Le débat reste ouvert.
Le fait est que d’un point de vue féministe, les textes de la liturgie peuvent être considérés le plus souvent comme relativement machistes . Les grands personnages féminins de la Bible n’y sont jamais mentionnés. C’est pourquoi, certains ont rajouté le nom des matriarches « Sarah, Rivka, Rachel et Léa » après celui des patriarches « Abraham, Isaac, Jacob » afin d’exprimer l’idée que le judaïsme n’existe pas que par les hommes.
Le problème est que le texte de la Amida est tout à fait central pour le judaïsme, d’où la réticence de certains à le toucher. D’un point de vue féministe, c’est justement la centralité de la Amida qui appelle un changement, beaucoup plus justifié ici que pour un texte accessoire.
Une solution consiste à proposer dans le livre de prières les deux options, une Amida classique avec les seuls patriarches et une Amida « féministe » comprenant également les matriarches. Libre à celui qui fait la prière de choisir. Cette option présente pratiquement un inconvénient, elle prête à confusion pour le lecteur non averti.
Au sein du mouvement Massorti français, le débat est ouvert.
Voici le point de vue du rabbin Rivon Krygier, responsable du Sidour Massorti .
Sur le fait ou non d’inclure les matriarches dans la Amida , il y a divers points de vue dans notre mouvement, tous honorables. À Adath Shalom , certains de nos fascicules de semaine les incluent (nous n’avons pas encore fabriqué notre propre sidour ), pour vous dire qu’il existe un certain flottement sur la question. Mais je n’y suis pas personnellement favorable.
En bref, la raison est que la âmida est une pièce ancienne et centrale de liturgie et je trouve que cela doit être honoré en évitant autant que possible d’y introduire des changements. Dans des formules secondaires, cela ne me gêne aucunement que les matriarches soient évoquées. Par ailleurs, tant que nous pouvons éviter de faire autrement que l’environnement communautaire sur des questions fondamentales, nous nous y appliquons car sommes soucieux de conserver le maximum de codes communs. Certes, si la amida comportait des éléments contraires à notre perception des valeurs juives actuelles, nous le ferions mais ce n’est pas le cas. La mention des patriarches n’exclut pas à notre sens les matriarches mais réfère au lien de filiation tel que formulé dans la Bible.