Question :
Monsieur le rabbin , il y a quelques jours, j’ai eu des amis "pratiquants" au téléphone qui ont invité ma sœur et son copain pour le deuxième Seder de Pèssah. Puis cette amie a voulu étendre son invitation et m’a demandé si je voulais me joindre à ma sœur. Quand je lui ai dit que mon mari n’était pas juif, elle m’a dit qu’elle s’excusait mais qu’elle ne pourrait pas l’inviter pour le Seder car « c’est la seule fête juive où les non-juifs ne sont pas admis à prendre part. » Elle semblait surprise que je ne connaisse pas cette halakha . En effet, je ne la connais pas. D’où vient-elle ? Où est elle mentionnée ? Dans un premier temps, j’ai été compréhensive et je l’ai simplement remerciée mais avec un peu de recul, je me suis sentie mal à l’aise et heurtée. Qu’en pensez-vous ?
Réponse :
Il existe bien une règle halakhique interdisant d’inviter une personne non-juive aux repas des fêtes prescrites par la Tora, contrairement à ceux de Chabbat où cela est parfaitement autorisé (Cf. Choulhan âroukh, Orah Haïm, 512). La raison de l’interdit en est que la dérogation autorisant la cuisson en ces jours (contrairement au Chabbat) ne vaut que pour les personnes qui observent elles-mêmes le chômage de la fête, ce qui n’est bien sûr pas le cas des personnes non-juives.
Ce n’est pas le lieu de détailler ici l’argumentaire et les sources afférentes.
Mais nous soutenons que si certaines précautions sont prises, comme celle de tenir une même cuisson pour l’ensemble des convives (et non en des ustensiles séparés), il n’y aurait aucune infraction à la loi fondamentale.
Ces mesures méritent d’être appliquées afin de lever toute prévention. En effet, il existe, à notre humble avis, diverses raisons religieuses majeures pour lesquelles il convient d’inviter des personnes non-juives lors des fêtes chômées :
1. michoum hinoukh, le-tsorèkh mitsva : « pour des raisons éducatives, en vue d’accomplissement de commandement », permettre à des candidats à la conversion de s’initier. (Voir par exemple : Moshe Feinstein , Iguèrèt Mochè, Yorè deâ 3:90 autorise d’enseigner la Tora à un candidat à la conversion.)
2. michoum kevod horim : « pour le respect des parents », honorer un parent non-juif. De nombreux décisionnaires ont estimé qu’il convenait de maintenir ce respect après une conversion de l’enfant au judaïsme. Or il est blessant pour un parent de ne pas être invité à une fête en raison de son statut « étranger » (Exemple : Sur le devoir de prier pour la santé d’un parent non-juif ou de réciter le Kaddich à sa mémoire cf. Ovadia Yossef , Yehavé daât 6:60. Sur l’importance de ne pas humilier le parent non-juif, par exemple en ne lui rendant pas visite, cf. Moshe Feinstein , Iguèrèt Mochè, Yorè deâ 213:130.)
3. michoum kirouv : « rapprocher des personnes. » Cela est vrai pour les deux partenaires d’un mariage mixte. Il ne convient pas de refuser à la personne juive d’accomplir un commandement pour lui appliquer une sanction. [1] Il est préférable de rapprocher l’époux ou l’épouse non-juifs du judaïsme plutôt que de les éloigner. [2]
4. mipné darké chalom (mi-choum éva) : « pour tracer les voies de la paix entre les hommes (ou : désamorcer l’animosité) ». De nombreux décisionnaires, en diverses circonstances, ont convenu de lever diverses règles antiques de discrimination intercommunautaire, afin de renforcer la confiance et d’édifier la fraternité entre les religions et les peuples.
