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Enseigner l’ouverture aux enfants juifs

Enseigner l’ouverture aux enfants juifs

Au-delà de la tolérance : un guide pour une éducation contre les préjugés dans les écoles maternelles juives

Am Yisrael - le Peuple d’Israël. Nous autres, les Juifs, sommes un peuple d’une grande diversité. Nous croyons en des choses différentes, nous vivons nos vies de manières différentes, nous parlons de nombreuses langues, nous vivons sur de nombreuses terres. La couleur de notre peau peut être de différentes couleurs, nos capacités peuvent être différentes, il se peut que nous créions des familles de treize enfants ou des familles homo parentales. Pourtant, nous sommes Un Peuple : Am Yisrael. Il faut une tolérance et une compréhension incroyables, plus que nous en avons été capables jusqu’à présent, pour pouvoir nous entendre les uns avec les autres, et pour apprécier et se rendre compte de toutes les différences qui forment Am Yisrael. Non seulement nous devons « nous entendre les uns les autres » dans le monde juif, mais nous vivons immergés dans un monde plus large rempli de différences à travers lesquelles nous devons naviguer chaque jour. Les outils pour y arriver devraient être inculqués même chez les plus jeunes enfants.

 Une logique juive pour une éducation qui lutte contre les préjugés

Le judaïsme nous appelle à agir. Bien plus que emunah (la croyance) ou l’étude, nous sommes appelés accomplir des mitsvot, des commandements. Nous sommes appelés à être les partenaires de Dieu dans le perfectionnement du monde. Tikkun Olam, la réparation du monde, est notre tâche, et même si l’on n’attend pas de nous que nous accomplissions cette tâche, nous ne sommes pas non plus libres de nous dérober à cette tâche (Pirke Avot chap. 2 :21) Nous avons l’obligation, en tant que Juifs, de ne pas nous asseoir et laisser le statu quo continuer quand un monde meilleur est à notre portée. Nous sommes appelés à remettre en question ce qui est injuste et à combattre l’injustice. Le prophète Isaiah nous a commandé d’observer ce qui est bon et de faire ce qui est juste (56 :1)

Notre Bible nous donne des messages doubles sur notre relation avec le reste du monde. Lors de nos voyages d’Egypte vers la Terre Promise, Dieu nous ordonne encore et encore de rester séparés des peuples qui nous entourent. Nous ne devons pas vénérer leurs dieux, prendre leurs femmes pour épouses, ou manger leur nourriture. En même temps, on nous rappelle à plusieurs reprises de traiter l’étranger avec la plus grande hospitalité et la plus grande gentillesse, parce que nous étions nous-mêmes étrangers en terre d’Egypte. Notre tradition tient beaucoup à la diversité. Le traité Brachot dans le Talmud   nous apprend que, « le Sage bénit celui qui a des opinions différentes des siennes, et des perspectives qui ne sont pas les mêmes que celles des autres. » De même, « Béni soit Dieu qui discerne les secrets, car l’esprit de chacun est différent des autres, comme chaque visage est différent des autres. » De Pirke Avot 4 :1, nous apprenons, « Qui est sage ? Celui qui apprend de tous. »

En tant qu’enseignants, nous ne pouvons pas seulement apprendre à nos enfants ce que signifie le fait d’être Juif, par opposition au fait d’appartenir à un autre peuple. Nous avons pour mission d’apprendre à nos enfants leur responsabilité envers l’étranger, leur obligation envers tikkun olam, le devoir qui leur est légué d’apprendre de tous les peuples. Bien que les jeunes enfants n’aient pas besoin qu’on leur apprenne à remarquer les différences, ils ont besoin qu’on leur montre en quoi les différences sont bénéfiques pour leur monde. Plus que simplement apprendre à tolérer les différences, nos enfants ont besoin de reconnaître les stéréotypes, de les remettre en question, et de les corriger. Nos enfants ont besoin d’outils pour combattre l’injustice dans leur monde, pour pouvoir agir. C’est seulement quand ils auront ces outils que nos enfants pourront être épanouis en tant que personnes et respectables en tant que Juifs ; lorsqu’on leur aura donné les moyens d’agir, d’accomplir leurs mitsvot.

