Plaidoyer pour la Cashrout :
La Cashrout consiste à manger selon les préceptes de la loi juive, la Halakha
La Cashrout constitue l’un des aspects essentiels du judaïsme pratique.
Pour certains elle va de soi et il ne saurait être question de ne pas tenir la cuisine casher . Pour d’autres par contre, la Cashrout semble compliquée, voire rétrograde.
Je voudrais pouvoir montrer ici qu’il n’en est rien et expliquer certaines règles de base relativement faciles à observer pour ceux qui veulent le faire mais que la complication des règles effraie. Ces conseils peuvent aussi être utiles si vous (juif ou pas) invitez des juifs traditionalistes à dîner... (mais un conseil, téléphonez leur pour demander des précisions avant de faire une erreur dans le menu...)
Commençons par la signification du mot « casher » : littéralement, il veut dire « conforme », « apte ». Manger casher , c’est manger conformément aux règles de la « diététique » juive. Lorsqu’on se penche sur le problème du sens de la Cashrout, on s’aperçoit bien vite qu’aucune explication n’est pleinement satisfaisante, mais l’on peut néanmoins avancer quelques points susceptibles de favoriser une meilleure compréhension de sa nécessité :
– Tout d’abord, elle est un des commandements essentiels et quotidiens du Judaïsme que le croyant se doit de respecter.
– Elle constitue une des caractéristiques les plus anciennes et les plus étonnantes du Judaïsme et par cela même mérite le respect.
– Le Judaïsme n’est nullement une religion qui ne fait appel à l’homme que par son cerveau, son intellect, mais au contraire il l’implique dans tout son être et donc également dans la façon qu’il a de se nourrir.
– La Cashrout représente un instrument pédagogique et identitaire extraordinaire.
A l’heure où il est à la mode - et où il devient indispensable, de manger sainement, c’est une excellente façon de faire attention à ce que l’on ingurgite et de réfléchir à nos fonctions nutritives. Aujourd’hui, puisque nous comprenons de mieux en mieux que la manière de manger influence quantité de fonctions chez l’être humain, la Cashrout ne peut plus passer pour une simple question de forme. Notre nourriture ne pourrait-elle pas également avoir une influence spirituelle sur nous ?
– Enfin, elle permet de dompter un des plus forts instincts de la nature, et votre gourmand serviteur sait que ce n’est pas toujours chose facile. Or dompter ses instincts demeure l’un des buts principaux de tout système d’autodiscipline, particulièrement du Judaïsme.
Objections :
– D’aucuns diront que la chose est néanmoins trop compliquée et astreignante.
Pas forcément. Les gens ont généralement trop tendance à voir le monde en noir et blanc et les Mitsvot (pratiques religieuses) dans un système de tout ou rien. Cette optique est erronée ; chacun peut fixer son degré de pratique et, en l’occurrence, de Cashrout.
Chaque pas en avant rapproche du but. Le respect de quelques règles de base permet déjà beaucoup.
– D’autres diront que c’est trop cher.
D’abord, chaque chose a son prix et le maintien du judaïsme également.
Ensuite, ceci n’est pas forcément vrai. La multiplication des magasins cashers fait marcher la concurrence et les prix ont beaucoup baissé. Le prix élevé de la Cashrout s’explique en grande partie par les taxes imposées par le système de surveillance consistorial. Mais des quantités de produits non estampillés comme Cashers peuvent être consommés. Avec une bonne connaissance de certains principes, on peut tout à fait acheter une quantité de produits industriels en grande surface courante. Il faut pour cela surveiller la composition.
– Cela crée trop de différence :
Certaines personnes n’aiment guère se différencier des autres mais, s’il est possible que cela pose parfois des problèmes, il faut se rappeler que le Judaïsme repose aussi sur l’idée, selon l’expression à la mode, du "droit à la différence". C’est là le principe même de la "kedousha ", (la sainteté) qui sous entend la notion d’être à part. Cela ne sous-entend aucun mépris pour les autres, bien au contraire, mais seulement une volonté d’être plus en conformité avec soi-même et plus exigent.
– On avancera enfin que la Cashrout sépare les gens et même les familles. C’est hélas vrai parfois, mais ce phénomène est le fait du fanatisme de certains, plus que de la Cashrout elle-même. Il est lamentable que sous prétexte de Cashrout des enfants refusent parfois de manger chez leurs parents. On se trouve dans ce cas-là devant un véritable inversement des valeurs juives . Car évidemment on peut très bien manger casher , c’est à dire avoir certaines exigences minimum au même titre que d’être végétarien et continuer à fréquenter parents et amis (y compris non juifs) ; tout est question de bonne volonté de part et d’autre.
