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L’impureté de l’accouchée

L’impureté de l’accouchée

Drasha d’une Bat Mitsva -

Au cours de la préparation de la double paracha   de Tazria et Metsora, j’ai été particulièrement interpellée par les versets qui se trouvent au début de la paracha   Tazria, où il s’agit des lois concernant la femme qui vient d’accoucher.

Si celle-ci accouche d’un garçon, elle reste impure pendant 40 jours, tandis que si elle accouche d’une fille, elle reste impure pendant 80 jours, soit deux fois plus longtemps.

Cette loi m’a intriguée, d’abord parce que la naissance est pour moi un évènement tellement beau, qu’il me semble difficile d’imaginer qu’il puisse engendrer un état d’impureté chez la mère. D’autre part, le fait que la durée d’impureté soit doublée par la venue au monde d’une fille m’a paru incompréhensible, voire choquant.

J’ai donc cherché à comprendre la signification de cette loi.

Impureté rituelle et perte de sang dans le judaïsme

L’impureté n’est pas un terme péjoratif, et ce n’est pas une punition ; c’ est d’abord un état spirituel lié au religieux : on parle d’impureté rituelle. Une personne en état d’impureté ne peut pas participer au culte. Cet état d’impureté est provisoire, il prend fin par un rituel qui permet de redevenir pur.

La plus grande source d’impureté est la mort. Tout contact, même symbolique, avec la mort engendre l’impureté. Autrement dit, la pureté correspond à la vie tandis que l’impureté est liée à la mort.

Il existe un rapport très important entre le judaïsme et la sainteté de la vie, le respect et le choix de la vie, comme nous l’explique le verset où Moïse recommande aux enfants d’Israël de choisir la vie et non la mort et de donner un sens à la vie : « J’ai placé devant toi la vie et la mort, le bonheur et le malheur. Choisis la vie ! » - Deutéronome 30, 19 – Par ce commandement, nous ne devons pas nous contenter juste de vivre mais nous devons faire consciemment le choix de la vie.

On peut d’ailleurs faire un rapprochement entre la définition par la Torah de « l’impureté » et l’état de « déprime » défini par nos psychologues d’aujourd’hui, ou dans les cas les plus graves de l’état de « dépression », c’est-à-dire la perte du goût de vivre, à un degré ou à un autre. En effet la période d’impureté correspond au temps nécessaire à la personne qui a eu contact avec la mort de se reconstruire et de faire à nouveau le choix de la vie.

Les règles sont la source la plus fréquente d’impureté de la femme. Le sang menstruel représente la vie, donc lorsqu’il est perdu, on suppose qu’il y a perte de la vie et l’on devient impur. Mais cet état d’impureté n’est pas définitif, d’ailleurs le rituel du Mikvé  , accompli par la femme à la fin de ses règles, lui permet une renaissance symbolique et donc le retour à la vie.

Impureté et baby-blues

D’après ce qui vient d’être dit, le fait de donner la vie devrait logiquement être une source de pureté et non d’impureté pour la maman. Il y a pourtant plusieurs raisons à l’état d’impureté qui suit l’accouchement.

Nous avons déjà signalé qu’après l’accouchement, la mère perd beaucoup de sang. La Paracha   nous dit : « elle sera impure pendant 7 jours comme au moment de ses règles ». La mère est donc impure à cause de cette perte de sang qui représente la vie, pendant 7 jours pour un garçon et 14 jours pour une fille. Elle est ensuite dans une période d’isolement entre la pureté et l’impureté pendant une période de 33 jours si le bébé est un garçon, et 66 jours si c’est une fille.

C’est cette période d’isolement où la mère n’a pas encore retrouvé son état de pureté qui est spécifique à l’accouchement. Il faut se souvenir qu’à une époque lointaine, la femme risquait sa vie en mettant au monde un enfant. L’état d’impureté découle en partie du fait qu’elle a échappé à la mort. Il lui faut du temps pour se remettre :

- physiquement

- spirituellement

- psychologiquement

- symboliquement

Pour redevenir pure, la mère doit offrir un sacrifice.

Lorsqu’un enfant naît, on sait qu’il est mortel puisque l’on sait qu’il va mourir un jour. Lorsqu’on n’a pas encore d’enfant, on se dit : « j’aimerais tellement avoir un bébé ! ». C’est comme s’il était immortel puisqu’on n’en a pas encore et qu’il ne mourra pas. La prise de conscience d’avoir donné naissance à un être mortel peut également expliquer l’impureté de la nouvelle maman.

Enfin, quand elle accouche, la mère doit faire le deuil du fœtus qu’elle portait en elle. Quand son enfant est né, elle n’a plus cette vie qu’elle gardait en elle. C’est ce que les psychologues appellent le baby- blues, et la mère doit surmonter cela.

Pourquoi alors la période d’isolement est-elle doublée pour une fille ?
Peut-être parce que la fille portera un jour elle-même la vie. Lorsqu’elle donne naissance à une petite fille, la mère portait doublement la vie et aura donc besoin, selon la Torah, de deux fois plus de temps que pour un garçon pour se reconstruire spirituellement.

Enseignement

Ce que j’essaie de comprendre dans le judaïsme, c’est la façon d’accepter la vie et la mort, de les comprendre tout autant, de ne pas en avoir peur, d’assumer les responsabilités et de les respecter.

Le message que j’aimerais vous faire passer est le suivant : profitez de la vie, n’ayez pas peur de la mort, car cela vous enseignera beaucoup de choses, qu’elles soient positives ou négatives, et vous interrogera sur les différentes façons de vivre dans le judaïsme.

Hanna Rosenblum, bat mitsva   en mai 2006.

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