Les personnes éclairées des deux religions, celles habituées au dialogue, ont bien compris cela.
Chacun regarde l’autre comme légitime sur son terrain à lui. On ne cherchera pas à convaincre l’autre du mieux-fondé de son propre système sur le sien.
Un juif n’a rien à chercher dans le christianisme, sinon un dialogue fraternel ce qui est déjà énorme, et un chrétien peut se ressourcer au judaïsme, mais l’essentiel de sa foi puise dans des sources différentes : celles qui ont fondé le christianisme, c’est à dire le Nouveau Testament.
Il ne faut donc pas confondre les deux religions qui sont très différentes, même si certains points communs demeurent.
Bien entendu, dès lors qu’on accepte les règles du jeu, le dialogue entre juifs et chrétiens peut s’avérer d’une grande richesse pour chacune des partis.
Cependant, ce dialogue n’est jamais égalitaire.
Tout d’abord il y a le poids de l’histoire, 2000 ans de persécutions chrétiennes et d’enseignement du mépris contre les juifs avec les conséquences que l’on sait.
Il y a également une différence numérique, plus d’un milliard de chrétiens face à 14 millions de juifs.
Les enjeux du dialogue ne sont pas du tout les mêmes. Chercher à se faire connaître et à comprendre l’autre, pour les juif ; renouer avec des racines oubliées et chercher à effacer une longue tradition de mépris injustifiée envers le judaïsme, pour les chrétiens.
Ensuite, il y a une approche très différente des textes. Les juifs lisant la bible en hébreu et cherchant à la mettre en pratique, alors que pour le christianisme, les évangiles sont comme un nouveau départ et demeurent l’ultime texte de référence. Pour les juifs, les évangiles ne représentent rien d’autre qu’un texte chrétien, si on les prend au niveau théologique ; ou simplement un texte juif ancien et marginal, si on les prend sur le plan historique. Par ailleurs la lecture juive des textes est une lecture éclectique, qui cherche à faire jaillir le sens dans une pluri dimension, jamais une lecture extatique ou dogmatique.
Si cet état de dialogue fructueux et respectueux existe maintenant dans de nombreux cercles, il y a encore de trop nombreux chrétiens, convaincus de détenir l’ultime vérité et ne comprenant absolument pas pourquoi les juifs ne reconnaissent toujours pas Jésus.
Nous ne voulons pas entrer dans une polémique inter-religieuse qui devrait être aujourd’hui dépassée. Il faut cependant exposer sincèrement pourquoi le christianisme, en tant que doctrine, ne représente pas un enjeu spirituel pour un juif croyant qui appartient tout simplement à un système spirituel différent et largement riche.
Il faut expliquer aux juifs, souvent ignorants de leur propre tradition, la faiblesse de l’argumentaire de missionnaires que l’on rencontre hélas encore chez certains cercles marginaux, mais actifs du christianisme.
Il faut regarder les évangiles pour ce qu’ils sont pour nous juifs : un texte écrit dans un contexte historique juif très précis, cherchant à appuyer un point de vue idéologique polémique face à la synagogue et utilisant la personne de Jésus comme figure fondatrice d’une nouvelle religion essentiellement tournée vers le monde païen de l’époque.
C’est donc dans le but de cette nécessité d’information et de dialogue sincère et sans détours, que nous nous permettons d’exposer certaines vues.
Il faut également que les chrétiens acceptent que si leur foi les pousse à voir en Jésus le degré absolu de spiritualité et de révélation, elle ne repose que sur un acte de foi, une acceptation, absolument respectable, mais pas forcément partagé et encore moins prouvée ou rationnelle.
Il est forcément difficiles pour un chrétien de tolérer « l’indifférence juive » vis-à-vis de Jésus. Il est forcément bousculant de voir des gens qui connaissent les mêmes textes que vous, qui partagent une foi semblable à la vôtre, qui s’enracinent dans ce qui vous semblent être vos racines, et qui pourtant, ne partagent pas du tout le même point de vue sur ce qui vous semble indispensable et fondateur.
De leur côté pour les juifs, il est parfois difficile, d’avoir la rigueur intellectuelle de laisser les polémiques de côté et de ne pas laisser son raisonnement envahi par le poids émotionnel de l’histoire.
C’est pourquoi le dialogue judéo-chrétien est si riche mais également si difficile.
Le fait que depuis plusieurs dizaines d’années ce dialogue est devenu chose courante et qu’il a pu atteindre parfois de vraies profondeurs est assurément une bénédiction.
Yeshaya Dalsace
Conférence - un rabbin et Jésus
Le rabbin Yeshaya Dalsace s’est livré à un exercice délicat auprès de Amitiés Judéo Chrétiennes de Marseille : donner une impression juive sur Jésus à la demande des AJC voulant connaitre le regard d’un rabbin sur Jésus.
Il se base sur ce qui ressort du texte des Évangiles. Il se place d’un point de vue extérieur à ceux-ci, du point d’un juif qui découvre un texte qui a priori lui est étranger. Cette méthode a le mérite d’être sincère et de prendre les choses sans démagogie.
http://www.massorti.com/son/cours/j...
