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Michel Onfray, Jean Soler et la religion des Juifs

Michel Onfray, Jean Soler et la religion des Juifs

Rien de nouveau sous le soleil -

Michel onfray a gratifié le grand public d’un long article pour le moins maladroit de trois pages dans Le Point du 7 juin 2012 à propos du dernier ouvrage de Jean Soler « Qui est Dieu ? ». Réponse...

Il se trouve que j’apprécie les travaux de Michel Onfray et ses conférences. Son goût pour un certain épicurisme et les philosophes délaissés n’est pas fait pour me déplaire. Par ailleurs, j’ai lu et suivi de longue date les différents ouvrages de Jean Soler sur la Bible, dont on peut en effet apprécier l’érudition classique malgré son fiel.

Michel Onfray fait grand cas du travail de Jean Soler, présenté comme une immense figure intellectuelle, un héros de l’esprit menant courageusement une guerre salvatrice contre l’hégémonie monothéiste au profit de la réhabilitation du bien précieux perdu par l’occident : la culture polythéiste, autrement supérieure. L’acteur principal de cette mise sous le boisseau du meilleur de la culture humaine, Athènes, au profit d’une ville honnie, Jérusalem, est bien entendu le juif (avec un petit j, c’est-à-dire l’adepte de cette doctrine à combattre)… C’est simple, limpide… Sur trois pages, Onfray se lâche en affirmant un tas de contrevérités, d’imprécisions, d’affirmations caricaturales tout en faisant croire au lecteur qu’on vient de découvrir enfin, grâce à l’héroïque Soler, comparé au grand Nietzsche, une vérité qu’on voulait si longtemps nous cacher sur la véritable identité de l’affreux et sanguinaire despote de notre culture : le Dieu du monothéisme, dont le Juif (que j’écris avec une majuscule car identité et religion sont ici indissociables), à la fois son esclave et son agent, ne vaudrait pas mieux que la caricature divine dont il se croit l’élu…

Cependant, contrairement à ce qu’affirme dans son article Michel Onfray, Jean Soler ne fait nullement dans la nouveauté. Je dirais même qu’il ressort des vieilles lunes avec un dogmatisme de premier de la classe qui récite une leçon bien apprise. Jean Soler viendrait casser six idées reçues, ce que nul avant lui n’aurait osé faire. Ce héros intellectuel déboulonnerait une bonne fois pour toute l’immonde et sanguinaire Dieu d’Israël responsable de 2000 ans de malheurs et de guerres sans fin. Le monde intellectuel, l’Université au premier chef, par conventionnalisme, bouderait Soler, on l’accuserait même d’antisémitisme, ultime arme des censeurs à court d’argument, ce héros digne d’un autre briseur d’idoles mal reconnu, Onfray lui-même.

Examinons les six points de Soler, présentés par Onfray comme révolutionnaires :

1. Contrairement à ce qu’on croit, la Bible n’est pas si ancienne et n’aurait pas la primauté car contemporaine des grandes œuvres philosophiques grecques. C’est juste. Mais Michel Onfray semble ignorer que toute personne, quelque peu érudite en matière biblique, connait ce fait. De nombreuses recherches dans ce domaine ont été publiées et si quelqu’un s’intéresse à ce genre de sujet, je lui conseillerais plutôt la lecture de Thomas Römer qui est un bibliste sérieux que celle de Jean Soler… En fait de nouveautés, Michel Onfray, en fin connaisseur des textes philosophiques qu’il est, devrait savoir que le grand Spinoza avait déjà affirmé cela dès le 17e siècle… Thèse largement reprise, argumentée et divulguée depuis par les divers chercheurs dont bon nombre d’universitaires israéliens, dont certains portent la kipa... Qui ignore aujourd’hui que les textes antiques ont une histoire rédactionnelle complexe ?

2. « La religion juive n’est pas monothéiste mais monolâtrique » affirme Michel Onfray, le Dieu des Juifs serait une idole qui a bien réussi… Le problème dans cette affirmation est la confusion entre la préhistoire du judaïsme, qui puise en effet dans un fonds culturel polythéiste et « la religion juive » qui a traversé toutes sortes de phases et n’a pas fini de le faire. Là encore, rien de neuf sur l’histoire et nombre de savants travaillent à ces sujets depuis 150 ans... Mais de quels « Juifs » parle-t-on et de quelle époque ? Onfray qui sait, tout comme Soler, la valeur du langage se permet d’affirmer une généralité éternelle « La religion juive n’est pas monothéiste »… Donc, en toute logique, les synagogues sont des lieux d’idolâtrie où l’on affirmerait la supériorité d’une divinité sanglante sur ses concurrentes… Lamentable raccourci et simplification historique. Si Michel Onfray était meilleur lecteur de la Bible, il saurait que celle-ci présente effectivement les hébreux comme idolâtres et les fustige pour cela, mais que le terme « Juifs » n’apparait que dans le livre d’Esther, fort tardif, à une époque où le véritable monothéisme est un acquis et le stade de la monolâtrie, un lointain souvenir. Il saurait surtout que la Bible ne tient pas de discours théologique uniforme (d’où son intérêt et sa longueur d’ailleurs) et qu’au bout du compte l’enseignement du monothéisme s’y trouve bien, contrairement à ses allégations simplificatrices. Pour moi, « la religion juive » est celle que je pratique, bien loin des idées reçues et des assertions de Michel Onfray et elle puise dans un réservoir de 3000 ans de textes les plus divers, y compris les textes universitaires les plus critiques.

3. Pour Onfray, la Bible ne connait pas l’universel et incite les Juifs à écraser les autres… Un peu court, comme affirmation ! (sans parler de relents nauséabonds de conspirationnisme). Au contraire, le plus étonnant dans la Bible, c’est qu’un petit peuple montagnard isolationniste en soit arrivé à une vision universaliste, affirmée à de nombreuses reprises. On la trouve dans l’idée d’ancêtre unique à toute l’humanité présentée comme une grande famille égalitaire ; dans l’idée de la possibilité de construire une paix fraternelle universelle exprimée chez plusieurs prophètes, notamment Isaïe ; dans l’ordre de respecter l’étranger « car tu as été toi-même étranger », « tu aimeras l’étranger comme toi-même » (Lévitique 19,34) qui est répété à de nombreuses reprises, ainsi que dans bien d’autres passages qui abondent en ce sens. Il est vrai que les Juifs ont toujours agacé par leur particularisme qui peut parfois être sujet à critique, le vilain Haman du Livre d’Esther ne s’en gêne pas… Mais on sait ce que cet agacement peut engendrer dans l’Histoire humaine et combien de Juifs en ont payé le prix. Ce qui devrait inciter Onfray et Soler à un semblant de décence au moment d’avancer ce genre d’allégations et au moins les argumenter avec finesse. Certes la Bible, livre d’une grande complexité, n’a pas le monopole de la morale et de l’universel, mais elle énonce bien une morale universelle que la lecture révisionniste de Soler ne peut évacuer d’un revers de main, en la réduisant à ses seuls aspects particularistes ou ritualistes.

4. Paradoxalement, Onfray reproche à la Bible de ne pas avoir affirmé clairement l’immortalité de l’âme et la résurrection. C’est vrai, et réjouissons-nous de cette liberté dogmatique digne des présocratiques ! Les rabbins   du Talmud   en étaient d’ailleurs gênés et cherchèrent à prouver assez maladroitement que leur idée de résurrection s’inscrivait bien dans le texte biblique. Ce point de doctrine était même une des polémiques entre Juifs pharisiens et Juifs sadducéens au 1er siècle avant JC. Là encore, donc, comme innovation, on fait mieux : Soler a 2000 ans de retard ! Mais cela veut-il dire qu’il n’y avait pas de spiritualité chez les prophètes, ou même les sadducéens, comme l’affirme Michel Onfray ? Il semble avoir une idée bien étroite et dogmatique de la spiritualité, qui ne passerait que par la résurrection ou l’éternité de l’âme et contredit donc ici son propre discours philosophique...

