Nous répondons ici à la réflexion d’un correspondant éloigné de la tradition juive qu’il trouve dogmatique et fermée, bloquée dans des aprioris incompatibles avec le monde actuel. Pour lui (ex étudiant de Yeshiva) tradition sous entendrait forcément dogmatisme. Le mouvement massorti qui se veut moderne mais revendiquant l’idée de tradition, il nous faut donc préciser les termes.
L’idée de tradition, concept fondamental pour le judaïsme, peut être interprétée de différentes façons. Certains y voient un fidéisme dogmatique et rigide, d’autres au contraire une vivacité toujours en mouvement.
Il est intéressant de se pencher sur ce concept de tradition (massorète) car il reflète l’ambiguïté de ce qu’est le judaïsme contemporain.
Il existe schématiquement deux écoles, la fondamentaliste et la moderniste. Mais on pourrait les appeler autrement et elles sont en fait très anciennes.
Point de vue fondamentaliste ou fidéiste
Pour l’école fondamentaliste (fidéiste), tout vient d’un moment fondateur le Sinaï. Ce moment fondateur n’est pas à prendre au niveau symbolique. C’est un moment bien précis, datable dans un livre d’histoire, tout à fait réel. Dieu a effectivement parlé à Moïse qui est un personnage historique tout à fait conforme au récit de la Tora qui doit lui-même être pris dans son acceptation au sens propre. Moïse a écrit le livre de la Tora jusqu’à la dernière lettre et il l’a accompagné d’une tradition d’interprétation et de lois très précises transmise oralement. Le tout a été transmis fidèlement de génération en génération en ne subissant que très peu de changements jusqu’à aujourd’hui.
Dans une telle perspective, la transmission doit être la plus fidèle possible et tout écart consiste en une trahison de l’histoire juive, des générations de transmetteurs, de Moïse et pire encore de Dieu lui-même.
L’avantage d’une telle conception c’est qu’elle est facile à comprendre (elle est même simpliste) et motivante à suivre, fais d’abord tu comprendras éventuellement un jour. Dans une telle perspective il faut être vraiment un imbécile pour ne pas respecter la tradition ! Si effectivement Dieu a parlé directement et que la tradition juive en est le reflet le plus fidèle, malheur à celui qui n’écoute pas ! Malheur à celui également qui voudrait critiquer ou changer quoi que ce soit. Hors de la stricte orthodoxie juive, point de salut !
Mais cette conception se confronte à deux grands problèmes : la critique rationnelle et la critique historique.
La critique rationnelle n’est pas nouvelle, elle existe déjà dans les textes du talmud ou chez des penseurs de l’antiquité comme Philon. Elle sera surtout développée chez les penseurs médiévaux comme Saadia Gaon (dans son ouvrage Emounot vedeot), Maimonide (Le guide des égarés), Salomon ibn Gabirol (La source de vie), Gersonide (Les guerres du Seigneur), Hasdaï Crescas (La lumière du Seigneur), et bien d’autres. L’essentiel de la critique rationnelle portait sur des concepts philosophiques, y compris sur celui de la révélation. Ces penseurs étaient gênés entre autres par le fait du hiatus entre l’idée d’un Dieu parfait et un texte de la Tora relevant plus d’un récit que d’une doctrine absolue.
Cette école de pensée critique et rationaliste va continuer à se développer à l’époque moderne avec des penseurs comme Mendelssohn , Hermann Cohen (Éthique du judaïsme, Religion de la raison tirée des sources du judaïsme), Franz Rosenzweig (L’étoile de la rédemption), et plus récemment Emmanuel levinas.
Mais un autre point dérangeait les penseurs du judaïsme, à commencer par de nombreux rabbins du talmud : le décalage éthique existant entre le sens propre du texte plein d’interdits radicaux et d’injonctions assez violentes et leur propre conception beaucoup plus ouverte du monde et de la pratique du judaïsme. La tension éthique existante fut résolue en grande partie par l’interprétation du texte permettant une relecture et un adoucissement de certaines règles, ou tout simplement leur annulation. Le talmud regorge d’exemples en ce sens.
