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Aidons Saint-Martin-Vesubie à se reconstruire

Aidons Saint-Martin-Vesubie à se reconstruire

Le vendredi 2 octobre 2020, des intempéries meurtrières ont frappé l’arrière-pays niçois et Saint-Martin-Vésubie est l’une des communes les plus touchées. La solidarité s’est organisée pour venir au secours des habitants. Certains ont tout perdu et tous ont besoin d’aide.

La communauté juive, reconnaissante, se doit de venir en aide aux personnes et à leurs descendants qui ont tant apporté aux réfugiés juifs pendant la guerre et qui sont à leur tour dans la détresse.

Madeleine Racimor, membre du Comité du Centre Medem, témoigne :

En mars 1943, trois cents familles juives (environ 1000 personnes), arrivèrent de Nice à Saint-Martin-Vésubie, assignées à résidence par les autorités italiennes. Elles furent logées dans des hôtels, des maisons et des appartements financés par l’American Jewish Joint Commitee. Parmi elles se trouvait ma famille : ma mère, ses deux frères, ses parents et sa grand-mère.

Pour les villageois, au nombre de 1500 personnes, ce fut un véritable envahissement. Pourtant, la solidarité joua à plein et après quelques hésitations, la cohabitation fut exemplaire. Les témoignages concordent tous, celui de ma mère compris, pour dire que les habitants de Saint-Martin accueillirent ces étrangers avec sympathie et même amitié. Une vie culturelle et sociale prit place, les jeunes Juifs et les jeunes habitants menant la danse lors d’activités sportives et festives. Une synagogue et une école fonctionnèrent librement. Pour les réfugiés juifs, ce fut une période où la crainte permanente fit place à une certaine sérénité pour les plus âgés, à des vacances pour les plus jeunes. Mais cette période ne dura que le temps d’un été.

Le 8 septembre 1943, le gouvernement italien signa l’armistice avec les Alliés. L’armée allemande se déploya rapidement sur les territoires français abandonnés par l’armée italienne et en Italie même. À Saint-Martin-Vésubie, l’exode des Juifs commença dès le 9 septembre pour fuir vers l’Italie par les cols de Cerise et de Fenestre, avec l’aide de soldats italiens. Le voyage fut éprouvant pour des gens mal équipés devant évoluer en haute montagne avec des chaussures de ville (ou même sans chaussures) et des valises, portant les enfants en bas âge, aidant les personnes âgées, et qui durent passer deux nuits à la belle étoile, subir le froid, la pluie et le vertige. Beaucoup renoncèrent et revinrent vers la vallée, épuisés. Certains furent arrêtés et déportés, d’autres eurent la chance d’être cachés et sauvés par des Saint-Martinois.

Ceux qui arrivèrent en Italie n’étaient pas sauvés. Les Allemands attendaient à Cuneo. Informés de l’exode, ils affichèrent des avis menaçant de mort tous les étrangers qui ne se livreraient pas avant le lendemain soir et tous ceux qui les aideraient à se cacher. Trois cent cinquante personnes se livrèrent et furent internées à Borgo San Dalmazzo avant d’être ramenées à Nice, transférées à Drancy et déportées à Auschwitz-Birkenau. Parmi elles, toute ma famille maternelle. Moins de vingt personnes sont revenues de déportation, dont ma mère et son plus jeune frère.

Le village de Saint-Martin-Vésubie est aujourd’hui officiellement reconnu « Commune membre de villes et villages des Justes de France » parce qu’en ces heures sombres de l’année 1943, ses habitants ont résisté contre la terreur totalitaire et ont eu à cœur de protéger et d’accueillir ceux dont Vichy et l’Allemagne nazie avaient signé l’arrêt de mort parce qu’ils étaient juifs.

Le rabbin   Yeshaya Dalsace témoigne :

Durant près de 10 ans, j’ai participé à la marche de la mémoire, chaque année en septembre. Nous montions au col côté français et là on rejoignait un groupe d’italiens qui étaient monté de leur côté. Seul rabbin   présent, j’ai assuré chaque fois la courte cérémonie en haut du col. Ma communauté Maayane Or participait activement à cette marche. Pour les soixante ans, il y eut foule, avec notamment la présence de madame Simone Veil.

Autant dire que cette vallée est marquée par cette mémoire qu’elle garde active. Nous avons une pensée solidaire envers tous ces habitants.

Témoignage du rabbin   David Touboul

A la suite de mon collègue Yeshaya Dalsace que j’ai remplacé à Maayane Or (Massorti   Nice) tout comme rabbin   officiel de la marche de la mémoire, je participe à la marche depuis 11 ans avec ma communauté toujours active dans cet évènement. Chaque année, le premier dimanche de septembre, nous gravissons un des cols par lesquels les réfugiés ont fui vers l’Italie, qui culminent à près de 2500m d’altitude.

J’attire l’attention de la communauté juive azuréenne sur l’importance de participer à cet événement dans ma chronique hebdomadaire sur les ondes de Radio Chalom Nitsan : http://www.radiochalomnitsan.com/podcasts/retour-sur-la-marche-de-la-memoire-2020-un-rabbin-ne-devrait-pas-dire-%C3%A7%C3%A0-11707

Cette année 2020, le président du comité Yad Vachem de la côte d’Azur qui coorganise l’événement m’a demandé de prendre la parole en son nom et au nom de tous les participants français.

Discours David Touboul

C’est donc tout naturellement que notre communauté s’est mobilisée pour venir en aide aux sinistrés de Saint Martin-Vésubie dès la fin du second jour de Souccot  .
Nous avons immédiatement organisé dans nos locaux un point de collecte de denrées alimentaires et de vêtements chauds. Un groupe de bénévoles s’est constitué pour transporter ces dons au consistoire   de Nice afin qu’ils soient versés au titre de la collecte du Crif local.

Symboliquement, il était important que les habitants de la vallée sachent que la communauté juive reconnaissante ne les oublie pas et se tient à leurs côtés dans cette épreuve. C’est le message que j’ai délivré dans une seconde chronique radiophonique : http://www.radiochalomnitsan.com/podcasts/solidarite-avec-les-sinistres-un-rabbin-ne-devrait-pas-dire-%C3%A7%C3%A0-11815
Nos efforts ont été appréciés et reconnus au sein de la communauté juive locale : http://www.crif.org/fr/blog/blog-du-crif-tempete-alex-la-naturelle-solidarite-des-associations-juives-par-martine-ouaknine

Enfin, l’appel au don du FSJU a été relayé par notre communauté ainsi que par les communautés dont j’ai la charge en tant que rabbin   référent : Or Chalom Aix-en-Provence et Judaïca Marseille.

Le conseil d’administration de Maayane Or, son président Franck Médioni et moi-même tenons à remercier toutes les personnes qui ont répondu positivement à notre appel, et invitons celles et ceux qui ne l’ont pas encore fait à contribuer, même modestement, à la campagne de don du FSJU.

Voici l’appel du FSJU. N’hésitez pas à faire un don.

https://www.fsju.org/urgence-alpes-maritimes/

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