Bien des livres ont déjà été écrits sur ce problème qui reste assez incompréhensible car touchant à l’irrationnel et au fantasme. La démarche de Delphine Horvilleur change car, en bon rabbin , elle base sa réflexion sur des textes de la tradition juive. Nos sages avaient pensé à tout, même à quelques abrutis méchants du style Alain Soral et autres vilains esprits obsessionnels qu’on aurait pu croire vaccinés une fois pour toute après la Shoa, mais qui continuent, comme chacun sait, à polluer l’atmosphère. Le livre est intelligent, bien écrit et bien documenté. L’auteur montre bien la spécificité de l’antisémitisme sur le reste du racisme : on reproche aux races « inférieures » de ne pas avoir assez, d’être en dessous, on les méprise… alors qu’on reproche au Juif d’avoir plus… Les racistes n’ont aucune difficulté à repérer ceux d’une autre « couleur », alors que pour l’obsession antisémite le Juif est partout car semblable et difficile à repérer.
Delphine Horvilleur fait également un parallèle justifié avec la misogynie en montrant qu’on a accusé le Juif d’être en creux, d’être peu viril et même féminin.
Montrer la bêtise antisémite et s’interroger sur ce mystère est une chose, le faire à force de sources rabbiniques est autrement intéressant. Lisez ce petit livre, vous ne perdrez pas votre temps. Si vous êtes juif, vous verrez que nos sources textuelles sont comme toujours une excellente base de réflexion et que donc « il y en a encore ». Si vous n’êtes pas juif et aimez les Juifs, vous aller adorer nos capacités à réfléchir. Si vous êtes antisémite, vous aurez un bon miroir de votre pathologie, mais vous ne sortirez pas guéri car une fois de plus, le Juif (pire : la Juive et de surcroit rabbin !) en a plus que vous…
Yeshaya Dalsace