Bien entendu, les tenants de l’école fondamentaliste vont défendre qu’il n’y a ici aucune innovation, ni évolution, mais tout simplement la transmission d’une interprétation existant dès l’origine voire même la réinvention d’un principe déjà donné mais oublié.
On en arrive alors à la critique historique.
Celle –ci ne se développe qu’à partir de la renaissance. Mais on en trouve les prémices chez un rabbin médiéval nommé Ibn Ezra, considéré comme le père de la critique biblique, où chez un commentateur comme Abravanel. Le premier à écrire systématiquement sur cette question fut Spinoza dans son Traité théologico-politique. Cette école de la critique historique prit véritablement son ampleur avec la mise en place de la « science de judaïsme » dont Léopold Zunz fut un des fondateurs en Allemagne au 19e siècle. Cette école de la critique historique consistant à prendre le judaïsme comme sujet d’étude scientifique, a cherché à en comprendre les règles de développement, les conditions de formation des grands textes, leur sens premier lorsqu’on les remet dans leur contexte historique, le sens réel de certains mots, l’origine de certaines idées ou des rites… Cette école n’a cessé de se développer depuis et elle foisonne aujourd’hui dans de grandes universités du monde, en particulier en Israël et aux Etats-Unis. En France elle est représentée par l’Ecole des hautes études et elle connaît une publication La revue des études juives.
L’école de la science du judaïsme a depuis longtemps prouvé et largement développé avec d’innombrables arguments et démonstrations que le point de vue fondamentaliste est tout simplement erroné et ne résiste à aucune critique scientifique. De ce point de vue, la tradition ne saurait être la transmission fidèle de génération en génération depuis le moment fondateur du Sinaï d’une doctrine vue comme une globalité inchangeable. Au contraire, les textes de la tradition, y compris ceux de la bible, mais aussi ceux du talmud , sont le résultat d’un long processus d’écriture et de compilation de différentes traditions. Non seulement les textes ont leur histoire, mais les idées et les pratiques également.
L’idée d’une transmission d’un système figé et définitivement arrêté, car donné comme parfait dès le départ, ne résiste absolument pas à la connaissance contemporaine. Au contraire, on sait que la bible est truffée d’erreurs historiques ou tout simplement d’exagérations littéraires, car elle ne s’est peut-être jamais voulu un livre d’histoire. On peut même douter sérieusement de la véracité historique de récits aussi fondateurs que celui du Sinaï.
On sait également que le judaïsme est né de la confrontation à de grands systèmes culturels, celui de l’Egypte bien entendu, la civilisation mésopotamienne, le monde grec qui influença très fortement la pensée rabbinique (casuistique), la pensée musulmane qui influença les penseurs juifs systématiques médiévaux comme Maimonide , la pensée chrétienne médiévale qui influença la conception textuelle des Tossafot , etc… bien entendu le judaïsme ne manqua pas lui-même d’avoir une énorme affluence sur le reste du monde.
On sait très bien aujourd’hui qu’aucun système de civilisation et de pensée ne vit dans un vase clos. On sait que les idées ont une histoire, les textes également, il en est de même pour le judaïsme…
C’est pourquoi le positionnement idéologique d’une tradition vue comme une transmission fidéiste ne tient absolument pas face à l’examen critique. Curieusement, ce positionnement a repris de la vigueur depuis quelques années en réaction à une société contemporaine considérée comme trop ouverte et pervertie. Ce retour aux « racines » (retour totalement artificiel puisque ses racines figées ne sont qu’une vue de l’esprit, un « flash historique sanctifié ») et la crispation idéologique qui l’accompagne se retrouvent également dans d’autres traditions religieuses. De façon générale on constate un recul de la rationalité dans notre société. Mais le regain de force du fondamentalisme et la séduction qu’il peut exercer chez certains jeunes esprits ne prouve en rien son bien-fondé conceptuel.