5. Onfray nous dévoile une vérité soigneusement cachée : le Cantique des Cantiques parle de l’amour charnel, c’est un texte érotique ! Voilà l’incroyable découverte de Jean Soler ! On se roule de rire… (Quoi, Salomon, vous êtes Juif !) Mais il faudrait être vraiment aveugle pour ne pas le voir : « Tes seins, ta bouche, tes cuisses, le levier de la porte, la serrure,… non tu ne rentreras pas ! » Gainsbourg n’a rien inventé et personne ne s’y est jamais trompé, même si une lecture symbolique et mystique fut mise en avant chez les religieux. Onfray prend les lecteurs du Point pour des enfants de chœur ! N’eut-il pas été plus digne de la pensée de l’auteur de s’interroger sur ce choix délibéré d’un texte érotique par les mystiques et les chefs du puritain monothéisme ?

6. Onfray assène : le Dieu d’Israël est exclusivement ethnique et séparatiste… la preuve : les lois alimentaires et de pureté pratiquées par les Juifs… Comment un philosophe, forcément retiré régulièrement dans son pré carré bien gardé pour pouvoir écrire son œuvre universelle peut-il écrire des choses aussi terre à terre et caricaturales ? Ne connaît-il pas ce genre de lois sur la pureté chez ses chers Grecs ? Ne sait-il pas la vertu d’une discipline intérieure ? Quelle contradiction entre ces règles et les principes de l’Universel ? Voilà bien une affirmation simpliste. Mais là encore, rien de neuf, c’est la reprise d’un vieux thème antijudaïque, celui d’une époque où l’on jetait volontiers les Juifs dans les puits ou sur les bûchers pour leur apprendre les vertus de l’universalisme chrétien…

Le reste de l’article ne présente rien de bien nouveau non plus, Onfray, à la suite de Jean Soler, croit devoir prendre une pose héroïque quand il ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes… S’il lisait un peu plus les biblistes et les historiens des religions, il se rendrait vite compte que le très savant et génial Jean Soler compile, vulgarise, avec un certain talent, mais ne dit rien au fond de bien original.

Ensuite, Onfray nous offre une révision du commandement « tu ne tueras point » qui, selon lui, ne concernerait que les membres de la tribu juive : les autres, on pourrait les massacrer comme bon nous semble… Là encore, en parlant d’un texte ancien, le mot « juif » est bien mal venu et plein d’ambigüité. Mais surtout, « tu ne tueras point » est une traduction discutable qu’il faudrait plutôt comprendre « tu ne commettras point de meurtre » ou « tu n’assassineras point », même sans savoir l’hébreu, il est facile de comprendre la différence entre « assassiner » et « tuer ». On peut pratiquer la peine de mort, sans pour autant assassiner… nuance à la portée d’un philosophe. Certes la Bible parle de condamnation à mort et décrit nombre de massacres, avant tout dans un but édifiant typique de son époque, mais cela ne veut nullement dire que c’est une question de Juifs ou pas (voir la fin du livre des Juges où l’on se massacre entre « frères », ou même l’épisode du veau d’or ou de Coré dans le Pentateuque). Le judaïsme a certes développé une législation à deux vitesses entre citoyen et étranger, que l’on peut critiquer, mais comme tous les systèmes de l’époque, y compris grec, et qui inspire notre système de citoyenneté actuel. L’accusation de restreindre l’interdit du meurtre aux seuls Juifs est grave et digne cette fois des pires rumeurs médiévales reprises au siècle dernier avec les conséquences que l’on sait : les Juifs solidaires entre eux empoisonnent les autres par haine du genre humain, et sont donc empoisonnables...

Puis Onfray nous fait verser une larme sur les Cananéens exterminés par « les juifs » (sic), grands massacreurs devant l’Eternel, contrairement aux très pacifiques Grecs…

Ici on touche au fond de l’absurde et de l’inexactitude, mais surtout à l’indécence pour ne pas dire l’abject.

Tout d’abord, en bon adepte de la critique biblique et de la rationalité, Onfray devrait savoir que le massacre des Cananéens n’est qu’une pure légende contredite par l’archéologie et le texte biblique lui-même. Il devrait savoir également, grâce à la même critique universitaire qu’il invoquait pour démolir l’ancienneté biblique, que les Hébreux sont eux-mêmes des Cananéens, même langue, mêmes divinités, dont le fameux El, sévère Dieu supérieur les conduisant à la monolâtrie, avant l’étape suivante… Que les terribles passages de massacres du livre de Josué ou ailleurs dans la Bible, choquent notre sensibilité humaniste, rien de plus normal et de plus légitime. Mais que cela fasse du judaïsme et du monothéisme en général le terreau obligatoire de l’extrémisme et l’inventeur du génocide, c’est vraiment tenir un raisonnement très superficiel et étaler ses préjugés au grand jour. Jean Soler oppose les Grecs épris de paix aux Juifs belliqueux… Faut-il rouvrir les classiques helléniques pour se remémorer les guerres entre cités, enlèvements, massacres et viols ? Faut-il rappeler les interminables luttes entre Sparte et Athènes et la politique hégémonique de cette dernière dont la cruauté envers les vaincus frappa Aristophane ou Xénophon ? Onfray ne sait-il pas la vantardise sanguinaire des Anciens, qui agissaient d’ailleurs moins qu’ils n’écrivaient, alors que les modernes font l’inverse… Cette vantardise et ce goût pour le sang versé sont communs à toute la littérature antique et aux bas reliefs, de la lointaine Mésopotamie jusqu’aux Romains, en passant par les Egyptiens, les Grecs, les Hébreux et bien d’autres. Mais l’athéisme occidental, dont Onfray se veut le porte drapeau, après ses dizaines de millions de victimes au nom d’une rationalité nationale parfaitement athée, massacrées comme jamais on ne le vit auparavant dans l’histoire humaine, n’est pas si bien placé que cela pour donner des leçons au reste du monde ou dresser un doigt accusateur contre le monothéisme.
Il est un fait que la Bible relève et cherche à résoudre dès ses premières lignes : l’être humain tue son prochain et a beaucoup de mal à s’arracher à ce rôle de Caïn et au cercle vicieux de la violence. L’accusation biblique, contrairement à ce que pense Onfray, est universelle et n’épargne personne, ni les Juifs, ni les Grecs, ni les hommes, ni les femmes… car s’il est un sujet de prédilection dans la Bible, ce n’est pas Dieu, mais bien l’humain dans son humanité la plus prosaïque, avec tous ses défauts exposés au grand jour et sous toutes les facettes possibles. Aucune figure biblique n’échappe à la critique.

Dans l’article d’Onfray, vient ensuite un parallèle doctrinal entre nazisme et judaïsme… On laisse à l’auteur la responsabilité de ses comparaisons d’un goût exquis. On ne relèvera que l’erreur historique : « les soldats du Reich allemand ne portaient pas par hasard un ceinturon sur la boucle duquel on pouvait lire : Dieu avec nous ». Or Onfray devrait savoir que ce ceinturon est très antérieur au régime nazi. Si c’est là la seule preuve de la ferveur monothéiste d’Hitler… avec quelques autres déclarations du Führer sur le « Tout-puissant », c’est un peu court. On pourrait opposer à ce grand admirateur de la culture polythéiste qu’est Michel Onfray, que s’il y a peut-être une ferveur religieuse dans le nazisme, ce serait plutôt sous la forme d’un retour aux bonnes vieilles valeurs du paganisme germanique, le culte du corps et des forces de la terre. Tout ce que le judaïsme déteste… Impossible me direz-vous, un païen, d’après Onfray, est forcément un homme de tolérance et un pacifiste, il suffit de regarder l’histoire glorieuse des empires de l’Antiquité pour s’en convaincre.