(Exemples : Tossefta , Guittin 3:13-14. Et par suite : « Dans une ville où cohabitent Juifs et non-Juifs, on désigne chez les uns et les autres des responsables chargés de procéder aux collectes chez les uns comme chez les autres ; on nourrit les pauvres des uns comme des autres, on visite les malades des uns comme des autres, on enterre les morts des uns comme des autres, on console les endeuillés des uns comme des autres, pour tracer les voies de la paix » (T.J. Guitin, ch. 5, halakha 9). Le Hafèts Haïm (1838-1933) évoque l’usage de décisionnaires (post-Choulhan Âroukh), tels Moshe Isserlies qui autorisent d’envoyer de la nourriture préparée pendant les fêtes, à des non-juifs, si les aliments ont été préparés en une même cuisson, « mi-choum eiva : pour désamorcer l’animosité » (cf. Michna broura 512 :100, 6).)
S’agissant plus spécifiquement du Seder de Pèssah, autant que j’ai pu m’en enquérir dans les sources halakhiques, je n’ai jamais rencontré un interdit spécifique à Pèssah interdisant la participation de non-juifs ! J’ai même entendu explicitement de la bouche de mon maître (« Manitou », Léon Askénazi) que la présence de personnes non-juives était autorisée, à certaines conditions mentionnées ci-dessous ! Toutefois, je sais que cette « règle » circule et que certains rabbins la promeuvent.
D’où cela provient-il ? À mon sens, de l’interdit biblique de consommer l’agneau pascal (Pâque) :
« Et l’Éternel dit à Moïse et à Aaron : C’est ici le statut de la Pâque : Aucun étranger n’en mangera ; mais tout esclave, homme acheté à prix d’argent, tu le circonciras ; alors il en mangera. Le simple résident ou l’homme employé n’en mangeront point. Elle sera mangée dans une même maison ; tu n’emporteras point de sa chair hors de la maison, et vous n’en casserez pas un os. Toute l’assemblée d’Israël la fera. Et si un étranger séjourne chez toi, et veut faire la Pâque à l’Éternel, que tout mâle qui est à lui soit circoncis ; et alors il s’approchera pour la faire, et sera comme l’Israélite (de naissance) ; mais aucun incirconcis n’en mangera. Il y aura une même loi pour l’Israélite (de naissance) et pour l’étranger qui séjourne parmi vous » (Exode 12,43-49).
Il ressort de ce passage qu’à l’époque où l’agneau pascal était encore rituellement consommé, c’est-à-dire tant que le Temple existait, et semble-t-il pendant quelques siècles encore, seuls les « membres de l’alliance d’Israël » pouvaient en manger. Cette consommation constituait la quintessence de la célébration du Seder, veillée pascale. Cela excluait les mâles incirconcis – ne portant pas l’alliance d’Abraham dans leur chair – et les étrangers. Mais pas tous les étrangers ! Ceux qui vivaient dans la société hébreue et s’identifiaient à son destin au point d’entrer dans l’alliance de la circoncision pouvaient en consommer sans discrimination aucune. En revanche, la seule « sympathie » envers le peuple juif ne suffisait pas pour autoriser cette consommation.
Il faut en comprendre le sens : consommer l’agneau était signe d’allégeance, de « communion » et n’avait donc de sens et de vérité que pour celui qui faisait partie ou s’était adjoint à Israël. C’est ce que l’on relever dans une aggada du Talmud de Jérusalem : le préfèt romain Antonin exprime son amertume auprès de Rabbi (Yehouda, le patriarche) sur le fait paradoxal que le judaïsme lui promettait de pouvoir consommer du Léviathan dans le monde à venir (en tant que « juste parmi les nations ») mais lui interdisait (en tant que non-juif) de consommer l’agneau pascal ! Bien que contradictoire à première vue, la règle a sa cohérence. Seule la conversion au judaïsme pouvait dans les nouveaux contextes valoir pour allégeance à Israël, et donc être exprimée symboliquement par la consommation de l’agneau pascal. Cela n’enlevait pas la dignité et le mérite du non-juif auquel était promis la « béatitude » dans le monde à venir si tant est qu’il s’était comporté en juste au cours de son séjour terrestre.
