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Fitna

Fitna

film du Hollandais Wilders -

Ce film antimusulman a fait beaucoup parler de lui.

Des gens le font circuler sur le net avec des commentaires élogieux. Pourtant il ne le mérite pas, à mon avis, car il relève de la propagande caricaturale.

Le problème de ce film est sa vision unilatérale et manichéenne de l’Islam. Il fait surtout la confusion entre Islam et islamisme. Il sert un projet politique précis, celui d’une propagande d’extrême droite.

Réfléchir ce n’est pas cela, c’est montrer les problèmes dans leur complexité et avec nuance. Comme tout système de pensée et tout système religieux, l’Islam reste complexe et multiple, il comporte également ses zones d’ombre.

Bien évidemment que les islamistes sont dangereux et doivent être contrés. Ce film ne dit rien de neuf et le problème a été abordé dans de nombreux articles et reportages. Les islamistes sont dangereux avant tout pour les musulmans qui sont leurs premières victimes et doivent être combattus par les musulmans eux-mêmes et beaucoup le font. Ceux-là doivent être soutenus et non pas frappés d’amalgame.
Caricaturer un problème n’a jamais été une bonne manière de le résoudre.

Je ne nie nullement que l’Islam dans son ensemble traverse une période de crise et de remise en question. Cela est une évidence. De même qu’il est évident qu’il y a dans l’Islam certaines fondations violentes du fait de son histoire et de certains de ses textes. Mais cela ne saurait le définir, contrairement à ce que laisse croire ce film.

Les juifs qui se font les porte-parole indirects de ce genre de films manichéens devraient réfléchir un peu plus et surtout se remettre en question eux-mêmes ou plus exactement leur passivité plus ou moins complice face aux excès de leur propre système.

Que diraient-ils si on faisait un film similaire sur le Judaïsme en mettant bout à bout des scènes de violence juives et des versets de la Tora appelant à cette violence accompagnée de citations de rabbins   fondamentalistes excités ? La chose est tout à fait faisable.

Je propose quelques extraits du massacre au fusil-mitrailleur de musulmans en prière par le docteur Goldstein à Hébron en 1994 et son refus systématique de soigner des non-juifs auparavant ; l’assassinat du Premier ministre Rabin en 1995 ; le tabassage d’une femme refusant de s’asseoir dans le fond réservé aux femmes d’un bus de la ligne numéro 1 la ramenant du kotel   en 2007 à Jérusalem… des jets de pierres réguliers contre les voitures, y compris les ambulances, circulant à proximité de quartier religieux le shabbat… On ajoutera quelques déclarations fortes en couleurs du rabbin   Ovadia Yossef  , quelques images de meeting du rabbin   Kahana (interdit de Knesset), quelques cours de Tora propagés par des rabbins   extrémistes… Des images de manifestations de l’extrême droite religieuse israélienne scandant en choeur « mort aux Arabes »… Les récents appels à la vengeance de certains rabbins   israéliens… on complétera par des images de rabbins   antisionistes… Des images des grandes manifestations de dizaines de milliers d’’ hommes en noir » cherchant à faire taire la Cour Suprême et la démocratie israélienne à la fin des années 90. On passera quelques citations de la Tora appelant à l’extermination des madianites et autres populations locales, à la lapidation des femmes adultères et au bûcher des « sorcières »… des déclarations talmudiques d’une grande violence envers les uns ou les autres… des images de femmes à perruque à qui on interdit dans leur milieu toute prise de parole en public… une bonne partie de la littérature rabbinique sur les femmes, littérature toujours partiellement en application dans beaucoup de milieux juifs… le boycott systématique des rabbins   fondamentalistes et leur censure à la limite de la violence vis-à-vis des rabbins   modernistes… Peut-être aurions-nous le temps de parler d’une proposition de loi, à l’initiative des partis orthodoxes   religieux, votée à la Knesset en première lecture (rejetée en deuxième) prévoyant de condamner toute femme mettant un Talit   (châle de prière) devant le Kotel   à 7 ans de prison !... On ajoutera enfin le colis piégé envoyé ce Pourim 2008 à une famille juive israélienne « messianique » (juifs pour Jésus) qui coûta trois doigts à la main du fils de la famille et failli le laisser aveugle…

