Thème du séminaire :
La Loi comme source de sens dans le Judaïsme
La loi juive représente une dimension fondamentale du Judaïsme. Elle pose en même temps bien des problèmes au regard de la modernité et reste le sujet de nombreux débats.
La puissance symbolique de la Loi et son importance ont été mis en valeur par la psychanalyse. Elle est au cœur des grands textes juifs, depuis la Bible jusqu’à aujourd’hui.
Durant ce séminaire, nous tentions de cerner les enjeux de la Loi juive, ses fondements et ses limites. Si vous désirez participer à notre prochain séminaire d’étude juive (début juillet 2011 près d’Aix en Provence) vous pouvez déjà prendre contact avec nous. massorti@wanadoo.fr
Intervenants en 2010
- Rivon Krygier, rabbin d’Adath Shalom Paris 15e, écrivain et philosophe.
- Edouard Robberechts, philosophe, directeur de l’IECJ (Institut interuniversitaire d’études et de culture juives, Universités d’Aix-Marseille)
- Mireille Hadas-Lebel. Historienne, spécialiste du judaïsme antique et de la langue hébraïque Normalienne, agrégée et docteur ès lettres.
- Yeshaya Dalsace, rabbin de DorVador Paris 20e, conférencier sur Akadem et organisateur de ce séminaire.
- David Touboul, rabbin de Maayane Or Nice.
Conférences à écouter
Chaque intervention dure environ 1h30, vous pouvez soit l’écouter directement sur le site, soit télécharger le fichier mp3 et l’écouter sur votre baladeur.
Introduction à l’histoire de la Halakha .
Comment fonctionne cette colonne vertébrale du Judaïsme. Yeshaya Dalsace
1ère partie
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2e partie
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Y a-t-il 613 mitsvot ? – étude sur texte, Rivon Krygier
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La question de "l’a-normativité" : l’acceptation sociale de l’homosexualité comme identité sexuelle, un défit pour la halakha contemporaine. Débat Rivon Krygier et Yeshaya Dalsace.
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« naassé venishma ». Faire et comprendre, quelle est la priorité ? Etude sur texte. Rivon Krygier
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Le contexte historique de la naissance de la Halakha . Que sait-on de la question de la Halakha chez les différents courants juifs de la fin du deuxième Temple. Professeur Mireille Hadas Lebel
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Loi de Dieu ou loi des hommes, la Halakha dans le contexte de la révélation. Pour un juif pétri de connaissances historiques, qu’est-ce qu’une Mitsva ? Débat Edouard Robberechts et Yeshaya Dalsace
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A l’origine d’Israël. L’émergence de la mitsva : entre éthique et politique. Lecture biblique, le rôle de la Mitsva comme émergence du politique au moment de la sortie d’Egypte. Edouard Robberechts
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La troisième Tora, celle de l’appel d’après la Kabbale. La tension nécessaire entre l’injonction et sa mise en pratique. Edouard Robberechts
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Les différents courants du Judaïsme actuel et la Halakha . Où se place la ligne de partage entre ultra orthodoxie , orthodoxie , Massorti , libéraux. Yeshaya Dalsace et David Touboul
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Figures centrales de décisionnaires, de Maimonide à nos jours. David Touboul.
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La Halakha a-t-elle un avenir ? Les défis de la Halakha pour demain. Mise en perspective et conclusion du séminaire. Débat Yeshaya Dalsace et David Touboul
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Messages
Bonjour,
C’est déjà un grand travail de mettre les enregistrements. Mais personellement, j’ai une grande charge de travail et d’étude, et je n’ai pas le temps de tout écouter même si j’en serais très intéressé. Est-il en projet de mettre les interventions par écrit ?
Hag Saméah
L’histoire du Sinaï qui se renverse sur la tête des hébreux comme un baquet c’est vraiment intéressant. Quelque part on sait tous que si nous sommes devenus sociables et capables d’empathie c’est parce que nos parents n’ont cessé de nous menacer pour nous obliger à laisser les oripeaux de l’égoisme de l’enfant. Et ce deuil là n’est pas facile. C’est le deuil de l’omnipotence. Qu’est ce qu’on gagne à accepter la loi ? En tant qu’individu on a tous lutté enfant pour que nos caprices aient gain de cause, mais nos parents on dit non, parce que leurs parent, et les parents de leurs parents avaient dit non.... parce qu’on avait essayé, certainement, sans la loi, et que ça avait du donner quelque chose de terrible. D’où ce baquet. C’est la loi ou le chaos. La loi ou la disparition de l’identité sous l’effet de la pulsion sans frein. Freiner la pulsion, ou les pulsions, leurs trouver des contours, des chenaux, c’est devenir quelqu’un. Ou une communauté. Mais il en va de l’identité, du soi, et donc du début de l’histoire (de l’individu ou de la communauté).