Jean Soler, que l’on ne saurait bien sûr soupçonner d’antisémitisme, (impensable chez un esprit de cette trempe !), aime certainement beaucoup les Juifs (il fut diplomate en Israël, il doit en garder quelques nostalgies et mêmes des amis) mais déteste profondément le judaïsme, la culture juive et tous les monothéismes. Il n’aime pas non plus la « singularité » de la Shoa, « efforts désespérés à tout prix, jusque dans le pire malheur, pour accréditer l’élection par Dieu du peuple juif ». Si je comprends bien, les Juifs exploiteraient cyniquement la Shoa pour remettre en selle leur élection divine ! Faisons plaisir à Soler et Onfray. Admettons que la Shoa ne soit qu’un massacre parmi d’autres, rien que le juste retour de bâton après le précédent de Josué. Admettons qu’il n’y ait rien de singulier à aller chercher aux quatre coins de l’Europe, des vieillards, des femmes et des enfants dans le seul but de les éliminer. Admettons que tout cela soit un malheur normal et qu’il n’y ait pas lieu de faire de ce détail de l’Histoire, une singularité.

Admettons également que l’Histoire juive - ses 2500 ans de diaspora, sa renaissance étatique et linguistique dans l’Etat d’Israël moderne - soit des plus banales. Admettons que la Bible soit un bien mauvais bouquin. Concluons une bonne fois pour toutes que ces gens-là nous ont assez cassé les pieds et qu’il est temps pour l’Occident d’en sortir ! Alors allons au bout de la logique d’Onfray : brûlons la Bible, Freud et quelques autres pour revenir exclusivement à Platon et Epicure !… Culture quand tu nous tiens !

Je ne connais pas les comptes que Jean Soler a à régler à travers ses « découvertes » et ses « combats héroïques » contre l’infâme. Je ne sais pas quels comptes Michel Onfray cherche à régler en montant au créneau pour promouvoir Soler l’incompris. Je sais seulement qu’en écoutant les conférences d’Onfray sur Freud, passé l’intérêt premier, j’ai ressenti un malaise dans ce besoin de tirer systématiquement sur le vieux docteur et « son goût immodéré pour l’argent »… En lisant l’article sur Soler, je ressens le même malaise, avec ici un indicateur troublant (lapsus de notre philosophe anti-freudien ?) : l’emploi quasi systématique dans cet article du terme « juif » alors qu’il est historiquement inapproprié et que les Juifs ne sont pas les seuls monothéistes, loin s’en faut (si en plus ils en sont toujours à la monolâtrie, qu’on les laisse alors tranquilles ces primitifs). Mais je ressens un plus grand malaise encore de voir un journal aussi sérieux que Le Point laisser passer des allégations aussi médiocres et mal à propos, au point de se demander si on lit du Onfray ou un avatar d’une médiocre littérature antijuive qu’on croyait dépassée, le tout dans un climat français où assassiner un Juif à bout portant ou le tabasser est devenu chose possible.

Je n’ai absolument rien contre la critique des excès religieux, au contraire ! En bon disciple de Moïse, je trouve salutaire de casser les tables sacrées et les idoles… En bon Juif je n’ai pas peur de l’autodérision. Comme chacun, je suis effrayé par l’éveil d’une religiosité extrémiste et bornée, y compris chez certains Juifs, qu’il est salutaire de critiquer et d’analyser. Mais il s’agit dans cet article du Point d’un lamentable et malsain jeu de massacre qui manque sa cible et discrédite profondément son auteur.

Rien de nouveau sous le soleil...

Yeshaya Dalsace, rabbin   de la communauté DorVador, Paris 20e

jeudi 14 juin 2012

Article d’Onfray
Réponse à Onfray

L’article de Yeshaya Dalsace a été repris dans divers endroits dont :

La Règle du jeu

http://laregledujeu.org/2012/06/20/...

La news du CRIF

http://www.crif.org/fr/tribune/rien...

Tribune juive

http://www.tribunejuive.info/israel...

Site de l’AJC

http://www.ajcf.fr/spip.php?article1286

Le Point du 28 juin

L’article de Yeshaya Dalsace a été partiellement publié dans le numéro du point.

Michel Onfray y répond en bottant en touche et pour se dédouaner de tout antisémitisme. Mais Michel Onfray n’a pas été accusé d’antisémitisme, par contre ses formulations sont maladroites, mal venues et sur le fond son propos est manichéen et indigne d’une réflexion en profondeur sur la teneur de la Bible.

Par contre l’accuser d’antisémitisme est aussi superficiel que l’analyse biblique qu’on lui reproche, ne tombons donc pas dans ce travers. Le débat sur le monothéisme est légitime, mais qu’il soit fait correctement et sans anathèmes, ni d’un côté, ni de l’autre mais sur le fond des choses et dans la réflexion intelligente.

Le Point du 28 juin

Nouvel Obs

http://bibliobs.nouvelobs.com/actua...

Autres réactions

Daniel Salvatore Schiffer : Michel Onfray antisémite ? Quelle calomnie !

http://leplus.nouvelobs.com/contrib...

Michaël de Saint Cheron
http://www.crif.org/fr/tribune/jean...

Onfray antisémite ?

Retour et mise au point.

A la suite de son article maladroit sur le dernier livre de Jean Soler, Michel Onfray a vite été classé dans la case « antisémite » par certains. Je pense que c’est une erreur grossière.

Son article était ambigu et maladroit, il méritait une réponse et une mise au point, notamment du fait des raccourcis de langage (l’emploi abusif du mot « juif » et « religion juive » pour parler de l’antiquité de façon polémique), du fait de certaines accusations mensongères contre le judaïsme (le devoir de tuer les païens) et du fait du parallèle odieux et pervers avec le nazisme. Cette réponse a été faite, envoyée à Onfray et partiellement publiée dans Le Point, on peut la lire dans son intégralité avec les autres articles concernés, dont celui d’Onfray, sur le site massorti  .com.

Onfray antisémite ?

Si mon article relevait que les accusations contre la « religion juive » assénées par Michel Onfray rappelaient de bien veilles accusations antijuives, ma réaction n’accusait pas pour autant Michel Onfray d’être un antisémite. Je crois sincèrement qu’il ne l’est pas, pas plus que Le Point d’ailleurs qui laissa publier son article et que c’est une erreur de cataloguer ainsi trop rapidement. Il faut démonter le propos, sa pensée éventuellement, pas l’homme qui par ailleurs a ses qualités et dit souvent des choses intéressantes. Je ne l’ai jamais lu ou entendu attaquer quelqu’un parce que Juif, au contraire.

Cela n’empêche pas que son article reste inadmissible et révélateur d’amalgames honteux. Les affirmations d’Onfray et de Jean Soler sont pour le moins problématiques et leur formulation ambigües. L’article d’Onfray n’aurait pas dû être écrit tel qu’il le fut car indigne aussi bien d’un philosophe que d’un bibliste ; Le Point n’aurait pas dû publier un article comme celui-là, même signé par une grande plume, car indigne d’un journal sérieux…

Mais un mauvais article ne fait pas d’Onfray un antisémite, ni du Point un mauvais journal. Michel Onfray a d’ailleurs eu tort à mon avis de répondre à ce niveau de l’accusation personnelle et de se poser en victime (ce qu’il a fait dans Le Point du 28 juin face à mon article et ce qui a été maladroitement repris dans un petit article du directeur du Point quelques semaines plus tard), plutôt que de reconnaitre une maladresse et retourner au débat de fond sur la nature violente ou pas du monothéisme.