Puisqu’à l’époque de Rabbi (début du IIIe s.), le Temple était détruit depuis plus d’un siècle, certains ont pu en déduire que ce qu’avait interdit Rabbi à Antonin n’était plus l’agneau lui-même mais son substitut symbolique, « afikoman ». En effet, à une époque plus tardive (IIIe s.), on voit dans le Talmud de Babylone Rav Yehouda enseigner au nom de Chemouel que désormais un morceau de pain azyme, matsa, devait remplacer symboliquement l’agneau ou à tout le moins évoquer la matsa qui l’accompagnait rituellement. Ce morceau de matsa substitut mémoriel de l’agneau pascal prit ultérieurement pour nom celui de « afikoman ».
C’est probablement la transposition à l’afikoman de l’interdiction faite à des non-juifs de consommer l’agneau pascal, qui a induit l’opinion qu’il ne fallait pas partager le repas de Pèssah avec des non-juifs. Toutefois, je n’ai vu nulle part écrit qu’une telle « règle » avait force de loi. L’afikoman est un support de mémoire secondaire et n’a donc pas une valeur équivalente à celle de l’agneau pascal. Et quand bien même l’interdit de consommation serait appliqué à des non-juifs, en souvenir de l’interdit de la consommation pascale – ce qui était préconisé par le rabbin Léon Askénazi – cela ne concerne que la consommation de l’afikoman, c’est-à-dire le petit morceau de matsa consommé symboliquement à la fin du repas festif. Autrement dit, un non-juif peut parfaitement être invité et assister au Seder de Pèssah et en partager le repas festif, tout en lui précisant au moment opportun qu’il ne convient pas qu’il consomme de l’afikoman. Il le comprendra d’autant mieux s’il est de culture chrétienne car il suffirait de lui expliquer avec toute la délicatesse requise que l’afikoman a une fonction similaire à celle de l’hostie de communion, que c’est un acte rituel d’allégeance pour celui qui fait partie d’Israël. C’est pourquoi, si on ne le lui en propose pas, ce n’est aucunement pour le heurter ou l’exclure de la fête mais pour respecter les choix identitaires des uns et des autres. Il va sans dire qu’une personne qui décide par suite de se convertir au judaïsme consommera l’afikoman comme tout autre personne juive.
In fine, et pour répondre globalement à la question posée, je dirais que s’il est vrai que Pèssah est une fête fondatrice qui concerne avant tout les juifs, on ne doit pas ignorer le fait qu’un non-juif marié à une juive soit invité à la table du Seder permet non seulement à cette épouse de maintenir son identité juive malgré le mariage mixte, mais est susceptible de rapprocher le mari de la tradition juive et éveiller en lui sinon le désir de s’adjoindre à la communauté d’Israël, à tout le moins de permettre à ses enfants de s’y maintenir. Inviter un parent non-juif produit le même effet positif. En revanche, une exclusion abrupte est non seulement désobligeante mais risque d’avoir des effets néfastes. Inviter une personne non-juive au Seder, même sans considérations familiales, constitue également, en une époque de large communication et de mondialisation, une formidable opportunité de faire connaître sa religion, ce qui permet à la fois de lever les vieilles suspicions et d’instaurer une meilleure compréhension et fraternité entre les familles religieuses.
D’où cela vient-il ? De l’interdit biblique de consommer l’agneau pascal (Pâque) :
Il ressort de ce passage qu’à l’époque où l’agneau pascal était encore rituellement consommé, c’est-à-dire tant que le Temple existait, et semble-t-il pendant quelques temps après, seuls les « membres de l’alliance d’Israël » pouvaient en manger. Cette consommation constituait le cœur de la célébration du Seder, veillée pascale. Cela excluait les mâles incirconcis – ne portant pas l’alliance d’Abraham dans leur chair – et les étrangers.