Bien évidemment, le Judaïsme ne tombe que très peu dans cette caricature, mais elle existe et on ne peut la nier. Or les juifs ne sont que très peu nombreux, 13 millions dont la plupart sont dispersés et très occidentalisés, s’ils étaient 1 000 000 000, ce serait peut-être une autre affaire… Restons donc modestes et balayons d’abord devant notre porte si nous voulons vraiment combattre le fanatisme.

Pour le christianisme, je propose quelques belles images sanglantes de l’inquisition et autres croisades, accompagnées de belles déclarations enflammées de moines haranguant les foules en mal de pogrom et d’action contre les infidèles en tout genre, le tout enrobé de quelques citations d’appel au martyr et au sacrifice de soi pour la bonne cause, vu le précédent du fondateur, cela pourra faire des émules… on y ajoutera quelques déclarations bien misogynes de Saint-Paul et on finira sur le refus systématique de la prêtrise aux femmes…

Pour les hindous, les massacres de millions de musulmans en 1948 et les déclarations de mystiques excités feront très bien l’affaire…

Pour les laïcs républicains, on pourrait prendre d’excellentes images de la terreur révolutionnaire et les "magnifiques" déclarations de Robespierre et ses acolytes. On y ajoutera celles de Trotski fondateur de l’Armée Rouge sur la lutte contre les "forces contre-révolutionnaires" et les conséquences désastreuses des purges staliniennes… On ajoutera un peu de Pol Poth et les déclarations élogieuses de certains intellectuels occidentaux fascinés par la figure de Mao et sa très pacifique révolution culturelle…

Pour l’occident « libéral » on montrera les belles déclarations va-t-en-guerre de quelques hommes illustres, des images édifiantes de la guerre du Vietnam pour le plus grand bien de la liberté des petits Vietnamiens que nous aimons tant, quelques-unes de la Corée et autres conflits du genre complèteront le tableau militaire… On ajoutera la ségrégation des noirs et quelques clichés de lynchages et de « white power »… On obtiendra une belle et précise définition de l’occident… Peut-être qu’une pincée de tourisme sexuel déferlant par charter sur certains coins du Tiers Monde y ajouterait quelque chose.

On pourrait ainsi s’amuser à caricaturer tout système de pensée ou de société et à crier au loup contre tous, sauf soi-même, en disant à chacun « Attention préparez-vous ! ».

Une chose est certaine, les fondamentalistes de tous bords, religieux ou non, sont des dangers planétaires. Le propre du monde cultivé doit être de proposer autre chose et de soutenir au maximum les systèmes qui luttent contre le fondamentalisme.

Il existe des orthodoxes   modérés dans le Judaïsme, il existe un mouvement Massorti  , des juifs libéraux, des juifs laïcs démocrates… tous les juifs ne sont pas une caricature, loin de là.

C’est vrai également dans l’Islam, même si les islamistes s’accaparent le devant de la scène. Heureusement, il existe des musulmans qui luttent avec un grand courage. Pas assez encore, mais ils sont là.
Bien entendu, il faut être vigilant. Bien entendu, il ne faut pas être naïf envers des sous-courants de l’Islam qui n’ont rien à envier à l’idéologie nazie. Mais la vigilance et la dénonciation ne sont pas l’amalgame.
Enseigner la nuance et le respect de l’autre… c’est la base de la civilisation, qu’elle soit juive, musulmane, chrétienne, hindou ou laïque occidentale.

