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La tragédie du Struma

La tragédie du Struma

Quand la Turquie et l’Angleterre ont laissé sombrer 769 juifs en mer -

La tragédie du Struma c’est la mort des 768 passagers juifs fuyant les nazis et membres d’équipage du paquebot Struma, torpillé en Mer Noire par erreur par un sous-marin soviétique le 24 février 1942, après que la Turquie lui ait refusé toute possibilité d’accoster.

Rappel des faits :

Le port roumain de Constanza, sur la Mer Noire, était un lieu d’embarquement important pour les Juifs qui tentaient de quitter l’Europe pour la Palestine.

Des milliers de Juifs, cherchant désespérément à échapper aux Allemands, se rendirent en bateau de Constanza en Palestine en passant par la Turquie, malgré les restrictions britanniques à l’immigration.

Le 12 décembre 1941, le Struma quitte le port roumain de Constanta pour Istanbul. Le moteur tombe plusieurs fois en panne, le navire doit retourner à Constanta, repartir, et le voyage de 176 milles marins, qui normalement dure 14 heures, dura 4 jours. Le 16 décembre, le Struma arrive dans le port turc de Büyükdere, au nord du Bosphore, mais les autorités turques interdisent tout débarquement, à l’exception de 8 passagers qui avaient déjà des visas britanniques pour la Palestine, obtenus à Bucarest, et d’une femme sur le point d’accoucher. Puis le Struma est mise en quarantaine. En dehors des soldats turcs devant garder le bateau, seules trois personnes seront autorisées à monter à bord : Simon Brod et Rifat Karako, personnalités de la communauté juive d’Istanbul, et N.G. "Dan" Malioğlu, représentant du Service maritime roumain à Istanbul (et membre de l’"Étoile du Danube"). Mais même ces personnes durent attendre dix jours pour être autorisés à distribuer aux passage ! rs la nourriture chaude, achetée par elles grâce aux 10 000 dollars envoyés par le Comité juif américain au grand rabbinat d’Istanbul.

Avec l’aide de la Croix-Rouge, Brod, Karako et Malioğlu ravitaillent les passagers et tentent d’obtenir une solution, démarchant les pays neutres, les Soviétiques et les Britanniques, mais les conditions de vie à bord se détériorent. Il y avait parmi les passagers des médecins, et Malioğlu a pu leur fournir certains médicaments.

Le 10 janvier, le capitaine Garabetenko envoie une lettre alarmée aux autorités turques et à l’ambassade britannique, et le 19 janvier, l’Agence juive demande aux autorités mandataires britanniques d’accepter les réfugiés.

Après soixante-trois jours d’une terrible attente, le 13 février, Moshe Shertok obtient des Britanniques l’octroi de 28 titres de voyage pour les enfants âgés de 11 à 16 ans.

Mais les autorités turques refusèrent de lever la quarantaine.

Mis au courant de ce refus, les passagers du Struma pendirent des deux côtés du bateau de grands draps où étaient écrits (en grandes lettres et en français) “Immigrants juifs”. Ils hissèrent également un drapeau blanc sur lequel était écrit : “Sauvez-nous”.

Le 23 février, environ 200 policiers maritimes turcs encadrèrent le Struma, menaçant de tirer sur quiconque tenterait de se jeter à l’eau, et arrachèrent les draps. Les autorités portuaires ordonnent au navire d’appareiller, mais après que les mécaniciens eurent saboté la machine de manière à rendre ses pannes irréparables, la marine turque remorqua le Struma en Mer Noire .

Le 24 février 1942, à 2 heures du matin, il fut coulé par un sous-marin soviétique.

Lorsque des canots de sauvetage arrivèrent sur le lieu du naufrage, il ne restait plus des passagers que quatre corps qui flottaient.

David Stoliar, un jeune homme âgé alors de 19 ans, fut le seul survivant de cette tragédie.

Après avoir reçu des soins dans un hôpital militaire turc, Stoliar fut emprisonné dans une cellule de la direction de la police turque à Istanbul et interrogé pendant deux semaines. Lorsqu’il demanda ce qu’on lui reprochait, on lui répondit qu’il était “entré en Turquie sans visa”.

Il fut finalement remis en liberté et Simon Brod, qui l’avait accueilli, lui expliqua que c’était un miracle d’avoir survécu à ce naufrage, mais qu’en réalité le véritable miracle, c’était qu’il soit ressorti vivant des griffes des autorités officielles turques alors qu’il était l’unique témoin de ce drame..

Le gouvernement turc ne s’exprima qu’une seule fois sur la tragédie du Struma et ce fut pour dire que la Turquie n’avait “aucune responsabilité dans cette catastrophe” et que la seule chose qu’elle avait faite avait été d’“empêcher des individus de pénétrer illégalement sur son territoire”

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