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Regard américain sur massorti en France

Regard américain sur massorti en France

En juin 2010, nous recevions à Paris la visite d’une journaliste juive américaine qui fut très impressionnée par notre travail et notre esprit d’entreprise malgré nos petits moyens. Ceci aussi bien à DorVador qu’à Marom, Adath Shalom   et tout ce qu’elle a vu de massorti   en France.

Cet article a été publié dans le Jérusalem Post

Massorti   : ni réformé, ni orthodoxe  

Paris, 18 heures, un vendredi. Le rabbin   Yeshaya Dalsace est dans sa cuisine, affairé à préparer du houmous. Il a fini de passer l’aspirateur dans le salon, là où les offices de Shabbat vont bientôt commencer. Les premiers fidèles qui arrivent sont chargés d’installer les chaises et de disposer les plats de concombres et tomates.

Yeshaya Dalsace est le leader spirituel de Dor Vador, une communauté d’obédience Massorti   de 60 membres à Paris. Et l’une des six congrégations françaises affiliées au mouvement Massorti   Europe, l’équivalent européen du mouvement "conservative  " d’Amérique du Nord.

Pour cause de budget restreint, comme c’est aussi le cas des autres congrégations, tout est géré depuis l’appartement de Dalsace.

"Quand j’ai besoin d’acheter des fournitures, des livres par exemple, je suis obligé de demander aux membres", explique le rabbin  .

Mais au contraire de sa grande sœur nord-américaine, qui se dépeuple depuis plus d’une décennie, le mouvement Massorti   européen s’étoffe. Pris en tenaille entre le plus grand et le plus soutenu des mouvements progressistes (le courant réformé) et la mouvance orthodoxe  , qui contrôle la vie des Juifs dans la plupart des pays européens, les petites congrégations Massorti  , elles, attirent de plus en plus de jeunes Juifs. Et c’est en France, avec une communauté de quelque 600 000 Juifs, que leur croissance est particulièrement manifeste.

A majorité sépharade depuis les années 1960, quand les Juifs d’Afrique du Nord affluent vers l’Hexagone suite au processus d’indépendance de leurs pays d’origine, la communauté française se définit comme traditionaliste. Ce qui signifie, pour nombre de ses membres, un niveau de pratique moins strict que celui proposé par le Consistoire  , le corps gouvernant juif imprégné de l’orthodoxie   ashkénaze et qui contrôle les rabbins  , les mohels, la viande casher   ou les rites funéraires. Selon les plus récents sondages, seuls 5 à 8 % des Juifs français se définissent comme orthodoxes  .

Un mouvement difficile à positionner

Deborah Cohen  , 30 ans, fréquente depuis quatre ans la congrégation de Dor Vador. "Je préfère cette philosophie", pointe-t-elle. Comme beaucoup de membres des mouvements Massorti   français, Cohen   a grandi dans une synagogue affiliée au Consistoire   avant de rejoindre Dor Vador qui correspond davantage à son style de vie et à ses valeurs, pointe-t-elle. "Ils ne disent pas ’faites ça et pas ça’. Ils expliquent pourquoi. Je pense que cette obédience est plus proche de ses membres que le Consistoire  ."

Mais même si elle tend à se développer, l’approche de Cohen   reste minoritaire.

Dans un pays qui a pour repère la seule mouvance orthodoxe  , rares sont les Juifs français qui comprennent de quoi relève le courant Massorti  .

"C’est un problème chronique du mouvement conservative  ", explique le rabbin   Rivon Krygier, le rabbin   d’Adath Shalom   à Paris, " il est difficile de se positionner." Et pourtant, le courant Massorti   français est beaucoup plus proche du judaïsme traditionnel que la mouvance conservative   des Etats-Unis. Il se rapproche davantage du modèle israélien ou canadien.

"J’observe la cacherout, les lois de nida   (pureté familiale), et toute la Halacha", observe Dalsace. Attaché à un milieu orthodoxe  , il déclare avoir choisi de s’en éloigner en raison de la démarche trop rigide du Consistoire  . Pour autant, "je me sens proche du mouvement orthodoxe   moderne, comme la plupart des Juifs Massorti   européens", affirme-t-il.

Une communauté assise entre deux chaises

Il existe toutefois plusieurs différences notoires entre les deux courants.

La plus grande : l’égalitarisme et le rôle laissé aux femmes. La congrégation Massorti   de Marseille est la seule à avoir recours à une mehitsa, barrière de séparation entre les hommes et les femmes durant l’office. Le mouvement Massorti   accueille aussi plus facilement les demandes de conversion et joue un rôle actif dans les relations œcuméniques ainsi que sur les questions d’environnement.