« Quand elles parlent de Dieu, toutes les doctrines religieuses s’accordent ; il n’y a pas place pour des divergences, et aucun doute ne nous est permis sur leur valeur. Mais Dieu le Très-Haut est au-delà de toute compréhension humaine, il n’est descriptible qu’avec des comparaisons inadéquates, et toute religion en donne alors des explications inadéquates selon les inadéquations de ses fidèles. Que celui qui sait respecte celui qui ne sait pas, que celui qui a une vision sublime de Dieu reconnaisse qu’elle est de toute façon inadéquate, et qu’il respecte celle de tous les autres êtres humains. » Ibn al Arabi (penseur musulman du 13e siècle, un des plus grands penseurs de l’Islam) : « Les illuminations de La Mecque ».

« Là où il y a de l’obscurité, il faut ajouter de la lumière » Rav Kook   (20e siècle)

Rabbin   Yeshaya Dalsace

Pour compléter mon propos, voici un article d’un intellectuel musulman courageux en lutte contre l’islamisme ; de l’intérieur.

Le mouton qui blasphème

par Fethi Benslama

professeur de psychopatologie (université Paris-VII)

Il y a quelque temps, le caricaturiste algérien Dilem mettait en scène, le jour de la fête du sacrifice, un mouton fuyant à toute vitesse, poursuivi par un homme brandissant un couteau. Dans la bulle, le mouton dit : « Mais pourquoi veulent-ils m’égorger ? Pourtant, je ne suis ni une femme ni un intellectuel. »

Voyez-vous, mesdames, messieurs, chers amis, ce mouton blasphème : non seulement il veut se soustraire à la place que lui assigne Dieu dans ses saintes écritures, lorsqu’il a voulu le substituer au fils du prophète Abraham, mais, de plus, ce mouton parle et, ce faisant, il brouille les frontières de la création divine entre l’homme et l’animal. La bête parle et fait de l’humour avec les affaires religieuses : c’est ignoble... Il y a plus grave encore : en courant plus vite que l’homme qui veut le trucider, il ridiculise ce paisible musulman sacrifiant et humilie l’ensemble de la communauté musulmane, sinon la totalité des milliards de musulmans morts et vivants. Mais le pire n’est-il pas que ce mouton fuyant de peur devant un musulman qui veut le manger est de toute évidence islamophobe !

Se fondant sur cette lecture, même des années après, ce mouton insoumis pourrait voir, ce soir, au Théâtre du Soleil de la dite « Cartoucherie », se lever un imam spontané qui le cartouche d’une fatwa. Nous verrons alors le MROPP (Mouvement pour Ramener les Ovins chez les Prédicateurs Paranoïaques) intenter un procès pour diffamation de sacrifiants ; tandis que la République, par ses voix les plus autorisées, présenterait ses excuses à tous les pratiquants modérés de méchouis sacrés, et les assurerait de son respect.

Merci, cher Dilem, d’avoir dessiné un mouton blasphémant, car tu m’as fourni ce soir la première page de mon propos, pour tenter de faire parvenir, le plus simplement, l’étonnement de ton mouton à ceux qui, aujourd’hui, ne veulent pas savoir, ne veulent pas comprendre, que voici des années, au nom de l’islam, tout est prétexte non seulement à interdire, à condamner, à excommunier, mais à éradiquer ce qui peut représenter l’« ironie de la communauté », la critique de son mythe, la désidentification à ses saintetés viriles et carnivores. Voici des années que la tonsure de l’esprit arme le censure qui tue. Car la censure au nom de l’islam tue, sacrifie, grille au feu de l’Enfer et dévore les insoumis, afin de les soumettre à la religion de la soumission.