 Une éducation qui lutte contre les préjugés

Une éducation qui lutte contre les préjugés ne consiste pas simplement à ajouter dans une classe quelques poupées, photos ou livres qui reflètent les différents âges, couleurs et capacités des personnes. Lutter contre les préjugés est une philosophie de l’éducation qui cherche à révolutionner la nature-même de la salle de classe, à éduquer les enseignants et les parents, et à donner aux enfants les moyens de grandir dans leur monde en combattant l’injustice, et en se mobilisant pour ce qui est bien. Les buts d’une approche qui lutte contre les préjugés sont :

1. favoriser l’estime de soi, et l’identité de groupe des enfants, des familles et du personnel

2. favoriser l’appréciation de la diversité humaine

3. permettre à chaque enfant d’identifier un traitement injuste

4. permettre à chaque enfant d’agir contre un traitement injuste.

L’éducation pour lutter contre les préjugés peut commencer à petite échelle, par des changements dans l’environnement et quelques activités supplémentaires. Avec le temps et avec de l’éducation, la lutte contre les préjugés deviendra une lentille à travers laquelle tout le contenu du programme scolaire sera élaboré (Hohensee and Derman-Sparks).

Lorsqu’ils se trouvent dans un cadre homogène, les éducateurs remettent parfois en question la nécessité de parler de problèmes de différences et de préjudices. Ils craignent que discuter de tels sujets fera voir aux enfants des différences qu’ils n’auraient autrement pas remarquées. Cette approche de « déni de la couleur », l’attitude selon laquelle nous sommes tous les mêmes, malgré la couleur ou l’origine ethnique, n’aide pas les enfants à grandir sans préjugé racial ou ethnique.

La recherche montre que :
a) les enfants commencent à développer des attitudes sur la race et l’origine ethnique très jeunes, dès l’âge de 3 ou 4 ans, et qu’ils remarquent des différences encore plus tôt ;
b) la couleur de la peau est la caractéristique qui a le plus d’influence sur ce que vit un enfant, à l’exception peut-être du genre ;
c) les préjugés basés sur la race et l’origine ethnique demeurent un grand problème social ;
d) ne pas parler de race et d’origine ethnique fait des enfants des cibles faciles des stéréotypes auxquels ils sont exposés quasiment depuis la naissance, et
e) le fait que les enfants apprennent à comprendre et à accepter les différences parmi les différents groupes raciaux et ethniques et à se battre activement contre les exemples de préjugés raciaux et ethniques est essentiel si nous voulons créer une société où il existe une égalité pour tous. (Byrnes, 1992)

Les enfants juifs dans des classes juives, tout comme les enfants dans des classes entièrement blanches, ont tout particulièrement besoin d’une éducation qui a pour but de lutter contre les préjugés. La principale tâche d’une éducation qui lutte contre les préjugés dans une classe entièrement blanche consiste à intervenir pour empêcher que les enfants croient que la culture occidentale dominante est supérieure aux autres modes de vie (Derman-Sparks, 1989). C’est un défi tout particulier dans les écoles juives. Une des raisons pour lesquelles les parents choisissent une école juive est pour que leurs enfants puissent commencer à construire une forte identité juive. La mission des éducateurs est subtile car ils doivent entourer les enfants d’influences et de culture juives tout en chassant la croyance selon laquelle ce mode de vie est meilleur que celui des autres. Notre tradition nous ordonne d’être actifs ; nos mitsvot décrivent en détails une vie basée sur l’aide et l’attention portée aux autres. Une éducation contre les préjugés dans une école juive devrait permettre aux enfants de donner tzedakah sans avoir de stéréotypes ni s’apitoyer sur « ces pauvres gens », à honorer et à faire Sabbat tout en reconnaissant que d’autres peuples ont des façons de célébrer et de se reposer différentes mais tout aussi valides. Les concepts et le degré de compréhension varieront selon les âges. Un tout-petit commence à peine à développer un sens de qui il est en tant qu’individu unique. Un enfant de quatre ans peut commencer à comprendre que Nous sommes tous faits B’Tzelem Eloheem (à l’image de Dieu) et que toutes les personnes sont respectables, dignes d’être aimées, capables et égales.