La première congrégation Massorti   de France, Adath Shalom  , a vu le jour dans l’ouest parisien du 15e arrondissement, en 1987. Ella a été créée par un groupe de 50 familles qui avait rompu avec une synagogue libérale du mouvement réformé.

Puis en 1990, avec l’arrivée du rabbin   Krygier, belge d’origine, récemment ordonné par l’Institut conservative   Schechter   de Jérusalem, certaines des familles fondatrices sont parties, effrayées à l’idée que la congrégation devienne "trop orthodoxe  ", se souvient Krygier.

Aujourd’hui, Adath Shalom   compte plus de 300 membres cotisants, et plus d’une centaine d’étudiants inscrits dans son école externat fondée il y a trois ans, qu’elle gère avec deux autres congrégations libérales.

Sur les six communautés Massorti   de France, seules trois sont dirigées par des rabbins  .

La congrégation la plus récente a rejoint le mouvement en juillet dernier et s’est installée à St Germain en Laye, en banlieue parisienne.

Puis à Paris, c’est un petit groupe de jeunes Juifs qui a décidé de créer La Schule, un minyan   sympathisant du mouvement Massorti  .

Le mouvement Massorti   français évolue avec peu d’argent et d’infrastructure.

Les coûts d’adhésion à Dor Vador ne rapportent que 18 000 dollars par an, Yeshaya Dalsace est par conséquent un rabbin   à temps partiel. Il complète son salaire en enseignant, en gérant le site Internet du mouvement et en assurant des offices mensuels pour la congrégation de Marseille.

Face au manque de rabbins  , la direction Massorti   française tente de former de jeunes adultes pour en faire de futurs leaders. Plusieurs fondations juives françaises aident au financement. Le mouvement conservative   nord-américain, lui, ne soutient que très modérément sa cadette européenne. Hormis la Fédération des clubs juifs, qui regroupe environ 250 clubs d’hommes d’obédience conservative  . Le directeur exécutif de la fédération, le Rav Charles Simon, a aidé au développement de plusieurs congrégations Massorti   françaises, en récoltant des fonds pour leur envoyer diverses fournitures comme des rouleaux de la Torah, ou des étudiants rabbiniques.

Si la moitié des membres d’Adath Shalom   sont sépharades - le pourcentage est plus grand encore pour la congrégation de Marseille - les activistes Massorti   reconnaissent le mouvement dans son ensemble comme "d’influence américaine".

La Schule, doté de quelques dirigeants sépharades, lutte pour changer cela. "Je pense que le mouvement Massorti   a un avenir en France", conclut Krygier.

"Mais cela va être une très grande bataille."

Liens vers DorVador : http://dorvador.org/

Vers Adath Shalom   : http://www.adathshalom.org/

In France, Masorti struggles for a foothold

PARIS (JTA) — At 6 p.m. on a Friday, Rabbi Yeshaya Dalsace was in the kitchen making hummus. He had finished vacuuming the living room, where Shabbat services would soon start. The first worshipers to arrive were put to work setting up chairs and arranging platters of cucumbers and tomatoes.

Dalsace is the spiritual leader of Dor Vador, a 60-member Masorti congregation in Paris. Dor Vador is one of six congregations in France affiliated with Masorti Europe, the European equivalent of the North American Conservative   movement.

On a shoestring budget, like the others, it is run out of Dalsace’s apartment.

"When I need to buy supplies, like books, I have to ask the members," the rabbi said.

Unlike its North American counterpart, which has been losing members for more than a decade, the Masorti movement in Europe is growing.

Wedged between the larger and better supported Progressive (Reform) movement and the Orthodox establishment, which controls Jewish life in most European countries, the continent’s smaller Masorti congregations have growing appeal for younger Jews.

The growth is particularly apparent in France, home to an estimated 600,000 Jews.

Overwhelmingly Sephardic since the 1960s, when Jews from the former French colonies of North Africa poured in to replenish a community decimated in the Holocaust, French Jews tend toward the traditional. But their observance level is rarely as strict as the Ashkenazi-flavored Orthodox Judaism of the Consistoire  , the country’s Jewish governing body, which controls access to rabbis, mohels, kosher meat and burial rites.

Just 5 percent to 8 percent of French Jews identify as Orthodox, according to recent surveys.

"I like this philosophy better," said 30-year-old Devorah Cohen  .

Like many members of French Masorti communities, Cohen   grew up in a Consistoire  -affiliated synagogue but has spent the past four years with Dor Vador, which she said suits her lifestyle and values.

"They don’t say do this and don’t do that. They explain why," she said. "I think Masorti speaks to French people more than the Consistoire  ."