Mais pas tous les étrangers ! Ceux qui vivaient dans la société hébreue et s’indentifiaient à son destin au point d’entrer dans l’alliance de la circoncision pouvaient en consommer sans discrimination aucune. En revanche, la seule « sympathie » envers le peuple juif ne suffisait pas pour autoriser cette consommation.
Il faut en comprendre le sens : consommer l’agneau était signe d’allégeance, de « communion » et n’avait donc de vérité que pour celui qui fait partie ou s’adjoint à Israël. C’est ce qu’on peut voir dans une aggada du Talmud de Jérusalem (Cf. Meguila 1:11, 72b.) : le gouverneur Antonin exprime son amertume auprès de Rabbi (Yehouda, le patriarche) sur le fait paradoxal que le judaïsme lui promettait de pouvoir consommer du Léviathan dans le monde à venir (en tant qu’il se comporte en juste parmi les nations) mais lui interdisait (en tant que non-juif) de consommer l’agneau pascal ! Bien que paradoxale à première vue, la règle a sa cohérence. Seule la conversion au judaïsme pouvait dans les nouveaux contextes valoir pour allégeance à Israël, et donc être exprimée symboliquement par la consommation de l’agneau pascal. Cela n’enlevait pas la dignité du non-juif auquel était promis la “béatitude” dans le monde à venir si tant est qu’il se comportait en juste.
Puisqu’à l’époque de Rabbi (début du IIIe s.), le Temple était détruit depuis plus d’un siècle, certains ont pu en déduire que ce qu’avait interdit Rabbi à Antonin n’était plus l’agneau lui-même mais son substitut symbolique, « afikoman ». [3] En effet, à une époque plus tardive (IIIe s.), on voit dans le Talmud de Babylone Rav Yehouda enseigner au nom de Chemouel que désormais un morceau de pain azyme, matsa, devait remplacer symboliquement l’agneau ou à tout le moins évoquer la matsa qui l’accompagnait rituellement. [4] Ce morceau de matsa substitut mémoriel de l’agneau pascal prit pour nom ultérieurement celui de « afikoman ».
C’est probablement la transposition à l’afikoman de l’interdiction faite à des non-juifs de consommer l’agneau pascal, qui a induit l’opinion qu’il ne fallait pas partager le repas de Pèssah avec des non-juifs. Toutefois, je n’ai vu nulle part écrit qu’une telle « règle » avait force de loi. L’afikoman est un simple support de mémoire et n’a donc pas une valeur équivalente à celle de l’agneau pascal. Et quand bien même l’interdit de consommation serait-il appliqué à des non-juifs, en souvenir de l’interdit de la consommation pascale, ce qui était préconisé par le rabbin Léon Askénazi, cela ne concerne que la consommation de l’afikoman, c’est-à-dire le petit morceau de matsa consommé à la fin du repas festif.
Autrement dit, un non-juif peut parfaitement être invité et assister au seder de Pèssah et en partager le repas festif, tout en lui précisant au moment opportun qu’il ne convient pas qu’il consomme de l’afikoman. Il le comprendra d’autant mieux s’il est de culture chrétienne car il suffira de lui expliquer avec toute la délicatesse requise que l’afikoman est comme l’hostie de communion, que c’est un acte rituel d’allégeance pour celui qui fait partie ou s’adjoint à Israël, et qu’en conséquence, si on ne le lui en propose pas, ce n’est aucunement pour le heurter mais pour respecter les choix identitaires des uns et des autres.
J’ajouterais, sans le moindre prosélytisme, que le fait qu’un non-juif marié à une juive soit invité à la table du Seder permet non seulement à cette épouse de maintenir son identité juive malgré le mariage mixte, mais est susceptible de rapprocher le mari de la tradition juive et éveiller en lui le désir de s’adjoindre à la communauté d’Israël ou à tout le moins de permettre à ses enfants de s’y maintenir.