La question soulevée par Soler sur la possible nature violente du monothéisme est légitime. Les critiques contre certains excès du judaïsme le sont aussi (il n’y a aucune raison de ne pas critiquer le judaïsme quand nécessaire et de crier à l’antisémitisme dès qu’on le fait). Tout est question de style et d’argumentaire. Il en est de même avec l’Etat d’Israël, critiquable également sur plusieurs points quand bien même ces critiques nous sont, à nous Juifs, désagréables.

Ce qui est problématique, c’est la critique systématique en usant de caricatures et de simplifications dans le but de détruire le précieux reste d’une culture longtemps persécutée et méprisée d’un peuple assassiné. C’est cela qui est insupportable.
Or Onfray a seulement écrit un article, rien de plus. Tant qu’on n’est pas dans l’obsession, on n’est pas dans l’antisémitisme. Par contre, son article se plaçait dans un contexte plus large d’attaques antijuives et il ne fallait pas laisser passer. A suivre donc, mais attention de crier vainement au loup et de se lancer inutilement dans une chasse aux sorcières.

Je trouve donc maladroit de la part de certains de mes frères juifs de sauter à pied joint sur l’antisémitisme ou l’antisionisme dès que quelqu’un exprime une opinion critique à notre égard.

La critique est toujours légitime et surtout salutaire, c’est pourquoi mieux vaut se critiquer soi-même avant que les autres le fassent. La question soulevée par Soler et ramenée par Onfray doit être la nôtre, elle nous concerne au premier chef puisqu‘elle interroge notre passé et nos textes. Fuir la question est signe de faiblesse. De son côté, la réponse doit éviter l’apologétique et au contraire chercher à améliorer le système plutôt que d’excuser les éventuels manques. En cela, ces questions devraient venir également de nos propres rangs. Nous devons être suffisamment mûrs pour supporter la critique et surtout pour la faire nous-mêmes. Hélas, nous n’avons pas toujours cette maturité…

De son côté, Michel Onfray devrait prendre un peu de hauteur avant de s’attaquer au monument Bible… Il devrait également ne pas confondre les excès d’un système avec le fond de ce qu’il exprime. Il devrait surtout comprendre que ces domaines ne demandent pas moins d’investissement et de réflexion que la philosophie. Lire ne suffit pas, il faut étudier. Son article était lamentable, mais Onfray ne l’est pas ; son propos glissait vers le pamphlet antisémite, mais cela ne suffit pas à cataloguer son auteur. Cela montre combien ces sujets sont glissants et combien nous devons être vigilants. Mais attention au cercle vicieux des accusations. Là encore, la réponse de Michel Onfray n’était pas la bonne, car ramenant tout au niveau personnel au lieu de répondre au problème posé.

Il n’y a donc pas d’affaire Onfray contrairement à un titre du Point. Il y a un mauvais article polémique et des réponses qui doivent demeurer dans le cœur du sujet : c’est-à-dire la question posée par Soler sur le monothéisme (pourquoi pas si c’est fait avec sérieux et sans bassesse) mais aussi, pour renvoyer la balle chez Michel Onfray et Le Point, la question du pourquoi de ce besoin tellement européen de taper sur les Juifs, sur l’héritage juif de l’Europe, besoin œdipien qui finit par déboucher sur l’antisémitisme, mais qui ne l’est pas au départ et n’est pas inéluctable. Affaire de famille donc, et cela doit le rester. J’ai presque envie de dire une « dispute au nom du Ciel ». Alors on ajoutera un peu de lumière à nos obscurités…

Rabbin   Yeshaya Dalsace

Messages

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

J’éprouve toujours un grand intérêt à vous écouter ou à vous lire.
Cependant, cette fois, je suis perturbé.

Michel Onfray est ce qu’il est mais Jean Soler mérite peut-être mieux que ce que vous laissez entendre.

Quelques réflexions en vrac, à partir de certaines de vos phrases :

1) « Qui ignore aujourd’hui que les textes antiques ont une histoire rédactionnelle complexe ? »

99% des français. Au moins…
Et 99% des français juifs sans doute. Tout le monde n’a pas lu Spinoza.
Gageons que bien peu ont conscience que Moïse ne pouvait pas écrire en hébreu.

2) « Il saurait surtout que la Bible ne tient pas de discours théologique uniforme (d’où son intérêt et sa longueur d’ailleurs) et qu’au bout du compte l’enseignement du monothéisme s’y trouve bien »

« Au bout du compte »… C’est cela qui est intrigant.

3) « Pour Onfray, la Bible ne connait pas l’universel et incite les Juifs à écraser les autres… »

La phrase est rude. Si Onfray pense vraiment cela, c’est déroutant de bêtise.

 Mais peut-on nier que « l’amour du prochain ne saurait être étendu à l’amour des idolâtres, dans la mesure où l’idolâtrie est un péché majeur » (dictionnaire du judaïsme, éditions Cerf Laffont, page 63).

 Que penser aussi des versets suivants :
25.6
Et voici, un homme des enfants d’Israël vint et amena vers ses frères une Madianite, sous les yeux de Moïse et sous les yeux de toute l’assemblée des enfants d’Israël, tandis qu’ils pleuraient à l’entrée de la tente d’assignation.
25.7
A cette vue, Phinées, fils d’Éléazar, fils du sacrificateur Aaron, se leva du milieu de l’assemblée, et prit une lance, dans sa main.
25.8

Il suivit l’homme d’Israël dans sa tente, et il les perça tous les deux, l’homme d’Israël, puis la femme, par le bas-ventre. Et la plaie s’arrêta parmi les enfants d’Israël.
25.9
Il y en eut vingt-quatre mille qui moururent de la plaie.

Que fit aussi Esdras avec les couples mixtes ?

4) « c’est la reprise d’un vieux thème anti judaïque, celui d’une époque où l’on jetait volontiers les Juifs dans les puits ou sur les bûchers pour leur apprendre les vertus de l’universalisme chrétien… »

L’histoire n’est-elle pas un peu plus complexe ?
Qui persécute qui, quand et pour quelles raisons ?

A ce propos, que pensez-vous de « la conception matérialiste de la question juive » d’Abrabam Léon ?

Très cordialement

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

J’ai répondu à Onfray, à son article précisément.

Que certains aspects de la littérature biblique ou même d’une partie du judaïsme actuel peuvent poser problème et méritent discussion, je ne le nie pas, mais c’est une autre affaire. Ce site le fait largement et ce n’est pas ici le propos. C’est la cas Onfray qui est intéressant et le fait que le point le publie. Cela en dit long sur un certain état de la société française.

Yeshaya Dalsace

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

Onfray a reçu la lettre qui lui était destinée ? Il a répondu ?

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

Comme mon ami Rav Dalsace, j’apprécie(ais) Onfray. Bien qu’intéressé par la psychanalyse, en ayant effectué une et lecteur de Freud, je l’ai défendu lorsqu’il a été vilipendé, de façon assez peu élégante je trouve, pour son livre Le crépuscule d’une idole, que j’ai lu et que je trouvais valable. Camusien, j’ai salué son ouvrage réhabilitant toute la puissance de l’oeuvre de l’auteur de l’Etranger. Je trouve son idée d’Université populaire intéressante. J’estime(ais) que c’est un vrai philosophe.

Mais là, je viens de lire son article dans Le Point et je suis sidéré. Sidéré par la quantité de mensonges ou d’approximations qu’on peut y lire, indignes d’un intellectuel digne de ce nom, et par la malhonnêteté intellectuelle qui le caractérise. Je me permets de signaler quelques points que n’a pas évoqués explicitement Rav Dalsace et qui m’ont particulièrement choqué :

 "L’amour du prochain ne concerne que le semblable, l’Hébreu, pour les autres, la mise à mort est même conseillée [...]. Dieu a célébré la pureté de ce peuple et interdit les mélanges, d’où les interdits alimentaires, les lois et les règles, l’interdiction des mélanges de sang, donc des mariages mixtes. Ce dieu a voulu la ségrégation, il a interdit la possibilité de la conversion, l’idée de traité avec les nations étrangères [...]"

