » sont un groupe homogène et représenté par la position de quelques esprits chagrins qui se permettent de mettre à l’écart d’autres personnes. Heureusement, il n’en est rien. Il existe toutes sortes de gens couvrant tout l’éventail des opinions possibles et les petits cercles fermés sur eux-mêmes et haineux auxquels vous faites allusion ne représentent que leur propre petitesse. Je vous la laisse.
Yeshaya Dalsace