En revanche, une exclusion abrupte est non seulement blessante mais risque d’avoir des effets contraires à ceux escomptés.
Inviter une personne non-juive au Seder constitue également, en une époque de large communication et de mondialisation, une formidable opportunité de faire connaître sa religion, ce qui permet à la fois de lever les suspicions et d’instaurer une meilleure compréhension et fraternité entre les familles religieuses.
Rabbin Rivon Krygier, avril 2006
Messages
Bien que que la réponse du rabbin ne souffre d’aucune contestation ne peut-on pas y voir une légitimation du mariage exogamique ? Devenant une halakha cette vision serait-elle sans conséquence sur notre devenir ? L’absence de mariage exogamique n’est-t-il pas l’un des fondements de notre sortie de Mitsrayim et de notre naissance en tant que nation ?
Cher Monsieur,
Tout d’abord il est tout à fait légitime de discuter l’opinion d’un rabbin , elle est faite pour cela et le judaïsme ignore l’obéissance aveugle.
Votre remarque est juste. L’enjeu des mariages mixtes est un enjeu primordial pour le monde juif contemporain. Cependant, l’enfermement sur soi n’est qu’une des solutions et pas forcément la meilleure. L’intégration du non juif en est une autre. Enfin, le Seder n’est de toute façon pas un lieu de rencontre en vue d’un mariage… En général les couples se rencontrent ailleurs. L’enjeu est donc autre, celui d’un partage, d’une rencontre et d’une ouverture à l’autre. Il est le cas échéant celui de l’intégration de celui-ci au groupe juif et à cette identité.
Bon Pessah
Yeshaya Dalsace
Un vieil article que je découvre par hasard à travers Google…
Trois remarques :
1. L’idée véhiculée par les responsables de communautés est « d’essayer de ne pas donner Matsa sur laquelle on a récité la bénédiction au préalable , à un non-juif », et Cela même dix jours plus tard (pour autant qu’elle serait restait fraîche). La source de ce comportement se trouve dans les paroles du [*Riquenati*] cité par le [*Touré Zaav*] à la fin du siman 167. cette idée est rapportée dans nombreuses responsa .
2. En effet, il n’y a aucun interdis halahique direct, qu’un non-juif participe au seder. Cependant, nos sages ont interdit d’inviter un non-juif à la table de Yom Tov (même s’il ne mange pas) car Yom Tov a pour particularité halahique qu’on puisse y cuisiner (cuire par exemple) dans de conditions requises. Hors cette permission, pour des raisons qui dépassent bien évidemment ce forum, n’est valable que pour un juif (si l’acte de cuisiner est fait pour nourrir un juif) mais pas pour un non-juif. Voir [*choulkhan aroukh orah haim (512 : 1*])
3. Il reste halahiquement concevable d’inviter un non-juif à la table de chabbath (sauf yom tov qui tombe chabbath pour ce qui n’aurait pas compris…). Bien évidemment on prendra soin alors de n’avoir à table que du [*vin mévouchal*]. Pour ne pas transformer notre bon vin en « [*stam yenam*] ».
Simom
1. Il n’y a pas d’interdiction pour un non-Juif de consommer de la matsa au Séder, sauf à la rigueur pour l’afikoman qui fait débat : dans ce cas, si on suit cette opinion, on pourra expliquer au non-Juif, avant le Seder et avec tout le tact requis, qu’il est souhaitable qu’il ne mange pas de l’afikoman (s’il est chrétien, on pourra faire le parallèle : de la même manière qu’un non-chrétien n’a pas le droit de manger de l’hostie à l’église).
2. Vu qu’il y aura au moins un Juif à table, la nourriture préparée ne peut être considérée comme préparée pour un non-Juif : elle est préparée pour le(s) Juif(s) et il se trouve qu’un non-Juif est présent (et évidemment il mange, pourquoi sinon l’avoir invité ?!)