Yet in a country so dominated by one Jewish stream, few French Jews understand what Masorti is all about.

"It’s a chronic problem of the Conservative   movement," said Rabbi Rivon Krygier, a Conservative   rabbi in Paris. "It’s difficult to position oneself in the middle."

French Masorti Judaism is much more traditional than Conservative   Judaism in the United States ; it’s closer to the Canadian model.

"I observe kashrut, niddah, all the halachah," said Dalsace, using the Hebrew word for Jewish law and referring to kosher and ritual purity laws.

A native Frenchman, Dalsace grew up Orthodox but became disillusioned with what he said was the Consistoire  ’s rightward march.

"I’m closer to Modern Orthodox, like most European Masorti Jews," he said.

The major distinction from Orthodoxy is egalitarianism, though the Masorti congregation in Marseilles uses a mechitzah, or barrier between the sexes, during worship. The country’s Masorti movement also welcomes conversion, and is active in interfaith work and environmental issues.

France’s first Masorti congregation, Adath Shalom  , was founded on the west side of Paris in 1987 by a group of 50 families that broke away from a Liberal (Reform) synagogue. When the Belgian-born Krygier was hired in 1990, newly ordained from the Conservative   Schechter   Institute in Jerusalem, some of the founding families left, afraid the congregation would become "too Orthodox," Krygier recalls.

Now with more than 300 dues-paying members, Adath Shalom   has outgrown its rented space and has more than 100 students enrolled in its 3-year-old day school, which is run in conjunction with two Liberal congregations.

Of France’s Masorti communities, three have rabbis and three are lay-led. The country’s newest affiliate, in St. Germain en Laye, a Paris suburb, joined in July, and a small group of young Jews in Paris are creating La Schule, a Masorti-friendly minyan  , or prayer community.

Audrey Berkovics, 28, is among the younger set of French Jews trying out Masorti. She showed up recently for a picnic in Paris organized by Marom, the Masorti youth movement, where nearly 80 Jews in their 20s and 30s enjoyed sandwiches, wine and guitar playing.

"This attracts me, the joie de vivre," Berkovics said.

But as someone who attends Chabad   services and Consistoire  -affiliated Orthodox synagogues, she also said some things "shock" her.

"Men and women mixed, women wearing tefillin — I’m not used to it," she said.

Noemie Taylor, 27, is a Marom activist who also is involved with La Schule. Raised with no religion, like most citizens of this heavily secular country, Taylor became attracted to Judaism and converted through the Masorti movement in 2008. Her Jewish boyfriend broke up with her, telling her that converts aren’t really Jewish.

That’s typical of French Jews, she says.

"They’re very closed, I guess because of anti-Semitism and because religion is a private thing in France," Taylor said.

Marom activities are organized through e-mail and Facebook, and range from group trips to Jewish exhibits and concerts to picnics and holiday parties. Masorti’s outsider status attracts intellectuals and spiritual seekers, Taylor and her friends say. The movement also draws single Jews looking for other single Jews.

"People come because it’s a good group of young Jews, not because we’re Masorti," said Pierre Stanislawski-Birencwajg, 36. "Most young French Jews are not religious. In Marom, we introduce people to each other, we introduce them to a Jewish identity, and even to the religion. We try to adapt to how French people live."

The French Masorti movement operates with little money or infrastructure. Membership dues at Dor Vador bring in just $18,000 a year, so Dalsace is a part-time rabbi. He supplements his salary by teaching, running the movement’s website and leading monthly services in Marseilles.

In order to rent the apartment that functions as his congregation’s synagogue — he shares the dwelling with his wife and five children — Dalsace had to pay the bank guarantee from his own pocket. He and his wife cook the Shabbat dinners for the congregation.

In the absence of enough rabbis, the French Masorti leadership is trying to train young adults as lay leaders. Taylor was part of a small group that met with the three French rabbis in May to set up a training program for this fall.

Several French Jewish foundations help out with funding, but there is little support from the North American Conservative   movement aside from the Federation of Jewish Men’s Clubs, the umbrella group for some 250 Conservative   men’s clubs. The federation’s executive director, Rabbi Charles Simon, has mentored several of the French Masorti congregations, raising funds to send them everything from Torahs to rabbinical students.

An additional challenge is attracting young Sephardim.

While half of Adath Shalom  ’s membership is Sephardic, and the Marseilles congregation much more so, the movement as a whole is identified as "an American thing," Masorti activists acknowledge. La Schule, which has some Sephardic leadership, is trying to change that — but it’s still a struggle.

"I believe the Masorti movement has a future in France," Krygier said. "But it will be a very big battle."

http://www.jta.org/news/article/201...

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