Le judaïsme est-il capable de se confronter à la réalité ou celle-ci est-elle plus forte que l’idée même du divin ?
Dans un monde moderne qui représente un certain danger pour l’avenir du judaïsme, on peut légitimement se poser la question.
Rashi nous met la puce à l’oreille.
Drasha de Yeshaya Dalsace
http://massorti.com/son/parasha/etu...
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במדבר פרק יג פסוק לא
וְהָאֲנָשִׁים אֲשֶׁר עָלוּ עִמּוֹ אָמְרוּ לֹא נוּכַל לַעֲלוֹת אֶל הָעָם כִּי חָזָק הוּא מִמֶּנּוּ :
רש"י במדבר פרק יג פסוק לא
חזק הוא ממנו - כביכול כלפי מעלה אמרו/]
Messages
A quoi cela sert-il de faire quelque chose si on sait par avance que cela va échouer (dernière phrase de votre commentaire) ?
En ce sens, les horthodoxes n’ont-ils pas raison d’agir comme ils le font ?
Cordial Shalom.
Merci pour votre écoute attentive,
Le propos du judaïsme est l’engagement malgré tout. On est jamais sûr d’échouer, on connaît les difficultés et on en a conscience, on avance quand même. Toute l’Histoire juive est basée sur ce principe. Il est vrai pour Abraham, il est vrai pour Moïse, il est vrai pour la survie du judaïsme après la destruction du Temple… On ne doit pas céder au principe de réalité et au défaitisme.
Les orthodoxes eux-mêmes acceptent cette idée et parviennent à défier les lois de l’histoire en reconstruisant le monde des Yeshivot, très grand réussite contemporaine.
Des orthodoxes modernes acceptent de se confronter à la réalité de la modernité.
Le grand enseignement de notre paracha est que la réalité pourrait être plus forte que Dieu lui-même « mimeno » et non « mimenou ». La tentation est donc de retourner au désert et d’y rester (non lieu – non temps). Ce point de vue est condamné par le texte. Le but n’est pas de sauver Dieu, si on peut s’exprimer ainsi, mais de, coûte que coûte, insuffler de la spiritualité à la réalité. Dans ce dessein, il faut accepter de se salir les mains et d’entrer en terre promise, quitte à y laisser des plumes.
Les courants du judaïsme qui refusent de tenir compte de la réalité se mettent donc en position d’échec, sous prétexte de réussir à se conserver… Paradoxe ! Mais ceux qui se laissent plomber par la réalité, qui perdent tout espoir utopique, sont également dans une voie sans issue.
Il faut oser partir même si l’on n’est pas sûr d’arriver.
Yeshaya Dalsace
Géniale cette interprétation !
Il faut avoir un peu confiance en soi quand même, si on veut insuffler de la spiritualité dans la réalité. Ca ne peut pas se faire en restant les bras ballants, mais dans un mouvement vers le réel.
La création n’est pas donnée à l’homme pour le dépasser, c’est l’homme qui doit dominer la création, la nommer, la connaître. Ce mouvement vers le réel est déjà dans berechit.
Quand à la question de maintenir son rapport à la transcendance dans ce mouvement vers le réel, c’est là la véritable gageure, et la source des angoisses des explorateurs, et des nôtres.
Un film israélien récent "le voyage de James à Jérusalem" illustre tout à fait ce propos. (si l’on excepte le fait que James est protestant). Au contact de Sion, il perd peu à peu le lien pourtant très fort qu’il entretenait avec son Dieu. Et de fait ne parvient jamais à Jérusalem, mais la prend seulement en photo. Ici, c’est une image fantasmée de la Terre Sainte, une image d’Epinal, qui se brise au contact du réel. Mais se brise-t-elle réellement ? Et quel James préfère t on, celui du début, naïf, qui se fait gruger en permanence, mais plein de pureté innocente, ou celui de la fin, plus trouble, plus ambivalent, effectivement capable de vivre en société, mais ayant perdu son innocence ?
La question des explorateurs...