3. Si vous suivez cette ’houmra, pas besoin de prendre du vin mevouchal : il suffira là aussi soit de servir le vin soi-même, soit d’expliquer préalablement les choses au non-Juif et au Juif qui n’est pas chomer chabbath.
Shabbath shalom
Bonjour,
la question est deja traitee dans le mishna broura, qui precise bien que meme dans le cas ou l’on n’a pas specialement cuisiné pour le non juif, ca restera interdit. (Mishna Broura Siman 512, siman katan 3 et 4)
Hag sameah
Suite au message " la question est deja traitee dans le mishna broura, qui precise bien que meme dans le cas ou l’on n’a pas specialement cuisiné pour le non juif, ca restera interdit. (Mishna Broura Siman 512, siman katan 3 et 4) "
Cette insertion avec la référence du Mishna Broura est révélatrice d’une façon radicale de penser que nous (Massorti ) n’apprécions pas, car simpliste et sans nuances, fermant les portes et n’en ouvrant aucune (à Pessah ce devrait être l’inverse).
Tout d’abord on remarquera qu’elle se fait de façon anonyme, une personne répond sur un point Halakhique précis, sans dire qui elle est ni quel est son point de vue où son titre pour le faire.
Sa réponse va à l’encontre de celle donnée dans l’article qui autorise à inviter une personne non juive. Elle ne tient absolument pas compte des arguments avancés. Elle ne cherche nullement à comprendre la position émise dans l’article, mais à asséner une vérité toute faite et carrée, sans nuance et sans aucune prise en compte du contexte de la question. Il est évident qu’elle émane d’une personne ayant une vision orthodoxe bien formatée des choses.
Elle ne se base que sur une référence textuelle, qui n’est pas citée dans son intégralité et qui de plus n’est pas lu avec précision.
Nous devons donc faire une mise au point supplémentaire :
Le Mishna -broura (décisionnaire polonais du 19e siècle) ne traite que de la question technique de cuisiner (à comprendre dans le contexte de cette activité à Yom Tov) et n’entre dans aucune autre considération (contrairement au propos ci-dessus).
Plus encore, le Mishna -broura précise bien qu’un juif qui ne respecte pas le shabbat (soit près de 90 % des juifs aujourd’hui) doit être considéré comme un non-juif et qu’il est donc, selon la même logique, interdit de l’inviter au seder ! C’est évident que ce ne serait pas sa position de facto et que si l’on devait analyser la position précise du Mishna -broura sur ce problème, il faudrait prendre en compte également d’autres écrits de sa part.
Si l’on suit donc cette logique jusqu’au bout, le seder est une cérémonie réservée aux seuls juifs vraiment pratiquants… les autres en étant forcément exclus. Mais c’est oublier que le même Mishna -broura signale la permission de le faire un peu plus loin (comme cela est précisé dans l’article)
משנה ברורה סימן תקיב ס"ק ו
ויש מאחרונים שמקילין כשמבשל ביחד גם לצורך עצמו ובמקום איבה או הפסד ממון אפשר שיש לסמוך ע"ז :
Mais bien plus encore, peut-on vraiment traiter sérieusement d’une telle question en se fiant seulement au Mishna -broura et sans se replacer dans le contexte actuel ?
De notre point de vue, ce genre d’insertion assénée comme une vérité incontournable, montre un point de vue obsolète et surtout très superficiel, ne tenant absolument pas compte du contexte dans lequel a été écrit le Mishna -broura, ni du contexte dans lequel a été posé la question, ni de la réalité sociologique et spirituelle du peuple juif aujourd’hui, ne s’attachant qu’au seul point technique de l’acte de cuisiner à Yom Tov (en général, le repas du seder a été préparé avant et n’est donc pas concerné par cet interdit), bref ne réfléchissant pas beaucoup plus loin que le bout de son nez…
Cela n’est pas sans rappeler la définition classique du Hassid shoté, celui qui portant les tefilines et voyant une personne se noyer, ne va pas la sauver, car il est interdit de mettre des tefilines dans l’eau !