La conversion existe depuis l’aube du judaïsme jusqu’à aujourd’hui, où des milliers de personnes par an deviennent juives dans le monde (pas négligeable pour une religion qui compte au plus 15 millions d’âmes). Elle est indiquée à de nombreuses reprises, explicitement, dans le Talmud   et le Shoul’han Aroukh, le principal code de loi juif, en définit la procédure. De grands noms du judaïsme étaient convertis ou descendants de convertis. Selon certains commentateurs, jusqu’à la naissance d’Isaac, l’entrée dans le judaïsme ne se faisait que par conversion (cf. commentaire de Rachi   sur Genèse XII, 5). Et si la conversion a substantiellement régressé à l’apparition du christianisme, c’est que ce dernier, une fois le concile de Jérusalem passé (qui statuait que désormais, il n’était plus nécessaire d’être juif pour devenir chrétien), a puni de mort tout rabbin   convertissant un païen au judaïsme, et le païen en question !
Quant aux traités avec les nations étrangères, il suffit de lire la Bible, et l’histoire moderne d’Israël, pour se rendre compte qu’ils sont possibles !
Segrégation ?! On croit rêver ! Le judaïsme protège le guer tochav, c’est à dire l’étranger qui réside en Israël et respecte les lois noa’hides. On doit donner la tsedaka à un guer tochav, on doit l’aimer (le commandement d’amour de l’étranger apparaît deux fois dans la Bible : les commentateurs en déduisent donc qu’il s’applique à la fois au prosélyte mais aussi à l’étranger non-juif). On doit même le protéger contre un rodef (poursuivant menaçant), ce dernier fût-il juif ! On doit aimer l’esclave non-juif. On doit visiter les malades non-juifs, enterrer leurs morts, consoler les endeuillés (Yoré Déa 151,13 ; 244, 7 ; 259,3 ; 268,2 ; 335,9 ; 367,1). On ne doit pas le voler (’Hochen mishpat 231,1). Lorsqu’on doit de l’argent à un Juif et à un non-Juif, on doit d’abord rembourser le non-Juif. Lorsque j’ai sollicité le FSJU pour venir en aide à des réfugiés tchadiens musulmans menacés d’expulsion, la Directrice a immédiatement accepté de débloquer des fonds pour leur permettre de s’acheter de la nourriture en prévision du Ramadan.

-""Tu ne tueras point" est un commandement tribal, il concerne le peuple juif, et non l’humanité dans sa totalité. La preuve, Yahvé commande de tuer, et lisons Exode, 32. 26-28, trois mille personnes périssent sur son ordre."

On se frotte les yeux tant c’est énorme : les hommes en question tués dans ce passage sont précisément des Juifs qui ont adoré le Veau d’Or !!!

 "Dans Contre Apion, l’historien juif Flavius Josèphe établit au Ier siècle de notre ère une longue liste des raisons qui justifient la peine de mort : adultère, viol, homosexualité, zoophilie, rébellion contre les parents, mensonge sur sa virginité, travail le jour du sabbat, etc."
Mais M. Onfray, renseignez-vous ! Le Talmud   indique qu’"un tribunal condamnant une fois à mort tous les 70 ans est un tribunal assassin" et l’application de la peine capitale est soumise à tant de conditions préalables (avertissement, deux témoins cachers, vote du sanhédrin,...) que le judaïsme est sans doute une des religions qui l’a le moins appliquée au cours de son histoire !!
Et vous qui vous définissez libertaire, vous pourriez peut-être indiquer aux lecteurs du Point que la prison et l’hôpital psychiatrique cette abomination sont absents du droit hébraïque, et la stérilisation forcée des "handicapés mentaux" ou de tout être vivant strictement interdite !

 "Ce sectateur juif [Jésus] renonce au nationalisme de sa tribu au profit de l’universalisme. Dès lors, il n’y a qu’un dieu, et il est le dieu de tous. Plus besoin, donc, des interdits qui cimentaient la communauté tribale appelée à régner sur le monde une fois régénérée."

La vieille tarte à la crème du bon Jésus universaliste contre les méchants Pharisiens repliés sur eux-mêmes... Insupportable !

Vraiment je tombe de haut.

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

Je viens de lire avec le plus grand intérêt votre réponse à l’article. Le propos de Michel Onfray, procède de plusieurs erreurs d ’épistémologie le conduisant à une chute herméneutique. La première de ces erreurs est une stricte lecture littérale du texte - lecture doublée probablement d’un accès au texte au travers d’une traduction en français - la seconde consiste en une double erreur, prendre le TaNaKh   pour un cadastre et pour un livre d’histoire. Si les récents travaux archéologiques confirment ou parfois infirment des passages bibliques, le temps des interprétations historisantes est révolu depuis des années. Il est à tout le moins surprenant de la part d’un philosophe que l’ontologie et l’éthique présentes au coeur même du texte lui soient totalement étrangères. Il en va de même des pratiques rituelles alimentaires - qui sont certes des rites de privation - mais qui renvoient leurs adeptes non pas à une simple réduction identitaire mais à une réflexion ontologique sur la nourriture. Comme l’a fort bien souligné le Rabbin   Yeshaya Dalsace, le TaNaKh   en faisant descendre l’humanité d’un couple symbolique, empêchait par la même toute forme de racisme ou d’exclusion attendu que nous sommes tous issus - symboliquement - de la même matrice. Les interdits alimentaires existent dans toutes les traditions sans exception, ce de point de vue, le judaïsme direct descendant de la religion des anciens hébreux ne présente aucune particularité spécifique. Il serait trop long dans le cadre d’une réponse aussi synthétique de développer les vertus de la pratique de la consommation de la cacherout, mais il est néanmoins possible de mettre en exergue un fait saillant, celui du lien indissoluble - et donc unitaire - entre les hommes et la nourriture, nourriture elle même issue du fruit de la terre et donc la création. En obligeant les adeptes de du judaïsme, à réfléchir sur l’origine de la nourriture - au travers des rites de privation - nous avons clairement à faire à une ontologie qui n’est pas "anthropocentrée" donc par voie de conséquence universelle. C’est faire donc un mauvais procès considérant le TaNaKh   comme ne contenant que des lois culturellement spécifiques aux seuls hébreux.

Les juifs n’ont pas construit de temples, ils n’ont pas laissé à la postérité des extraordinaires artefacts à l’instar de la civilisation gréco-romaine, mais ils ont cédé à l’humanité entière un bien des plus précieux. Ils furent probablement les plus grands grammairiens de tous les temps. Ils transmirent aux générations suivantes des images symboliques au travers des textes, certes ils ne laissèrent pas derrière eux une autre œuvre que celle d’une pensée. Mais cette pensée ne tarda pas à être réaproprié – et réinterprétée - par pratiquement toutes les nations. Une grande partie de l’éthique de l’occident s’appuie aujourd’hui qu’elle l’assume ou s’en défende sur cette pensée même. Certes entre les juifs et la Grèce ce fut aussi un grande histoire de fascination. Qui nierait de nos jours que nous sommes – à tout le moins dans une grande partie du monde – les enfants de la rencontre de Jérusalem et d’Athènes. La réconciliation entre la philosophie aristotélicienne et le TaNaKh   constitue le noyau même des œuvres de la plupart des penseurs juifs ( et parfois musulmans ). La sauvegarde et la popularisation en occident des travaux d’Aristote est du reste une conséquence de cette fascination.

Si l’on se limite au strict registre éthique et ontologique – excluant par la même les interprétations théologique – force est de constater que le TaNaKh   et en particulier la majeure partie de Berechit et de Shemot renvoient à des principes universels qui précisément traversent les particularismes ethniques.