La tâche qui consiste à donner aux enfants juifs les moyens de remettre en cause et de combattre les injustices est un véritable défi. Pourtant, il est capital de relever ce défi, si nous voulons nous battre pour remplir notre partenariat avec Dieu pour créer un monde meilleur. Les enfants qui nous sont confiés aujourd’hui seront les puissants dirigeants de demain. En tant qu’éducateurs juifs, telles sont nos obligations inestimables, pour des récompenses inestimables : permettre aux enfants juifs de remarquer et d’apprécier la diversité, les aider à remettre en question les stéréotypes qui existent dans leur monde, et avec eux, à faire la paix quand il y a un conflit. Une éducation juive qui lutte contre les préjugés traite ces points de façon égale, parce qu’elle mène à tous ces points de façon égale.

 Une éducation qui lutte contre les préjugés pour les enfants juifs

Les enfants qui ont un sens très fort de leur identité sont les mieux équipés pour ne pas se laisser faire et combattre les préjugés dont eux ou les autres sont victimes. (Derman-Sparks, 1989) Une tâche importante pour un éducateur juif est de transmettre aux enfants dont nous avons la responsabilité une identité juive forte et positive. En tant qu’éducateurs juifs qui luttent contre les préjugés, nous devons veiller à éviter les messages de séparation et de supériorité et les remplacer par des messages d’acceptation et d’ouverture aux différences. Les enfants de maternelle devraient être exposés à toutes les différences qui existent dans leur communauté au sens large, en s’assurant que ces différences sont présentées comme positives et bénéfiques.

Avec les enfants juifs, l’éducation contre les préjugés devrait aller encore plus loin. Au-delà des différences présentes dans la communauté qui entoure les enfants, l’étape suivante est naturellement d’exposer les enfants à toutes les différences à l’intérieur même du judaïsme. Les Juifs à travers le monde ont des coutumes qui varient grandement. Il existe des Juifs de toutes les couleurs, et les Juifs parlent des centaines de langues. Les fêtes juives, les services religieux juifs, la nourriture et les vêtements juifs seront différents selon que vous vous trouvez dans une communauté ashkénaze ou sépharade, dans une synagogue réformiste ou orthodoxe  , dans une maison israélienne, américaine ou sud-africaine. Et bien sûr, à l’intérieur de chaque sorte de communauté juive, il y a des Juifs handicapés, des Juifs gays et lesbiens, des familles divorcées, des Juifs jeunes et vieux, riches et pauvres. Les familles juives comprennent des enfants adoptés partout dans le monde ; n’importe quel visage pourrait être un visage juif. Exposer les enfants aux différentes couleurs et goûts des différentes communautés juives est une part importante de l’éducation juive contre les préjugés. Les enfants juifs qui acceptent la diversité de leur propre peuple seront plus à même et plus désireux d’accepter la diversité dans la communauté générale.

Quelle approche pour une éducation qui lutte contre les préjugés pour les enfants juifs ? Nous pouvons commencer par de petites additions au programme scolaire, comme une menora de Hanoukka à pétrole ou compter jusqu’à cinq en hébreu, yiddish (un mélange d’hébreu et d’allemand), et ladino (un mélange d’hébreu et d’espagnol). Petit à petit, la diversité du judaïsme doit imprégner toutes les célébrations de fêtes, toutes les discussions de « que font les Juifs ? » Commencez avec les cultures et les histoires des familles qui participent au programme. Beaucoup d’écoles négligent la diversité qui existe dans leur communauté en apparence homogène. Des écoles avec des familles qui viennent d’Israël, d’Afrique du Sud, de Russie, d’Iran, d’Amérique du Sud et ainsi de suite, ont une richesse de diversité qui ne demande qu’à être découverte. Ces enfants ont besoin de voir que les traditions de leurs familles sont reconnues et célébrées, et les autres enfants bénéficient de cette exposition aux différentes traditions dans les familles de leurs amis.

Avec le temps, le spectre devrait être élargi aux communautés qui ne sont pas directement incluses dans la population de l’école. Un soin particulier devrait être apporté à inclure tous les visages du judaïsme, tout comme il devrait être apporté à inclure tous les visages de la communauté au sens large. Les valeurs et les mitsvot juives, telles que tikkun olam et gimilut chasadim, font partie de l’expérience de la petite enfance juive. Si les enfants juifs apprennent qu’ils ne doivent être gentils   qu’envers les personnes qui sont comme eux, ou qu’ils ne doivent le respect qu’aux personnes qui sont comme eux, et pas envers les personnes qui ont une apparence différente, alors nous ne leur avons pas enseigné grand chose. L’éducation contre les préjugés- apprendre la tolérance et le respect envers tous- est essentielle pour nos enfants. Cela rendra non seulement nos enfants, mais aussi notre monde, meilleurs. Afin de faire de l’éducation contre les préjugés une lentille effective dans la salle de classe de petite maternelle, les enseignants doivent travailler à maîtriser le concept d’éducation contre les préjugés pour pouvoir le laisser influencer leur travail avec les enfants.