Nous ne pouvons donc que renvoyer à l’article ci-dessus de Rivon Krygier et au contraire inviter à faire partager le plus de gens possibles le seder de Pessah, notamment les membres non-juifs de la famille, et de leur offrir un judaïsme d’ouverture et d’intelligence. Ce qui est tout à fait compatible avec la question technique de respecter la problématique de la cuisson à Yom Tov, il suffit pour cela de cuisiner à l’avance ou de trouver d’autres solutions exprimées chez plusieurs commentateurs (tout cuir dans le même plat par exemple comme le rappelle mishna broura)…
Yeshaya Dalsace
Shalom !
Permettez moi la question qui suivra :
– Un chrétien (protestant) qui adhère aux valeurs du Judaïsme peut il être considéré comme un "goy " différent des autres "goyim " ?
Merci de votre sollicitude.
Bsd’’
Emile
Cher M.
Un chrétien est considéré par la tradition juive comme monothéiste. (Même si la nature du monothéisme chrétien, du fait de la trinité et de l’incarnation, est considérée comme édulcorée).
On pourrait à ce propos citer le talmud : « tout païen qui renonce au paganisme est appelé juif ».
Cela dit, le débat autour de la participation ou non à Pessah ne relève pas seulement des opinions de la personne non juive, mais de son statut vis-à-vis de l’alliance. Il est bien précisé dans les textes que seul celui qui a été circoncis selon le rite juif peut consommer de l’agneau Pascal. Cela exclurait un juif non circoncis.
Mais nous avons déjà indiqué que cette restriction n’a pas lieu d’être aujourd’hui pour la table du Seder.
Vous avez pu cependant constater que notre position ne fait pas l’unanimité.
Il est évident que tous les courants du judaïsme ne sont pas ouverts de la même manière au dialogue interreligieux, certains ne le sont même pas du tout.
C’est d’ailleurs exactement la même chose dans le monde chrétien, ou dans le monde musulman. Les tabous sur ces questions sont encore très forts dans certains milieux.
Yeshaya Dalsace
Bonjour ,
j’aimerais avoir votre avis sur la situation suivante : je suis baal techouva ( du moins j’essaie ) et je suis d’accord , pour le peu que je connais, avec les idées massorti , j’ai quitter la yéchiva et par la même occasion le monde orthodoxe , pour leur manque de tolérance, de sensibilité a leur prochain éloignés et de leur incapacité a nuancé leurs propos plaçant ainsi ceux qui les écoutes dans une logique unique refusant ou plutôt rejetant toute idées venant du monde extérieur , or voila barouch hachem j’ai compris que aussi faux puisse être une accusation , si elle ne contient pas une part de vérité elle n’a même pas lieu d’être , et cette froideur dont se plaigne ceux qui sont éloignés a propos des "religieux" est parfaitement justifié , rien est fait , penser , mise en œuvre afin de témoigner a ceux éloigné un quelconque intérêt . Bref je racontais ça pour que compreniez que je ne suis pas un un extrémiste ou quoi que ce soit .
Maintenant j’ai mon oncle que j’apprécie énormément et qui s’est marié avec une goya , il porte un intérêt pour le judaisme , il aime israel , croit en la parole des sages , accepte toujours quand il vient a la maison d’entendre un mot de Thora, il a fait faire la brit a son fils , ect .. ect
Donc ya pas de question de rejet qui se pose , je suis le seul "religieux" de la famille et je fais ce que je peux sans agis bêtement , car comprenant que nous sommes dans une génération faible et fragile inapte a supporter les grosses critiques .
