A ces questions posées depuis longtemps, l’auteur tente de répondre par un récit autobiographique, dans ce livre dédié à Leïla Shahid, représentante de l’Autorité Palestinienne et à Théo Klein, ancien président du CRIF. Un article publié dans le journal Le Monde, où elle déclare publiquement pour la première fois sa judéité et s’oppose à son ami Robert Badinter sur le conflit israélo-palestinien, met le feu aux poudres : accusée d’incitation à la haine raciale par deux associations juives, Michèle Manceaux décide d’écrire ce livre pour s’expliquer et défendre sa conception de l’être juif.

Ensuite, elle laisse la plume à d’autres, dont Théo Klein, en leur posant cette question : « Que signifie pour vous être juif ? ». Le résultat est une réflexion intelligente sur la judéité contemporaine et les défis auxquels elle s’expose, le moindre n’étant pas que chacun respecte les façons autres que la sienne d’être juif.

Guershom

« Aujourd’hui, je suis juive. Je l’ai déclaré dans le journal Le monde daté du 31 août 2001. Ainsi c’est officiel, des archives peuvent en témoigner. L’écrivain juif Isaac Babel disait : « Si j’écrivais mon autobiographie, je l’intitulerais : Histoire d’un adjectif. Ce titre pourrait convenir à ma quête de réponses. Aujourd’hui, je place cet adjectif en pleine lumière et je me l’applique, mais que signifie : être juif ? A part les Juifs, pour lesquels c’est d’abord une foi et une religion, la première réaction générale et spontanée des athées se résume en cette simple remarque : « C’est compliqué. » Quand on me demande quel est mon travail actuel et que je prononce l’adjectif « juif » j’entends à chaque fois le même « Oh, la, la... » souvent prolongé d’un commentaire encore plus décourageant : « Oh, la, la... par les temps qui courent ! » Ne serait-ce pas, justement, par les temps qui courent, le bon moment ? Celui de l’engagement, celui de l’urgence qui fait sortir de chez soi. »