Il existe sûrement beaucoup d’autres objections et arguments à avancer ; retenons juste que des réponses existent et qu’une Cashrout bien vécue peut apporter beaucoup à celui qui la respecte sans pour autant le ruiner ou le couper du monde.
Règles générales de la Cashrout
Cet article ne se veut nullement un guide pratique de la Cashrout, mais seulement une introduction. Ne perdons pas de vue que le sujet est complexe et que chaque point mériterait un plus long développement.
Aliments permis et interdits :
– Sont autorisés tous les végétaux et les poissons à écailles et nageoires (qui peuvent être achetés n’importe où) voir la liste. Sont interdits les produits de provenance animale non conformes aux règles de la Cashrout.
Viande
– Seuls les animaux autorisés (ovins, bovins, volailles) peuvent être consommés à la condition d’avoir été abattus rituellement par un boucher juif (halal n’est pas kasher ) et donc avec le tampon kasher dessus, et la viande doit être soit salée et trempée dans l’eau selon un certain ordre (processus de cashérisation de la viande qui consiste à en extraire le sang ), soit grillée (en quel cas le sang goûte sur les braises et n’est pas consommé). En général, la viande trouvée dans le commerce kasher a déjà été kashérisée (salée et trempée).
Il est donc strictement interdit de consommer de la viande non surveillée. (Il existe de nombreuses boucheries juives en France et il est même possible de se faire livrer de la viande sous vide ou congelée). Attention, la marque du rabbinat doit être visible (il existe des restaurants et boucheries juifs pas kasher ... Le fameux Goldenberg en son temps par exemple)
Un Juif qui veut manger casher doit être très stricte là-dessus et ne consommer en aucun cas une viande non conforme. Il y a toujours moyen de manger autre chose.
Laitages
– Seuls les sous-produits (laitages, œufs) des animaux autorisés (volaille, vaches, chèvres, brebis) le sont également. Nous massorti autorisons tous les fromage, même avec présure. http://www.massorti.com/La-cachroute-du-fromage
Mélanges interdits :
– Toute viande et tout laitage doit être cuit et consommés séparément. Cet interdit est strict. On ne mélange jamais lait et viande, y compris de poulet, même en petite quantité. On ne consomme pas du lait et de la viande au même repas.
[(Quelqu’un qui respecte ces règles de base, somme toute relativement simples, respecte l’essentiel de la Cashrout. Cela sous-entend de s’imposer une certaine discipline et notamment de vérifier la composition des produits achetés. Se conformer à ces règles de base permet de ne pas se couper de qui que se soit (à condition que la personne témoigne d’un peu de compréhension et accepte de préparer du poisson par exemple), et n’exige ni un budget, ni des efforts trop lourds. On ne pourrait que se réjouir de voir un plus grand nombre de Juifs en arriver déjà là.)]
Un respect plus poussé de la Cashrout exige celui d’autres règles, instaurées dans la volonté d’appliquer plus sûrement celles que nous venons de voir (le principe de Sayag, barrière, cher aux décisionnaires rabbiniques).
Ces règles sont nombreuses et parfois complexes. Chacune nécessiterait une longue présentation et nous ne pourrons ici n’en évoquer que quelques unes.
Produits sous surveillance rabbinique :
Pour écarter tout doute sur la composition d’un produit, on peut choisir de n’acheter que des produits surveillés portant le label "casher ", (si toutefois on a la chance d’habiter à proximité d’un commerce qui en vend). Cela présente des avantages mais aussi l’inconvénient de réduire le choix et d’augmenter considérablement le budget nourriture. Par ailleurs, le Rabbinat français publie une liste de produits de grande consommation qu’il estime conforme à ses exigences. On peut regretter que cette liste, pratique mais restreinte, ne donne aucune explication sur ce qui motive l’intégration ou non d’un produit. Vous pouvez la trouver sur le site du Consistoire de Paris.