Par où commencerai-je la visite de ce mémorial invisible du trucide islamo-spasmophile ? Comment ferai-je pour nommer tous ceux qui, pour une plaisanterie, pour un article, pour un roman, pour un essai, ou simplement pour avoir été la fille, le fils, la sour ou le frère de l’auteur, ont été transformés, par l’édit d’un commandeur des croyants, par un émir pétrolifère ou barbifique, par un chef de potent-état, par un imam sporadique, ou un illettré coranique fatwatant, transformé, disais-je, en moutons traqués, quand le couteau ou l’acide sulfurique de l’exécuteur ne les a pas rattrapés et anéantis. Comment nommer tous les anonymes de la fabrique des apostats ? Hélas, je ne le pourrai pas, le temps manque et la liste n’est pas établie - le sera-t-elle jamais ?

Je presse le pas et je me souviens que, pour l’époque actuelle, quelques années avant l’affaire Rushdie, déjà en 1985, le tribunal des mours du Caire avait condamné à la prison l’éditeur et l’imprimeur des Mille et Une Nuits, et ordonné l’autodafé sur la place publique de la voix de Shéhérazade.

Je me souviens qu’en 1988 paraît en Arabie Saoudite un livre qui jette l’anathème sur plus d’une centaine d’écrivains arabes morts ou vivants : Salama Moussa, Shibli Shmmayyil, Naguib Mahfouz, Lofti as-Sayyid, Muhammad al-Jabiri, Shakir Shakir, Saïd Aql, Adonis, etc.

Je me souviens qu’en 1989 le roman de Salman Rushdie, les Versets sataniques, est déclaré blasphématoire par Khomeyni, qui appelle au meurtre de l’auteur ainsi que tous les éditeurs du roman. Salman Rushdie, dont la vie pendant des années a été celle d’une bête traquée, a eu la chance de bénéficier de la protection de la police de son pays européen d’adoption. Je me souviens que ses traducteurs italien et japonais furent tués, respectivement, à Milan et à Tokyo ; que le recteur de la Mosquée de Bruxelles et son adjoint, qui ont voulu trouver une issue théologique à la fatwa, ont été frappés par les services secrets iraniens en mars 1989. Souvenez-vous des autodafés du livre au cour de l’Europe, d’intellectuels turcs brûlés vifs dans une maison où ils se sont réunis pour défendre l’écrivain. Souvenez-vous encore que la fatwa n’a jamais été abrogée, et qu’il y a quelques jours, le chef du Hezbollah libanais avait déclaré que si cette fatwa contre Rushdie avait été exécutée, il n’y aurait pas eu de caricatures danoises. Mais, en fait, l’appel au meurtre contre Rushdie a ouvert une jurisprudence par laquelle il est devenu loisible à n’importe quel imam spontané de prononcer une sentence de mort à l’encontre de n’importe quel intellectuel supposé musulman renégat, n’importe où dans le monde.

Je me souviens que le 8 juin 1992 l’écrivain Farag Foda, quarante-sept ans, a été criblé de balles, qui ont atteint également son fils Ahmad, quinze ans, et Wahid Rafaat Zaki, un ami de ce dernier. Une déclaration d’Al-Djamaa al-Islamiya a revendiqué l’assassinat de Foda, accusé d’être un apostat, de préconiser la séparation de la religion et de l’État et de préférer le système légal en vigueur à l’application de la charia. En décembre 1992, sur ordre d’Al-Azhar et « au nom de l’islam, religion de l’État », les ouvres de Foda, rééditées en hommage, sont interdites et saisies.

Je me souviens que le 3 septembre 1992, sur la grande place de la ville de Qatif, en Arabie Saoudite, le poète Sadiq Melallah a été décapité au sabre par les autorités de ce pays, pour crime de blasphème et d’abjuration.

