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Les bus de la pudeur

Les bus de la pudeur

Au cœur de la communauté intégriste, dont le poids ne cesse de croître dans la société israélienne, un groupe de femmes emmenées par une Américaine écrivain tente de secouer la domination masculine.

Le bus de la ligne numéro 40 s’immobilise devant un arrêt de Méa Shéarim, le quartier ultraorthodoxe de Jérusalem.

Tout de noir vêtus et coiffés de leurs chapeaux qui laissent dépasser des papillotes, les hommes montent par l’avant de l’autobus, alors que les femmes en perruque empruntent une entrée séparée à l’arrière.

Les hommes s’assoient à l’avant, dans le sens de la circulation, tournant volontairement le dos aux femmes, cantonnées à l’arrière.

Qu’une passagère tente de s’infiltrer à l’avant, elle sera expulsée vers le fond.

Un groupe de femmes, appartenant à cette communauté religieuse, est entré en rébellion. En lançant une action en justice contre la ségrégation dans les transports en commun, elles espèrent aussi contrer la radicalisation des « hommes en noir » et leur influence grandissante sur la société israélienne.

Issue de la minorité ultraorthodoxe, l’écrivain féministe d’origine américaine Naomi Ragen a pris la tête de la révolte.

Victime d’une agression à bord du bus 40 durant l’été 2004, elle vient d’intenter un procès au ministère des Transports et à la compagnie d’autobus Egged.

« J’étais assise à l’avant et je lisais tranquillement un magazine lorsqu’un homme m’a ordonné de partir à l’arrière, pour lui céder ma place, raconte-t-elle. Lorsque j’ai refusé, il m’a hurlé dessus. J’ai été harcelée, humiliée et menacée pendant tout le trajet. J’étais terrorisée. »

L’homme en noir est mal tombé. Naomi Ragen, qui respecte scrupuleusement la religion et qui connaît les textes, lui cloue le bec lorsqu’elle lui demande de citer la loi juive interdisant aux femmes de s’asseoir à l’avant des autobus.

Et, depuis cet incident, elle ne décolère pas. « J’ai pensé à Rosa Parks à l’époque de la ségrégation aux États-Unis, et j’ai décidé que je ne pouvais pas laisser passer cela, s’indigne Naomi Ragen.

On force les femmes à s’habiller d’une certaine façon, à s’asseoir à l’arrière. Si vous portez un pantalon, vous êtes expulsée. On ne peut accepter une telle discrimination dans un État démocratique.

Une minorité active de la communauté ultraorthodoxe impose une véritable »talibanisation de la société. Les hommes regardent ce qui se passe dans certains pays musulmans et se disent : »Génial, on peut faire pareil ici. J’ai décidé de me battre contre cela. »

De plus en plus nombreuse, la communauté ultraorthodoxe exerce une influence croissante sur la société israélienne.

Il y a dix ans, seulement deux lignes d’autobus pratiquaient la ségrégation des femmes à Jérusalem.

Aujourd’hui, un tiers des habitants de la Ville sainte appartient à la communauté ultraorthodoxe, dont le maire. Les deux principales compagnies d’autobus se sont adaptées et une trentaine de bus pratiquent désormais la ségrégation. Dans des quartiers ultraorthodoxes, à travers le pays, certaines banques imposent des guichets séparés pour les hommes et les femmes.
Autodafé de collants et « patrouille de la pudeur »

Dans la ville de Beit Shemesh, où vit une forte communauté intégriste, les femmes ont interdiction d’emprunter le trottoir qui passe devant la synagogue de la rue Hagar Ish, afin d’éviter les frôlements involontaires entre hommes et femmes.

« On ne veut pas d’attroupement de femmes devant la synagogue, raconte Avraham, un étudiant en religion âgé de 31 ans. On doit pouvoir passer sans croiser de femmes, afin d’éviter les tentations. Ainsi, on réduit le nombre de divorces. C’est dans l’intérêt de tout le monde. Les femmes sont très heureuses comme ça, elles aussi. »

Les exemples d’un poids grandissant de la communauté sont légion.

À l’automne 2006, à l’annonce du défilé annuel des homosexuels à Jérusalem, des ultraorthodoxes ont incendié les poubelles et barré les rues de la ville pendant une semaine. La gay parade s’est tenue dans un stade universitaire, loin du centre-ville.

Dans un arrêt retentissant, un rabbin   éminent a interdit aux femmes d’accéder à des diplômes universitaires, au risque de compromettre l’équilibre économique de la communauté ultraorthodoxe, où les femmes travaillent pour permettre aux hommes d’étudier la Torah.