Point de vue moderniste ou évolutionniste
De l’autre côté, nous avons une toute autre conception de la tradition, celle des modernistes.
Chez eux également tout vient d’un même moment de transcendance, le Sinaï. Mais celui-ci n’est ni enregistrable sur une carte, ni vraiment datable dans le temps. L’historicité du Sinaï n’intéresse pas la pensée moderniste, mais son ontologie. En ce sens le point de vue moderniste est très proche de la pensée kabbalistique.
Il faut d’abord préciser que les modernistes connaissent et utilisent exactement les mêmes textes que les autres et obéissent en général aux mêmes pratiques. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ils ne se sentent nullement en rupture avec la tradition, bien au contraire, ils sont même convaincus de la continuer avec fidélité.
Pour eux, la tradition consiste en un phénomène vivant en constante évolution comme tout être vivant.
On peut employer la métaphore d’un arbre. Cet arbre vient d’une graine semée un beau jour et contenant en potentiel l’arbre à venir. Mais l’arbre est également le résultat de sa propre croissance. Le vent va le tordre, lui donner sa forme, les aléas de la vie, les animaux qui y nichent vont faire de cet arbre un véritable écosystème complexe. L’événement de la révélation au Sinaï relèverait de la semence de la graine.
Le sceptique pensera que cela a eu lieu dans la tête d’une poignée de juifs et que la transcendance n’a rien à voir là-dedans. Le judaïsme serait alors le résultat d’une tradition purement humaine sans transcendance. Cela n’enlève nullement la possibilité d’ailleurs d’être et de rester attaché à cette tradition si riche. Des quantités de juifs demeurent traditionnalistes sans trop croire.
Le croyant, ce qui est la position des mouvements religieux modernistes (de la modern orthodoxie jusqu’aux libéraux en passant par les massorti ) considèrent que la transcendance est à l’origine non seulement de la semence de l’arbre, mais également de son développement.
L’inconvénient de cette conception est qu’elle est assez complexe, relative et ouverte à la critique.
Comment savoir ce qui relève vraiment de la transcendance et ce qui n’en relève pas ?
Si le judaïsme est le résultat d’une constante évolution, sur quels critères déterminer les interprétations contemporaines ?
C’est là que les différents courants modernistes vont polémiquer entre eux.
Cette conception laisse aussi une large place à l’autonomie individuelle, ce qui peut être psychologiquement troublant et même paniquant pour un esprit fragile en mal de certitude.
Mais cette conception possède un avantage immense : elle est totalement rationnelle et conforme à la connaissance contemporaine. Bien plus, elle est parfaitement compatible avec la plupart des textes de la tradition, car ces textes sont avant tout des textes littéraires et métaphoriques et quasiment jamais des textes à prendre au pied de la lettre.
Autre avantage immense, cela évite de se crisper sur des positions ou des conceptions passées quand elles sont devenues totalement incompatibles avec l’esprit du temps (piège dans lequel est bloquée idéologiquement l’orthodoxie juive radicale actuelle par son refus des données de la critique historique). Le fondamentalisme juif, pour la conception moderniste relève de l’apotpose pour demeurer dans la métaphore végétale, à cause d’un refus radical de prise en compte du réel et donc une coupure de la sève qui se nourrit aussi au monde réel.
Pour les autres, les modernistes, le risque est de se couper des racines mystiques, de la transcendance, donc du soleil dans notre métaphore.