http://www.consistoire.org/
Vaisselle séparée :
Il est de coutume de séparer les vaisselles "viande" et "lait". Ceci repose sur le principe que la vaisselle retient le "goût" de l’aliment consommé. Au regard des détergents et des méthodes modernes de nettoyage (lave-vaisselle à haute température, etc.) cela peut sembler exagéré, mais si l’aspect chimique mériterait discussion, l’aspect symbolique est important et il est bon de rappeler que la séparation des vaisselles est l’une des caractéristiques de la maison juive traditionnelle. Cependant, ainsi que nous l’avons évoqué plus haut, une certaine souplesse sur la question peut éviter bien des tensions, notamment lorsque l’on fréquente des gens qui ne respectent pas cette tradition, et il est bon de se rappeler que la "paix", notamment des familles, est une valeur qui devrait l’emporter . Ceux qui ont deux vaisselles doivent les laver séparément ou, dans une machine à laver, successivement. Un four doit être cashérisé entre lait et viande (bien nettoyé et chauffé à vide ½ heure).
Le vin :
A priori il doit être casher , surtout pour ce qui touche aux cérémonies. La Cashrout du vin est un sujet complexe qui a donné lieu à bien des discussions chez les décisionnaires depuis le Moyen-âge, et elle mériterait un large développement. Cependant, là aussi, la valeur symbolique est très forte et doit donc être prise en compte même si la logique du vin casher peut sembler à certains, pour des raisons humanistes, discutable aujourd’hui.
Les sous produits alimentaires modernes :
Un des grands problèmes de l’alimentation moderne est la multiplication de composants transformés (colorants, conservateurs, émulsifiants, gélatine, présure, protéines et graisses diverses...). La Cashrout n’interdit pas (à tord ?) ce genre de manipulations (elle n’est nullement une garantie contre la vache folle, les hormones, les manipulations génétiques et autres apprenti-sorcelleries de notre industrie alimentaire). Le problème se pose par rapport à l’interdit de mélanges (présure animale dans le fromage) ou de la consommation d’animaux interdits (gélatine , colorants à base d’insectes, émulsifiants à base de graisse animale...).
La position la plus stricte et la plus simple est d’interdire tous ces produits ou mélanges.
Cependant certains décisionnaires se sont posés la question de savoir si les transformations chimiques très importantes nécessaires à la fabrication de tels produits דבר חדש, ainsi que leur quantité négligeable, ne rendaient pas possible leur autorisation. Là encore il faudrait une étude poussée, mais la question doit être posée et l’opinion de chacun examinée avec respect.
C’est pourquoi certains consomment des fromages non surveillés fait à l’aide de présure ou autorisent certains aditifs d’origines animal.
D’autres facteurs peuvent être pris en compte pour la Cashrout d’un aliment. Citons notamment l’interdiction de faire du mal à un animal qui, de l’avis de certains, a pour conséquence de rendre « impropre » (non casher ) la consommation de foie gras. Il est dommage d’ailleurs que ce problème ne soit pas plus souvent pris en compte, notamment pour imposer des conditions descentes d’élevage des bêtes .
Pour finir, rappelons l’existence d’une "métaCashrout", c’est à dire des grandes idées et symboles qui sous-tendent les lois alimentaires. Le Juif qui mange casher ne doit jamais perdre de vue que la Cashrout ne saurait en aucun cas être réduite à un simple problème technique, mais qu’elle est censée constituer la base d’une constante discipline et réflexion sur notre rapport à l’alimentation et à la nature.
La Cashrout est avant tout une affaire personnelle et il n’y a pas à regarder dans l’assiette des autres et à vouloir être plus casher que son prochain. Tout est relatif et l’on trouvera toujours plus casher que soi. Cependant, elle constitue une dimension importante de l’être juif qu’il convient de ne pas négliger, qui passe par le respect de soi et des autres et qui est tout à fait praticable dans notre société.
Etant donné la multiplication des problèmes et des opinions sur la question, il n’y a pas une Cashrout mais des Cashrouts, à chacun de trouver la sienne et de la mettre en pratique dans un esprit de respect pour celle des autres.
Yeshaya Dalsace
Manuel massorti de Kashrout
Pour toute question plus précise consultez la rubrique Halakha contenant des Teshouvot précises et argumentées.
http://www.massorti.com/-Questions-...
Histoire et introduction à la Kashrout
Ces cours sont visibles sur Akadem et son donnés par Liliane Vana, Docteur en sciences des religions et membre active de la communauté massorti Adath Shalom .