Réponses juives aux missionnaires
Voici un fascicule traduit de l’anglais par Jacques Kohn, écrit par un rabbin orthodoxe américain, le rabbin Kravitz, qui a le mérite d’être clair et concis et de bien expliquer pourquoi un Juif ne doit pas se laisser faire par d’éventuels missionnaires.
Lecture du prophète Obadia
- Prophétie à propos du christianisme
http://www.massorti.com/son/cours/h...
Messages
En dicutant avec un ami protestant de mon envie de me convertir au judaïsme, j’ai entendu deux voix s’exprimer : l’une était ravie de voir une athée gagner en spiritualité. Puis, très peu de temps après, mon ami m’assèna sa propre explication du "pourquoi les Juifs n’ont pas reconnu Jésus", ce qui pour lui apparemment était une grande faute.
J’ai mes propres raisons pour passer d’une religion à l’autre : je trouve le Judaïsme plus rationnel dans son approche. certains des dogmes chrétiens étaient pour moi incompréhensibles. J’adore cette façon de progresser par l’étude dans le judaïsme : on ne m’a jamais proposé de me servir de mon intelligence et de ma raison dans le christiannisme. C’est peut être méchant à dire, mais c’est vrai, hélas.
Je n’ai pas polémiqué avec mon ami, mais j’ai trouvé sa réaction stupide, et j’ai surtout pensé qu’il ne connaissait pas vraiment ce dont il parlait.
C’est une bonne chose de pouvoir choisir sa religion. Un signe qu’on est libre, surtout si personne n’est venu précher chez vous ou vous influencer, ce qui n’est jamais le cas avec le judaïsme. Je me sens plutôt fière du chemin parcouru, et je sais que j’en ai encore beaucoup à parcourir, mais c’est plutôt dans la joie et la reconnaissance.
Ce que vous dites sur le différence entre "une lecture éclectique, qui cherche à faire jaillir le sens dans une pluri dimension, jamais une lecture extatique ou dogmatique", c’est exactement ce que je ressens. Etre chrétien, c’est attendre le miracle, s’attendre à la contemplation. Etre juif, c’est plus modestement chercher à s’appuyer sur une tradition exégétique, pour soi-même, modestement, s’enrichir du contenu de texte qui ne se livre pas forcément leur sens facilement. Il ya un abime entre les deux attitudes, un abime entre cette impatience et cette patience. Tout n’est pas donné, tout n’est pas immédiat. Et s’Il existe bien, heureux sommes nous d’apprendre à Le connaître.
Récemment lors d’une exposition, j’ai vu un magnifique tableau de Dali par lequel il faisait partager son expérience mystique (il avait eu une vision de Jésus lors d’un rêve). Voilà : ça, c’est typiquement chrétien. Le tabeau était magnifique, mais en le voyant je me suis dit : voilà bien ce qui m’éloigne du christiannisme. Cette prétention à la transcendance immédiate.
Nathalie
Il y a quelque chose de terrible à écouter les assertions des chrétiens, franchement, et si je dis ce que je pense ce ne sera pas très gentils pour eux. Il n’on même pas une lecture LITTERALE de leurs propres textes fondateurs, ne sont même pas capable de se rendre compte de la charge de violence inclue dans les évangiles (et vous avez surement raison de mettre cette violence en rapport avec le contexte de rédaction, postérieur au personnage de Jésus, quoique c’est peut ê.re un peu trop généreux à la limite, le bénéfice du doute).
Bien sur qu’il y a une charge de violence énorme dans ces textes, biensûr que le paradoxe avec la religion "d’amour" est patent, biensur qu’on ne dit jamais ou presque aux chrétiens que "tu aimeras ton prochain comme toi même" c’est dans lévitique, bien sur qu’on n’apprend pas à ces gens, qui sont avant tout manipulé, moi je le pense, à réfléchir et à avoir une distance critique, mais à développer un soit disant sentiment, une émotion, qui les embrouille.
J’ai tout ce formatage en moi et franchement y’a pas de quoi se gausser. En plus ils n’ont aucune perpective historique des choses et répondent à vos arguments sensés par des images d’épinal
J’aimerais bien qu’on m’explique 1 chose de manière claire et concise. HM étant UN donc indivisible, comment des courants religieux peuvent-ils se "dépatouiller" tout en restant logiques pour inclure ce qu’ils appellent "la sainte Trinité" donc 3 entités, dans 1 seule ? ils n’ont apparemment pas peur de se contredire de manière aussi magistrale dans leur théologie, au Vatican. Ou comment faire rentrer un carré dans un triangle sans en réduire ses dimensions, bien sûr. Bien du courage Messieurs du Vatican. Si vous trouvez la réponse_quand les poules auront des dents_ faîtes moi signe. Et dire qu’il y a des millions d’humains pour croire à cette imposture. Heureusement, les juifs sont là.