Sur le plan théologique l’idée de transcendance dans une tradition dynamique exige la mise en place d’une pensée complexe et subtile. Un esprit un peu primaire éprouvera bien évidemment des difficultés avec une telle conception. Mais cette subtilité théologique existe déjà dans les textes du talmud et chez les penseurs médiévaux (y compris les kabbalistes) ou encore chez d’autres penseurs modernes. Ici encore, il n’y a rien de très nouveau sous le soleil. La seule nouveauté, mais elle est importante, est l’apport de la critique historique.
Conclusion :
On voit que le concept de tradition dépend énormément de l’interprétation qu’on a de ce mot. « Fidéisme » pour les uns donc transmission d’un passé qui ne devrait pas bouger, en tout cas le moins possible. « Évolutionnisme » pour les autres et donc transmission d’une dynamique permanente indispensable et relevant de la vie même.
Un des textes les plus connus établissant le principe de transmission dans le judaïsme est celui de la Mishna Avot 1.1 : « Moïse a reçu une Tora du Sinaï et l’a transmise à Josué. Josué l’a transmise aux Anciens, et les Anciens aux Prophètes ; ceux ci l’ont transmise à leur tour aux hommes de la grande Assemblée. Ces derniers ont enseigné trois principes : ‘Soyez pondérés dans le jugement, formez de nombreux disciples et élevez un rempart autour de la Tora’. »
Les fidéistes fondamentalistes voudraient y voir la preuve de leur conception. Mais ce texte dit en fait l’inverse. Il sert en effet d’introduction à l’enseignement individuel de maitres de la tradition juive, chacun parlant en son nom propre des centaines d’années après le Sinaï. Cette Michna vient donc nous apprendre que ce qu’un maitre enseigne à l’époque rabbinique, tous ces beaux adages de sagesse personnelle, relève de la même nature que ce que Moïse a reçu au Sinaï, de la même « tradition », de la même Tora, c’est-à-dire de la même sagesse et de la même transcendance (la Tora sur la bouche). Il s’agit bien du même arbre, même si la pousse est beaucoup plus tardive.
Un autre texte du talmud affirme que tout ce qu’un sage enseigne a déjà été dit au Sinaï. Cela aussi ne veut absolument pas dire que ce texte doit être lu littéralement, cela veut tout simplement dire que l’arbre continu à pousser et qu’aussi surprenant que cela puisse paraître ce mastodonte aussi touffu a commencé avec une toute petite graine contenant en puissance le foisonnement de ce grand arbre et de toutes ses semences. Ce qu’un commentateur ou un sage dit, quelle que soit son époque, relève du même point (Sion) fondateur de la tradition. Il met au grand jour, il exprime, une idée nouvelle mais qui était déjà contenue en potentiel dans la geste sinaïtique.
Un autre texte montre Moïse éblouit par l’évolution de la Tora enseignée à l’époque de Rabbi Akiva. Un autre affirme : « j’ai plus appris de mes élèves que de mes maîtres ». On fait l’éloge du sage inventif « la source jaillissante » au détriment du fidéiste et conservateur « puits qui ne perd pas une goutte ». On affirme « Il n’y a pas d’étude de Tora sans renouvellement du sens »…
Le problème à notre époque, c’est que la conception fidéiste occupe une telle place médiatique et politique dans le judaïsme francophone (contrairement à l’anglophone) contemporain qu’elle a fini par usurper le terme même de transmission et de tradition en la bloquant dans le sens fidéiste et dénigrant toute légitimité aux tenants de la lecture dynamique de la tradition. "Le nouveau est interdit par la Tora" (Hatam Sofer ). Même si la voix dynamique s’exprime chez des auteurs comme M.A Ouaknin, elle reste très rarement exprimée dans les synagogues et les cours de Tora francophones et encore moins dans les écoles juives qui forment une génération de fidéistes. On en finit parfois par oublier la possibilité dynamique de l’idée de tradition.
Une quantité de gens sont devenus incapables de penser le judaïsme autrement que sous la forme d’une théologie fidéiste et fondamentaliste. Ils ont l’impression que penser autrement serait trahir un judaïsme déjà trop fragile. On est sur la défensive, dans une position de crispation.