Au commencement de l’alimentation
Analyse du chapitre dix-neuf du Lévitique
Précisions sur le "chérets", le lait et la viande
Le lait et la viande - Pessa’h et les végétaux
Mélanges interdits, végétaux et ché’hita
Vous trouverez également une série de conférences sur ce sujet sur Akadem.
Messages
Etant en cours d’adhésion à la Torah, j’ai lu avec une vive attention votre article. Après avoir lu pas mal d’ouvrages sur la question, il était bon de rappeler quelques principes généraux pour mettre de l’ordre dans tout cela !
Concernant le paragraphe sur le vin, j’ai été étonné que certains se posent la question de le prendre cacher ou pas. Venant d’un pays viticole, il est très courant de pratiquer la chaptalisation mais également le rajout de sang sèché pour une histoire de robe ! Il est possible que cette pratique soit rare avec les décisions européennes, mais par principe de Sayag je préfèrerai m’abstenir !
Merci pour votre site,
Cher Monsieur,
Merci beaucoup pour vos remarques.
La motivation première de la cashrout du vin n’est pas une question de composition mais de rituel. En principe, un païen ne doit toucher en aucun cas au vin d’un juif. Cela pour des raisons historiques évidentes du fait que les païens faisaient leur culte sur le vin.
De nos jours, ce culte païen n’existe plus. Celui de la messe ne saurait lui être associé et se limite de toute façon à la coupe bue par le prêtre au moment de l’eucharistie.
Le judaïsme a cependant gardé cette coutume de ne pas permettre à un non juif ou à un juif non pratiquant de toucher le vin dès lors que la bouteille est ouverte.
D’un point de vue moderne et ouvert qui est le nôtre, cette volonté de séparation peut être très discutable dont certains cas.
En ce qui concerne la composition, elle ne doit pas a priori poser de problème mais peut en effet justifier pleinement une méfiance.
La chaptalisation consiste à ajouter du sucre au moût pour augmenter le degré d’alcool final du vin. L’ajout de 17 grammes de sucre par litre conduit à la production d’un degré d’alcool supplémentaire.
La cashrout n’interdit nullement cette pratique.
Le collage répond au besoin de clarification et de stabilisation à la fin de l’élevage.
Il s’agit de provoquer la floculation et la précipitation des particules fines en suspension dans le vin. Pour cela, on emploie des substances protéiques, ou du moins possédant les propriétés des substances protéiques.
Autrefois, le collage était réalisé à l’aide de blanc d’œuf battu en neige (les pâtissiers récupéraient les jaunes...). Le blanc d’œuf se dépose en entraînant certaines particules en suspension. Chargé positivement, il élimine des matières chargées négativement, tels les tanins indésirables et les anthocyanes. De nos jours, certains châteaux de Bordeaux utilisent de la poudre d’œuf.
La poudre de jaunes d’œufs ne pose pas de problème de cashrout sérieux.
D’autres produits employés sont la gélatine, la bentonite, la caséine, la colle de poisson, le chlorure de sodium (la loi l’autorise mais spécifie la dose maximale). Certains de ces produits peuvent poser des problèmes de cashrout. La poudre de sang de bovin est interdite dans l’Union Européenne.
La question du sayag :
L’idée même de poser des limites claires et tout à fait légitime dans la Halakha . Boire du vin n’est nullement une obligation dans la vie. On peut très bien s’en passer, sans pour autant se couper des autres.
Le vrai problème du sayag, en particulier chez le néophyte, est le fait de s’isoler du reste de sa famille et de ses amis sous prétexte de « pureté » et d’authenticité. Cela peut être une voie nécessaire à certaines personnes, cela ne saurait être une règle générale, en tout cas pas de notre point de vue.
Yeshaya Dalsace
(responsable de ce site, rabbin de Maayane Or à Nice)
Monsieur le Rabbin ,
Je vous remercie grandement pour votre réponse si détaillée.
Elle me sera très utile pour mes recherches et aimant comprendre ce que je fais, je ne pouvais pas espèrer une réponse plus adéquate. Merci beaucoup.
Je partage pleinement votre point de vue sur la question sayag:je conçois de vivre mon judaîsme au sein des autres et non contre les autres ; mais il est vrai qu’en tant que néophyte grande est la tentation de faire de notre mieux en se voulant " plus royaliste que le roi " ! Fréquenter une communauté accueillante et un rabbin instructif, devrait me permettre de trouver une pratique conforme à la Halakha et respectueuse de tous.