Un peu loin du judaïsme sans doute, mais c’est à cela que cette image du baquet renversé me fait penser. A de la menace parentale, et à l’avènement de l’identité, du soi, sous une certaine forme de contrainte éducative, pour créer une histoire individuelle ou communautaire à partir du tohu bohu des origines.
la conférence sur la troisième Torah est très intéressante. Pas aussi difficile à suivre que les autres, assez limpide, et puis ce qui m’a bien plu c’est le fait de laisser entendre que même si je ne suis pas aussi intelligente ou intelligent que intel ou intel, l’important c’est d’avoir fait cet effort de compréhension ou simplement d’écoute qui est unique (chaque individu a le sien) et en c’est en ce sens là que je comprends que l’étude est centrale dans le judaïsme : c’est avec l’appui de la tradition mais aussi en me posant mes propres questions à moi que je pourrai répondre à cet appel vers la transcendance, à ce cheminement qui, enfin à mon sens, peut prendre des milliards de routes différentes, comme chaque individu a dans son cerveau de quoi faire des milliards de synapses différentes et de faire circuler l’influx nerveux de milliards de façons différentes. Et cette fascination devant la multiplicité des chemins possibles, même si elle est très évidente et naïve, je la rapproche de la fascination possible devant l’immensité du ciel et du nombre infini des étoiles, c’est à dire de ce moment d’arrêt que l’humain ressent, même s’il n’est pas croyant, devant la complexité du réel qui ne saurait être défini. Donc ce réel qui m’échappe, bien qu’au quotidien il me semble perceptible par les sens (et donc évident, mais c’est une illusions), c’est une échelle de Jacob vers la transcendance. Du simple vers le complexe, c’est une voie vers la transcendance. Qu’importe sur quel barreau de cette échelle on se trouve, l’important ce serait déjà de voir, c’est à dire de percevoir, même si ce n’est pas réellement visible, qu’il y a une échelle.
Il y a une curiosité à propos de "naassé venishma" : c’est que la
formule pourrait aussi bien être inversée en "shema venaassé".
Comment expliquer cela ?
Nous savons tous qu’une tradition stipule que le "fais et entends"
renvoie à un usage traditionnel du judaïsme concernant les mitsvot :
en gros, il s’agit d’un ordre exigeant soumission, du type "fais sans
essayer de comprendre, et puis tu comprendras après". Je ne conteste
pas cette position, qui offre des avantages non négligeables : après
tout, qui ne s’est pas aperçu que le respect du Shabbat, i.e. d’une
mise en acte de certains gestes, comme allumer les lumières du
Shabbat, dire le Kiddoush , etc., ne porte signification que dans un
déploiement progressif, qui d’ailleurs ne cesse pas ?
Cela dit, nous avons pu recevoir fréquemment l’objection selon
laquelle le judaïsme consisterait en un islamisme à peine déguisé, du
genre "fais ci, fais ça, fais pas ci, fais pas ça !". Et, à l’époque
de la modernité, il faut bien répondre, et ceci d’autant plus que le
"fais et entends" peut se voir opposer un "entends et fais", qui exige un effort de compréhension active de notre part.
A.Y. Heschel , dans son ouvrage "The Prophets" propose une
interprétation que je trouve digne d’intérêt. L’idée, au moins telle
que je la comprends, est la suivante, et trouve sa source en I Rois 19:12, avec l’expression "une voix de fin silence", ou "une voix fine silencieuse"
pour exprimer la façon dont se présente pour nous la divinité : en
réalité, nous entendons sans cesse cette "voix de fin silence", cette "voix fine silencieuse".
André Chouraqui traduit "une voix, un silence subtil", qu’Élyahou entend... quand il l’entend !...
Dieu parle, et nous parle ; simplement, au moment où nous recevons cette
"voix de fin silence", elle est telle un murmure, non articulée en
mots et en phrases audibles. Nous entendons - tous - à tout moment.
Et ce sont précisément nos actes, qui, dans un moment second, nous
permettent d’entendre de façon articulable ce que nous avons entendu de façon intuitive.
Le schéma devient ternaire, et résout la contradiction : "écoute
indicible-action- écoute dicible". Cela est un processus constant...
sauf à prétendre immobiliser en un formalisme stérile la vie en
dialogue de l’homme avec Dieu !
Il devient alors certain que la vie de l’homme à l’écoute est sans
cesse informée, et de manière personnelle, et que sa conduite de vie
lui apparaît rétrospectivement, en fonction de ses actes. Ce qui,
soit dit en passant, nous permet de tenter de nous corriger de nos
actes malencontreux, et de manière générale de faire retour sur nos
choix, bons et/ou mauvais.
Il est intéressant de signaler que A.Y. Heschel avait été formé à
l’école de la Phénoménologie de Edmund Husserl, dont la philosophie
lui parvint lors de ses études à Berlin.
Heschel reprend l’idée husserlienne selon laquelle l’homme oscille
sans cesse entre un moment "anté-prédicatif" (l’indicible du fin
silence) et le moment prédicatif (le dicible) qui lui offre un retour
de la réflexion après son acte, lequel peut être simplement une
pensée exprimée par rapport à laquelle s’effectue alors un choix
toujours possible.
Pour résumer, il est possible de renoncer à une version
infantilisante du "naassé venishma", pour se tourner vers une
éthique, pour ainsi dire juive, et tout autant universelle, de
l’homme à l’écoute de la voix intérieure, et qui se retourne sur ce
qu’il a cru comprendre, du fait de ce que ses actions réelles lui
permettent d’en comprendre dans la confrontation à ses actes par la réflexion.
Tout cela est orienté vers des choix de liberté et de responsabilité.
C’est bien d’ailleurs ce en quoi le risque du fondamentalisme
fanatique est, lui aussi, constant : prétendre faire taire et étouffer la voix de
fin silence....
Et, pour le dire tout simplement, ne disons-nous pas, chaque jour, "Shema Israel" ?