Mais c’est absurde, car c’est exactement l’inverse qui serait profitable au judaïsme.
D’abord car la conception fondamentaliste ne résiste pas à la critique rationnelle et historique, critique à laquelle seront confrontés un jour ou l’autre le public et les élèves des écoles juives. Mais plus grave encore, cette position rend le judaïsme souvent mièvre et inintéressant pour ceux imprégnés d’un certains bagage critique et même parfois insupportable, invivable pour quantité de juifs qui du coup ne le fréquentent plus ou très peu. Actuellement les 4/5e des juifs ne vont plus dans les synagogues ! Mais quel discours y iraient-ils écouter ?
Bien évidemment la conception fondamentaliste correspond à un certain public, mais celui-ci avec tout le respect qui lui est dû, ne saurait assurer à lui seul le maintien d’une source dynamique et donc l’avenir du judaïsme.
C’est pourquoi, il va du devenir du judaïsme en tant que tradition vivante et vivifiante, de défendre que la tradition ne relève pas forcément d’un système crispé, obligé de défendre des idées parfois absurdes ou des valeurs éthiquement discutables.
La tradition juive n’a jamais été cela, elle est au contraire cet arbre vivace et verdoyant, comme l’examen un moindre peu rationnel de toute l’histoire du judaïsme le montre. Elle n’est pas une tradition figée, bien au contraire, elle a toujours su discuter et se réinventer.
Elle peut être porteuse d’une grande actualité, d’audace et tout à fait compatible avec une théologie moderne nourrie de rationalisme et de critique historique.
De leur côté, les tenants d’une conception dynamique de la tradition ont du mal à motiver leur public pour un maintien plus strict de cette même tradition et c’est leur grande faiblesse.
C’est en ce sens que l’on peut comprendre un des grands textes de la Kabbale (autre face de la même tradition dynamique) le Tikouné Zohar qui tout en développant l’idée de mouvement, d’errance et de quête, affirme également que toute maison sans parole de Tora se retrouvera détruite et que la Tora sans mitsvot n’est pas de la Tora (idées déjà exprimées dans le midrash ). La maison sera détruite car inhabitée, abandonnée de sens, les gens doivent bouger dans la maison. La Tora a besoin de s’enraciner dans le réel (par les mitsvot) et ce réel conditionne donc également la survie de la Tora. C’est ainsi que par l’errance, la quête des tsadikim (donc leur capacité à dynamiser le sens) est conditionnée la possibilité pour la Shekhina (présence divine) de trouver un encrage dans ce monde, donc à Israël (figure de la shekhina ) d’exister.
C’est pourquoi le vrai défi consiste à continuer ce dynamisme-là de la tradition juive ancestrale en la concrétisant toujours dans un réel, sans pour autant l’y piéger... Vaste programme.
Une chose reste certaine, les deux conceptions s’opposent en théorie et si elles sont encore compatibles sur le terrain, car on pratique le même judaïsme et on peut s’assoir côte à côte dans les mêmes synagogues (et encore), elles ne le sont pas au niveau du concept et l’évolution du temps aura tendance à séparer les deux camps de plus en plus. Mais là encore, ce n’est pas forcément grave, car comme tout corps vivant le judaïsme se nourri de ses crises et des frottements de la vie.
Il semble évident qu’il existe dans le monde juif actuel plusieurs publics et plusieurs niveau dans chaque public. La problème est de rester pertinent, sans pour autant trahir la tradition, quelle que soit la conception, fidéiste ou évolutionniste, à laquelle on se rattache. Cela ne peut mener qu’au pluralisme (on peut toujours rêver).
Yeshaya Dalsace
PS : Je tiens à préciser que la conception évolutionniste de la tradition n’empêche en rien une pratique stricte de cette même tradition. Il s’agit avant tout d’une posture intellectuelle et théologique.