Des rabbins   en vue de la minorité ultraorthodoxe la plus extrémiste ont organisé un autodafé d’un monceau de collants, trop ajourés à leur goût.

Et depuis quelques mois, les membres d’une « patrouille de la pudeur » s’en prennent aussi aux femmes vêtues selon eux de façon « provocante », qui circulent dans les quartiers habités par les haredim   (ultraorthodoxes) du nord de Jérusalem. La boutique de vêtements féminins Princesse, rue Méa Shéarim, reçoit régulièrement des visites de la patrouille. « Ils nous demandent de retirer de la vente des robes qu’ils jugent trop courtes, explique le patron. Si on veut faire affaires dans le quartier, il faut se plier aux règles : nos vêtements ne doivent rien laisser entrevoir de la peau, mis à part les mains et le visage. »

La crainte de la tentation sexuelle est permanente dans la société ultraorthodoxe.

Les femmes doivent adopter une tenue pudique qui implique de cacher ses cheveux, ses bras et même ses chevilles. Tout contact physique avec un homme autre que son mari est interdit à la femme, au point qu’elle ne doit jamais se retrouver seule avec lui.

Ces contraintes limitent fortement les capacités de sortie des femmes, que ce soit pour les loisirs ou le travail. Les mariages se font jeunes et sont souvent arrangés. Ils ont pour but d’avoir un maximum d’enfants. Sauf cas médicaux, les familles ont de cinq à dix enfants (sept par famille en moyenne en 2005).

Boucher à Méa Shéarim, Joel Kreuz, issu de la Edah Haredit, la tendance la plus radicale des ultraorthodoxes, dirige un comité de surveillance des magasins. « Si les commerçants se mettent à vendre des vêtements laïcs, le quartier sera envahi par un public indésirable, explique-t-il. Nous vivons ici en communauté afin d’échapper aux évolutions négatives du monde extérieur. »

À Méa Shéarim, dont les accès sont fermés aux voitures pendant le shabbat, sous peine d’être caillassées, des panneaux rappellent aux visiteuses de se vêtir pudiquement.

Les ultraorthodoxes rejettent toute une part de la modernité occidentale et considèrent le monde qui les entoure comme une source permanente de perversion. La télévision et la publicité sont une source d’images « explicites » qui ne sont pas les bienvenues, notamment parce qu’elles peuvent propager des valeurs d’indépendance de l’individu, d’égalité des religions et des sexes.

Les haredim   vivent généralement en marge de la société laïque, dans leurs quartiers et sous la direction de leurs rabbins  , seule source de pouvoir pleinement légitime à leurs yeux. Ainsi, Joel Kreuz n’utilise que les téléphones portables kasher  , sans accès à Internet ni aux SMS. Il s’est débarrassé de son ordinateur lorsqu’Internet a fait son apparition, pour ne pas être exposé aux images occidentales. Il n’a jamais vu un film de sa vie.

Pour les ultraorthodoxes, la Torah doit être la source de toute législation, et le refus de l’État hébreu d’accepter ce principe lui retire sa légitimité. Ainsi, les hommes en noir sont opposés à l’élaboration d’une Constitution, lui préférant le système actuel de « lois fondamentales ».

L’écrasante majorité des ultraorthodoxes participe néanmoins aux élections, où ils votent pour des partis qui les représentent. Mais pas Joel Kreuz, qui, en accord avec l’idéologie radicale de la Edah Haredit, est violemment antisioniste. Il ne participe à aucun scrutin politique, rejette les subventions de l’État et refuse de bénéficier du système israélien de couverture sociale et médicale.

Il juge « positive » la séparation totale imposée aux femmes dans certains régimes islamiques. « Chez nous, il y a du laisser-aller, regrette-t-il. Les femmes devraient être couvertes de la tête aux pieds, y compris le visage. »

Même dans la communauté ultraorthodoxe, ceux qui prônent ouvertement des pratiques discriminatoires aussi radicales font figure d’exceptions.

Cependant, à bord du bus de la ligne 40, personne ne s’offusque de la séparation imposée.

