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Tsav, au-delà de la raison humaine

Tsav, au-delà de la raison humaine

3ème Livre de la Torah : Vayikra traite essentiellement des pratiques et des Mitsvot liées au Tabernacle  . Elle débute de manière curieuse par une injonction « tsav » qui signifie ordonne.

« Tsav et aaron véet banav lémor…. » : ordonne à Aaron et à ses fils, c’est à dire aux cohanim   aux prêtres que Moshé vient de oindre.

Des personnes normalement au dessus de tout soupçon, alors pourquoi leur ordonner de suivre les préceptes de l’Eternel ? Ils doivent normalement suivre les directives à la lettre. C’est pour bien montrer le caractère rigoureux des prescriptions et souligner que malgré qu’ils soient au dessus des autres béné israel ils n’en sont pas moins des hommes et que D est au dessus d’eux et qu’ils ne doivent pas confondre la charge qui les rend sains avec la sainteté elle-même.

C’est le sens de la fable de La Fontaine l’âne qui portait les reliques et qui croyait dans sa fatuité que les dévotions lui étaient destinées et non aux reliques qu’il portait sur son dos. Lors des triomphes romains les Césars avaient auprès d’eux un esclave qui leur répétait sans arrêt : « souviens-toi que tu n’es qu’un humain… ».pour éviter qu’ils se prennent pour des dieux. Si l’injonction est si catégorique : « tsav » (il s’agit d’un impératif), c’est que le fait d’accomplir ce rituel aurait pu les emmener à confondre les rôles. Le fait d‘être ainsi mandatés les ramenait à une dimension humaine. Les sacrifices ne leur étaient pas destinés, et devoir accomplir des gestes précis sur ordre, les remettaient à leur place. Les holocaustes quotidiens devaient être entièrement brûlés, alors que dans les autres types de sacrifices le donateur repartait avec la carcasse après avoir abandonné une part aux prêtres. Cette consumation et non consommation marquait un peu plus qu’ils n’étaient que des instruments d’une volonté supérieure ; devant accomplir des gestes dont le mystère les dépassait.

Ce « tsav » devrait aujourd’hui résonner voire raisonner dans nos têtes, tsav c’est le remède à la routine. Accomplir ce que l’on a à faire sans y prêter attention c’est banaliser. Les rites sacrificiels ont été remplacés par les prières, les prononcer mécaniquement c’est tomber dans l’erreur de l’âne. Les prières que nous prononçons ne sont ni destinées à nous même, ni à un rouleau de peau ou une armoire en bois et nous nous devons de les dire avec la plus grande attention comme si chaque jour était une nouveauté, avec toute l’attention requise.

La Torah nous décrit avec minutie la manière comment effectuer les différentes catégories de sacrifices. (l’holocauste, l’oblation, l’expiatoire, sacrifice de culpabilité, le rémunératoire).

  le sacrifice de la ôla (qui veut dire simplement "montée", alors que la traduction habituelle "holo-causte" veut dire en grec "brûlé tout entier").

 le sacrifice de min’ha, l’offrande ou l’oblation.

 le sacrifice que le Cohen   doit apporter lors de sa nomination à la fonction.

 le sacrifice de ’hatate, ou expiation.

 le sacrifice de acham, ou culpabilité, traduit parfois "délictif".

 le sacrifice de reconnaissance ou zéva’h hachélamim, avec sa procédure de réalisation.

 la procédure que doit suivre celui qui apporte un sacrifice.

Le fait que Aharone et ses fils firent exactement tout ce qui leur avait été ordonné. Ces sacrifices et leur cérémonial dépassent l’entendement humain, on peut chercher des causes ou des raisons, élaborer des hypothèses mais aucune certitudes. Les véritables clés ne seront connues qu’aux temps messianiques. On appelle ces mitsvot des houkim.
Le mot ’hoq fait allusion à l’idée de barrière, selon un psaume de David " ’hoq natan vélo yaâvor " la limite de la Loi qu’il a donnée ne peut être franchie. Hachèm connaît les faiblesses humaines, dont la plus grande est celle de se prendre pour Dieu. Si l’homme avait la faculté de tout comprendre, il en arriverait à croire qu’il est lui-même le créateur, ainsi que l’histoire nous l’a appris, chaque fois qu’un empereur gagnait des guerres, il se prenait lui-même pour un Dieu, et ceci marquait le début de sa chute.

Il est ensuite longuement question du feu qui devait consumer entièrement ce sacrifice. A la différence des autres types de sacrifices restant la propriété de celui qui les avait offerts et dont une partie revenait au cohen   et à sa famille, l’holocauste devait être entièrement brûlé. Tout ceci est fortement symbolique… Il est dit que le feu devait brûler sans s’arrêter c’est à dire que la flamme pour l’Eternel ne doit jamais s’éteindre. C’est très bien de venir à la synagogue shabbat mais la dévotion ne dit pas se cantonner à un horaire précis, comme cela est rappelé dans le chéma en te levant, en te couchant, sur le chemin. Le feu sacré devait même être entretenu pendant le voyage entre deux étapes, y compris le shabbat.

Les gestes eux-mêmes sont empreints de symbolique, en effet ce sont les cohanim   qui doivent entretenir le feu et le débarrasser de ses cendres, pour bien nous faire comprendre trois principes :

  un travail n’est réellement achevé que lorsqu’on a nettoyé le lieu.

  Il n’y a pas de taches subalternes. Même les êtres choisis pour les fonctions les plus nobles et les plus élevées ne doivent pas perdre de vue que les le plus élevé ne peut se faire que si le matériel a été accompli. De là on en déduit le principe du Shabbat, le spirituel ne peut être accompli pleinement que si le matériel a été fait.

  De la cendre peut rejaillir la flamme. Même si un juif semble aujourd’hui éloigné de ses devoirs avec une foi tiède il peut repartir et bruler d’une belle flamme à condition d’être nettoyé et attisé. C’est donc un devoir sacré d’aider son prochain à faire téchouvah. Comme d’ailleurs le fait d’éteindre une flamme, atténuer une foi ardente est un grave délit.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’holocauste était réservé à l’expiation des fautes. La faute devait donc être consumée totalement et les cendres emportées hors du camp. Ce qui signifie qu’une fois la faute expiée sincèrement il n’en reste rien et qu’elle ne doit plus être rappelée.
Il en va de même pour les vêtements qui devaient être changés selon le type de besogne, c’est un respect en effet que d’adapter ses habits au type de tache.

On ne se rend pas à la synagogue avec ses vêtements de travail et on ne fait pas de travaux salissants avec des habits sacrés c’est une question de respect.

De nos jours, il n’y a plus de Temple c’est la table qui remplace l’autel et la prière qui tient lieu de sacrifice, c’est l’action de nos lèvres et nos attitudes qui remplacent les gestes des prêtres. Gardons cela présent à l’esprit lorsque nous prions, notre intention n’en sera que plus profonde.

Gérard ADJADJ responsable communautaire à Marseille

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