Je me souviens qu’à partir de 1993 s’ouvre en Algérie l’hécatombe des intellectuels et artistes : assassinats de Djilali Liabès, sociologue, Tahar Djaout, écrivain, du psychiatre Mohammed Boucebci, président du comité de vérité sur la mort du premier, M’hammed Boukhobza, sociologue, Merzag Baghtache, journaliste et écrivain, Saad Bakhtaoui, journaliste, Abderrahmane Chergou, écrivain et journaliste, Youssef Sebti, poète et écrivain, Abdelkader Alloula, dramaturge et metteur en scène, Bakhti Benaouda, écrivain, Ferhat Cherkit, Youssef Fathallah, Lamine Lagoui, Ziane Farrah, etc. La liste est encore longue.

Je me souviens que le 24 septembre 1994 un groupe d’islamistes du Bangladesh prononce une fatwa contre Taslima Nasreen, la condamnant pour blasphème et mettant sa tête à prix, et que, sous la pression des manifestations islamistes, les autorités lancent un mandat d’arrêt contre elle, en juin 1994.

Je me souviens que le 14 octobre 1994 Naguib Mahfouz, quatre-vingt-trois ans, Prix Nobel de littérature, est poignardé à la gorge, au Caire, par un jeune intégriste.

Je me souviens que le 21 juin 1995 a été lancée l’accusation d’apostat contre Nasr Hamed Abu Zeid, professeur d’Université - ce qui signifie la mort - et qu’une cour d’appel du Caire avait conclu le 14 juin 1995 que cet homme avait insulté l’islam dans ses écrits, qu’il devait se séparer de son épouse car celle-ci, musulmane, ne pouvait rester mariée à un « apostat ». La cour de cassation du Caire a confirmé cet arrêt en août 1996. Un mois plus tard, le tribunal des référés de Guizeh a ordonné un « sursis à exécution », mais un avocat islamiste a interjeté appel de cette décision, qui a été confirmée en décembre 1996 par un autre tribunal.

Je me souviens qu’en avril 2000 l’écrivain Haydar Haydar a été déclaré apostat et qu’il fut condamné à mort pour son roman Festin pour les algues marines, publié sept ans plutôt à Chypre, parce que l’un des personnages de son roman disait : « Les lois des divinités bédouines, l’enseignement du Coran, c’est de la merde. » Après la condamnation pour une fiction de blasphème, à quand le meurtre pour blasphème inconscient ?

Je me souviens, je me souviens, je me souviens... J’arrête cette litanie au début du IIIe millénaire, car je voudrais vous inviter à découvrir par vous-même le long rouleau des traqués, des apostasiés, des condamnés, des assassinés, pour peu que vous osiez taper sur la Toile ces quelques mots : islam, meurtre, fatwa, censure - dans n’importe quel ordre. Vous découvrirez peut-être que certains noms qui vous sont un peu familiers, dont quelques-uns sont parmi nous ce soir, sont promis au gibet, le jour de leur arrivée au pouvoir, par des chefs islamistes réfugiés politiques dans telle ou telle capitale européenne. Je vous prie alors de ne pas les appeler pour leur dire : Quel courage ! Car, c’est là que se produit cette attaque de panique où ils commenceront à avoir peur de leur peur.

Non, ce n’est pas de ce genre de soutien dont ils ont besoin aujourd’hui, mais de votre résistance au piège auquel collaborent tant de démocrates et hommes de gauche européens qui, dans leur lutte contre le racisme, en sont venus à oublier la censure qui tue. Car une nouvelle machine a été depuis inventée, celle du « musulman humilié » : une machine infernale, puisque alimentée par une réalité certaine de mépris et des droits bafoués ici et là, tendant à justifier et à armer le mythe identitaire qui veut, au nom du sacré, poursuivre l’éradication de tout écart à la communauté des croyants, et légaliser, par les descendants de la révolution des libertés, l’empêchement de parler, d’écrire, de dessiner.