Un rabbin   affirme remercier trois fois par jour l’Éternel pour la création des bus séparés. « La séparation entre hommes et femmes est un principe fondamental de la loi juive, dit-il. On se porte mieux lorsqu’on ne voit pas les femmes. »

Selon ce rabbin  , même une femme enceinte ne peut pas s’asseoir à l’avant si la section réservée aux femmes à l’arrière est complète. « Cela peut vous sembler étrange, dit-il. Mais on ne peut tolérer aucune entorse à la loi, sinon il n’existe plus de loi. »

À l’arrière, les femmes ultraorthodoxes ne se disent pas choquées. « C’est mieux pour nous, car si nos hommes ne sont pas tentés, nous évitons les infidélités. Et puis, nous échappons aussi aux regards inappropriés des hommes et aux agressions en tout genre », affirme une femme revêtue d’une longue robe noire et coiffée d’un foulard.

Certaines se plaignent du manque de place à l’arrière aux heures de pointe. Naomi Ragen assure que de nombreuses femmes ont déjà rejoint son combat et que d’autres, n’osant pas s’exprimer publiquement, la remercient discrètement.

Selon elle, une majorité silencieuse de femmes refusent de se laisser dicter la loi des « hommes en noir ».

Nous conseillons la lecture du roman de Naomi Ragen maintenant traduit en français : Sotah.

Messages

Les bus de la pudeur

De plus en plus rigolo...

Les bus de la pudeur

Bien que n’étant globalement pas d’accord avec ces pratiques poussées, je trouve néanmoins nécessaire de vous faire remarquer que votre article n’est pas très objectif et honnête...
En effet, il présente le monde Haredi   comme une société ou les femmes seraient soumises aux hommes qui auraient tout les droits. Rappelons tout de même que ce n’est pas seulement la femme qui ne peut toucher un autre homme que son mari mais celui-ci ne peut également pas toucher une autre femme...
Pareillement, il n’a pas le droit de passer entre deux femmes, ni de les regarder. Cela est d’ailleurs la halakha   stricte, certains sont plus coulants...
On peut aussi rajouter que les haredim   n’ont pas non plus le droit d’aller à l’université et doivent porter un uniforme qui qui les couvre totalement...

tout ça pour vous dire que le monde haredi   n’est en rien machiste (comme il en ressort de votre article) mais uniquement très (trop) strict sur la séparation des sexes et les régles de pudeur, autant envers les hommes que les femmes...

Cordialement

le webmaster de http://modernorthodox.over-blog.com/

Les bus de la pudeur

Cher ami,

Nous avons eu déjà quelques échanges intéressants sur votre blog. Vous cherchez dans votre blog à présenter une vision orthodoxe   moderne du monde juif. De ce fait, vous êtes en quête d’une certaine objectivité et forcément d’un esprit critique. De ce point de vue comme sur beaucoup d’autres sujets et manières de voir, Massorti   et orthodoxes   modernes jouons exactement dans la même cour.

Tout d’abord cet article et repris d’un journal. On peut discuter du style de l’écriture, mais il n’en demeure pas moins que ce qu’il présente est vrai et relativement objectif.

Sur la question de fond du machisme : je ne suis pas du tout accord avec vous. Il me semble totalement malhonnête d’affirmer que le monde haredi   n’est pas machiste. Tout le système du judaïsme repose sur un système patriarcal machiste. C’est vrai depuis les récits bibliques en passant par les développements de la Halakha   talmudique, sans compter de nombreuses Agadot assez hautes en couleurs. Je pense donc que l’ensemble du monde juif est héritier de ce machisme. Il n’y a pas en avoir honte, ce machisme est le reflet de la mentalité humaine.

Là-dessus nos sources ne sont pas pires que d’autres systèmes, au contraire (les grecs par exemple).

N’oublions jamais que la littérature rabbinique est une littérature exclusivement masculine. Les femmes juives sont les grandes muettes de la littérature traditionnelle.

En tant que Massorti   je reconnais le machisme de ma tradition juive et j’essaie de trouver des solutions pour faire en sorte que la tradition de juive se débarrasse de ce machisme sans pour autant se trahir.

Par définition, le monde haredi   considère que toute la tradition est l’expression stricto sensu de la volonté divine. Il n’est absolument pas prêt à discuter de telle ou telle règle concernant les femmes. Et refuse absolument de relativiser les choses en les replaçant dans leur contexte historique (contrairement aux modernistes comme vous et moi).

Cette manière de penser lui permet de conserver son mode de vie, je trouve cela tout à fait respectable, mais il y a un prix à payer. Ce prix est entre autres la conservation du machisme juif ancestral.