En tout cas votre site me donne l’envie de mieux connaître votre mouvement et regrette déja qu’il n’y ait pas d’antenne sur Lille.
Très cordialement,
Cher monsieur,
j’ai lu avec interet les principes de base de la cacherout que vous avez exposés.Elles sont pratiquement les mêmes que celles du consistoire ,c’est à dire du judaisme traditionnel proche de l’orthotoxie et non du judaisme moderne et évolutif.
Pour ce qui concerne "des mélanges interdits" la thora établit,dans l’interdit, un lien de parenté entre la viande et le lait.Depuis les évènements de la vache folle,il existe une "carte d’identité" de chaque bête abattue et la traçabilité est totale.La provenance du lait acheté en grande surface est claire:auvergne,normandie...
Si l’on s’assure que les produits viennent de régions différentes,pourquoi ne pas les mélanger ?
Par ailleurs,vous dites que la cacheroute est une affaire personnelle.Celà ne peut être possible car le "peuple"a besoin d’un guide.Il faudrait réecrire et réactualiser le" choulhan aroukh" du Rabbin CARO qui date de quelques siècles.Celà me parait tout à fait possible sans s’éloigner des lois décrites dans le pentateuque,mais en prenant quelques distances avec les interprétations des tanaims , amoraim et d’autres éminents rabbins qui,dans la michna et son commentaire la guemara,émettent des idées qui forcément correspondaient à leurs connaissances scientifiques et leur environnement de l’époque.Cette loi orale doit être consérvée,elle fait partie du patrimoine du judaisme,tout comme PLATON et ARISTOTE font partie du patrimoine de la philosophie et on continue à les étudier.
Cher Monsieur,
D’abord rien de bien étonnant que nos conceptions soient très proches de celles du Consistoire , nous ne prônons nullement un autre Judaïsme, nous pensons juste que certaines questions méritent débat et voulons un Judaïsme d’ouverture, rien de plus (je crois que vous n’avez pas vraiment situé le mouvement Massorti ). Je crois même que nous sommes plus pointilleux que le Consistoire d’il y a quelques dizaines d’années...
En ce qui concerne la kashrout , je ne vois absolument pas de raison pour remettre en cause des principes bien établis qui font la base même de cette discipline alimentaire. Il n’y a d’ailleurs rien de scientifique là-dedans, mais du symbolique et un travail spirituel sur le fait de se nourrir. En quoi la traçabilité d’une vache change quelque chose ? Quel rapport ?
Vous prenez le texte biblique au pied de la lettre. Allez jusqu’au bout et il n’est pas question de vache mais de chèvre (viande très rare de nos jours).
La loi juive s’appuie sur la tradition talmudique que le Shoulkhan Aroukh synthétise.
Nous, massorti , pensons qu’il faut le suivre, même si certains points peuvent faire débats.
Vous semblez confondre le Judaïsme avec une autre religion…
Mais tout cela est en effet affaire personnelle, chacun mange ce qu’il désire et personne ne vous obligera à vous plier à des règles qui ne vous conviennent pas.
« Un peuple a besoin d’un guide », pensez le en italien ou en allemand pour voir…
Non merci ! Un peuple a juste besoin de cohérence et d’intelligence, dans la liberté.
Bon appétit !
Yeshaya Dalsace
Bonjour,
Sur cet article j’ai une affirmation et trois questions,
– Le foie Gras est Casher , en Israel Du fois gras tamponné casher par le rabinat en provenance de Hongrie est vendu par les bouchers, de plus par rapport au foie Gras il est vrai que dans certains pays, Bulgarie, Quebec des pratiques ecoeurantes sur les animaux ont étés constatés, par contre et cela vous pouvez vérifier, les producteurs du Sud Ouest se comportent de manière correcte avec les animaux qui ne souffrent pas et ne sont pas malades, les canards et oies qui permettent de produire du foie Gras sont mieux traités que les poulets classés A, qui vivent toutes leur vie dans des cages et ne sortent que pour l’abbatage ce qui n’est pas le cas des oies et canards pour lesquels sont amménagé des parcours afin qu’ils puissent se déplacer, selon enquête de l’INRA que j’ai lu dernièrement le stress des animaux par le gavage est tout simplement erroné.
Question : est ce que le beurre ou d’ailleur les produits laitiers sans lactose sont considérés comme "parvé" ?