Dans les périodes les plus sombres de leur histoire, quand le colonialisme faisait régner son ordre de mépris et de négation des droits les plus élémentaires, les musulmans n’ont jamais considéré que leur Dieu était « humiliable », ni que les figures idéales de leur culture pouvaient être facilement diffamées : leur lutte pour leur dignité faisait simplement appel à l’égalité des droits, et non à la fabrique de la vengeance aveugle de l’« humiliation » - une notion inventée en Europe, qui appartient au lexique ecclésiastique de l’abaissement, de la honte, de la mortification, bref, à l’imaginaire de l’orgueil. Quand on tue des civils en masse, quand on égorge des hommes devant la télévision au nom de l’islam, n’est-ce pas là l’atteinte la plus grave contre laquelle les musulmans devraient protester ? Combien l’ont-ils fait ?

Le combat antiraciste pour le droit et l’égalité est aujourd’hui détourné, par le faux aiguillage de l’humiliation, vers la défense des mythes identitaires les plus terrifiants, vers le soutien à la religiosité des paranoïaques criminels, dont il blanchit les méfaits, en faisant de ses prédicateurs des victimes de notre liberté de penser, de parler et d’écrire. Nous parvenons aujourd’hui à cette situation de ségrégation où un homme ou une femme de culture musulmane a moins de légitimité à critiquer l’islam que des Européens de le faire pour le christianisme ou le judaïsme. Les premiers seront soupçonnés ou accusés d’« islamophobie », d’être les alliés objectifs de la droite raciste, alors que les seconds ne feraient qu’exercer un droit évident. Certains descendants des Lumières sont devenus aveugles aux lumières des autres.

Profitant de la supposée humiliation par les caricatures du Prophète, du supposé blasphème de personnes qui ne partagent pas la croyance des musulmans (peut-il y avoir blasphème là ou il n’y a pas croyance ?), les cinquante-sept pays de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) viennent de demander que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, voué à remplacer la Commission des droits de l’homme de Genève, d’inscrire dans son texte fondateur l’article suivant : « La diffamation des religions et des prophètes est incompatible avec le droit à la liberté d’expression. » Ils proposent de donner mandat au nouvel organisme de « promouvoir le respect universel de toutes les religions et valeurs culturelles », et de « prévenir les cas d’intolérance, de discrimination, d’incitation à la haine et à la violence [...] contre les religions, les prophètes et les croyances ». L’amendement de l’OCI précise que les attaques contre les religions causent des « dissonances sociales qui conduisent à des violations des droits de l’homme ».

Croyez-moi, même si cette proposition ne sera pas retenue, il en restera quelque chose. Elle est, en tout cas, le symptôme de la perversion, à l’oeuvre aujourd’hui, qui veut que les droits de l’homme et le combat anti-raciste deviennent les défenseurs de l’idéologie islamiste et de sa censure qui tue.

Messages

Fitna

Encore un texte pertinent et courageux à mon sens.

Merci.

Fitna

Message au Rabbin   Y.Dalsace :

Je suis très admiratif de votre communication relative au film de Wilders .

Votre lucidité , votre objectivité ne pâtissent en rien de votre croyance et de vos fonctions .

Comme cela doit être,mais comme il n’est pas si fréquent de le noter .

Votre exigence m’impressionne .
Est-ce si facile ?

Fitna

Réponse à Yeshaya Dalsace (au delà des innombrables et insupportables fautes d’orthographe de son texte )
...Oui, on pourrait trouver et critiquer des extrémistes ici et là, à toutes les époques, mais ces dernières années, à notre époque , je n’ai pas vu de foules juives hurler leur haine, brûler des effigies, des drapeaux, des symboles. Je n’ai jamais vu de foules hollandaises, italiennes, ou de tout autre peuple issu d’une démocratie scander des appels au meurtre, à la destruction, au massacre...Je n’ai jamais vu de nos jours ailleurs que dans la culture du monde Islamique une telle interdiction de professer d’autres idées que celles de l’écrasante majorité, de pratiquer d’autre religion que celle au pouvoir,etc...Je ne connais pas de nos jours de peuples qui cultivent le suicide meurtrier comme paroxysme de leur expression religieuse.
Sans être d’extrême-droite , et ni je ne le suis , ni ne l’est ce député hollandais, on peut avoir lu le Coran et y avoir trouvé une infinité d’abominations toujours valables aujourd’hui (alors que le Catéchisme a été entièrement remanié et expurgé de sa haine des Juifs, alors que le Judaïsme a abandonné ses pratiques anciennes-sacrifice, polygamie,etc...).
Mein Kampf ressemble à Cendrillon comparé au Coran. Il "suffit" pour s’en convaincre de le lire et de malheureusement savoir que , puisque ce sont les paroles du "Prophète" pas une virgule ne peut en être modifiée, ce qui devrait ôter tout espoir à ceux qui pensent qu’il y a un espoir de guérison à ce véritable cancer du monde qu’est l’Islam.
RB1

