Quand ils furent interrogés, les hommes qui avaient tué des Juifs pendant la Shoah se défendirent ainsi : ils s’étaient contentés de faire ce que l’on attendait d’eux (en l’occurrence donner la mort en masse). Cette même réponse, David Blumenthal l’entendit de personnes qui avaient, au contraire, risqué leur vie pour sauver des Juifs durant cette même période. Pourquoi, pour certains, faire le mal ressort-il de l’évidence, alors que, pour d’autres, l’évidence consiste à suivre la voie du bien ?
Chacun d’entre nous s’est un jour ou l’autre posé la question, car les conséquences d’actes mauvais nous laissent sans voix et demeurent une énigme, tout comme les belles et bonnes actions éveillent notre admiration et notre estime.
S’appuyant sur les travaux d’historiens, de sociologues et de psychologues qui ont analysé cette période de l’histoire et ses conséquences sur le comportement humain, l’auteur nous livre ici ses propres réflexions fondées sur sa longue expérience de rabbin , chef de communauté, guide spirituel, et d’universitaire.
Le devoir de tout éducateur (parents, responsables religieux, politiques...) est de créer, pour celui qu’il éduque, un environnement physique, psychologique, mental et spirituel qui a pour but de diriger sur le chemin du bien. Le devoir de chacun d’entre nous, chacun à sa mesure et selon ses possibilités, est de résister au mal en montrant l’exemple d’un comportement au quotidien fondé sur le respect de toute créature, la compassion, le sens de la communauté, la justice, et de participer à la mise en place de conditions objectives qui permettront de bâtir un monde meilleur car nous sommes nombreux à partager le rêve de Martin Luther King.
L’analyse de David Blumenthal, virulente, provocatrice, pragmatique, en appelle à la conscience de chacun et à des actions spécifiques créant une dynamique perpétuelle dirigée vers la bienveillance et fondée sur le sentiment d’appartenance à la communauté humaine.
David R. Blumenthal est un rabbin massorti , il est professeur d’études juives à Emory University, Atlanta, GA. Spécialiste de la théologie juive, médiévale et moderne, il aborde le sujet de la Shoah en deux livres : « Facing the Abusing God : A Theology of Protest » et « The Banality of Good and Evil : Moral Lessons from the Shoah and Jewish Tradition », traduit ici aux Éditions du Cerf.
Avant-propos de James W. Fowler — Traduit de l’anglais (États-Unis) par Alain Blum
Paru en : Octobre 2009 Éditions du Cerf, 464 pages