 La tâche de l’enseignant

Essayer d’ajouter une éducation pour la lutte contre les préjugés dans une salle de classe sans s’investir pour comprendre la lentille qu’elle offre ne résultera en rien de plus que quelques photos et livres avec des visages multiculturels. De ce fait, la première étape pour intégrer l’éducation pour la lutte contre les préjugés dans une école juive est que tout le personnel travaille ensemble pour comprendre les bénéfices d’une éducation contre les préjugés sur leurs enfants en tant que membres de la majorité blanche et de la minorité juive. Les enseignants qui comprennent la pertinence d’une sensibilisation à la tolérance et à la mondialisation sur l’éducation juive seront plus désireux et plus à même de prendre le temps d’incorporer une philosophie anti-préjugés dans leurs classes.

L’étape suivante, peut-être la plus difficile, consiste en ce que chaque enseignant ou membre du personnel s’examine véritablement lui et ses préjugés. Avant de demander aux enfants dont ils ont la charge d’accepter la diversité qui existe dans le judaïsme et dans le monde en général, les enseignants et le personnel doivent d’abord se confronter à ces problèmes eux-mêmes. Ils doivent se poser de nombreuses questions. Qui suis-je ? Qu’est-ce qui me met mal à l’aise ? Y-a-t-il des gens qui, selon moi, n’ont pas la même valeur que les autres ? Comment est-ce que je traite ceux qui ont une couleur de peau différente de la mienne ? Une langue différente de la mienne ? Des capacités différentes des miennes ? Des croyances différentes des miennes ? Comment en suis-je arrivé à croire ce que je crois au sujet des personnes qui sont différentes de moi ? Faire son propre examen est difficile et peut prendre un certain temps. Changer les attitudes et les vieilles croyances est un processus qui prend du temps.

Les enseignants n’ont pas besoin d’être « sans préjugés » pour créer un environnement de lutte contre les préjugés dans leurs classes ! En effet, aucun d’entre nous peut, en toute honnêteté, se présenter comme n’ayant aucun préjugé. Au mieux, nous pouvons prendre conscience de nos peurs et de nos préjugés, et nous engager dans le processus continu de travailler à en apprendre plus sur les autres, à réduire notre niveau d’ignorance et de peur. Le but pour les enseignants est de prendre conscience de leurs préjugés et de comprendre comment leurs préjugés affecte leur travail avec les enfants. Tout le personnel peut travailler ensemble pour regrouper les sources, partager des informations et se soutenir tout en apprenant sur d’autres Juifs, ou en examinant leurs propres attitudes et préjugés.

Une fois qu’un enseignant, ou, en fait, tout le personnel de l’école, a commencé à s’approprier le processus d’éducation contre les préjugés, et une fois qu’il a été autorisé, et même encouragé, à examiner ses propres préjugés et comment ils affectent leur travail avec les enfants, alors les enseignants peuvent commencer leur travail pour incorporer une éducation anti-préjugé dans leurs salles de classe. En termes simples, cela signifie apporter et souligner la diversité dans la salle de classe, et ensuite travailler avec les enfants pour remarquer et apprécier les différences, remettre en cause l’injustice, et rectifier ce qui ne va pas- le travail de toute une vie.