Fitna

Je n’ai jamais comparé le judaïsme à l’islam. Ils ont une histoire totalement différente et un mode de fonctionnement également. Je dis juste qu’il est trop facile de caricaturer et de faire des amalgames. Le judaïsme est capable également d’extrémisme violent comme tous les systèmes idéologiques. Je n’ai jamais excusé la quantité non négligeable de dérives violentes existant dans le monde musulman actuel. Je réagis seulement à un film que je trouve exagéré et bêtement agressif envers le musulman de base qui n’a rien demandé et rien fait de mal. C’est évident que le monde musulman a un long chemin de réformes à parcourir et qu’il est traversé dessous courants idéologiques profondément intolérants. Ce n’est pas en l’agressant dans sa globalité qu’on l’aidera sur la voie du progrès.
Il existe de par le monde des intellectuels musulmans courageux, dont plus d’un ont payé de leur vie leur engagement, ils doivent être soutenus dans leur combat. Ce film, en faisant ses amalgames, ne les soutient pas, bien au contraire.

Si ce film dénonçait l’islamisme et les fanatiques musulmans sans mettre dans le même sac tous les musulmans. Je n’aurais rien à redire.
Quant à la personnalité de Wilders, il est effectivement d’extrême droite à sa façon et a créé son propre parti politique en ce sens. Cela ne l’empêche nullement d’ailleurs d’être un admirateur d’Israël. Il ne manque pas par ailleurs d’un certain courage et prend des risques certains. Le courage est une chose, les idées politiques une autre… Son gros défaut : voir dans tout musulman un islamiste en puissance. C’est exactement ce genre de raccourcis que je dénonce.

Cela me paraît du bon sens élémentaire. Mais je comprends parfaitement que les gens qui aiment à voir le monde à travers des lunettes manichéennes, n’apprécient pas mes propos, qui ne sont pas faits pour leur plaire.

Traiter l’islam de « cancer » est une absurdité et une insulte. L’islam a beaucoup plus qu’un seul visage comme je le démontre dans ma citation d’Al Arabi. Croire qu’il n’existe pas d’interprétation en islam est tout simplement faut. Il en existe beaucoup. En cela l’islam fonctionne comme le judaïsme. Dans le judaïsme n’ont plus, il est hors de question d’effacer quoi que ce soit de la Tora.

La nuance et l’intelligence, tout comme la courtoisie sont les seuls moyens d’améliorer le monde.

