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L’aventure de l’Exodus

L’aventure de l’Exodus

Le drame de 4500 réfugiés juifs ballotés sur les mers du fait du blocus britannique.

Le « Livre blanc »

Le troisième « Livre blanc » limitant les droits des Juifs en Palestine mandataire fut publié le 17 mai 1939 suite à la Grande Révolte arabe en Palestine.
Ce livre veut apaiser le soulèvement de la population arabe de Palestine en limitant la vente de nouvelles terres aux Juifs.

L’immigration juive est limitée à 75 000 personnes sur une durée de 5 ans, afin que la population juive ne dépasse pas le tiers de la population du pays. De ces 75 000 entrées sera déduit le nombre d’immigrants illégaux interceptés. Au terme de la période de cinq ans, aucune immigration juive ne sera plus autorisée, à moins que les Arabes de Palestine ne soient disposés à y consentir.

Ces mesures, non seulement cherchent à détruire le sionisme, mais condamnent à mort des milliers de réfugiés fuyant l’Europe Nazie.

Le livre blanc entraîne une vive réaction des institutions sionistes mondiales.

David Ben Gourion déclare peu après le début de la guerre « Nous aiderons les Britanniques dans la guerre comme s’il n’y avait pas de Livre blanc et nous lutterons contre le Livre blanc comme s’il n’y avait pas la guerre ».

L’application du livre blanc par le mandat britannique s’intensifiera à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, luttant particulièrement contre l’afflux massif des rescapés de la Shoah. Des dizaines de milliers d’immigrants clandestins seront internés à Chypre ou en Europe.

La première loi votée par le tout jeune État d’Israël concernera l’abrogation du « livre blanc ».

C’est dans ce contexte de lutte clandestine pour l’immigration juive que se place l’aventure de l’Exodus.

L’épopée de l’Exodus

Ike Aronowicz, ancien capitaine du célèbre navire qui tenta de transporter 4500 Juifs en Palestine sous mandat britannique, reste persuadé que son odyssée ratée précipita le vote de l’ONU entérinant la partition de la Palestine et la création de l’État d’Israël.

Son épopée à bord de l’Exodus a été l’un de ces moments symboliques qui contribuent à bouleverser l’histoire. Capitaine du célèbre navire qui tenta de transporter clandestinement quelque 4500 immigrants illégaux sur les rives de la Palestine sous mandat britannique, Yitzhak « Ike » Aronowicz en reste convaincu : le sort des passagers juifs de l’Exodus a ému l’opinion internationale au point de précipiter le vote de l’ONU entérinant la partition de la Palestine et la création d’Israël. La plupart d’entre eux étaient des rescapés de la Shoah et s’étaient juré de s’installer sur la Terre promise.

Naissance de l’Exodus

Les préparatifs débutent à Baltimore, où il découvre pour la première fois le bateau que la Haganah, l’organisation paramilitaire juive qui lutte pour l’indépendance, a tant bien que mal réussi à négocier sous le manteau.

À l’époque, les Britanniques tentent de limiter l’immigration juive en Palestine par tous les moyens, pour essayer d’y préserver l’équilibre démographique avec les Arabes.

Une expédition comme celle qui se prépare se trame donc dans le plus grand secret. « C’était un vieux rafiot moche, lourd et recouvert d’une épaisse couche de rouille », confie Ike dans ses souvenirs. En se plongeant dans le journal de bord, il découvre que ce vieux vapeur baptisé President Warfield a commencé sa vie comme bateau amiral de la Old Bay Line, une compagnie de croisières des Grands Lacs, basée à Wilmington, aux États-Unis.

Construit dans le plus pur style colonial, le navire était destiné à accueillir une riche clientèle dans ses salons grandiloquents ornés de lustres de cristal.

Pendant la guerre, le President Warfield doit toutefois rejoindre le service de l’armée britannique, Churchill ayant demandé de l’aide maritime à Roosevelt pour faire face aux sous-marins allemands. Les courses-poursuites auxquelles il participe en font une « vieille baignoire » qui sert successivement de caserne flottante en Irlande et de transporteur de troupes sur la Seine, avant de rentrer au pays, où il est repéré par la Haganah.

Ce n’est qu’en juillet 1947, à Marseille, où le bateau fait escale après la traversée de l’Atlantique, qu’Ike Aronowicz apprend avec stupéfaction qu’il va être le capitaine du bateau, lui qui n’a jamais assumé de commandement maritime.

Avec la complicité des autorités françaises qui ferment les yeux sur la légalité des documents des 4 545 passagers, il participe à leur installation sur le bateau, où ils vont voyager serrés « comme des sardines ». Après cinq jours de navigation, le President Warfield devient l’Exodus 1947 et le drapeau d’Israël remplace le pavillon panaméen.

Face au blocus britannique

L’Exodus est repéré par un avion de reconnaissance britannique. S’engage la course-poursuite avec la marine de Sa Majesté.

« L’Exodus était un vieux bateau fatigué , raconte le capitaine. Cependant, je savais que son faible tirant d’eau lui donnait un gros avantage, car il pouvait longer les côtes, là où ses navires risquaient de s’échouer. »

Le 18 juillet au matin, un croiseur et cinq contre-torpilleurs britanniques font irruption à l’entrée des eaux territoriales de la Palestine.

L’Exodus refuse de s’arrêter.

Les marins britanniques donnent l’assaut.

