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La question du nombre

La question du nombre

Parasha Balak -

En dehors des sujets très connus de notre parasha   : Balaam et son ânesse, la question de la prophétie, celle de la magie… Cette parasha   soulève une question obsédante pour le peuple juif : celle de son trop petit nombre.

Si l’on prend au sérieux les chiffres de la Tora, il n’en était rien, puisque le nombre total des juifs dans le désert s’élevait à plus de 3 millions de personnes ! Cependant, ce chiffre ne peut être compris qu’à un niveau symbolique, car sur le plan démographique historique, il est totalement invraisemblable.

D’après les chercheurs le livre des Nombres aurait été rédigé à l’époque du retour de Babylone à Sion. Période où les juifs étaient extrêmement peu nombreux, notamment dans la région autour de Jérusalem que l’on voulait alors reconstruire.

Paradoxalement, tout le livre des Nombres insiste sur la force démographique juive. C’est plus particulièrement le cas de notre parasha  .

22.3 Et Moab fut très effrayé en face d’un peuple aussi nombreux, il fut saisi de terreur en face des enfants d’Israël.
22.4 Moab dit aux anciens de Madian : Cette multitude va dévorer tout ce qui nous entoure, comme le bœuf broute la verdure des champs.

Il est clair que c’est par son nombre et non par sa puissance (celle des miracles) qu’Israël impressionne Moab.
Le peuple semble si nombreux qu’il est impossible à voir dans sa globalité.

22.41 Le matin, Balak prit Balaam, et le fit monter à Bamoth Baal, d’où Balaam vit une partie du peuple.

Dans le premier « oracle » prononcé sur Israël, c’est par son nombre une fois de plus qu’Israël trouve sa spécificité. Il semble à la fois très nombreux, mais également impossible à compter, car il n’est pas comme les autres nations. Israël échapperait au recensement !

23.7 Balaam prononça son oracle, et dit : Balak m’a fait descendre d’Aram, Le roi de Moab m’a fait descendre des montagnes de l’Orient. -Viens, maudis-moi Jacob ! Viens, sois irrité contre Israël !
23.8 Comment maudirais-je celui que Dieu n’a point maudit ? Comment serais-je irrité quand l’Éternel n’est point irrité ?
23.9 Je le vois du sommet des rochers, Je le contemple du haut des collines : C’est un peuple qui a sa demeure à part, Et qui ne fait point partie des nations.
23.10 Qui peut compter la poussière de Jacob, Et dire le nombre du quart d’Israël ? Que je meure de la mort des justes, Et que ma fin soit semblable à la leur !
23.11 Balak dit à Balaam : Que m’as-tu fait ? Je t’ai pris pour maudire mon ennemi, et voici, tu le bénis !

En quoi Balaam a-t-il béni Israël ? Ce n’est pas clair. Par le fait qu’il échappe justement au recensement, contrairement aux autres peuples qui puisent leur puissance de leur nombre ?

C’est justement en évitant de pouvoir le compter, que l’on pourra peut-être maudire Israël :

23.13 Balak lui dit : Viens donc avec moi dans un autre lieu, d’où tu le verras ; tu n’en verras qu’une partie, tu n’en verras pas la totalité. Et de là maudis-le-moi.

Une nouvelle fois Israël est béni, on le compare à un lion, mais sans allusion à son nombre.

Une nouvelle fois encore Israël est loué pour la beauté de ses campements.

Balak exprime bien sur sa colère, mais Israël mérite une quatrième bénédiction dans laquelle est affirmé le caractère invincible d’Israël, mais une nouvelle fois sans allusion à son trop grand nombre.

Juste après, nous lisons l’épisode de la dépravation sexuelle qui clôt notre parasha  . Là encore, la question de la démographie est sous-jacente. Souiller un peuple au niveau des moyens de sa reproduction, c’est remettre en cause son existence même. Mais souiller un peuple au niveau de sa sexualité c’est également l’atteindre dans son intimité et sa spécificité.

Il semble bien que la force d’Israël repose non pas sur son nombre mais sur autre chose, une puissance mystérieuse dont la source provient de la bénédiction divine.

Béni soit quiconque te bénira, Et maudit soit quiconque te maudira !

Israël est à part « badad », isolé, solitaire. Il échappe aux lois de la démographie. On ne peut le dénombrer, non pas à cause de son trop grand nombre, mais tout simplement parce que cela n’a aucun sens. C’est d’ailleurs ainsi que Moïse le qualifiera : « le plus petit des peuples ».

Balak Semble impressionné par la puissance des juifs qu’il attribue à leur très grand nombre. Il incarne le discours antisémite classique : « les juifs sont partout ». En fait, il n’en est rien. Ils sont même très peu nombreux. Aux yeux des juifs qui revenaient à Sion, beaucoup trop peu nombreux ! Mais les sages   d’Israël savaient parfaitement que le mystère de la survivance d’Israël dans l’histoire ne repose pas sur le nombre.

Qui peut compter la poussière de Jacob, Et dire le nombre du quart d’Israël ?

[*Le peuple juif vit actuellement une baisse démographique inquiétante. Elle doit nous préoccuper, tout comme étaient préoccupés les juifs de la génération du retour à Sion. Nous devons tout faire pour lutter contre l’érosion démographique juive. Mais nous ne devons pas nous en désespérer. Nous ne devons jamais oublier que le secret de la force d’Israël et dans son intériorité, dans son intimité, bien protégée et insaisissable à l’intérieur de ses tentes.*]

Qu’elles sont belles, tes tentes, ô Jacob ! Tes demeures, ô Israël ! Elles s’étendent comme des vallées, Comme des jardins près d’un fleuve, Comme des aloès que l’Éternel a plantés, Comme des cèdres le long des eaux. L’eau coule de ses seaux, Et sa semence est fécondée par d’abondantes eaux.

Yeshaya Dalsace

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