Messages
Vous n’en avez pas marre d’écrire toujours les mêmes choses dans vos articles ?
Ne le prenez pas mal mais je suis sûr que le mouvement massorti a quand même plus à offrir que ces articles qui ressemblent plus à un journalisme de vulgarisation qu’à des véritables études.
Je dis ça pour vous : Si vous continuez à rabacher la même opposition entre fondamentalistes et modernistes, on risque de croire que vous n’avez rien d’autre à offrir que de la propagande... Un peu à la manière d’un rabbin qui est là pour persuader plutôt que d’enseigner...
Vu l’apriori des questions qu’on pose, cet article venant répondre à cette question :
"Par definition la Massoreth est une chose que l’on passe d’une generation a une autre , d’un rav a un talmid. "Moshe a recu la Thora au Sinai et l’a transmise (mesara) a Josue etc…) (Pikke Avoth). C’est donc bien d’un dogmatisme qu’il s’agit et non d’un echange bilateral ou d’une discussion."
Il semble donc nécessaire d’expliquer des choses qui vont peut-être de soi pour des gens comme vous.
Je préfèrerais en effet ne pas avoir à enfoncer de telles portes ouvertes et ne pas devoir sans cesse remettre certaines pendules à l’heure. Il n’empêche que c’est nécessaire.
En l’occurrence, il ne s’agit pas de propagande, mais de saisir des points de vue fondamentalement différents sur une même tradition. C’est loin d’être anodin et les conséquences gigantesques dans un sens ou un autre pour le judaïsme.
La posture intellectuelle qu’on peut adopter vis à vis d’une tradition fonde celle-ci. Vous y voyez une connerie, moi j’y vois l’axiome même d’une appartenance et la possibilité ou non d’un avenir. Une tradition sans pertinence, aussi belle soit-elle au départ, est vouée à disparaitre. J’espère que ce ne sera jamais le cas du judaïsme.
Bien à vous.
Yeshaya Dalsace
Article très intéressant, comme chaque fois. Merci, ne vous laissez pas faire par vos détracteurs (toujours les mêmes d’ailleurs).
Voici une illustration du même problème dans l’Islam (d’après le site d’information memri que je conseille)
Un chroniqueur saoudien : "Il n´y a pas d´islam sans djihad"
Anas Zahed, chroniqueur pour le quotidien gouvernemental saoudien Al-Madina, a critiqué les intellectuels arabes et musulmans qui limitent le djihad à un combat d´ordre spirituel et personnel, alors que la " guerre contre l´occupation" serait, selon lui, son sens premier. Extraits :
"L´islam sans djihad est le produit du colonialisme et n´est en aucune façon relié à l´islam de Mahomet. Il ne fait aucun doute que le plus grand djihad est le djihad individuel, et c´est là la preuve que le terme djihad dans l´islam ne se limite pas au fait de mener la guerre… Cela ne signifie pas que le terme "djihad" n´inclurait pas de nombreux autres aspects, dont certains se rapportent aux responsabilités de l´individu face à la société, à la relation de la société [musulmane] et de la oumma aux sociétés et pays qui déclarent la guerre à un État musulman.
Depuis la guerre des Etats-Unis contre ce qu´on appelle le terrorisme, il est né un groupe d´écrivains et d´universitaires arabes et musulmans qui cherchent à limiter le djihad à une seule dimension, à savoir au djihad individuel. C´est exactement ce qui s´est passé en Inde à l´époque du colonialisme britannique, quand la secte Qadian, connue également sous le nom Ahmadiyya, a émergé, refusant le principe de la lutte contre les colonialistes. Elle a supprimé l´obligation du djihad en tant que guerre, se contentant de prêcher le djihad individuel.