Le succès mondial du texte doit en grande partie au fait qu’il est possible pour un juif ou un gentil   de se réapproprier ces principes universels. J’ajoute que nombre de ces principes universels se passent même d’une éventuelle croyance en un créateur. Il est ainsi fort possible à un athée théorique ou pratique de se reconnaître dans le décalogue nonobstant l’origine de ces paroles. Il en va de même du verset du Lévitique 19, 18.

Enfin l’assertion selon laquelle le monothéisme serait le seul générateur des maux dont souffrent les sociétés depuis des siècles est dénué de tout fondement historique. Si tel était le cas les guerres seraient apparues avec l’avènement du monothéisme et seraient absentes des sociétés traditionnelles, or rien n’est plus faux.
Il serait bon de rappeler le massacre des juifs par les hellènes à Alexandrie à une époque ou les grecs confessaient eux-mêmes encore le polythéisme.

Michel Onfray passe hélas à coté de son sujet, dans le strict registre philosophique. Je n’entrerai pas dans la polémique sur la croyance et le nazisme, que pour l’heure dans un soucis d’apaisement je rangerai à dessein dans le cadre d’une grave erreur interprétative.

Je puis aisément recevoir toute forme de critique concernant les religions, leurs pratiques et donc par voie de conséquence leurs dérives. Il y a là matière à débattre avec tout le sérieux que requiert cette discipline. Il ne m’est pas choquant non plus toute affirmation d’athéisme théorique ou pratique dès lors que le comportement éthique individuel n’est pas de nature à contraindre ses semblables. Mais il est tout de même plus problématique de la part d’un philosophe – un ami de la sagesse – de serpenter sur un chemin de crête, dont les interprétations personnelles pourraient être de nature à raviver des démons dont nous avons mis plus de deux générations à nous affranchir. Nous sommes aujourd’hui à une époque ou le dialogue entre les différentes confessions est devenu possible – à tout le moins en occident – il y a hélas encore trop d’extrémistes se livrant à une lecture rigoureusement littérale des textes fondateurs pour que les philosophes ne ravivent des poncifs dont les conséquences historiques ont laissé des traces indélébiles.

Jean-Marc CAVALIER LACHGAR

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

La présentation de l’éditeur est tout simplement hallucinante :

Dans un style clair et accessible à tous, Jean Soler met d’abord en lumière "six contresens sur le dieu de la Bible", une divinité qui n’est pas le Dieu unique des trois religions monothéistes mais un dieu parmi d’autres, du nom de "Iahvé", conçu comme le dieu national des seuls Juifs. Il relate ensuite, sans référence aucune au surnaturel, la généalogie du dieu "Dieu", telle qu’il l’a reconstituée à partir des acquis de la recherche scientifique. Il explique enfin pourquoi cette croyance peut porter plus que d’autres à l’extrémisme et à la violence, comme on l’a vu avec les Croisades, l’Inquisition ou les Guerres de religion, et comme on le voit de nos jours avec les conflits du Moyen-Orient, sans compter l’influence, indirecte mais bien réelle, de l’idéologie monothéiste sur le nazisme et le communisme, ces deux fléaux du siècle passé.

Franchement, il aurait pu directement dire que les juifs avaient inventé le nazisme et que d’une certaine façon le nazisme avait tué le père en inventant la Shoah, cela aurait été plus simple et plus honnête. Si je vous voulais faire un peu d’humour, je me demande si tous ces braves gens n’ont pas encore résolu leur complexe d’Oedipe. Le judaïsme, Freud, les grecs toussi toussa...

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

Tout d’abord je ne pense pas qu’on puisse facilement parler d’un « Dieu » (theos) dans l’Ancien testament. Premièrement Yehovah désigne en hébreu « l’Etre éternel » et supporte par conséquent une ontologie et non pas une théologie : par son ontologie le judaïsme est donc une philosophie. Ensuite reste le problème de la traduction de ‘El et de ‘Elohîm par « Dieu » : c’est peut-être possible mais dans Judaïsme Martin Buber préférait reconnaître dans le mot ‘Elohîm la notion de « pouvoirs » au sens où Carlos Castaneda parle du « pouvoir » (c’est-à-dire des lois spirituelles, métaphysiques et éthiques) qui régit l’univers. Donc là encore la notion d’une théologie juive semble improbable.
Ensuite la conquête de la terre promise de Canaan par les hébreux sous Josué se justifiait par la mission d’installer sur terre un culte à YHVH destiné à moraliser les peuples alentour (Gen. 12,1-3). Quant à cette installation d’Israël en Canaan, elle nécessitait de soumettre les peuples qui y habitaient et c’est pourquoi le droit biblique de la guerre en Deut.   20 ordonnait à Israël de ne combattre un peuple cananéen qu’après lui avoir demandé s’il acceptait les conditions de paix, ce qui impliquait l’asservissement de ce peuple à Israël.
Enfin il faut savoir que conformément à un certain point de vue philosophique, l’Ancien testament reconnaissait une résurrection post-mortem de l’individu sous les deux formes du souvenir personnel (exemple de Samuel en I Sam. 28) et de l’influence historique aussi appelée « esprit » au sens de l’anglais ghost (exemple de l’esprit du défunt Elie qui descend sur Elisée en II Rois 2,15).

Patrick Négrier, philosophe

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

Bonjour, en "II Rois 2,15" il faudrait lire, "l’Esprit qui reposait sur Élie repose maintenant sur Élisée", cela ne vaut-il pas mieux ? D’ailleurs les prophètes se prosternent mais c’est à cause du fait que cet Esprit est l’Esprit de Dieu, qui reposant autrefois sur Élie, reposait maintenant sur Élisée. Vous dites aussi "le défunt Elie" : mais non Elie n’est pas défunt, il est monté au ciel : "11 Comme ils continuaient à marcher en parlant, voici, un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l’un de l’autre, et Élie monta au ciel dans un tourbillon.
12 Élisée regardait et criait : Mon père ! mon père ! Char d’Israël et sa cavalerie ! Et il ne le vit plus. Saisissant alors ses vêtements, il les déchira en deux morceaux, 13 et il releva le manteau qu’Élie avait laissé tomber."

C’est le deuxième homme à monter directement au ciel (le premier étant Enoch) sans passer par la mort. Or, deux témoins doivent apparaître, à Jérusalem, dans la guerre qui opposera un gouvernement mondial à Israël, au sujet du statut international de Jérusalem, dans lequel on verra ces deux témoins prophétiser au Nom du Dieu d’Israel et ils frapperont la terre de toutes sortes de plaies, (comme Moïse et Aaron devant Pharaon) jusqu’à ce qu’ils achèvent leur témoignage. Après quoi ils seront tués (finalement c’est là qu’ils connaîtront leur mort respective) et exposés sur la place publique mais ils ressusciteront au bout de trois jours sous l’oeil des webcams et des caméras des journalistes du monde entier, puis ils s’élèveront dans les airs et disparaîtront, comme témoignage de la vérité de la Parole Dieu et de ses avertissements. Ce sera un signe de l’imminence de l’établissement du Royaume de Dieu, celui ci visiblement et définitif, voyez les visions du prophète Daniel ch 7, et particulièrement le v 13, ainsi que Daniel ch 2 v. 44 et 45, qui exposent une chronologie et l’aboutissement de cette chronologie. Au sujet du conflit cité plus haut, voyez Zacharie ch 12, 13 et surtout 14, le dénouement.
En tout cas Onfray et Soler ont du souci à se faire.
Michel

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

Rectificatifs sur les erreurs de J. Soler :
Sur la question de l’ancienneté ou non de la Bible par rapport aux philosophes présocratiques, Jean Soler oublie que la Bible a repris à son compte une grande partie de l’héritage des cultures égyptienne et mésopotamienne plurimillénaires.
En ce qui concerne l’universalité du judaïsme, il faut rappeler qu’elle réside dans celle des trois vertus théologales dont Genèse 1-2 fournit une description et une explication complètes sous le voile allégorique de deux récits concordants de création du monde.
Troisième erreur de Soler : le Cantique des cantiques, comme le récit de Genèse 2 décrivant l’union de « l’homme » (‘îsh) et de la femme (‘ishah), symbolisait l’union intellectuelle et morale du sujet humain avec « ce qui est » (en hébreu : ish ou yesh, origine étymologique des mots hébreux désignant « l’homme » et la « femme »), c’est-à-dire avec Yehovah, « l’Etre ».
Enfin sur la question d’une Grèce qui aurait été soi-disant pacifiste, il ne faut pas oublier que deux des premiers textes de la culture grecque traitent de la guerre : il s’agit de l’Iliade et du poème de Parménide qui relate la fuite du philosophe loin d’un champ de guerre extra-muros et son refuge dans le temple d’une déesse (Athéna) situé à l’intérieur de la cité (probablement Elée).