« Ils nous ont attaqués à 22 miles des côtes, se souvient Ike. Nous avons combattu comme nous pouvions les dix-sept soldats qui ont réussi à monter à bord. Nous avons déploré trois morts et 120 blessés. Environ 90 % des passagers étaient des rescapés de la Shoah, qui ont tenté de résister par tous les moyens. »

Le capitaine de l’Exodus

Né en 1925 à Dantzig, ce port libre sous contrôle de la Société des nations qui émerge en 1918 avec la nouvelle Pologne indépendante, ce Juif polonais a été élevé dans l’exaltation de la Palestine, terre des ancêtres dont son père entretient l’amour auprès de ses enfants.

Dans les rues grises du vieux port médiéval de la Baltique, Ike imagine souvent en rêve les « paysages de désert », « les oasis fantastiques » et la lumière violente de la Terre promise.

À l’âge de 10 ans, il ne pense qu’« à une seule chose, partir en Palestine ».

Tandis que l’antisémitisme gagne Dantzig en même temps que les nazis terrorisent les Juifs et l’Europe entière, l’obsession du départ ne cesse de croître dans la famille Aronowicz, dont les quatre fils font partie d’un mouvement de jeunesse sioniste.

En 1932, le père gagne la Palestine, où le protectorat britannique permet chaque année à près de 20 000 Juifs d’émigrer. Deux ans plus tard, vient le tour d’Ike et du reste de la famille.

Leur joie est immense, mais la guerre qui embrase le monde et les nouvelles catastrophiques qui parviennent d’Europe sur le sort réservé aux Juifs assombrissent l’adolescence du jeune Ike.

Rêvant d’en découdre avec les nazis, il rejoint l’organisation clandestine Palyam, un escadron formé aux opérations maritimes appartenant au Palmach, l’unité de combat de choc de la Haganah. Le groupe mène ses activités durant la période s’étendant de la Seconde Guerre mondiale à la création de l’État d’Israël, en 1948.

Ike entame parallèlement une carrière dans la marine marchande qui l’amène à sillonner les mers. Quand, après 1945, les survivants de la Shoah cherchent par dizaines de milliers à gagner la Palestine, Aronowicz se retrouve en première ligne pour faciliter l’exode clandestin que la Grande-Bretagne tente d’endiguer.

Une fois que l’épopée de l’Exodus a échoué, en juillet 1947, le capitaine se cache pendant deux jours dans les cales du bateau, avant de s’échapper en se faufilant avec une équipe d’entretien envoyée par les Britanniques.

« Avant de débarquer, j’ai offert une photographie de l’Exodus au seul membre non juif de l’équipage, se rappelle Ike. Au dos, j’ai écrit : “En mémoire d’une défaite. Encore une défaite comme celle-ci et c’est l’Empire britannique, qui sombrera.” »

Bateaux prisons

Pour les passagers de l’Exodus, le calvaire ne fait que commencer.

Au lieu d’interner les prisonniers à Chypre dans des camps d’internement britannique comme c’était l’habitude, la Grande-Bretagne décide de les renvoyer à leur point de départ dans des bateaux cages bordés de palissades en grillage.

Le 29 juillet, ces bateaux cages accostent à Port-de-Bouc.

Mais devant le refus des prisonniers de débarquer et alors que les pourparlers franco-britanniques s’éternisent, il demeure inerte jusqu’au 23 août, avant de rallier Hambourg, où les passagers sont débarqués manu militari sur la terre allemande maudite pour ces juifs rescapés.

Des trains spéciaux sont affrétés pour transporter les immigrants vers les camps allemands de réfugiés de Poppendorf et d’Amstau.

La presse mondiale se déchaîne, faisant le parallèle avec les camps nazis.
L’opinion s’émeut.

La longue route vers Israël

En novembre 1947, l’ONU vote la partition de la Palestine. La quasi-totalité des passagers de l’Exodus rejoindra Israël après la proclamation de l’indépendance, le 14 mai 1948, comme ils se l’étaient promis.

« Comme je l’avais pressenti, notre défaite a été salutaire. Elle a entraîné le vote de l’ONU », se réjouit le capitaine Aronowicz.

Après le départ des Britanniques, il participera aux opérations de rapatriement des 55 000 Juifs internés de force à Chypre.

Ike Aronowicz sera également le capitaine du Pan Crescent, rebaptisé Independance, au cours d’une opération qui permit de faire venir en Israël 15 000 Juifs de Roumanie.

« David Ben Gourion était contre nous, explique Ike, qui ne porte pas le premier chef de gouvernement israélien dans son cœur. Roosevelt lui avait dit qu’il ne voulait pas de communistes en Israël et Ben Gourion avait interdit notre convoi. Mais nous lui avons dit d’aller se faire voir. De toute façon, les Juifs n’étaient pas de bons communistes. »

« L’Exodus » a perdu son capitaine, Yitzhak Ahronovitch, qui s’est éteint dans le nord d’Israël, à l’âge de 86 ans en 2009.

Le douloureux périple de l’« Exodus » et ses passagers fut bientôt connu dans le monde entier, suscitant l’émotion. Retracée sous forme de fiction par l’écrivain américain Leon Uris, leur histoire fut adaptée au cinéma par Otto Preminger en 1960. Le personnage de Ike étant interprété par Paul Newman...

Nous étions l’Exodus

Genre : Documentaire

Réalisation : Jean-Michel Vecchiet

http://www.vodeo.tv/lire/5-31-5246-...

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