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Le culte des sacrifices

Le culte des sacrifices

Parashat Tsav -

La parasha   de cette semaine est l’exacte prolongation de celle de la semaine dernière, continuant à nous enseigner les principes des sacrifices

et de la manière dont les Cohanim  , les prêtres, doivent les effectuer. Ce culte des sacrifices, qui ouvre ainsi le livre du lévitique, recouvre en fait plusieurs dimensions de la spiritualité juive : il y a tout d’abord la notion même d’approche de Dieu, contenue dans le mot hébreu "korban", qui vient de "karov", proche.

Le sacrifice est donc une manière de se rapprocher de Dieu.

Il y a également la notion de "avoda", de culte rendu à Dieu. Il y a donc non seulement le désir de se rapprocher de Dieu, mais également celle d’accomplir quelque chose pour lui.

Nous y trouvons également la notion de réparation, "tikoun", puisque l’apport du sacrifice était le point d’orgue du processus de demande de pardon pour ses fautes.

Une autre notion importante est celle de sainteté, puisque le culte des sacrifices était un moyen de se rendre saint en participant à un processus sacré. La notion de pureté s’y retrouve également, la participation au culte du sacrifice demandant à chaque individu de se purifier.

Enfin, la notion de commandement y est centrale : le culte des sacrifices est minutieusement ordonné par la Torah en fonction des commandements transmis à Moïse.

On comprend mieux pourquoi le culte des sacrifices prend une telle place dans la tradition juive antique : non seulement une large place lui est consacrée dan la Torah, mais de plus il représente un sixième de la loi orale dans sa version de base (la section "kodashim" de la mishna  ").

Or, malgré cette centralité, cela fait près de 2000 années que ce culte des sacrifices n’est plus appliqué, et que le Judaïsme l’a remplacé par d’autres formes de spiritualité permettant de répondre aux mêmes besoins que nous avons décrits plus haut.

La kabbale a développé la notion d’approche de Dieu par d’autres voies, ce que l’on nomme dans l’Hassidisme   la "dvékout", l’union mystique avec Dieu.

Le culte a été remplacé depuis longtemps par la "avoda shé balev", le travail du cœur qui est la prière.

La notion de réparation des fautes a été développée dans la Téshouva et dans les préceptes religieux qui entourent le jour de Kippour.

La notion de sainteté s’est déplacée à la fois vers la pureté corporelle et vers la pureté de la vie, approche déjà amorcée dans la parashat Kedoshim que nous lirons dans quelques semaines.

Quant à la notion de commandement, sa centralité s’est encore renforcée dans le Judaïsme de la tradition, englobant la quasi-totalité des actes de notre vie.

Ce sont les circonstances historiques, la destruction du second temple par les Romains, qui ont provoqué la disparition des sacrifices de notre paysage spirituel concret. Ils sont devenus à la fois une source de fierté historique, le souvenir de la brillance du culte apportant une consolation au peuple juif humilié dans l’exil, et en même temps une source de réflexion spirituelle, les études et commentaires à leur sujet débouchant sur des leçons morales et comportementales.

Cependant, nous nous trouvons aujourd’hui placé dans de nouvelles circonstances historiques, de par le retour du peuple juif sur sa terre. La question se pose donc : faut-il continuer à ne voir dans les sacrifices qu’un symbole spirituel ou faut-il les rétablir concrètement ?

Pour beaucoup de Juifs, les circonstances de la modernité empêchent d’envisager la reprise d’une forme de célébration religieuse qui serait en contradiction avec nombre de normes actuelles, de l’écologisme à la protection des animaux, en passant par les questions vétérinaires et les sentiments humanistes. Pour d’autres, le commandement divin du Sinaï est toujours valable de la même manière qu’il y a deux mille ans et il y a urgence à se préparer à la reprise du culte antique.

Dans ce débat, peut-être est-il important de faire entendre la voix de nos prophètes : condamnant un rituel vide de sens, ils ont montrés déjà il y a 2500 ans que ce n’est pas l’acte du sacrifice qui est en lui-même important, mais le sens qui se trouve en lui : "C’est que je prends plaisir à la bonté et non aux sacrifices, je préfère la connaissance de Dieu aux holocaustes" (Osée, 6, 6).

Comme du temps des prophètes, les problèmes moraux et comportementaux de notre société doivent tout d’abord être résolus, et seulement alors le débat sur le rétablissement du culte des sacrifices aura vraiment un sens.

Rabbin   Alain Michel – Rabbin   Massorti   à Jérusalem et historien

copyright Jerusalem Post

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