Patrick Négrier

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

"La nourriture que l’homme absorbe pour vivre, il sait qu’elle va s’assimiler à son être, devenir lui. Il faut donc qu’il y ait une relation entre l’idée qu’il se fait de tel ou tel aliment et l’image qu’il se donne de lui-même et de sa place dans l’Univers. La cuisine d’un peuple et son appréhension du monde sont liées."

Dans cette introduction à la Kashrout   intitulée ’la Sémiotique de la nourriture’ et publiée en 1973 Jean Soler insiste sur deux points : les interdits alimentaires ne relèvent pas de l’hygiène et l’existence ou la non-existence de Dieu ne constitue pas le cœur du problème.

Aujourd’hui notre auteur se débat pourtant avec la question de Dieu. Peut-être faute de manger Kasher   ? ou alors faute de ne pas s’intéresser davantage à la sagesse des traditions bouddhistes qui ont fait de Dieu une dangereuse illusion ?

L’apport des philosophes risque dans ce domaine de s’avérer bien décevant. Ceux-ci peuvent nous parler d’absolu et de contingence mais sont bien en peine de mettre les deux en relation. « Si Dieu existe, je ne suis pas libre, enseignait Jean-Paul Sartre. » Autrement dit l’idée d’absolu exclut celle de contingence et vice-versa.

Le judaïsme n’a cure de cette contradiction. Il nous parle d’un Dieu qui s’adresse aux hommes dans le particularisme d’un peuple, de son histoire et de ses lois. Le christianisme entend s’adresser à l’humanité entière mais enseigne que ce Dieu s’est incarné dans le destin particulier d’un Juif exécuté par des Romains. L’Islam exclut toute association entre Dieu et une réalité contingente et s’efforce d’empêcher qui que ce soit – parfois violemment - de se prendre pour Dieu.

Certains penseurs reconnaissent le bien-fondé de ces traditions religieuses qui nous permettent de vivre les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, même si eux-mêmes n’y adhèrent pas. Ils sont souvent qualifiés de post-modernes. Pour d’autres - les modernes – la critique ou déconstruction constituent l’alpha et l’omega de la pensée.

C’est dans cette seconde catégorie que s’inscrit Michel Onfray. Mais, alors, pourquoi céder à la mythologie du complot et présenter sous un jour victimaire ce Jean Soler qui eut de si honorables prédécesseurs, qui est reconnu par des sommités et dont les livres se vendent comme des petits pains. Ne voit-on pas naître sous la plume du philosophe de Caen, lui aussi adulé et rejeté, le fantasme d’un surhomme à la fois précis comme le Grand Horloger et capable de faire trembler les montagnes à la manière du Saint au Sinaï ? Un homme-dieu qui, comme le Nazaréen, au dire de certains de ses disciples, n’est pas reconnu par les siens.

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

Quel excellent texte ! Merci
Je l’ai lu et diffusé sur Facebook.
Claire (Genève) une amie d’Annemarie Dreyfuss

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

Les livres de Jean Soler m’ont beaucoup interpellé conduit à entreprendre une recherche pour mon compte, y compris en rencontrant des personnes du CRIF, des rabbins  , des chrétiens, voire des musulmans. Jean Soler pose une question  du moins je la reformule ainsi :

le concept d’un dieu jaloux de l’adoration des hommes n’est-il pas unique dans l’histoire des religions, et n’explique-t-il pas la spécificité de la violence religieuse observable dans le monde monothéiste, celle consistant à vouloir brûler les dieux d’autrui, qualifiés d’idoles ?

Cette question posée dans son livre "La violence monothéiste" (2010) a rencontré un silence assourdissant. Ce silence a conduit Jean Soler à en publier un résumé avec son "Qui est Dieu ?". L’appui à cet opuscule du très médiatique Michel Onfray a transformé le silence précédent en vacarme et en invectives.

La question attend toujours sa réponse.

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

Jean Soler part d’un axiome faux : le monothéisme est forcément intolérant et violent.
Rien ne prouve la vérité de cet axiome. Les asiatiques qui ont une conception religieuse fort différente ont produit autant de violence que le monde monothéiste.
Toute sa critique est caricaturale et manichéenne.

La question de départ sur la violence est une bonne question, mais cette violence est partout et dans toutes les civilisations et le plus souvent n’a rien à voir avec la religion, souvent instrumentalisée par le politique.

Cette question sur la violence est omniprésente dans la Bible qui pose autrement mieux le problème que ne le fait Soler.

René Girard me semble plus pertinent dans sa réflexion que Soler qui fait de la Bible une caricature.

Il faut donc poser la question autrement que ne le fait Soler.

Yeshaya Dalsace

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

D’après mes lectures de quelques-uns de ses livres, René Girard a mis en question l’interprétation actuelle de la violence à l’époque de l’Ancien Testament, y compris de la violence attribuée à Dieu dans cette partie de la Bible.

J’ai trouvé particulièrement éclairante son analyse de la "victime émissaire" comme moyen collectif de mettre fin au cycle des vengeances avant que soit trouvé le moyen moderne de l’institution judiciaire. Cette analyse s’opposait clairement, à juste titre m’a-t-il semblé, à notre conception moderne de la violence antique.

Je n’ai cependant pas trouvé de texte où René Girard aurait mis en question, a fortiori pour la détruire, la croyance actuelle d’une "bonne" violence réellement voulue par Dieu, croyance toujours enseignée par les institutions des trois monothéismes comme étant juste mais "seulement mal interprétée".

Cette mise en question - dans le but affiché de la détruire - de cette croyance selon moi toujours criminogène (directement dans l’islam et indirectement dans le judaïsme et dans le christianisme) c’est le sujet de cette réflexion : "Benoît XVI, premier responsable de la violence religieuse". C’est ici :

http://blog.sami-aldeeb.com/2011/09/18/benoit-xvi-premier-responsable-de-la-violence-religieuse/

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

Monsieur le Rabbin   écrit que "Onfray devrait savoir que le massacre des Cananéens n’est qu’une pure légende contredite par l’archéologie et le texte biblique lui-même" puis, plus bas, "les terribles passages de massacres du livre de Josué ou ailleurs dans la Bible, choquent notre sensibilité humaniste, rien de plus normal et de plus légitime."
C’est bien flou de répondre ainsi à Onfray. Il risque d’y voir une contradiction.

La Bible ne parle pas d’une "extermination" du peuple cananéen,(que l’archéologie réfute en effet), elle dit qu’il doit s’incliner devant Israël, et on comprend bien que c’est au prix, s’il le faut, de la disparition physique d’un certain nombre de ses composantes. Dieu a en effet d’après la Bible, effectivement ordonné de "passer par l’épée" un certain nombre de villes cananéennes. Et les ordres divins ont été partiellement exécutés. Même si Onfray admet qu’il n’y ait pas une volonté d’anéantissement aveugle des Cananéens de la part de Dieu, mais la volonté de les soumettre, il reste qu’en effet les massacres ordonnés par Dieu sont difficiles à comprendre, étant donné les caractères de Dieu notamment son amour de tous les hommes.