Ce qui est frappant, c´est que ces prédications, qui visaient à supprimer le devoir de djihad dans l´islam, existaient alors, et existent toujours aujourd´hui, aux côtés de la forme la plus brutale d´impérialisme et d´occupation jamais connue dans le monde islamique, et plus particulièrement le monde arabe. Cela jette le doute sur les intentions des philosophes, auteurs et membres des médias qui ont pris sur eux de diffuser un islam "´amical´ obligeant ses adeptes à vivre avec l´occupation, les transferts [de population], les implantations et l´expulsion de leurs habitants par la force des armes.
Je comprends parfaitement que nous, musulmans, devions revoir [la définition du] terme ´djihad´, après que des bandes terroristes extrémistes ont tenté de s´approprier ce terme noble. De même, je comprends parfaitement que nous soyons tenus de prendre en compte les conditions et les limites du djihad, à savoir [que le djihad ne peut être déclaré que lorsque] les musulmans sont expulsés de leurs terres et [soumis] à la coercition religieuse.
Mais je ne comprends pas du tout l´appel des musulmans à revoir le terme ´djihad´ d´un point de vue qui repousse toute déclaration de guerre à ceux qui occupent leurs terres, tuent des innocents, détruisent des habitations et expulsent des millions de personnes. L´islam est une religion de justice, et le principe le plus fondamental de la justice veut que l´on s´oppose au mal et non qu´on abdique devant lui. Il va sans dire que l´occupation est la forme la plus sévère du mal. Si nous ajoutons à l´occupation les implantations et l´expulsion [de la population], nous arrivons au plus haut degré de mal que l´homme puisse subir. Il n´y a pas d´islam sans djihad."
Al-Madina (Arabie Saoudite), 24 juillet 2010.
C’est en effet exactement le même problème que chez nous et l’Islam est déchiré de la même manière. A quand une critique historique du Coran et de l’Islam ?
Merci encore de votre travail remarquable.
Sur la question de la propagande :
moi j’ai quand même appris des choses en lisant cet article : il ya une liste des Rabbins qui ont eu une appréhension rationnelle de la révélation et qui ont essayé de mettre en adéquation le défi de la raison et le mystère de la révélation. Avoir en tête qui a dit quoi, qui a travaillé sur quoi et dans quelle perspective et à quelle époque relève plus de l’érudition que de la propagande, à mon sens. Et ces points de repère évidemment je ne les avais pas avant de lire l’article.
Nathalie
Parcourez bien le site et vous trouverez toutes les informations contenues dans cet article.
Je ne dis pas que le site est mauvais. Au contraire, beaucoup d’articles sont complets et véritablement instructifs sur le judaïsme au sens large. Le problème vient de la répétition. On resasse les mêmes concepts, les mêmes controverses et débats (ex : modernes/fondamentalistes). Le webmaster ne nie pas cette répétition mais considère cela nécessaire pour "remettre certaines pendules l’heure".
En d’autres termes, il faut "éduquer" le lecteur quitte à répéter souvent les mêmes choses.
On est pas dans une neutralité scientifique mais dans un discours pastoral.
Peut être....
Mais il y a controverse et les points de théologie soulevés ne sont pas évidents à cerner, donc moi, personnellement, je trouve l’approche intéressante.
Nathalie
la tradition juive est l’etude....
a la recherche de.. "la lumiere" .
.source de vie, et de durée.
le peuple juif "peuple designe" , pour porter a la connaissance des peuples de
la terre".. le message universel de la creation de l’univers infini, pour le bien etre de tous qui sera "la gloire du createur" donc la raison superieure de son existence dans ce tout unique "la creation"
Bonjour tout le monde.
Pour ma part, même si les idées de ce texte sont exprimées ailleurs dans le site de manière "éparpillées" je pense qu’il est intéressant de faire un point précis sur ces différences de concept. Par contre, je rejoindrai le point de vue de AHER dans la mesure où il serait intéressant de ne pas se situer toujours dans la différence avec l’orthodoxie mais de marquer aussi la continuité avec elle.