Yeshaya Dalsace

Fitna

Monsieur,

Puisque vous n’êtes pas au courant, je souhaite vous communiquer certaines choses que j’ai vues ou entendues :
 des manifestants non-musulmans criant "Arafat, Arafat, les Juifs auront ta peau"
 des non-musulmans traitant les Arabes de "cafards"
 un non-musulman me disant : "les Arabes, c’est de la merde".
 des manifestants non-musulmans brûlant le drapeau israélien
 des manifestants non-musulmans défilant à Jérusalem pour interdire la gay pride.
 des groupes de non-musulmans balançant des pierres et crachant sur des individus d’une autre religion qui ont le malheur de passer par là.
 des non-musulmans balançant des pierres sur une ambulance (comme tous les intégristes, ils sont persuadés de faire respecter leur religion alors qu’ils font précisément le contraire).
 des manifestants non-musulmans défilant pour interdire la vente de levain pendant la fête de Pessa’h dans la vieille ville de Jérusalem, alors même que celle-ci n’est pas peuplée que de Juifs.
 suite au terrible attentat de la yeshiva Merkaz harav à Jérusalem, des manifestants non-musulmans venant faire le coup de poing dans le quartier arabe d’où le terroriste était originaire, prêts à détruire, de leur propres dires, sa maison (et tant pis pour les autres habitants...).
 un groupe de jeunes non-musulmans poignardant deux Arabes israéliens en plein Jérusalem.
 des adolescents non-musulmans invités, dans une démocratie, à écrire des messages sur des bombes destinées à être lancées sur un pays ennemi.
 dans un lieu de culte monothéiste non-musulman, l’homme de religion indiquant que la présence de non-membres de cette religion dans la salle n’est pas souhaitable.
 dans un lieu d’un autre culte monothéiste non-musulman, une fidèle criant "les Arabes dehors !" à une personne ayant le tort d’être trop basanée, et personne ne réagit, et la personne quitte la salle en pleurant.
 des groupuscules non-musulmans attaquant des réunions publiques dont les opinions ne leur conviennent pas.

La Mafia a-t-elle grand-chose à envier au Hamas ? Allez voir le film Gomorra, dont l’auteur du livre, menacé, est sous la plus haute protection des services secrets italiens, et vous changerez peut-être d’avis...Et les insultes racistes dans les stades de foot, et ces supporters qui font le salut nazi, prêts à déferler en horde sur le bus de supporters du club voisin ? Pour ce qui est de la liberté de religion, vous êtes mal renseigné, l’Europe aussi a ses dogmes : de nombreux pays européens obligent à un enseignement chrétien dans leurs écoles publiques, avec crucifix obligatoire dans toutes les classes, en Allemagne vous payez un impôt religieux, d’ailleurs souvent le judaïsme n’est pas une option possible, et ça ne choque personne (comme en Indonésie, plus grand pays musulman au monde...). Beaucoup de pays musulmans autorisent toute pratique religieuse. La notion de dhimmi (minorité protégée en terre d’islam), si elle est certes discriminatoire, est bien moins violente que l’Inquisition, les Croisades, les camps nazis et autres gentillesses dont les Juifs et d’autres compagnons d’infortune ont eu à souffrir en Europe.
Respecter shabbath dans certains pays musulmans est plus facile qu’en France. J’ai obtenu un 0 à un concours du fait que je respecte le chabbath, et encore, j’ai dû me taper 8 km à pied (pour ne pas composer, donc) pour qu’il ne soit pas éliminatoire.

Il y a bien d’autres exemples, il suffit de se renseigner un peu et surtout d’être honnête intellectuellement...

Vous évoquez des "peuples" qui pratiquent "le suicide meurtrier comme paroxysme de leur expression religieuse", mais il ne s’agit pas de peuples, simplement d’individus extrémistes qui proviennent de ces peuples, c’est bien différent. Il y a un milliard de musulmans dans le monde...

Vous écrivez que Mein Kampf, c’est Cendrillon par rapport au Coran, avez-vous lu les deux en entier (facile de prendre des citations par-ci par-là...) ? Moi aucun, mais la Bible oui, je vous conseille de la (re)lire si vous pensez que c’est un conte pour enfants...

Au-délà des références, entre dîner avec un nazi ou dîner avec un musulman, le choix est immédiat pour moi !

Evidemment que vous êtes d’extrême-droite puisque vous pensez que "l’islam est un véritable cancer du monde". Le racisme, ça c’est le cancer de l’humanité, et nous Juifs en savons quelque chose !

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