Dans toutes les écoles juives, des définitions claires doivent être données et comprises par tous en ce qui concerne les croyances juives dans la communauté. Si ces frontières et limites sont comprises et respectées par tous, comme il l’est nécessaire pour la vie dans cette communauté juive, alors les malentendus seront évités, même si tous les membres ne vivent pas personnellement à l’intérieur de ces frontières. Par exemple, si une école fait partie d’une communauté dans laquelle seuls les garçons portent des kipot, et seules les filles allument les bougies du Chabbat, alors ces limites doivent être respectées, et l’égalité des genres doit être soulignée de façons différentes. Si une école se trouve dans une communauté dans laquelle les mariages entre les communautés ne sont pas tolérés, alors les enseignants doivent présenter le mariage juif comme une option entre deux Juifs. Dans une école qui respecte la kacherout, les enseignants doivent respecter ce fait en n’apportant pas de nourriture de restaurants non-casher  , même s’ils mangent personnellement dans ces restaurants lorsqu’ils ne travaillent pas. L’établissement, dès le départ, de connaissances des limites empêchera les limites d’apparaître comme des préjugés. Les enseignants doivent incarner les idéaux de tolérance pour pouvoir les enseigner aux enfants.

 Une éducation contre les préjugés dans la salle de classe juive

L’éducation contre les préjugés n’est pas un cours qui doit être traité puis posé sur une étagère jusqu’à l’année prochaine. L’éducation contre les préjugés est une attitude, une croyance, un leitmotiv. Une éducation qui lutte contre les préjugés est la représentation, dans la salle de classe, de la croyance sous-jacente selon laquelle chaque personne dans ce monde a été créée B’Tzelem Eloheem, à l’image de Dieu, à qui on doit respect et compréhension. Les enseignants qui pensent que ces valeurs sont vraies et importantes apprennent à leurs enfants à respecter les autres, à remarquer les différences et à arranger les choses lorsque des personnes sont blessées. Une éducation qui lutte contre les préjugés commence par l’environnement de la classe et la classe. Elle continue avec des « moments d’apprentissage pur » qui sont inspirés de la vie des enfants et de l’environnement que l’enseignant a créé pour la classe. Bien qu’il soit vrai qu’il n’existe pas de programme pré-établi qui serait adapté à toutes les salles de classes, il existe de nombreuses activités et stratégies qu’un enseignant peut utiliser pour créer des occasions d’éveiller les consciences. Il existe de nombreux guides séculaires excellents sur l’éducation contre les préjugés. Vous trouverez ci-dessous des suggestions pour incorporer des activités contre les préjugés dans tous les aspects du curriculum, en particulier dans la salle de classe de maternelle juive.

 Environnement

L’environnement de la salle de classe est un endroit important pour commencer. A travers ce qu’ils accrochent aux murs, à travers le choix des livres et du matériel, les enseignants peuvent faire passer un message d’acceptation et de diversité. Des affiches et autres décorations murales devraient inclure les visages et les objets culturels des différentes communautés juives. Tout ce qui brise les mythes sur les différences entre les genres, comme des photos de pères allumant des bougies ou de femmes portant les tallitot, devrait avoir la même place que les affiches de Juifs éthiopiens dans l’armée israélienne et les Juifs de Santa Monica, en Californie, faisant tachlich sur la plage (surtout si vous vivez dans un endroit où il n’y pas de plages). Bien sûr, il devrait y avoir de nombreuses représentations visuelles des expériences juives que les enfants dans vos classes connaissent. Des photos agrandies des enfants dans vos classes et leurs familles en train de faire des choses juives seraient très utiles.

Examinez les livres dans la classe. Est-ce que tous les livres juifs décrivent une expérience ashkénaze ou y-a-t-il aussi des histoires et du folklore empruntés aux autres cultures juives ? Est-ce que tous les livres juifs montrent une mère qui allume les bougies et un père qui dit Kiddouch  , ou est-ce que les livres et les images montrent des femmes qui dansent avec la Tora et des pères qui nettoient la maison pour Pessa’h ? Y-a-t-il des livres ou des puzzles avec des juifs en chaise roulante qui participent à la vie juive ? Est-ce que vos livres contiennent des histoires dans lesquelles des Juifs interagissent avec des personnes d’autres cultures et religions ? Plus les très jeunes enfants voient les Juifs avec des couleurs de peau différentes, des capacités différentes, des coutumes différentes dans des rôles acceptés (parce qu’ils se trouvent dans le livre que l’enseignant choisit de lire, par exemple), plus ils sont ouverts à accepter les différences.