Le monde haredi   ne donne strictement aucun pouvoir aux femmes dans son système. Une femme haredi   n’a aucune chance d’accéder à quelque poste important que ce soit dans son système sociétal. Elle peut être une bonne mère de famille, une bonne maîtresse d’école, une bonne employée de banque, … elle ne sera jamais un personnage important de cette société. Tout ce qu’elle fera ou décidera dans sa vie devra l’être avec l’approbation du monde des hommes. Si cela n’est pas du machisme qu’est-ce que c’est ?

Sur la question sexuelle, la femme est considérée de façon radicale comme un objet de désir potentiel. C’est un des paradoxes du monde haredi   qui rejette la société occidentale faisant de la femme un objet (critique que je comprends parfaitement) mais qui à son tour la traite de façon quasi exclusive comme un objet sexuel et lui refuse tout droit à la parole publique.

Ce qui est intéressant, c’est qu’à partir de simples règles de pudeurs assez compréhensibles, on arrive de plus en plus à une espèce d’obsession pathologique de cette société pour tout ce qui est de l’ordre du rapport hommes-femmes. La question de la séparation dans les bus relève, me semble-t-il, de cette pathologie obsessionnelle.

Je crois qu’on atteint un niveau beaucoup plus malsain que le simple machisme traditionnel. C’est d’ailleurs le propre du monde haredi   que de pousser à son paroxysme un mode de vie au départ assez naturel.

Je crois que si on voulait aller jusqu’au bout de la critique du monde haredi   sur ces questions, (on peut y ajouter bien d’autres points comme la fermeture à la science, à la culture générale et même à la culture juive, le racisme banalisé y compris contre d’autres juifs, le mépris de la différence, le manque total de transparence politique et de débat démocratique, la persécution des « déviants », etc…) cet article ferait pâle figure et effleure seulement la surface visible du problème. Je le trouve plutôt bien gentil  

Cela dit ce monde haredi   a également ses qualités qu’il faut reconnaitre et des aspects absolument admirables. Il ne s’agit donc nullement de caricaturer.

Acceptons de reconnaitre humblement nos défauts et osons dénoncer les dérives sans tomber dans l’apologie de comportements régressifs vis à vis des femmes.

Yeshaya Dalsace

Les bus de la pudeur

cher Rabbin   Dalsace,
vous parlez des différences entre modern orthodoxy et massorti  . Dans votre réponse vous pointez du doigt sur une différence majeur : le regard porté sur la tradition juive.
En effet, vous n’hesitez pas à qualifier la tradition rabbinique de machiste, ce qui est, à mon avis, totalement faux. La Guemara, les Richonim   et les Acharonim parlent peu des femmes, cela est certains, mais la raison ne réside dans aucun machisme.
Il s’agit simplement de l’état dans lequel les choses se passaient à cette époque.
Les femmes juives et non-juives étaient analphabétes et étaient mariées jeunes. L’écrasante majorité demeuraient ignorantes toutes leurs vies, quelle femme les Tanaim auraient-ils pu citer dans la guemara ? Si, par hasard, une femme sortait du lot, alors les sages   de l’époque la respectaient comme leur égal, comme ce fut le cas pour Brouria...

Critiquer la tradition rabbinique c’est faire tomber un dogme bien trop dangereux. Je ne dit pas que tout ce que les rabbins   ont pu dire ou ecrire est immuable et sacré, mais il est clair que nous devons en premier lieu essayer de comprendre leur avis avant de le rejeter...
Deuxiement, briser le canonisme de nos textes de bases, comme le Tanakh   ou la Guemara, ne peut que conduire à des dérives totales.
Vous ne pouvez par exemple pas nier que certaines décision du mouvement Massorti   sont en contradiciton flagrante avec la Torah et la totalité des sources halakhiques. Il y a par exemple le cas des femmes Hazan   qui ne peuvent en aucun cas aquiter les hommes. On peut aussi rajouter le débat sur les mariages homosexuels qui sont interdit explicitement dans la torah...

cordialement

le webmaster de http://modernorthodox.over-blog.com

Les bus de la pudeur

Cher ami,

Je comprends parfaitement vos réticences.

Vous abordez plusieurs points importants et je ne peux répondre à tout ici.
Si vous le voulez bien, gardons la discussion sur le mouvement Massorti   et la halakha   pour un autre article, ce n’est pas ici le sujet, je répondrai ailleurs.

La question essentielle ici est celle de l’apologie. Faut-il ou non accepter de reconnaître les défauts d’une tradition religieuse à laquelle on appartient et dans laquelle on se reconnaît ? Vous pensez que non, j’affirme que oui. Ce qui n’enlève rien à mon adhésion à cette tradition.