Question : Pourquoi la volaille qui n’est pas considérée comme de la viande ne peut être mangée avec du lait alors que le poisson oui, après tout dans la bible était considéré comme de la viande uniquement les animaux ruminants ayant le sabot fendu et donc la volaille n’est pas dans ce cas.
Question : Il est ecris tu ne mangera pas de brebis avec le lait de sa mère, historiquement du temps de moïse des Idolatres de Sidon effectuait ce repas pour leurs Idoles et donc cette interdiction était pour que les fils d’Israel ne fassent pas les mêmes pratiques que des Idolatres, pourquoi alors étendre cette loi sur uniquement un plan alimentaire ne serais il pas plus exact d’interdire la consommation des lapins en chocolat et des oeufs de paques qui représentait les dieux de la procréation romains
Foie gras : Bien sûr qu’il y a du foie gras kasher . Personnellement j’adore cela, mais d’après ce que je sais, le gavage est problématique et je m’abstiens donc d’en manger… Ce n’est pas parce que les rabbins accordent la kasherout que celle-ci n’est pas discutable. Mais dans certaine conditions, on doit pouvoir obtenir du foie gras sans faire souffrir l’animal, je ne connais pas bien le dossier.
L’élevage en batterie l’est également, et contredit l’interdit de faire souffrir les animaux. Je pense que les rabbins devraient se mêler des conditions d’élevage et de nutrition. L’idéal serait d’avoir un réseau de kashrout qui prenne cela en compte et dans lequel on aurait confiance. On trouve par exemple du bio kasher …
Personnellement je n’achète que du poulet fermier kasher à cause des conditions d’élevage.
La volaille, du fait de sa ressemblance avec la viande de veau a été interdite de mélange avec le lait par les rabbins du talmud (gzera). C’est une dynamique classique dans le judaïsme d’interdit sur un autre interdit. Le judaïsme réformé l’a remis en cause. Je ne vois aucune raison de le faire.
Sur l’origine de l’interdit du mélange viande/lait, votre hypothèse historique est peut-être juste. Cependant la genèse historique des choses ne joue pas de rôle suffisant pour justifier ou pas une pratique juive. Il n’y a pas de quoi remettre en cause quoi que ce soit ici. Le judaïsme est la résultante d’une quantité de facteurs et la lutte contre l’idolâtrie n’est pas le seul.
Pour les œufs de pâque, cela ne me semble pas très juif d’en consommer, mais la question des romains ne joue aucun rôle ici. L’idolâtrie romaine n’est pas le problème du judaïsme actuel.
Toutes ces considérations historiques sont très intéressantes mais ne suffisent pas à justifier une remise en question d’une pratique juive bien établie et saine. La question de la souffrance animale par contre, touche elle à un vrai problème de notre société et devrait influencer plus fortement le judaïsme contemporain et la kashrout à mon avis.
Aux USA, le mouvement massorti a créé un « hersher tsedek » pour résoudre ce genre de problèmes. J’espère que cela fonctionne correctement. En Israël des rabbins commencent à s’intéresser aussi à ces questions...
Yeshaya Dalsace
Merci pour votre réponse elle me parait sensée, quand à la remise en cause de pratique d’élevage surtout en batterie mais il y a quand même un dernier point que je ne comprend pas. L’idolatrie dans le Judaisme est completement proscrit, d’ailleur avant le Judaisme aussi c’est en ne le pratiquant pas et en refusant de vendre les idoles de son père qu’Abraham a été déclaré Juste par Dieux, alors pourquoi la consommation de nourriture provenant de l’Idolatrie ne serait elle pas elles aussi proscrites, c’est ce que j’avais cru comprendre de l’histoire et c’est pour cette raison que j’en avais fait référence. Par avance, merci
Il y a une logique de fabrication de la nourriture kasher . Dans ce processus de fabrication, la question des conditions de l’élevage a du sens.
La question du rejet de l’idolâtrie est différente. Elle consiste à essayer de se couper d’une culture qu’on rejette. C’est le cas pour ce qui concerne la kashrout du vin qui serait entre des mains idolâtres. Le problème est que la culture païenne combattue par les rabbins du Talmud n’existe plus et que notre rapport aux autres cultures a profondément changé.
Je ne vois donc pas pourquoi faire si grand cas d’un lapin en chocolat…
L’idolâtrie problématique, c’est la nôtre.
Yeshaya Dalsace