Le matériel dans la salle de classe peut aussi contribuer à créer une atmosphère d’acceptation. Les garçons comme les filles se sentiront à l’aise pour pratiquer les rituels du Sabbat si les objets de ces rituels de Chabbat sont mis à leur disposition pour jouer et s’ils ont vu des adultes leur montrer que tout est possible. Même dans les foyers les plus pratiquants, où la femme normalement allume les bougies de Sabbat et l’homme dit habituellement le kiddouch  , l’homme est obligé d’allumer les bougies de Sabbat si aucune femme n’est présente. Il en va de même pour une femme qui doit dire kiddouch   en l’absence d’homme. Tous les Juifs ne sont pas de la même couleur. Les feutres, les crayons et la peinture devraient être disponibles dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, et dans toutes les couleurs de peau. Même si elles ne font pas partie de l’expérience normale des enfants, donnez aux enfants des objets rituels comme tallit, kipah et tefillin pour qu’ils puissent les explorer avec leurs enseignants ou jouer avec eux (enlevez le tzitzit du tallit et utilisez des tefellin qui ne sont pas casher   pour que les enfants puissent jouer). L’exposition à ce genre d’objets offre aux enfants une occasion de poser des questions et d’apprendre, « voilà ce que certains Juifs font. »

 Activités pour éveiller les consciences

Une fois que l’enseignant mis en place le décor pour une éducation contre les préjugés, en rendant l’environnement physique de sa classe ouvert aux différences, il existe de nombreuses activités pour éveiller les consciences qui peuvent être ajoutées au curriculum, pour stimuler la conscience des différences et nourrir la capacité de l’enfant à combattre l’injustice. Par exemple, pour enseigner aux enfants le concept de B’Tzelem Elohim à travers les caractéristiques physiques, aidez les enfants à faire des empreintes digitales. Donnez-leur des loupes pour qu’ils puissent examiner leurs empreintes de près. Créez deux séries pour chaque empreinte, et voyez si les enfants arrivent à retrouver les paires. Nous avons tous des doigts, mais même nos doigts sont faits pour B’Tzelem Elohim. Les différences font notre spécificité ; elles nous rendent uniques. (York, 1991) Pour enseigner aux enfants la valeur de tikkun olam (prendre soin de la Terre), faites du ramassage des papiers une habitude lors des sorties de classes or dans la cour de récréation. En prenant soin de l’environnement, les enfants font du monde un meilleur endroit pour eux-mêmes et pour les autres.

 Les moments d’apprentissage pur

Un enseignant peut intégrer une approche de lutte contre les préjugés dans sa classe en utilisant divers supports visuels, des livres qui vont à l’encontre des mythes sur les rôles des genres, et en planifiant des activités d’éveil des consciences. Pourtant, l’apprentissage le plus efficace contre les préjugés, les moments qui transforment les attitudes et donnent envie aux enfants de changer leur monde, peuvent provenir des moments d’apprentissage pur. Un moment de pur apprentissage est, comme tous les enseignants le savent, ce moment où un enfant découvre quelque chose, ou pose une question, ou fait quelque chose qui donne à l’enseignant l’occasion d’analyser des merveilles, ou de transformer un moment ordinaire en une expérience extraordinaire. Mais si nous nous sommes nous-mêmes débattus avec les problèmes de préjugés, et si nous sommes à la recherche de préjugés latents ou de moments de justice, nous pouvons vraiment entendre les questions des enfants et les aider à remettre en question leur monde lorsqu’ils rencontrent des stéréotypes ou des injustices. Un jour, dans une classe de maternelle l’après-midi, j’ai emmené ma classe, qui consistait ce jour-là de deux garçons, jouer dans une classe pendant que j’aidais d’autres enseignantes- nous n’étions que des femmes-, à monter un pigeonnier dans cette pièce. Un des garçons s’est exclamé : « Vous ne pouvez pas monter ce pigeonnier, c’est un travail d’homme ! » L’autre garçon s’est vite rallié à son ami. Nous autres enseignantes avons dit aux garçons « Vraiment ? Regardez. » Nous avons continuer à assembler le pigeonnier, et les garçons ont écrasé les cartons au fur et à mesure que nous les vidions. Quand nous avons fini le pigeonnier, nous avons demandé aux garçons « Qui a construit le pigeonnier ? » « Vous, mais nous vous avons aidées. » « C’est vrai, nous l’avons fait tous ensemble. Construire un pigeonnier n’est pas un travail d’homme, c’est un travail que tout le monde peut faire. » Les garçons ne sont pas devenus instantanément féministes, mais ils ont vu un exemple de femmes faisant ce qu’ils avaient jusqu’alors estimé être « un travail d’homme. »Des stéréotypes ont été remis en question.