Que ce soit très clair, à mes yeux, l’apologie représente une insulte à la vérité et l’honnêteté intellectuelle. C’est une forme de discours assez insupportable qui discrédite totalement, à mes yeux, un discours religieux. Je parle en mon nom personnel, non pas au nom du mouvement Massorti   dans lequel certaines personnes ont des opinions sûrement différentes. Je préfère l’honnêteté intellectuelle risquant de mener à un déséquilibre, à un discours enrobé de mensonges et de non-dits afin de se maintenir sur ses pieds artificiellement. Pour moi c’est une position éthique et spirituelle essentielle. Si le Judaïsme repose sur la fermeture et la langue de bois, quel intérêt a-t-il ?

Je pense que le judaïsme est suffisamment fort pour supporter cela et possèdent toutes les ressources internes lui permettant un regard honnête sur lui-même. Je pense surtout que ce sans cela, il perd toute pertinence. Je ne vois absolument pas la nécessité de faire des efforts pour rester juif ou défendre une tradition séculaire avec tous les sacrifices que cela exige, si tout cela est basé sur un discours apologétique artificiel. Ma position est donc une position spirituelle, intellectuelle et éthique de principe.

Sur la question du machisme. Peut-être le mot est-il anachronique, mais il s’applique à la plupart des traditions humaines y compris la tradition juive. Je ne vois aucune raison de le nier.

Les sages   du talmud   considéraient de façon très claire qu’il existe deux sortes d’êtres humains : les juifs et les autres. Parmi les juifs, ils les divisaient en deux catégories : ceux qui pouvaient profiter d’une pleine responsabilité du fait de leur autonomie et les autres, moins responsables car moins autonomes. Dans le deuxième groupe ils mettaient les femmes, les esclaves, les mineurs… Ils avaient leur raison de faire ce classement, mais leurs raisons étaient nourries fortement de machisme ; cela me parait difficile à nier.

Ils ne le faisaient nullement parce que les femmes manquaient d’instructions. Si les femmes manquaient d’instruction – c’est parce qu’ils le voulaient et ne les instruisaient pas. Ils considéraient tout simplement qu’une femme n’a pas besoin d’étudier. Je ne vois pas comment qualifier une telle attitude sinon de machiste.
Je ne remets nullement en cause leur intelligence, la pertinence de l’enseignement, l’obligation de respecter leurs commandements, je dis seulement que leur position repose sur un a priori machiste du genre humain que je ne partage pas.

Cela ne veut pas dire qu’ils étaient tous machistes au même degré, où qu’ils n’étaient pas capables de reconnaître les qualités d’une Brouria (l’exception qui confirme la règle, mais également fortement malmenée et jamais considérée comme pleinement leur égale). Cela ne veut pas dire que les textes portant sur la position des femmes ne sont pas passionnants et plein d’instruction pour nous. Mais j’ai juste l’honnêteté de reconnaître un fait qui me semble indéniable.

Considérer qu’un être humain du fait de son sexe féminin possède des qualités intellectuelles différentes ou une incapacité à tenir des postes de responsabilité relève du machisme. Je ne vois vraiment pas comment on peut dire les choses autrement. Or c’est la position des rabbins   du talmud  .

En tant que croyant attaché à la tradition talmudique cela me désole. J’aurais tant aimé un autre discours, mais ce n’est pas le cas…

Il suffit de le reconnaitre honnêtement, de chercher à améliorer les choses et le problème se trouve réglé pour le Judaïsme contemporain. C’est l’immense mérite du judaïsme Massorti   d’avoir cette honnêteté là et de chercher des solutions. C’est la raison pour laquelle j’y ai adhérer et suis fier de le servir.

Le jour ou la modern orthodoxie   aura la même franchise et arrêtera l’apologie, nous n’aurons plus aucune différence (une bonne part des modern orthodoxes   le font déjà et nous sommes totalement sur la même longueur d’onde).

« Critiquer la tradition rabbinique c’est faire tomber un dogme bien trop dangereux. » Je crois que tout dogme est étranger au Judaïsme pur et relève de l’idolâtrie. Il faut briser les idoles, les nôtres en premier. Etre juif, à mes yeux, c’est cela aussi. Désolé. Il ne faut pas confondre « emouna   » basée sur un raisonnement honnête et « dogme ».

Bravo encore pour votre blog et votre ouverture critique.

Merci de nourrir un dialogue fructueux.

Yeshaya Dalsace

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