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Et te voici permise à tout homme

Et te voici permise à tout homme

Eliette Abécassis -

Voici un livre roman-autobiographique qui a le mérite d’exposer sur la place publique un problème que l’orthodoxie   refuse de régler alors que des solutions existent.

Après "La répudiée", Eliette Abécassis conte ici l’itinéraire d’une femme juive religieuse et moderne corsetée par le dogme.

Son divorce civil a été prononcé, mais son divorce religieux lui a été obstinément refusé par son mari, car celui-ci sait que notre héroïne aime un autre homme, juif libéral, qui se moque, lui, des interdits intégristes.

L’auteure narre ce drame religieux avec une réelle dextérité. Ce qui pourrait ne tenir qu’en quelques pages devient un vrai roman tourmenté et fiévreux sous sa gouverne fervente.

Il faut d’abord croire au pouvoir du mariage religieux, accorder son crédit au tribunal, accepter aussi un marchandage avec le mari. C’est de cette quête interminable, proche de l’impasse, qu’est fait ce récit à la fois prenant, dense, passionné.

Bien sûr, on peut se gausser de cet intégrisme religieux qui paraît accepter qu’on puisse marchander son pouvoir - l’héroïne d’Eliette ira à Jérusalem quérir les services d’un tribunal plus clément. Car tout ce qui est ici relaté se déroule dans la France du XXIe siècle.

Voilà donc un roman-document qui se lit comme un plaidoyer ardent, une histoire d’amour en filigrane : l’ex-mari ne peut accepter de livrer son épouse à l’homme qu’elle aime et qui, malgré la religion, est son amant. Bref, une histoire, une femme, un combat et le mur du dogme religieux.

"Et te voici permise à tout homme", d’Eliette Abécassis (Albin Michel, 220 p., 17 E).

La solution massorti  

Un mariage massorti   est le même qu’un mariage orthodoxe   et se confronte donc exactement aux mêmes problèmes, comme celui des Agounot   (femme à qui on refuse le divorce religieux). Mais nous anticipons la solution en faisant signer un accord avant le mariage aux mariés devant témoins, accord donnant la force au Beit Din d’annuler le mariage en cas de non remise du Guet dans les mois qui suivent le divorce civil.

Il existe également d’autres solutions conformes à la Halakha  ... (un livre entier a été écrit en hébreu sur ces diverses solutions : Zaakat Dalot http://www.schechter.edu/book.aspx?ID=50) Si seulement les rabbins   orthodoxes   prenaient le sujet plus à coeur et avaient un peu d’audace... A défaut de choisir un rabbin   massorti   pour se marier (ou un rabbin   moderne orthodoxe   qui fait la même clause), il reste à écrire des romans et à souffrir... Mais mieux vaudrait prévenir que guérir !

En tout cas Eliette Abécassis a le courage de mettre les pieds dans le plat du consistoire   sur cette douloureuse question et c’est déjà cela. En espérant que cela changera quelque chose, mais on en doute sérieusement.

D. B.

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