Avec les moments d’apprentissage pur, nous avons l’occasion de voir le monde à travers les yeux de nos enfants, de les aider à voir les différences comme bénéfiques et comme des vecteurs de changement. Quand des enfants qui savent à peine parler montre du doigt mon grain de beauté, caché au coin de mon nez, je nomme pour eux ce que c’est, je le touche et je les laisse le toucher. Les enfants apprennent que les gens ont des différences et que ce n’est pas grave de poser des questions à leur sujet. Quand un enfant dit à un autre enfant, « Ta peau est marron », nous avons le choix. Nous pouvons dire, « Ne dis pas cela, ce n’est pas gentil   » ou nous pouvons dire, « Oui, sa peau est marron. Elle est jolie, n’est-ce pas ? Regardons nos mains. Pourquoi est-ce que nous avons tous des couleurs de peau différentes ? » Nous pouvons renforcer la peur des différences ou nous pouvons enseigner que chaque personne est faite B’Tzelem Eloheem, que Dieu a voulu que chacun d’entre nous soit différent, et que les différences sont bonnes. Quand un enfant dit « Nous n’allumons pas de bougies chez moi pour le Chabbat », nous avons une fois encore le choix. Nous pouvons dire à l’enfant « Tous les Juifs allument des bougies pour Chabbat. Dis à ta maman qu’elle devrait le faire », ou nous pouvons faire savoir à l’enfant que « il y a de nombreuses façons d’être Juif. Si tu veux allumer des bougies à la maison pour Chabbat, demande de l’aide à ta maman ou à ton papa. » Nous pouvons apprendre la tolérance ou nous pouvons apprendre à un enfant que sa famille « n’est pas une bonne famille juive. »

En atteignant l’âge où ils commencent à remarquer des différences et à intégrer les normes et les préjugés sociétaux, nos petits devraient être entourés d’images positives de la diversité qui existe dans leur monde, qu’il soit juif et séculier. Ce n’est qu’à 24 ans, et après avoir passé un an en Israël, que j’ai compris que le yiddish n’était pas la langue juive universelle, et qu’il y avait une partie importante de la population juive non-Ashkénaze qui parlait ladino or d’autres dialectes locaux. C’est chandah que mon monde était si fermé et que mon expérience juive était si limitée. Assurons-nous de faire mieux avec nos enfants. Aidons-les à bénéficier de la vaste expérience juive. Puissent-ils être mieux équipés pour aimer et comprendre leur voisin, pour rechercher la justice et poursuivre la paix.

 Références

• Byrnes, D.A. Addressing Race, Ethnicity and Culture In The Classroom [Ces liens qui nous unissent : un enseignement contre les préjugés dans une société diverse]. In D.A. Byrnes & G. Kiger, eds., Common Bonds : Anti-Bias Teaching In A Diverse Society . Wheaton, MD : Association for Childhood Education International, 1992, pp. 11-22.

• Derman-Sparks, Louise and the ABC Task Force. Anti-Bias Curriculum : Tools for Empowering Young Children [Un programme qui lutte contre les préjugés : des outils pour rendre les jeunes enfants plus forts]. Washington, D.C. : National Association for the Education of Young Children. 1989.

• Handelman, Maxine Segal. Jewish Every Day : The Complete Handbook for Early Childhood Teachers [Etre Juif au quotidien : le guide complet pour les enseignants de maternelle]. Denver, CO : A.R.E. Publishing, Inc., 2000.

• Hohensee, Julie Bisson and Louise Derman-Sparks, Implementing an Anti-Bias Curriculum in Early Childhood Classrooms [Appliquer un programme qui lutte contre les préjugés dans les classes de maternelle], ERIC Digest, 1992. EDO-PS-92-8 (http://ericeece.org/pubs/digest/)

• York, Stacey. Roots & Wings : Affirming Culture in Early Childhood Programs [Des racines et des ailes : affirmer une culture dans les programmes de maternelle]. St. Paul, MN : Redleaf Press, 1991.

Article par : Maxine Segal Handelman for JDC Europe. Copyright 2007.

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