Le problème est donc le suivant : pourquoi Dieu a ordonné de tels actes de jugement ? Il faut faire de l’exégèse, et elle est difficile.
On peut penser que les adultes étaient coupables de ne pas reconnaître la seigneurie du Dieu d’Israël, de ne pas se repentir. Exemple : la conquête de Jéricho (voir Josué 6) : les portes étaient barricadées pour se protéger des Israélites, Dieu ordonne aux Israélites de tourner 6 jours (c’est beaucoup !) autour de la ville, et ensuite les murailles s’écroulent et les combattants peuvent agir. Il n’y a pas eu manifestement de repentance de la part des chefs de Jéricho, et pourtant le temps n’a pas manqué. Ce type d’exécution est un jugement, qui anticipe le jugement dernier. Les adultes de Jéricho (sauf Rahab et sa famille) sont déclarés coupables devant Dieu et méritant la mort. Ce qui est gênant c’est qu’on peut penser que nombre d’adultes ne pouvaient pas aller contre la volonté des chefs, et bien entendu ce qui est encore plus gênant ce sont l’exécution des jeunes, des enfants. Il faut se confronter à ces textes. C’est ce que je compte faire, en tant que chrétien évangélique.

Onfray lit trop rapidement, c’est navrant. Je me souviens d’avoir parcouru en librairie un des ses livres, où il se moquait du péché d’Adam (la manducation de la pomme) : il l’interprétait comme une volonté de la part de Dieu de faire de l’homme un crétin ! Misère !

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

Christian

Onfray lit peut-être trop rapidement, comme vous dites, mais il n’invente pas l’extermination des cananéens. Elle est explicite dans de nombreux passages de la Bible, et explicitement présentée comme la volonté de Dieu.

Comme tous ceux qui sont demeurés chrétiens - je l’ai été longtemps et ne le suis plus - vous VOULEZ trouver une cohérence acceptable dans TOUT ce qui est attribué à Dieu dans la Bible. Vous ne la trouverez pas et, si vous ne voulez pas vous l’avouer, vous tricherez, vous vous mentirez à vous-même, et vous vous éloignerez du prophète juif Jésus, dont les chrétiens se réclament en le trahissant. Vous adhérerez au dogmatisme qui, je le répète, a des aspects criminogènes, directement ou indirectement.

Regardez dans votre propre commentaire. Vous rapportez sans la mettre en question la "non-culpabilité" de Rahab la prostituée. Réfléchissez-y d’un point de vue simplement humain. Cette femme est donnée en exemple parce qu’elle ne prévient pas son peuple qu’on s’apprête à le massacrer ! Et Dieu veillera à ce qu’elle soit récompensée, elle et sa famille, pour cette action "exemplaire" !

Il faut radicalement réformer la lecture PAR LES RESPONSABLES RELIGIEUX des textes sacralisés. Le problème de ces textes est bien un problème d’interprétation comme le disent ces responsables, mais c’est LEUR interprétation qui est erronée et, dans l’entêtement à ne pas le voir, cela va parfois jusqu’à l’odieux.

Lisez, s’il vous plaît, le texte dont je donne l’adresse dans mon premier commentaire. Et voyez l’interprétation du Livre de Josué dans la Bible de Jérusalem annotée. Franchement odieuse cette interprétation !

Parce qu’on les sait bien intentionnés, parce qu’on sait qu’ils n’ont même pas conscience de leur épouvantable égarement on s’abstient de mettre ces responsables devant leur folle théologie. On reste "religieusement correct".

Il faut que cela cesse : c’est cette folle théologie CRIMINOGENE qui conduit, après les diverses évolutions de la démarche monothéiste, à la criminalité toujours opérante dans l’islam, pour le présent et le futur.

La paix du monde est impossible sans la radicale réforme. Elle consistera à affirmer que Dieu, pour ceux qui croient en lui, est dans le meilleur des attributs qui lui sont associés dans les textes sacrés. En aucun cas dans ce qu’on lui attribue de pire. Le meilleur est l’exemple à suivre. Le pire est ce que nous avons à détruire en nous-mêmes.

Et cette réforme EST POSSIBLE. L’épouvantable interprétation n’est nullement fatalement éternelle. Crions très fort que Dieu, s’il existe, N’A JAMAIS COMMANDÉ DES MASSACRES.

Michel Onfray, Jean Soler et les juifs

Une réponse à l’article du rabbin   Yeshaya Dalsace
http://www.exergue.com/h/2012-07/tt/onfray-antisemite.html

Michel Onfray, Jean Soler et la religion des Juifs

@ JPCC : pour parler d’une violence spécifique au monothéisme, encore faut-il avoir des éléments de comparaison. Il ne me semble pas que les boudhistes soient exempts de violence voire de terrorisme dans leur histoire (oui, les boudhistes, vous avez bien lu). Un petit tour du côté de l’histoire chinoise (époque Tang), pourrait vous donner quelques pistes. Sans parler des Incas, des Mayas, etc. De doux pacifistes ?

Tant qu’aucune véritable étude comparée des violences religieuses n’est menée, on parle dans le vide. A ma connaissance ce style de recherche n’existe pas (recherche qui réclamerait de compiler des éléments factuels, statistiques, tangibles, sur les doctrines et pratiques religieuses de tout le globe, en ce compris les Incas, ces grands pacifistes, les mayas, etc.). Bref, en l’absence d’éléments factuels solides, parler d’une violence "spécifique" au monde monothéiste relève de l’hypothèse.

Michel Onfray, Jean Soler et la religion des Juifs

@ coline

A mon avis JPCC ne pose pas la question la plus utile pour le monde d’aujourd’hui et pour celui où vivront nos enfants, nos petits enfants et ceux d’après.

Il faut surtout se demander COMMENT mettre fin à la violence religieuse, aujourd’hui toujours mise en pratique, selon moi TRES LOGIQUEMENT, par des islamistes, lesquels sont les musulmans les plus fidèles aux enseignements de leur prophète et des rédacteurs du Coran, contrairement à ce que prétendent les analystes superficiels qui veulent "nous rassurer".

Selon moi la réponse est claire : il faut exiger des institutions qui dirigent les monothéismes qu’elles rejettent très fermement une fois pour toutes leur croyance dans une prétendue "bonne violence" prétendument "voulue par Dieu".

Et qu’elles rejettent ce qui est nettement pire encore : la transmission aux croyants du futur de cette épouvantable conception de Dieu.

Extrait de mon texte "Benoît XVI, premier responsable de la violence religieuse" (adresse électronique donnée plus haut)

"Il faut dire ici bien fort que les croyants fanatiques passant à l’acte criminel effectif "ont bon dos", et que les institutions de leurs religions respectives devraient, dans une société où la Justice profane serait réellement indépendante et objective, assumer au moins partiellement la responsabilité de leur crime."

Michel Onfray, Jean Soler et la religion des Juifs

Juste une remarque de simple bon sens.
Il me semble qu’il aurait été intellectuellement beaucoup plus honnête de votre part de lire les livres de Jean SOLER et ensuite de rédiger votre "attaque", plutôt que de vous limiter à l’article du Point.
Comment voulez vous sérieusement débattre en vous limitant à des à peu près ?
Cordialement,
T.

Michel Onfray, Jean Soler et la religion des Juifs

Bonsoir a tous,
Rabbin   Yeshaya Dalsace, peut être avez vous vu ce débat du 17 JANVIER 2015 ?
Après les événements de Charlie et de l’hypercascher...
Michel Onfray défend LES JUIFS et ISRAËL.
Voici l’extrait voir lien :

Voir en ligne : ONFRAY Défend Israël et les Juifs

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