Mais mon père ( qui aime énormément son frère et son neveu ) souhaite l’inviter pour pessah, et mon oncle ne vient pas sans sa femmes et son fils , et ça pour moi c’est inconcevable pour plusieurs points :
– parce que je galère déjà assez à créé une ambiance de Thora le soir du seder, c’est pas égoiste , c’est aussi pour les autres ,en ajoutant que ma mere n’aime pas sa femme , on peut pas dire que je l’apprécie beaucoup aussi ,
– parce que à 19 ans je me vois mal réussir a marier histoire de hagadot et non-juive : quelle histoire va la choqué ? la touché ? remettre en cause mon oncle ? blessé , visé , insinué , avec tout le discernement du monde je vois pas comment je suis sensé faire pour esquivé tout sans tombé une fois dans quelque chose qui serait prit mal par la conjointe
– une fois réunie ( j’ai déjà eu l’occasion de le vivre ) mes oncles et mon père partent sur des débats qui me hérissent le poil a propos de leur interprétation personnel de je ne sais quoi sur le roumach , donc au lieu de faire la mitsva de divre Thora je me retrouve dans des débat divre hapikoros
– et enfin parce que je ne rejète pas mon oncle mais que l’accepter pour pessah avec sa femme tout en se montrant TRES HEUREUX de les voir , c’est détaché de sa conscience l’erreur terrible qu’il fait chaque jour, c’est attester qu’on l’accepte comme ça et que il n’y a rien d’anormal , c’est l’aider a ignorer ce qu’il refuse de voir
– enfin rien ne dis qu’au cours du seder nous ne parvenons a faire germer quelque sentiments de regrets , ni de montrer a la non-juive telle ou telle valeur grandiose du judaisme , c’est un espoir "aléatoire" bien que j’aime pas le mot , a la limite si c’était un talmid raham qui conduisait le seder je suis d’accord , mais c’est là c’est un jeune qui est aussi ignorant que ses invités .
Voila, j’aimerais votre avis sur le sujet , les nuances étant mises , pensez-vous que je doives toujours accepter le couple dans cette situation la ?
Vous posez une question très personnelle à laquelle il est difficile de répondre.
Votre problème est l’opposition possible entre convivialité familiale et contenu spirituel de la soirée…
Il me semble que si vous parvenez à faire que les deux coexistent, vous aurez tout gagné.
Pour cela, il faut peut-être descendre un petit peu les ambitions des deux côtés. Une table familiale comporte toujours des conflits sous-jacents et un seder ne peut être une soirée purement toraïque…
Si vous parvenez à créer une ambiance sympathique et à glisser de temps en temps des commentaires intéressants, cela devrait fonctionner.
Une autre année faites-vous inviter par des gens religieux cela changera un peu.
Pour ce qui est de votre oncle, je ne crois pas que ce soit à vous de juger ses « erreurs »… maintenant si sa femme est insupportable, c’est un autre problème… On en connaît d’autres du même style. Pas facile de mettre les quatre fils ensemble à la même table ! C’est pourtant bien un des messages de Pessah.
Pour ce que vous dites du monde orthodoxe , je tiens à prendre sa défense : il est souvent plus nuancé qu’il n’y paraît et le sens de l’accueil est très développé chez certains, jusqu’à l’abnégation. Il ne faut surtout pas mettre tout le monde dans le même sac.
Contrairement à ce que les gens écrivent parfois sur ce forum, ce site n’est pas anti orthodoxe et moi non-plus. Il faut critiquer la fermeture d’esprit et la « mentalité cloche merle » qu’on trouve, il est vrai, chez certains orthodoxes , mais laissez-vous surprendre et vous verrez que c’est loin d’être toujours le cas.
Un des drames de la Teshouva , ce sont les gens qui sous prétexte de se créer une bulle religieuse protectrice, s’enferment sur eux-mêmes et finissent par fonctionner en vase clos en coupant peu à peu les ponts avec tout contact extérieur. Évitez cet écueil…
Bon Pessah.